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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (578)
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Coeur de chien

Les nombreuses affaires récentes de squatt de maisons remettent d'actualité ce qu'on a souvent l'occasion de découvrir à ses dépends: mieux vaut tendre la main à un chien qu'à un humain...

Avec cette fabulette, Boulgakov tape sur tout le monde: les "révolutionnaires" autant que les "réactionnaires"..

On se régale, on rigole bien, mais souvent on se dit que c'est très (trop?) bien observé..

Finalement, on se demande de qui on se sentira le plus proche...
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Coeur de chien

Une découverte de cet écrivain et de son chien transformé en humain.

Les multiples scènes et situations décrites avec détail font que le fil de l'histoire est un peu difficile à suivre.....

Une seconde lecture s'impose pour pouvoir apprécier les détails et subtilités de Boulgakov ....A faire.....A suivre....
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Coeur de chien

Coeur de chien est une nouvelle satirique et fantastique écrite en 1925. C'est aussi une allégorie de la Révolution russe. Malgré de nombreuses tractations, la nouvelle n'obtiendra pas le visa de censure et ne sera pas publiée en Russie avant 1987.

C'est l'histoire de Bouboul un brave chien errant qui crève de froid et de faim. Il est recueilli par un éminent professeur spécialisé dans les cures de rajeunissement ce qui vaut à ce dernier des privilèges, un grand appartement en particulier et la rancune tenace du président du comité de son immeuble. le professeur Philipov Philipovitch Transfigourov fait subir à Bouboul une opération fameuse. le voilà transformé en homme avec un coeur de chien. Enfin de chien…Il deviendra de la pire espèce humaine… servile et cruel.

C'est drôle et…mordant. Boulgakov était un fin connaisseur de Molière et un digne successeur de Gogol. Les dialogues sont ciselés, vifs, hilarants, tout le monde en prend pour son grade, du grand médecin méprisant aux cadres zélés qui sévissent dans l'appartement. Beaucoup de farce, de burlesque, de grotesque mais aussi d'ironie incisive pour montrer la corruption qui avilit en un rien de temps le petit prolétaire Bouboulov pour le transformer en brute épaisse. L'utopie égalitariste de la Révolution s'est fracassée socialement et moralement. Après l'opération chirurgicale qui arrive à la moitié du livre, le rire devient donc amer. le savant fou qui a joué à l'apprenti sorcier et qui représente l'intelligentsia, a littéralement créé un homme nouveau. Et il n'est pas beau.

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Coeur de chien

belle immersion dans L'URSS de l'entre deux guerres . Citation retenue : ' les bolcheviks tordront le cou des proletaires ' ! Moscou comme si on y vivait.

Livre tres prenant : on a envie de voir jusqu'ou ca peut derailler .

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Coeur de chien

Mikhail Boulgakov nous narre ici un conte, une histoire extraordinaire, au delà du réel.

Le personnage principal est médecin tout comme le fut l auteur avant de quitter ses fonctions pour se consacrer à l écriture ; d abord en tant que journaliste puis comme romancier.

Boule, un petit chien errant, va être sauvé par un homme qui va se révélé être un "savant fou" et faire de lui un autre, un nouveau Boulle.

L opération est un succès mais les suites opératoires sont catastrophiques et inattendues.

Dans ce récit, on peut y lire une satyre de la société russe,une etude de moeurs de la Russie du début du XXeme siècle.

Tour à tour drôle, fantastique mais aussi triste.
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Coeur de chien

Enorme coup de coeur pour ce roman. L'écriture de Boulgakov est piquante et très agréable à lire. Sa façon de dépeindre la société de manière satirique m'a convaincue. J'ai hâte de découvrir ses autres ouvrages.
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Coeur de chien

Cœur de chien, Mikhaïl Boulgakov

Attention, extraterrestre !

Mikhaïl Boulgakov, avec sa plume satirique, nous met face à une situation déroutante. Que se passerait-il si un éminent chirurgien implantait l’hypophyse d’un humain et ses testicules a un chien errant ? Le ton est donné…

La plume de cet immense auteur est déroutante, le récit hésite entre irrationnel, dérision et folie, et le second degré est monnaie courante !

