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Critiques de Mikhaïl Boulgakov (576)
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Coeur de chien

Entre Mikhaïl BOULGAKOV et la censure de l’Etat soviétique, il y a comme un arrière goût de jeu du chat et de la souris. Entre l’écrivain russe et le pouvoir bolchevik, c’est même une partie d’échecs qui se met peu à peu en place. En 1921 BOULGAKOV quitte ses fonctions de médecin pour se lancer en littérature, il est immédiatement dans le viseur du pourtant tout jeune Etat bolchevik en tant qu’homme de convictions « blanches » (anti-bolcheviks) et « bourgeoises ». Ce sont surtout ses pièces de théâtre qui sont interdites de publication pour raisons politiques. Plus tard, ses demandes d’exil adressées à STALINE sont toutes refusées. Il est sous ce régime politique l’un des écrivains russes les plus censurés. C’est le cas de la nouvelle « Cœur de chien ».



C’est en 1925, alors qu’il est surveillé par le pouvoir en place, que BOUGAKOV (1891-1940) écrit « Coeur de chien », une longue nouvelle à l’atmosphère satirique. À Moscou, Bouboul (son nom peut varier selon les traductions) est un chien de 2 ans en déshérence, recueilli par un médecin, Transfigouratov (petite précision : selon les traductions, il a été décidé de garder les patronymes originaux ou bien de les franciser pour les rendre proches des significations des noms donnés par BOULGAKOV, c’est le cas ici). Bouboul aboie, demande de la nourriture, observe les humains autour de lui. Toujours dans les pattes de son maître, il va devenir pourtant chien de laboratoire, le docteur épaulé par des confrères, décidant de lui greffer des testicules et un cerveau d’homme, prélevés sur un jeune membre du parti communiste de 28 ans, décédé – assassiné - quatre heures plus tôt. BOULGAKOV connaît son sujet puisqu’il fut lui-même médecin.



Tout paraît engagé pour que Bouboul ne survive pas à la délicate et complexe opération mais, contre tout espoir, il revient des ténèbres. C’est alors qu’il commence à agir en humain, à parler. Le docteur Bormenthal tient un journal personnel, que le narrateur a ici la bonté de partager, journal qui représente sans doute le sommet du récit, puisque que nous y apprenons comment l’opération s’est déroulée, ainsi que les suites immédiates de celle-ci.



Bouboul, humanisé, réclame une identité, demande à s’appeler désormais Bouboulov. Il est devenu un être grossier et provocateur. Parmi ses premières phrases prononcées, celle-ci : « File-moi donc une cibiche, toi qu’as des rayures à ton sac à miches ». Ce récit, par sa structure, pourrait aisément être rapproché de la pièce de théâtre « R.U.R. » du Tchèque Karel ČAPEK écrite cinq ans plus tôt.



L’écriture de ce texte est parfois rugueuse, voire crue ou populaire (on peut penser ici à Nikolaï LESKOV), les songes du narrateur se glissant par moments dans ceux du chien. L’univers y est fantastique, teinté de science-fiction qui, pensait peut-être BOULGAKOV, devrait servir à contourner la censure. Malgré ce stratagème de l’allégorie, l’auteur en profite pour insérer quelques attaques contre l’appareil d’Etat : « Les patients [de la clinique] qui ne lisent pas de journaux se sentent parfaitement bien. Au contraire, ceux que je forçais à lire la Pravda perdaient du poids […]. Ce n’est pas tout. Réflexes rotuliens en baisse, peu d’appétit, état dépressif ».



Des scènes absurdes, typiques du théâtre russe, même si la présente nouvelle n’est en rien du théâtre, malgré les nombreux dialogues, viennent diversifier le texte, lui donnant une légèreté presque incongrue au vu des scènes dramatiques. Il pourrait être lu comme une farce. Il n’en est rien. Et le fond déplaît fortement au pouvoir. En effet, Bouboulov, une fois humain, rêve de devenir influent, devient vulgaire et alcoolique, ambitieux. Schwonder, le responsable du comité que veut rejoindre Bouboulov, est un homme sournois, assez immonde et sans scrupules.



