AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Mokhtar Amoudi (71)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les conditions idéales

°°° Rentrée littéraire 2023 # 50°°°



« J'aime pas vivre, j'ai voulu casser ma tête. C'était là ma première émotion non scolaire. Je m'étais persuadé ; j'étais mauvais et inutile à tous puisqu'en temps de paix, on n'abandonne pas son enfant. On m'avait maudit à la naissance. »



Lorsqu'on fait la connaissance de Skander, il est à l'hôpital, blessé après s'être jeté dans le vide pour fuir un cauchemar. Il a été abandonné très jeune à de l'ASE ( Aide sociale à l'enfance ) par une mère dysfonctionnelle. Il a désormais huit ans et sa vie est à nouveau chamboulée par un changement brutal de famille d'accueil. Ce sera Mme Khadidja et une cité de banlieue parisienne.



Pour raconter ce parcours initiatique ( à fortes résonances autobiographiques ) dont on ne saura qu'à la fin si le destin de Skander basculera définitivement dans la délinquance ou s'il parviendra à s'en extraire, Mokhtar Amoudi aurait pu opter pour un ton cliniquement documentaire ressassant des clichés déjà lus et vus moultes fois, ou tomber dans l'écueil d'un misérabilisme teinté de pathos lacrymogène, ou encore proposer un énième texte autofictionnel se grattant le nombril. Ce n'est jamais le cas et cela rend le roman d'autant plus intéressant et fort.



L'auteur propose certes un récit réaliste mais avant tout extrêmement vivant et romanesque. Le lecteur est immédiatement immergé dans le parcours chaotique de Skander que l'on suit de l'enfance à l'adolescence, puis à l'orée de l'âge adulte, immédiatement à sa hauteur, ce qui permet de voir des choses qu'on ne voit jamais quand on parle des enfants placés, de leur ressenti, de leur devenir, avec la tendresse et la crudité nécessaires.



Les personnages sont particulièrement soignés. D'abord Skander, enfant attachant, intelligent, curieux, forcé à s'adapter alors qu'il ne sait pas qui il est. Pensant d'abord s'en sortir par la voie de la réussite scolaire et de l'amour des dictionnaires, en s'ouvrant au monde extérieur, il devient ce qu'il n'était pas au contact des délinquants de son quartier. On comprend toutes ses erreurs, ses failles, sa lucidité désarmante autant que sa naïveté, même lorsqu'il abandonne l'obsession d'être aimé par l'obsession de l'argent. Bref on est avec lui.



Et puis il y a les personnages féminins de la mère, engluée dans les addictions et la prostitution, qu'il voit en pointillé, et de Mme Khadidja qui le garde, deux magnifiques portraits de femmes en marge, fracassées par la vie.



Le récit est porté par une écriture alerte et enlevée qui désamorce toute situation douloureuse grâce à un humour et une fraicheur qui font du bien à lire sur des sujets aussi sensibles qui questionnent le déterminisme social.











Commenter  J’apprécie          1238
Les conditions idéales

On ne peut pas dire que les fées se sont penchées sur le berceau de Skander. Abandonné très jeune par une mère dysfonctionnelle et placé en familles d’accueil, le voilà qui atterrit dans le 9-3, chez Madame Khadija, bien occupée à joindre les deux bouts avec l’argent que lui rapportent les enfants de l’Aide Sociale à l’Enfance. Lui, le bon élève rêvant d’études supérieures, se retrouve au beau milieu des caïds de banlieue, des bagarres et de la délinquance, à deux doigts des filets tendus, d’un côté par l’idéologie salafiste, de l’autre, par l’argent facile de la drogue. Alors, succombera-t-il, lui aussi, à ces conditions si peu idéales ?