Né en Ukraine et mort en Russie, Mikhaïl Boulgakov dérange et se moque du système avec un cynisme envoûtant ! On aime où on déteste ! Mais si on remet dans le contexte de l’époque d’écriture de ce court roman et de la façon dont la Russie avait tendance à se débarrasser de ses opposants, on ne peut qu’avoir un grand respect pour l’auteur !

Si vous connaissez déjà le génialissime « Maître et Marguerite », découvrez au plus vite « Cœur dé chien » !
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Coeur de chien

Bouboul vit dans les rues de Moscou, et se nourrit de ce que les hommes lui donnent. Il erre de porte en porte, en évitent les concierges et les portiers, « les pires des ordures ». Un cuisinier peu scrupuleux lui jette de l’eau bouillante dessus et lui brûle le flanc gauche.



Pauvre Bouboul…



L’éminent professeur Philippe Philippovitch cherche coute que coute à faire rajeunir les hommes et les femmes, en leur greffant des organes d’animaux …



Il fait ramasser Bouboul, notre adorable batard, le soigne et le nourrit grassement. Quand Bouboul est remis sur patte, il lui greffe les testicules et l’hypophyse d’un homme d’un vingtaine d’année, ivrogne notoire.



A son réveil, Bouboul se transforme peu à peu en homme, et devient un grossier personnage, et homme de Parti !



Pauvre Bouboul…



En parallèle de cette histoire de greffe, le lecteur suit les mésaventures du professeur face aux communistes qui veulent récupérer son appartement, jugé trop grand.



Entre Frankenstein et littérature russe satirique, Boulgakov nous livre un roman étonnant, déjanté et loufoque. Plutôt novateur et conte-révolutionnaire quand on sait qu’il est paru en 1925. L’irrationnel n’est jamais loin de la vérité … et rien ne remplacera la fidélité d’un chien…



Un roman intéressant et méconnu à découvrir pour son chien !
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Coeur de chien

Le professeur Philippe Philippovitch Préobrajenski est réputé pour ses opérations chirurgicales permettant le rajeunissement de ses patients. Accompagné du docteur Bormentahl, son protégé, il greffe des organes d'animaux à ses patients.

Un jour il recueille Boule, un chien errant dont le flanc a été ébouillanté. Il le soigne, il le nourrit. Tout cela dans le but ultime de faire une expérience : greffer à ce chien des testicules et une hypophyse humains afin de parfaire le savoir du professeur sur le rajeunissement humain.

Malheureusement, l'expérience ne réponds pas a ses attentes. Au contraire, le professeur Phillippe Philippovitch se retrouve avec un chien qui se transforme petit à petit en humain, doué de parole et de raisonnement.

Ce chien-homme va, au fur et à mesure de son évolution, devenir la croix du professeur.



En ce moment, j'enchaîne les livres un peu dérangeants... Après 1275 âmes de Jim Thompson, mon choix, ou plutôt le hasard, m'a porté à lire Coeur de Chien de Mikhaïl Boulkakov. Ce livre est dérangeant dans le fait que l'expérience que mène le professeur Préobrajenski est plutôt contraire à l'éthique. Greffer des organes animaux sur des êtres humains ou vice-versa n'est pas ce qu'on peut appeler de la chirurgie conventionnelle.

Mais je me suis quand même laissée embarquer dans l'histoire et à part la partie sur l'opération à proprement parler, que j'ai lu du bout des yeux (ça ne se dit pas mais je pense que vous comprendrez l'image) car si bien décrite qu'elle m'en a donné des frissons, j'ai beaucoup aimé ce livre.
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Coeur de chien

Rien n’échappe à la critique acerbe de cette nouvelle, et surtout pas le communisme, représenté par une bande de moussaillons qui essaie de destituer PPT de son appartement sous prétexte que celui-ci posséderait bien plus de chambres qu’il n’en a réellement besoin. Bouboul, d’abord moqueur vis-à-vis de cette troupe, finit cependant par se laisser convertir par la doctrine communiste et la ramène dans le bureau du médecin, essayant de traduire les quelques concepts qui ont réussi à s’implanter dans son cerveau avec sa conscience maladroite d’ivrogne mêlée à du chien.