S’il devait y avoir une morale, ce pourrait être la suivante : Bouboul, chien obéissant et sans aucun intérêt, devient vil et excessif dès qu’il se transforme en homme, il réclame alors sa part de pouvoir. « Cœur de chien » est immédiatement jugé contre-révolutionnaire par la censure d’Etat, le récit est interdit en URSS (le manuscrit de « Cœur de chien » est subtilisé dans la propre demeure de l’écrivain par les autorités en 1926). Plusieurs fois, BOULGAKOV tente de le faire publier. En vain. Il ne sera autorisé en URSS qu’en… 1987, en pleine perestroïka, plus de 60 ans après sa rédaction, et près de 50 après la mort de son auteur.



BOULGAKOV fut l’un des écrivains russes les plus persécutés par le régime soviétique. En 1929 il demande l’exil, sans succès. La plupart de ses œuvres sont interdites et ne verront le jour que dans les années 1980 en U.R.S.S. Entre temps, il meurt de maladie, en 1940, à Moscou dans ce pays que jamais il n’aura pu fuir.



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Coeur de chien

Mes cent premières pages d'un livre en cent mots



Moscou, 1924. C’est l’histoire d’un chien. Pas d’une noble race non, pas un seigneur chasseur ou sauveteur. Nan, c’est l’histoire d’un clébard. Un sale cabot. Du genre à squatter les poubelles pour survivre et à se prendre des coups de tatane à tire-larigot. Un crevard, jusqu’à sa rencontre avec Philippe Philippovitch, éminent docteur. Alors, on s’fait plus d’bile pour Boule. C’est la grande vie moscovite, le choc des classes. Jusqu’à la greffe. Cette histoire, c’est celle d’un changement, d’un bouleversement. D’une révolution. Entre burlesque et fantastique, on rit avec Mikhaïl Boulgakov des transformations sociétales absurdes jusqu’à l’extrême de l’URSS d’alors.





CENT pour 100 numéro 30



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Coeur de chien

J'ai beaucoup aimé cette histoire très originale , c'est drole, satirique et totalement anticonformiste.

Un régal !
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Coeur de chien

Critique brillante et tordante de l'homme en général, du communiste en particulier. Chant d'humour et de liberté face à la dictature.
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Coeur de chien

Premier roman de Boulgakov que je lis et je suis ravie ! L'auteur a une sacrée verve, une plume truculente et une imagination foisonnante ! J'ai adoré cette histoire et l'humour dont a fait preuve Boulgakov.

Philippe Philippovitch, ce Frankenstein russe, est toujours adepte de nouvelles découvertes, mais il est vite déconvenu et dépassé par la créature qui a pris forme sous ses mains. Un chien-humain, ivrogne et grossier de surcroît ! Bouboul est ainsi devenu le citoyen Bouboulov.

Nous pouvons probablement y lire une satire de la part de l'auteur, une vision ironique (cynique même ?) des communistes, sauf erreur de ma part, mais cela doit être le cas puisque cette oeuvre a été jugée contre-révolutionnaire et n'a pu être publiée qu'en 1987 bien qu'écrire en 1925.

Nous y découvrons une société en plein changement avec le repartage des appartements et maisons russes, jugées bien trop grandes pour si peu de personnes. Partage donc avec le peuple, le prolétariat qui ne semble que peu éduqué et connaissant peu la politesse sous la plume de Boulgakov. Mais nous y voyons aussi l'abus de pouvoir de certaines personnes aisées, ainsi que l'absurdité de quelques règles nouvellement mises en place.

L'auteur dénonce aussi la nature profonde d'une personne : elle reste ce qu'elle a toujours été, même si nous souhaitons la faire changer. Bouboul reste égal à lui-même en étant Bouboulov, et cela même s'il est devenu humain.

Lecture donc fort agréable et rafraîchissante ! Cette oeuvre a un certain côté théâtral et serait passionnante à voir également sur scène !
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Coeur de chien

Lu l'an dernier. Mon tout premier ouvrage de l'auteur russe renommé.

Un récit qui mêle univers fantastique et satire sociale, avec rythme, ironie et perspicacité. Il faut avoir le coeur bien "accrché" parfois ! Une lecture à méditer, mais qui ne laisse certainement pas indifférent.
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Coeur de chien

D'abord il y a le chien.

Un corniaud galeux, affamé, qui vient de se prendre une marmite d'eau bouillante de la part d'un chef cuisinier. Un chien qui jappe, qui geint, qui hurle son désarroi et sa douleur.