Caméra sur l’épaule de ce personnage en partie inspiré de sa propre histoire, Mokhtar Amoudi pose, avec une lucidité côtoyant avec mélancolie la fraîcheur candide et spontanée de son regard d’enfant, la question du déterminisme social. Habitué à s’accommoder d’un environnement affectif défaillant, Skandar doit maintenant résister à la pente, où, pour avoir la paix, il lui serait facile de suivre les autres jeunes. De petits trafics en actes de délinquance de plus en plus lourds, l’engrenage est insidieux et la dérive de plus en plus franche. Sans pour autant de complaisance ni lui chercher d’excuse, la narration observe les tiraillements de l’adolescent, entretenant la tension née de la certitude de le voir vaciller sur une ligne de crête décisive. Pour lutter contre les forces de gravité qui menacent de l’enfermer lui aussi dans le vase clos de ce milieu, il dépendra de sa propre capacité de résilience, mais aussi – l’hommage transpire du texte – de l’accompagnement de l’ASE et du soutien exigeant et bienveillant de quelques adultes soucieux de son évolution.





L’on pourrait être tenté de ne voir dans ce récit que l’accumulation à satiété des stéréotypes et des clichés habituels sur la banlieue. Ce serait sans compter la voix sincère et désarmante, délaissant pathos et misérabilisme pour une bienveillance teintée d’un humour tendre, qui fait toute la fraîcheur et le charme de ce premier roman pudique et attachant, si singulièrement subtil dans l’expression de sa révolte.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          1018
Les conditions idéales

Née d’une prostituée algérienne, Skander est placé par les services sociaux dans une famille d’accueil où « tante Nicole » lui donne une éducation d’autant plus fructueuse qu’il est doué et lit le dictionnaire, entouré de l’affection de Jessica.

Mais un cancer achève « tante Nicole » en quelques semaines et Skander tombe alors de Charybde en Scylla : à la demande de sa mère, une « racaille judiciaire », il subit une circoncision et un tatouage au henné, puis est placé (contre son gré) chez la cupide et délétère Madame Khadija pour favoriser son « acculturation », et non dans la famille Hubert, et il se voit imposé les programmes télévisés arabes et des vacances dans le bled marocain.

Ces « conditions idéales », cautionnées par la justice et l’assistante sociale, le marginalisent et le condamnent à la déchéance. Dès son entrée au collège il devient délinquant et participe à des pillages de boutiques, des escroqueries au chéquier volé, à l’agression d’un diplomate dans le Valais, au trafic de stupéfiants et aux guerres des tribus Séquano-Dionysiennes où il poignarde un adolescent.

La mort d’un dealer le fait réfléchir et l’obtention du baccalauréat lui permet de prendre ses distances, de s’installer dans un foyer parisien du quartier Pereire et d’entrer à l’université.

Ce roman, sans doute partiellement autobiographique, inscrit Mokhtar Amoudi dans la lignée de Charles Dickens avec « Les grandes espérances » et Hector Malot avec « Romain Kalbris ». Son pathos touche au cœur le lecteur.

Elu « Goncourt des détenus » 2023, ce récit est écrit dans une langue qui n’est certes pas celle des deux frères mais respecte leurs convictions affirmées dans « La fille Elisa » et j’espère que Skander devenu adulte, mènera une vie respectable, conforme aux rêves éducatifs des Goncourt.

Mais ce témoignage doit nous alerter sur les dérives de l’ASE (Aide Sociale aux Enfants) et les dérapages de « l’acculturation » qui éteint les lumières de la civilisation et freine, voire interdit toute intégration, en enfermant dans l’obscurantisme.

Quelle aurait été l’adolescence de Skander si « Tante Nicole » avait survécu ou s’il avait été placé chez les Hubert, dans un environnement autoritaire, éducatif et laborieux … c’est-à-dire dans des « conditions idéales » ?
Commenter  J’apprécie          820
Les conditions idéales

Itinéraire d'un enfant pas vraiment gâté



La route devant lui.

Une route cahoteuse, chaotique pas franchement féerique.