Avec beaucoup d’humour et un sens de l’ironie très développé, Boulgakov parvient donc à trancher dans le vif de la société soviétique des années 30. Il faut parfois se faire plus bouffon que les bouffons pour échapper à leur jugement, et l’histoire d’un chien qui devient homme semble avoir été assez grotesque pour éviter la censure.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Coeur de chien

CŒUR DE CHIEN de MIKHAÏL BOULGAKOV

Écrit en 1925 ce récit fantastique ne sera publié que 60 ans plus tard. Censure. La greffe de l’hypophyse et des testicules humains sur un chien par un chirurgien spécialiste du rajeunissement. Hilarant avec l’ambiance politique et sociale des années 20 en Russie. Un vrai bijou, je le recommande vivement.
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Coeur de chien

Entre poésie burlesque et satire sociale violente, Boulgakov dresse l'étonnante transformation d'un chien en homme. Violence, vocabulaire d'alcoolique, instincts révolutionnaires, rien n'est épargné à cet errant du socialisme, perdu dans une époque oppressante. Cette longue nouvelle n'a rien perdu de son mordant !
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Coeur de chien

Boulgakov se réapproprie le mythe créé par Mary Shelley pour en faire un brûlot satirique dirigé tant contre les scientifiques imbus d'eux-mêmes et de leur prétendu savoir que contre les institutions étatiques de l'époque, notamment contre les absurdités de la politique du logement communautaire qui sévissait alors à Moscou, et le résultat est un petit bijou férocement drôle où nul n'est épargné, du savant fou, complètement dépassé par sa créature, qui ne lui apporte que des ennuis, aux détestables membres du comité d'administration de l'immeuble, bornés dans leur haine du bourgeois qu'incarne le professeur. Derrière le divertissement apparent, se trouve en filigrane une véritable critique de la société moscovite des années 20, que Boulgakov n'a cessé de fustiger dans son œuvre. Même Boule, ce pauvre chien si attachant, devient un humain détestable, méchant, mesquin, menteur, voleur, buveur... Un cauchemar ! Et c'est précisément parce que Boulgakov rit de tout et de tous que son œuvre est si percutante, et laisse un arrière-goût amer derrière le sourire qui se dessine irrésistiblement sur les lèvres du lecteur. Si l'on rit du bouleversement inévitable que l'arrivée de la "créature" hybride provoque dans la vie (et l'appartement) du professeur (notamment dans une scène mémorable où Boule, peu après son opération, n'a pas tout perdu de son instinct de chien, et pourchasse jusque dans la salle de bains un malheureux chat qui passait par là, provoquant une gigantesque inondation), on perçoit néanmoins parfaitement la double critique politique et éthique que laisse poindre le roman, et qui lui donne toute sa profondeur.



(la suite en cliquant sur le lien ci-dessous !)
Lien : http://ars-legendi.over-blog..
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Coeur de chien

Ma première aventure littéraire aux côtés de Boulgakov !

Je n'avais aucun à priori particulier mais j'ai été agréablement surprise par sa plume sarcastique, mordante et par le côté très crû, littéral des dialogues: un peu comme ceux de Céline.



C'est une nouvelle satirique qu'on pourrait rapprocher en termes d'humour de ce que propose Gogol. Néanmoins, si l'histoire semble absurde et unique, le sujet qu'elle sert entre les lignes, l'est beaucoup moins.



On est introduit dans le récit par quelques conseils du chien sur la meilleure façon de s'alimenter lorsqu'on est dans la rue.

Côté intrigue : Un scientifique aisé, représentant de la classe supérieure éduquée s'amuse "pour la science" à greffer des morceaux d'être humain sur un chien. Contre toute attente, le chien survit et se transforme progressivement en un être humain de la pire espèce. Il est frustre, égoïste, lâche et ne contrôle pas ses pulsions primaires... mais surtout il fait preuve d'une totale défiance envers son créateur.