Dame, c'est que la vie est dure pour les humains sous le ciel soviétique dans les années 20. Alors pour les chiens, pensez donc. Ils sont condamnés à errer tristement de croûton en poubelle, et de poubelle en trognon, jusqu'à crever de faim, de froid ou de maladie dans l'indifférence générale. Le dieu des chiens n'existe pas, ou alors c'est un dieu qui manque singulièrement de miséricorde.

Quoique.

Quoiqu'à la réflexion, il existe bien un dieu, mais seulement pour ce chien-là. Un dieu qui répond au nom de Philippe Philippovitch Transfigouratov, médecin de son état, spécialisé dans le rajeunissement. Un dieu qui traverse la rue en direction du chien, lui offre de la saucisse en guise d'hostie sacrée, et l'emmène avec lui au Paradis: un appartement de sept pièces, luxe inouï à l'heure où tous les immeubles sont réquisitionnés et divisés en logements minuscules par les Bolcheviks. Luxe qui agace prodigieusement , d'ailleurs, les révolutionnaires entassés dans le reste de l'immeuble, mais Transfigouratov n'en a cure, protégé qu'il est par les hauts dignitaires du régime. Et là, le chien reçoit des soins, un nom - Bouboul - puis un collier, enfin de la nourriture à foison. Il est empli d'une reconnaissance éperdue pour son dieu et maître, la vie est douce, l'abri est chaleureux.

Mais Transfigouratov a des projets pour Bouboul. Avant de trop s'attacher à lui ....

.

Forcément, je ne peux pas vous révéler en quoi consistent les projets du médecin, je vous dirai seulement une chose : dans notre époque férue de fantastique, de contes cruels et d'humour grinçant, Boulgakov n'a pas pris une ride. Et ce petit roman est un grand livre ! A lire et à partager sans modération, donc.





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Coeur de chien

Hiver russe de 1924, le chien Bouboule se mourant de faim et de froid est recueilli par Transfigouratov, chirurgien bien nommé se livrant à des expériences qui si elles n'ont pas le but recherché n'en seront pas moins passionnantes.



Faisant évoluer dans les appartements l'aide plein d'admiration, la jeune femme de chambre Zinia, la cuisinière Daria et les irruptions de Schwonder, président du comité d'immeuble jaloux des privilèges du savant, c'est tout le petit monde de Moscou qu'on découvre.



Soutenue par une chouette traduction, l'écriture de Boulgakov est jubilatoire et terriblement suggestive. Quelques mots suffisent à visualiser à la fois une situation, le personnage et son désarroi.

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Coeur de chien

Un court roman fantastique, un Frankenstein russe, quasiment une pièce de théatre car une fois presenté le recrutement du point de vue du chien le reste de l'histoire devient un huis clos avec énormément de dialogues ou des monologues exprimants les états d'âme du chien.

Avec cette histoire, le médecin Boulgakov nous interroge sur la notion de liberté, des limites à fixer à la science et montre à ses compatriotes le ridicule des excès de la société communiste nouvelle. Hélas pour lui il ne sera publié que 62 ans plus tard dans son propre pays.

Une bonne lecture qui fait sourire et réfléchir.
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Coeur de chien

Quand le transhumanisme se fait interespèce, on se retrouve avec Bouboul, le chien, qui devient Bouboulov, un homme, un vrai ?! Le Pr. Transfiguratov, découvre la manière de créer un homme nouveau alors qu'il cherche un procédé pour rajeunir ses patients, mais il se rend compte qu'il a généré une erreur de la nature ... qui n'évolue que pour régresser ...



En effet, Bouboul le chien, régresse en devenant ... communiste ...



Bouboul, on lui a greffé l'hypophyse et les testicules d'un ivrogne qui avait un petit casier judiciaire alors se comporte-t-il mal parce qu'il agit comme un ivrogne ou parce qu'il se comporte comme un chien ? Après tout, il a toujours un cœur, peut-être une âme, de chien ... Ce n'est donc pas si étonnant s'il ne pense qu'à la boustifaille, et s'il se trouve un travail qui consiste à débarrasser les rues de Moscou des chats errants ...

Mais il se met à l'alcool, aussi Bouboulov prend-t-il de plus en plus les mauvaises habitudes de l'homme, en plus d'avoir celles du chien ...