Un chemin cabossé, rongé par des nids de poules, cerné par des ornières, qui ne met pas Skander dans "les conditions idéales" pour aller très loin dans la vie.

Un père évaporé, une mère constamment à la marge qui a souvent l'occasion de méditer sur ses défaillances dans une cellule à Fleury.

Le pauvre Skander, sous l'égide de L'Aide Sociale à l'Enfance, écume les familles d'accueil dès son plus jeune âge.

La promesse d'un avenir radieux ne semble pas à l'ordre du jour.

Son arrivée chez Madame Khadija à Courseine, une ville terne et agitée de la banlieue parisienne, va se révéler capitale. Soumis aux tentations et à la facilité des chemins de traverse les plus obscurs, le jeune homme passionné par l'histoire et doué pour les études va devoir faire des choix..



Ce roman d'apprentissage mettant en scène les aventures d'un "sans famille " des temps modernes a le mérite d'esquiver élégamment les stéréotypes agaçants qui ont trop souvent tendance à s'imposer dans ce genre d'histoire. En évitant l'écueil du misérabilisme et l'excès de pathos, l'auteur réussit à rendre son personnage imparfait plutôt attachant. Seuls quelques passages un peu monotones ont parfois tendance à trop ralentir, à mon goût, le rythme du récit.

Mais au final, grâce à ce premier roman très prometteur Mokhtar Amoudi peut nourrir de grandes espérances.

Commenter  J’apprécie          792
Les conditions idéales

A la lecture du titre , on se sent un peu interrogateur . Que sont des " conditions idéales " pour s'intégrer ? Une ironie lorsque , enfant algérien , on a une mère dépressive , sous tutelle et , plus tard , en prison ? Lorsque le père a courageusement " foutu le camp " ? Bon , comme départ dans la vie , il y a mieux , non ? . Et puis , il y a l'ASE , l'Aide Sociale à l'Enfance . Une administration avec tout ce qu'on peut , ou pas , attendre d'elle . Avec des familles d'accueil , pleines d'amour ou ...d'envie de gagner de l'argent ?

Et voilà , c'est parti pour une éducation dans les quartiers . Certes , le potentiel intellectuel du garçon est là mais résistera - t- il à la force , à la violence , aux trafics de la rue , à l'argent facile ?

Et si l'on suivait Skander dans ce récit initiatique , ce chemin d'épines qui le conduira dans un sens ou dans l'autre ?

La garçon est intelligent , sensé , mais l'argent ...

Encore un roman sur la difficulté de la vie dans les cités , sur la difficulté de l'intégration , sur la difficulté de l'identification dans un monde aux codes pipés par l'absence de socle familial .Oui , cela a été vu et , sans doute revu , mais ce récit offre un aspect de sincérité et de résilience intéressants .

Un roman n'est pas finaliste de certains grands prix littéraires par hasard . J'ai suivi avec beaucoup d'intérêt malgré , et , je vous l'accorde , quelques longueurs , la vie parsemée d'embûches de Skander et j'avoue avoir porté sur lui un regard empreint d'une certaine indulgence .

C'est un premier roman touchant avec , sans doute , les imperfections " du débutant " qui , à mon avis , ne devrait pas en rester là .

C'est un roman de nature à mieux comprendre le schéma de notre société future , à mieux l'assimiler , l'accepter .Mais ça , c'est une autre histoire , un autre débat dans lequel je ne me lancerai pas ici .

J'ai aimé accompagner Skander qui m'a ému , énervé , irrité , à qui j'aurais pu donner une baffe ( Stop ! C'est interdit et passible de poursuites !!! ) ou que j'aurais pu embrasser ( Stop ! C'est interdit , agression sexuelle !!! ) , bref , j'ai aimé sa compagnie et son cheminement dans une jungle parsemée de dangers .

Allez , chers amis et amies , je vous laisse et à très bientôt .