Des "qualités" très peu appréciée du régime soviétique. Le docteur n'est pas non plus très en phase avec les pratiques qu'il plébiscite puisqu'il semble revendiquer la propriété individuelle au détriment du bien commun et se prévaut d'utiliser l'humanisme plutôt que la méthode coercitive afin d'amadouer ses subalternes.



Loin d'être experte de l'histoire soviétique, je pense n'avoir pas compris toute l'étendue du message véhiculé par cette nouvelle. J'ai par contre passé un excellent moment avec un texte qui change des écrits mélancoliques et sombres de Dostoïevski ou Tolstoï.

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Coeur de chien

Bouboul est un chient, errant dans les rues de Moscou, crevant de faim, de froid et de la cruauté des hommes tel ce cantinier qui l'a ébouillanté au flanc dès les premières lignes. Mais sa chienne de vie va prendre un drôle de tour alors que le destin lui fait croiser le chemin du professeur Philippe Philippovitch Transfiguratov. Celui-ci le recueille dans son appartement luxueux, le soigne et l'engraisse. Mais Bouboul ne profitera pas longtemps des plaisirs de cette nouvelle et paisible vie. Un triste sort l'attend.

Une opération.

Le professeur assisté d'un autre docteur, Bormethal - ou le Mordu comme le nomme Bouboul, s'est mis en tête de tenter une audacieuse expérience en transplantant l'hypophyse et les testicules d'un cadavre humain en lieu et place des organes de Bouboul. L'opération réussi, mais ses effets dépassent les prévisions des médecins et c'est une littérale "transfiguration" qui se réalise. Le journal de Bormenthal résume la transformation qui s'opère en quelques jours, changeant Bouboul en homme, certes courtaud, relativement poilu et plutôt de caractère bestial, mais cependant indéniablement humain.

Bouboul devient alors Bouboulov, un homme avec toute sa bêtise qui se fond parfaitement dans le paysage du soviétisme naissant (le livre a été écrit en 1925) et qui finalement s'entendra mieux avec ses amis du comité d'immeuble qu'avec son hôte lettré et privilégié mais trop "bourgeois".

Le livre est plutôt une nouvelle dans son format. L'écriture de Boulgakov est caustique et il se moque sans tendresse de l'absurdité des bolchéviques. On retrouve par exemple le sujet de la difficulté des moscovites à obtenir et conserver un appartement, également omniprésent dans sa dernière oeuvre : Le Maître et Marguerite. Cœur de chien est aussi un pamphlet sur la condition humaine. On ne sait pas qui finalement est le plus humain, de Bouboul ou de Bouboulov ? On préfère finalement Bouboul. Un petit bout de cerveau (et des testicules!) suffisent à transformer un être pur en fripouille. Fripouille lâche et toujours prompte à abandonner ses idées en faveur de la main qui lui donne à manger.

J'ai aimé ce petit livre par son ton et sa clairvoyance même s'il n'atteint pas l'originalité et la densité du grand roman de Boulgakov : Le Maître et Marguerite.

Août 2016

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Coeur de chien

A la faveur d'un défi lancé par une amie facétieuse, je me lance dans la lecture de trois œuvres de Mikhail Boulgakov, auteur du Maître et Marguerite notamment, dont je reparlerai donc ici d'ici quelques semaines et mois, vu l'ampleur de la tâche. Je commence modestement avec ce petit opus dont je ne savais rien, j'ignorais même qu'il se rattachait au genre fantastique.

Dans l'Union soviétique de la NEP (les années 1920, en gros) un imminent chirurgien fort courtisé par les sommités du Parti car il a mis au point une méthode de rajeunissement, se lance dans une opération d'avant-garde sur un chien errant : il greffe sur l'animal l'hypothalamus et les testicules d'un homme. je n'en dirai pas plus sur la suite et les conséquences de cette opération...

Dans un récit très construit, l'auteur parvient à imposer une réflexion sur l'humain, son appétit pour la gloire et sa propension à se prendre pour Dieu, qu'il faut mettre en parallèle avec le régime communiste et ses ambitions de créer un "homme nouveau". Boulgakov renvoie dos à dos son personnage du Pr Préobrajenski (un mot qui, au passage, signifie "transfiguration") et les partisans du communisme, en suggérant que les échecs de l'un et des autres s'enracinent dans les vices de la nature humaine.