En tout cas, avant l'opération, c'était un chien très intelligent qui a appris à lire (les mots saucisson et poissonnerie), comme quoi, c'est une brave bête qu'on ramènerait volontiers chez soi et facilement en plus, en l’appâtant avec un bout de saucisson. Par contre, on préférera tous Bouboul à Bouboulov, le chien à l'homme, car c'est le chien le meilleur ami de l'homme, pas l'homme.
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Coeur de chien

C'est peu de dire que Mikhaïl Boulgakov n'aimait pas les bolcheviques, qui le lui ont bien rendu, et Cœur de chien permet de bien le mesurer.

Si vous pensez savoir ce qu'est le cynisme, vous risquez de revoir votre échelle pour le mesurer avec cette lecture.

Par contre, je crois que Boulgakov aimait bien les chiens - même si celui de cette nouvelle a tout de même un destin douloureux. Toute la première partie est écrite au travers du regard de Bouboul, pauvre chien des rues tout maigre, au bord de la mort après avoir été maltraité. On est alors dans un monde d'odeurs comme il convient, et le récit reste assez léger. Ça ne dure pas longtemps.

La suite décrira l'incroyable histoire médico-fantastique de Polygraphe Polygraphovitch Bouboulov, prétexte à critiquer ouvertement le système soviétique.

Le pouvoir n'a pas aimé. Écrite en 1925, cette nouvelle devra attendre la glasnost pour être enfin publiée en Russie.

Ça se lit très facilement et c'est drôle si on aime l'humour noir. Ça n'atteint pas le degré de génie du Maître et Marguerite, mais c'est très court et ça peut permettre de découvrir le style de Boulgakov.
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Coeur de chien

J’ai lu ce court roman qui est presque une nouvelle, pour le défi :

Je l'ai lu très rapidement et je m’en suis régalée ! D’abord, la première partie est racontée du point de vue du chien, ce qui est particulièrement savoureux. On remarque alors l’intelligence de ce pauvre animal vivant de la charité humaine et surtout du contenu des poubelles ! Son accueil, inespéré pour lui, dans l’appartement d’un médecin aisé, donne lieu à quelques scènes cocasses.

A partir de l’opération réalisée par Filip Filipovitch, le texte se tourne plus vers le fantastique, mais est aussi prétexte à des critiques, guère déguisées, de la bureaucratie soviétique de l’époque. Le résultat de cette expérience scientifique prouve au médecin qu’on ne peut pas forcément procéder à ce genre de manipulation sans risque !

On pense au Frankenstein de Mary Shelley ou aux nouvelles de Gogol, et c’est une très agréable lecture, à conseiller dès l’adolescence…
Lien : http://lettres-expres.over-b..
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Coeur de chien

Du culot, du culot, du culot...





Voilà comment l'on pourrait définir Boulgakov, d'une certaine manière...Non content de dépeindre de manière presque sympathique les Russes Blancs partisans du tsar avec la Garde Blanche (le plus hilarant est que Staline aimait ce roman...Si, si, je vous jure!), Boulgakov récidive avec Coeur de Chien...





Personnellement j'ai sursauté quand j'ai entendu le professeur Philippe Philippovitch dire: "Je n'aime pas le prolétariat." Vous savez, la petite phrase qui révèle dans sa franchise brute le fond de la pensée de celui qui la profère, un peu comme le "Je n'aime pas les riches" lâché par l'actuel locataire de l'Elysée...





Vivacité, mordant, jeu entre le fantastique et la réalité aux limites de l'absurde. Les ingrédients qui feront la fortune du Maître et Marguerite se trouvent déjà dans cette nouvelle qui se laisse lire d'une traite. On quitte le réalisme de la Garde Blanche et des Récits d'un jeune médecin pour entrer de plein-pied dans la science-fiction mâtinée de fantastique et de réminiscences autobiographiques, le tout dans un arrière-fond soviétique très prégnant (Boulgakov étant d'abord médecin).





Le chien Bouboul apparaît finalement bien plus humain que sa version humaine, Bouboulov, un individu de la pire espèce, caricature du prolétaire endoctriné par la vulgate soviétique...La transformation en être humain du chien donne lieu à quelques questions d'ordre pratique pour le moins...étranges: devoir donner des papiers à Bouboulov, sauf que l'on ignore complètement comment justifier de sa naissance...