Amitiés et bon week end , le soleil brille .Profitons .
Commenter  J’apprécie          694
Les conditions idéales

« C'est un livre, souvent un roman, qui te marque pour toujours. Tu le lis et tu as l'impression que l'auteur l'a écrit pour toi. » ● Skander a été placé à l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) dès son plus jeune âge. Il a toujours sa mère, mais, enchaînée par ses addictions, celle-ci est incapable de l'élever et est elle-même sous curatelle. Petit, il vit relativement heureux chez Delphine, mais doit changer de famille d'accueil et se retrouve chez Mme Khadija à Courseine (ville imaginaire de l'Essonne). Elle est obnubilée par l'argent. Vient le moment où Skander entre au collège et il va suivre malgré lui la loi des voyous du Grand Quartier, où il habite. Il a pourtant l'esprit curieux, adore lire le dictionnaire, bref, il a du potentiel. Parviendra-t-il, dans ce contexte, à l'exploiter ? ● J'ai beaucoup aimé ce roman d'apprentissage au soubassement autobiographique et au titre ironique, notamment son style mêlé d'oralité, avec un réel souci de faire évoluer la langue à mesure que le narrateur, Skander, grandit. Les dialogues sont percutants. le récit est plein de petites ellipses qui lui donnent du rythme. ● En lisant, j'ai pensé à Mort à crédit de Céline ; je trouve que le petit Ferdinand a des ressemblances avec Skander, sa vive intelligence en butte au monde extérieur qui souvent lui veut du mal. ● Malgré la thématique du livre, on n'est pas du tout dans la déploration ou dans le pathétique ; le récit est souvent drôle, léger. ● Les dernières pages laissent espérer une suite ; pourvu qu'elle vienne !
Commenter  J’apprécie          606
Les conditions idéales

*Est-ce que les gens naissent égaux en droits

À l'endroit où ils naissent

Que les gens naissent pareils ou pas*



Les conditions idéales, ce sont les conditions pour grandir de façon optimale en harmonie. C'est ce que Skander n'a pas eu du tout... même si dans son malheur il a eu de la chance d'être plus malheureux que les autres.

Mokhtar Amoudi nous raconte la vie d'un enfant, fils d'une droguée prostituée algérienne, qui ne connait pas son père, et qui est placé dans une famille de l'aide sociale à l'enfance.L'abandon il connait, son père, le premier, puis les familles d'accueil qui ne veulent plus s'occuper des enfants.

Lui, il aime la géographie et le dictionnaire, il n'est pas con Skander. Il travaille bien à l'école.

Au moment de changement de famille, plusieurs veulent l'accueillir. Lui avait vu une famille française. Sa mère n'en a pas voulu car elle voulait une famille d'accueil maghrébine pour que Skander vive dans sa culture.

Entre intégration et désintégration, elle a choisi, et le juge a suivi.

Donc au lieu de se retrouver en province dans une famille de la classe moyenne, il se retrouve chez Madame Khadija dans une cité en banlieue parisienne. Khadija, c'est pas par amour de son prochain qu'elle accueille un gamin, mais pour l'argent. En même temps, il faut du coeur et du courage aussi pour faire grandir des gamins : Skander, mais aussi Dimitri l'étranger qui ne parle pas français, ...

Et c'est là que tout part en vrille pour Skander. Mauvaises fréquentations, mère en prison, clans, drogue,... Le gamin n'est pas fondamentalement mauvais, il n'est juste pas dans les conditions idéales.

Heureusement que l'aide à la jeunesse veille et que la justice est clémente, il pourra s'en sortir et s'intégrer grâce à l'éducation.



Soyons clair, c'est un excellent roman et c'est très bien écrit. On suit avec attention et le coeur serré les rebondissements de la vie de Skander.

C'est une jolie fable qui nous laisse penser que le petit dealer de cité pourrait s'en sortir si l'état lui tendait la main. Que tous ceux qui veulent s'en sortir peuvent en avoir la possibilité.