Pour ceux qui comprennent le russe ou l'anglais, je vous recommande aussi cette adaptation remarquable du livre. Un pur moment de bonheur!

https://www.youtube.com/watch?v=zQTiIevt16E

https://youtu.be/aOE_3_Ws4y0

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Coeur de chien

Extraordinaire fable de la transformation d'un chien en homme par le miracle de la science. Le désastre est au rendez-vous.
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Coeur de chien

Philippe Philippovitch Transfigouratov est un éminent chirurgien moscovite des années 1920. Un professeur admiré, une sommité mondiale dans le domaine du rajeunissement. Il multiplie les interventions réputées infaisables, et, pour l'essentiel, les réussit. Il se fait aider dans sa tâche par un jeune médecin qu'il a pris sous son aile il y a quelques années : le docteur Bormenthal.



En revanche, ce que l'on peut affirmer, c'est que Le Professeur n'est pas un franc partisan de la révolution de 1917 — voilà bien le moins que l'on puisse dire ! Il occupe un appartement très spacieux, situé rue Pretchistenka. Il est jugé trop luxueux par Schwonder, le représentant des bolcheviks dans son immeuble, qui rêverait de lui amputer de moitié pour pouvoir loger d'autres personnes à la place.



Toutefois, le professeur Transfigouratov a suffisamment de relations en haut lieu pour parvenir à faire ravaler sa langue et trépigner Schwonder et ses sbires… pour le moment. J'écris pour le moment parce qu'il se produit un petit événement qui risque fort de venir perturber le quotidien très actif mais toutefois plutôt tranquille du professeur.



Une expérience, figurez-vous. Oui, une simple expérience, comme il en a déjà réalisées des tas, mais qui, cette fois, concerne un patient un peu spécial. Le patient en question est un malheureux, un vagabond, rencontré quasi agonisant, à demi mort de froid et de faim, sous une porte cochère un soir d'automne.



Le malheureux a eu à subir, au surplus, une violente brûlure sur tout le flanc gauche qu'un mauvais coucheur a provoqué en lui balançant sciemment une pleine marmite d'eau bouillante.



N'entretenons pas le mystère plus longuement : ce vagabond n'est pas un homme mais un chien, appartenant à la catégorie grand bâtard, vivant de rapine et fortement sujet aux puces. N'ayant pas de propriétaire avéré, et, par conséquent, pas non plus de nom, le professeur le baptise Bouboul.



Pendant quelque temps, il le soigne convenablement et le remet en forme, faisant disparaître son grand état de maigreur et s'assurant que sa brûlure guérit convenablement. Bouboul, ex-chien pouilleux, loqueteux et quémandeur, vivra donc comme un coq en pâte dans le bel immeuble de la rue Pretchistenka, au grand dam de Schwonder qui juge d'un très mauvais œil cette introduction d'un animal aussi peu reluisant.



Mais il me semble vous avoir parlé d'une opération qui allait tout déclencher… Eh bien la voici. Un soir, le docteur Bormenthal arrive essoufflé et tout content, porteur d'un petit flacon contenant un matériel glandulaire fraîchement prélevé sur un humain fraîchement décédé. Il s'agit des testicules et de l'hypophyse du défunt, au demeurant, notoire alcoolique et volontiers fainéant des environs.



Le professeur Transfigouratov va donc s'employer à réaliser une première médicale qui va boubouleverser sa vie, si vous me pardonnez cette facilité langagière. Considérant, de surcroît, que j'en ai déjà dévoilé beaucoup pour un livre aussi petit, il me semble bienvenu d'arrêter ici ma présentation de l'histoire afin de vous en laisser jouir si le coeur vous en dit — Coeur de chien, cela va sans dire.



Voilà donc une farce à caractère corrosif, mais sans excès, une dénonciation douce tant d'un système naissant, le communisme, que d'une dérive médicale poussant à tenter n'importe quoi sur n'importe qui, tels des docteurs Frankenstein du XXème siècle.