Le plus étonnant chez Boulgakov est cette sorte de gaîté naturelle, cette légèreté vivifiante qui irrigue nombre de ses oeuvres, y compris celles traitant de la réalité soviétique dans ce qu'elle a de plus désespérante...Coeur de chien ne fait pas exception. Aucune désespérance, aucune forme de crainte oppressante ne perce dans cette nouvelle pourtant bien ancrée dans une société soviétique avec ses travers bien connus (encore qu'en 1925, le régime, pour dictatorial qu'il soit reste encore relativement tolérant, Staline ne s'étant pas encore révélé).

Vassili Grossman, en comparaison, ne prend pas de gants en la matière: ses descriptions du quotidien soviétique, dans Vie et Destin, faites de la crainte permanente de la délation, sont par moments proprement glaçantes de réalisme.





Une très bonne introduction à Boulgakov, représentative de son oeuvre.
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Coeur de chien

Cet ouvrage est une critique géniale, non seulement du communisme, mais de la société moderne. Un célèbre professeur recueille un chien, Bouboul, qu'il souhaite utiliser pour une expérience. On suit ce chien, qui croit avoir été recueilli par bonté d'âme, ainsi que les effets qu'auront sur lui les expériences du professeur. C'est l'occasion pour Boulgakov de présenter, au travers de ce personnage, l'URSS de son époque, le personnage de Bouboul en adoptant peu à peu les moeurs , de façon caricaturale. Ce qui est intéressant, c'est que tous les personnages sont utilisés pour critiquer l'époque: le pauvre chien, victime d'expériences, qui devient infâme au contact du peuple soviétique, le professeur qui joue de son influence pour obtenir des avantages dans un régime qu'il désapprouve fondamentalement, les voisins qui tentent par tous les moyens de nuire au professeur, par un désir d'égalité fondé, pour l'essentiel sur leur jalousie. Tout ceci est présenté avec une bonhommie et une drôlerie rafraîchissantes.
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Coeur de chien

Je voulais absolument lire ce livre, car j ai trouve le sujet on ne peut plus originale,et qui plus est de la part de BOulgakov......et que dire..... ce livre m a fait rire,reflechir,... en un mot,j ai passe un moment magique....ooohh,pauvre bouboulov.... et depuis mon chien s appelle bouboulov:-)
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Coeur de chien

Petit chef d'oeuvre d'humour corrosif, Coeur de chien qui conte l'histoire de Bouboul, chien perdu sans collier ("Hou! hou! hou!"), adopté par le professeur Philippe Philippovitch ( "homme du monde", sommité médicale et "ennemi du prolétariat") puis opéré et hominisé; est une satire politique et médicale russes des années 1920.

"Turlut. Turlut! Ici!"

Dur d'obéir quand on a été habitué à la liberté, mais ce "chien de seigneur" connait l'appel du ventre. Bouboul, opéré puis greffé(avec les testicules et l'hypophyse d'un vaurien) par cet angélique apprenti du diable (d'où la critique des expériences scientifiques non maîtrisées et sans éthique, de l'eugénisme) se met à parler argot et à penser en tant que "citoyen Bouboulov" "sympathisant du Parti communiste". D'où l'effet loufoque de cette comédie.

Mickaël Boulgakov, Russe, médecin puis écrivain à part entière persécuté par la suite par le régime de Staline (chef du Parti Bolchévique) quant à ses écrits jugés subversifs, en profite pour dénoncer la dichotomie du système dictatorial qui des deux côtés lobotomise lorsque l'on diffère d'opinion!! A méditer!
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Coeur de chien

Longue nouvelle ou court roman, Coeur de chien tient de la satire politique chère à Boulgakov. Un médecin de Moscou tente une expérience : il veut greffer sur un chien l'hypophyse d'un homme mort peu de temps auparavant. Après l'expérience, le chien se transforme en un homme rustre, injuriant à tout va puis, peu à peu, à force d'éducation, soutenant des conversations. Le chien Bouboul devient le citoyen Polygraphe Bouboulov, et prend sa carte au Parti communiste où il est chargé d'éradiquer les chats errants qu'en bon ex-chien, il déteste.

La cuistrerie de Bouboulov est sans limite. Il tente ainsi de dénoncer son cher docteur à la politique politique en dénonçant ses propos contre-révolutionnaires. Mais le docteur parvient à intercepter le message, puis à maîtriser Bouboulov pour le re-tranformer en chien.