C'est aussi une plongée dans les quartiers ghetto no man's land où l'on se dit que quoi que tu fasses tu ne t'en sors pas, tu ne peux que sombrer.



Comment devenir transfuge de classe dans le 93, ce ne sont pas les conditions idéales.

Ca nous fait aussi réfléchir sur nos conditions idéales...















Commenter  J’apprécie          539
Les conditions idéales

Dès les premières phrases, le décor est dessiné. Le héros n’en sera pas un, ou alors il aura fort à faire pour sortir de l’image qu’il renvoie à son entourage. Il est au collège, plutôt doué et intéressé par des sujets qu’il ne partagera certainement pas avec sa mère, sous tutelle, ou sa famille d’accueil, la énième depuis des années.



Pas seul dans ce combat, ses intérêts sont-ils vraiment bien pris en compte par les équipes bienveillantes de l’Aide sociale à l’enfance, qui ne souhaitent qu’une chose, faire de lui une exception, le sortir de ce milieu mortifère, où le besoin d’argent conduit inexorablement les jeunes au trafic de drogue. Parce que pour obtenir les chaussures de la bonne marque et les fringues qui affichent ton statut, il n’y a qu’une solution : trouver de la tune.



C’est Skander lui-même qui se raconte. A un rythme effréné, les années défilent, les échecs se mêlent aux petites victoires. Que deviendra t-il? Il faudra attendre les dernières pages pour le découvrir.



Chronique de la banlieue défavorisée, identifiée par une cité fictive, archétype de toutes les cités ghetto qui entourent nos grandes villes, ce roman dépeint le parcours d’un ado doué mais oublié des bonnes fées, qui se bat pour se sortir de ce marasme, avec le risque imminent à toutes étapes de son parcours de tomber dans le piège de la facilité et rejoindre la cohorte des petits délinquants.



277 pages Gallimard août 2023
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          492
Les conditions idéales

[Lu dans le cadre du Prix des lectrices de Elle 2024]



Chez Madame Nicole, ce n’était pas mal. Il y avait Delphine, sa grande fille, et puis Jessica, une autre enfant placée, comme Skander. S’il excelle à l’école, le petit garçon a de sérieux problèmes : un ami imaginaire très présent et des cauchemars épouvantables. Skander va de temps en temps chez sa mère qui l’a abandonné quand il était très jeune. L’enfant de 8 ans qui raconte cette histoire n’en est pas encore pleinement conscient, mais le lecteur a compris qu’elle se prostituait. Tout va vraiment mal tourner quand Skander rentre de colonies de vacances : Madame Nicole est morte d’un cancer, et la mère du petit garçon bénéficie de nouveau de ses droits parentaux. Elle obtiendra que Skander soit placé chez Mme Khadija, qui jongle pour s’en sortir avec l’argent que lui donne l’ASE, et là, une nouvelle vie va s’ouvrir pour lui : on n’ira pas vers le mieux…

***

Ce que nous raconte Mokhtar Amoudi dans ce roman percutant semble en grande partie autobiographique. Skander se démarque des autres enfants placés et de ceux du quartier parce qu’il est curieux de tout, qu’il aime lire le dictionnaire, que ses résultats scolaires sont bons et qu’il paraît posséder déjà l’intuition de ce que ses qualités peuvent lui apporter. Cependant, il va connaître de multiples galères à cause de concours de circonstances malheureux. Il va inexorablement dériver, adopter les pratiques de ses copains et devenir à son tour un de ses gamins de banlieue présentés de manière assez caricaturale par certains médias. Une série de hasards va changer le cours des choses. J’ai beaucoup aimé les trois-quarts du roman malgré certaines maladresses. La voix de l’enfant sonne juste peut-être parce que sa relative naïveté écarte tout misérabilisme. En grandissant, Skander perd (heureusement !) cette naïveté, mais même dans les moments particulièrement difficiles, Mokhtar Amoudi évite les outrances d’un certain pathos et les nombreux lieux communs sur cette jeunesse des « quartiers ». Je suis restée sans voix devant les erreurs et les errances commises par les adultes censés apporter de l’aide à ces enfants. Certains sont très au-dessous de ce qu’on est en droit d’attendre d’eux. D’autres, au contraire, se démènent et ne lâchent pas les enfants dont ils ont eu à s’occuper. Malgré les ratés de quelques-uns, on sent toute la reconnaissance que l’auteur voue aux autres. Je me suis un peu perdue vers la fin du roman et j’ai trouvé le ton moins juste, mais la féroce ironie portée par le titre m’a enchantée et a influencé ma lecture. Un bon premier roman !