Bien évidemment, l'infortuné Mikhaïl Boulgakov n'imaginait pas encore que, dès la fin de ce même XXème siècle, on serait capable de dessiner plein de moutons à tous les petits princes de la Terre des hommes, en les clonant tout simplement et en les baptisant Dolly n° 1, n° 2, n° 3, etc. Et je ne vous parle même pas des apprentis Frankenstein ou Transfigouratov du XXIème siècle, dont on a cruellement l'impression qu'ils n'ont pas toujours tiré les enseignement des chimères du passé…



Un livre assez drôle, donc, sans être hilarant non plus, qui se lit vite sans appartenir, selon moi, à la catégorie des chefs-d'œuvre intemporels. Divertissant sans être niais, voilà tout. Bien entendu, ce que j'exprime ici n'est qu'un chien d'avis, c'est-à-dire, pas grand-chose. Waf !
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Coeur de chien

Encore un livre que Boulgakov ne put pas publier en Russie de son vivant. Guère surprenant, car l'un des deux personnages principaux de l'histoire, le brillant chirurgien Transfigouratov, déclare sans ambiguïté : « je n'aime pas le prolétariat ». Certes, ce n'est pas un héros propre sur lui car, de même que le régime tsariste, il fait un usage discutable de son pouvoir, et crée involontairement le parfait « camarade » dans toute sa médiocrité. Ainsi, à la faveur d'une opération légèrement gore, le chien Bouboul, se trouve tiré de son statut innocent de canidé, pour devenir homo sapiens. Une grave erreur commise par une science sans conscience.



Dans des scènes endiablées*, l'auteur élabore une parodie de Frankenstein, vaguement croisée avec Pinocchio (pour tout dire, je pense au Pinokenstein de Gotlib). Plutôt qu'un « vrai petit garçon », Bouboul se révèle être un authentique pochtron, et c'est là son moindre défaut. Cette caricature d'humanité représente certainement tout ce qui faisait horreur à l'auteur. le citoyen Bouboulov fraîchement émoulu serait ainsi le double en négatif de Boulgakov.



A la lecture de cette farce plaisante, aux caractères bien brossés, on peut se dire que Boulgakov avait une connaissance solide de l'humanité. D'où son affection pour les chiens, qui sont dépeints comme une forme de vie plus facile à vivre (à travers les deux aspects de Bouboul/Bouboulov). Mais le monde utopique de « Demain les chiens » se fait toujours attendre. Celui de la chiennerie, en revanche…



*le mot « diable » est encore une fois très présent dans le texte : confirmation des obsessions faustiennes de Boulgakov ?
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Coeur de chien

Un auteur connu dont je n'avais rien lu, pour un roman publié officiellement en URSS en 1987. On comprend qu'il ne soit pas sorti avant, car ça charge pas mal. Dans les années 20, donc juste après la révolution, le professeur Préobajensky, dont le cabinet et laboratoire de recherches occupent plusieurs pièces dans un immeuble, au grand dam d'autres locataires d’appartements collectifs, recueille un chien errant, Boule. Lequel, blessé, étique, va vite apprécier le confort bourgeois, mais devenir sans son consentement sujet d'expérience. Le voilà devenu humain, marchant, parlant, mais ayant acquis les défauts d'un homme.



Le début, vu par les yeux du pauvre Boule, est parfaitement hilarant. On se sent vraiment 'chien'. Ensuite, la situation dans l’appartement déborde complètement, ça court, ça discute, ça dégénère. Avec une critique du système politique et social.



"Si vous vous souciez de votre digestion, je n'ai qu'un conseil à vous donner : ne parlez à table ni de bolchevisme ni de médecine. Et surtout, ne lisez pas les journaux soviétiques avant le repas, au grand jamais!

- Hum... C'est-à-dire qu'il n'y en a pas d'autres.

- Précisément, n'en lisez aucun. (...) Les patients qui ne lisaient pas les journaux se portaient comme un charme. Et ceux que j'ai obligé à lire la Pravda, ils me perdaient du poids.(...) Et ce n'est pas tout. Mauvais réflexe rotulien, absence d'appétit, humeur dépressive."
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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