Le régime soviétique que dépeint sans précaution Boulgakov est celui d'hommes ignares, opportunistes, pourris en quelque sorte. Cette décrépitude s'insinue partout dans la société, depuis les commissaires du Parti jusqu'aux classes prolétaires en passant par la bourgeoisie. Bouboulov, c'est l'homo sovieticus tel que le dépeint Boulgakov : point d'étonnement alors à ce que Boulgakov fut persécuté, sa vie durant, par le régime stalinien.
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Coeur de chien

Le professeur Philippe Philippovitch, chirurgien moscovite renommé qui exerce son activité dans un vaste et luxueux appartement, voit un jour se présenter à sa porte le comité d'immeuble qui prétend réquisitionner une pièce pour un nouveau locataire. Philippovitch se débarrasse promptement des opportuns en faisant intervenir une de ses relations. Il est pressé de commencer une intervention sur le chien Bouboul, ramassé dans la rue. Son idée est de greffer sur l'animal testicules et hypophyse humains en vue de tester leur rôle dans le rajeunissement. Mais opéré, bientôt le chien se transforme en un homme sans-gêne, grossier, et incontrôlable.



La créature chien-homme née des manipulations du docteur Philippe Philippovitch, sorte de docteur Frankenstein, est on le comprend ensuite l'incarnation de l'homo sovieticus, un être qui par son indifférence au bien commun, entre autres, oppose une résistance à l'endoctrinement. Bien qu'écrite en 1925, avant la nuit noire du stalinisme, cette remarquable satire de la société soviétique des années 20 ne fut publiée en URSS qu'en 1987, jugée contre-révolutionnaire — comme d'ailleurs son auteur qui pu néanmoins toute sa vie travailler dans son pays, mais muselé.



« Supposez que nous ayons une guerre contre les rapaces impérialistes ?

— Moi, je ne vais pas aller faire la guerre où que ce soit ! jappa soudain Bouboulov ...»



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Coeur de chien

J'ai lu "Le maître et Marguerite" il y a fort longtemps. Aujourd'hui je viens de finir "Coeur de chien", moins connu que le précédent. Je l'ai découvert sans idée préconçue. C'est pourquoi j'ai été un peu estomaqué par l'objet principal de ce roman: il s'agit de la greffe de l'hypophyse et de testicules humains, sur un chien des rues nommé Bouboule - ce qui le transforme en homme ! Voilà le premier sujet, baroque et en même temps remarquable, qui est développé au début du livre. La suite est moins agréable à lire, et pour cause: certes, Bouboulov (patronyme de la créature) est un être humain, mais il est grossier, porté sur la vodka, voleur, impossible à éduquer... Ceci engendre de pénibles conflits avec son "créateur" qui continue à l'héberger chez lui. D'ailleurs, le chirurgien est lui-même un personnage haut en couleur.

Quelles que soient les qualités de l'intrigue, l'intérêt principal du roman est ailleurs. Boulgakov écrit en 1925, dans la période historique située entre la guerre civile et l'avènement du stalinisme. Il peut donc se permettre d'être impertinent à l'égard du pouvoir bolchevique et de l'esprit prolétarien. Philipp Philipovitch ne cache pas son mépris pour la plèbe, notamment à l'égard du cadre communiste qui sévit dans son immeuble et qui veut endoctriner Bouboulov. Mais surtout, l'auteur suggère discrètement que l'homme-chien correspond au portrait robot de "homo sovieticus". On n'ose pas imaginer le châtiment terrible qui aurait frappé Boulgakov si, quelques années plus tard, il avait publié ce roman très osé.
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Coeur de chien

Quel heureux maître d'un chien n'a pas un jour déclaré " Mon chien? , il ne lui manque que la parole...".

Coeur de Chien" de BOULGAKOV vous chassera s"en aucun doute ce rêve de votre caboche.

Cette "transfiguration" à laquelle nous assistons grâce à l'écriture vive et cinglante de l'auteur s'inscrit dans le chaos de l'époque totalitaire dans laquelle elle se joue.

A quel moment la réalité dépasse t elle la fiction ?

Héritier spirituel de Gogol, BOULGAKOV nous entraîne dans un univers flamboyant, terrifiant et absurde, implacable photographie de la nature profonde des hommes.

Souhaitez que votre chien reste ce qu'il est !

Est il à souhaiter que nous ne soyons qu'humain? ..



Astrid SHRIQUI GARAIN
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