Commenter  J’apprécie          390
Les conditions idéales

Pas convaincue.



Skander est placé à l'Aide sociale à l'enfance depuis toujours, intelligent et passionné par la lecture, sa vie prend un mauvais tournant lorsqu'il est placé chez Madame Khadija.



C’est l’histoire de Skander un enfant qui pourrait être comme tous les autres. Mais Skander n’est pas comme tous les autres. Placé à l’Aide sociale à l’enfance depuis la petite enfance, sa vie semble déjà avoir pris un mauvais départ. Néanmoins sa grande intelligence le fait se démarquer des autres enfants de l’ASE.



Initialement placé dans une famille aimante, Skander va voir sa vie basculer au décès de sa tutrice. Sur la demande de sa mère qui souhaite le voir souvent, ce dernier va être placé chez Madame Khadija en banlieue parisienne. Celle-ci est assistante maternelle pour l’argent.



Et c’est le début de la chute. De bon élève Skander se transforme en petit délinquant. L’histoire est supposée être racontée avec humour, je l’ai surtout trouvée poussive et répétitive. Si enfant Skander est touchant avec sa naïveté, il devient tête à claque à l’adolescence. Le voir abandonner son travail à l’école juste pour suivre la masse, et essayer de vaguement plaire à quelques petits caïds, donne une sensation d’immense gâchis.



Toutefois, les passages concernant la religion sont très drôles et justes. Le passage dans la mosquée salafiste est excellent. Sous couvert d’humour, il montre la main mise des extrémistes religieux sur certains quartiers. Enfin, la fin montre une lueur d’espoir pour la suite. Skander parvient à se reprendre in-extremis et va faire des études. Je regrette malgré tout qu’il n’y ait pas un épilogue plusieurs années après pour voir son évolution.



Bref, un premier roman qui ne m’a pas convaincue.



Lu dans le cadre du Grand Prix des Lectrices ELLE 2024
Commenter  J’apprécie          320
Les conditions idéales

La mère de Skander n'étant pas capable de l'élever, il est placé dans différentes familles d'accueil.

La première est stable et il s'épanouit. Il adore lire le dictionnaire.

La seconde famille est différente et il se retrouve en contact avec la banlieue et ses bandes.

Après d'excellents résultats en primaire,le collège verra baisser ses notes et le lycée plus encore.

Heureusement, quelques adultes qui lui font confiance lui permettront peut-être de s'en sortir.

Le sort des enfants placés n'est pas toujours évident.

La vie des banlieues et l'influence des bandes ne sont pas toujours favorables.

Les chances de s'en sortir sont minces.

Quand, sur le chemin de ces enfants, des adultes bienveillants ouvrent une porte attentive ; tout peut alors changer.

C'est un roman assez dur, qui donne le sentiment d'une part d'autobiographie, je ne sais pas si c'est le cas.

Mais il dénonce une réalité bien dure.

Heureusement, certains parviennent à s'en sortir, mais pas assez hélas.



Commenter  J’apprécie          240
Les conditions idéales

Le sujet de ce livre ne manquait pourtant pas d'intérêt : Skander, enfant curieux et intelligent, est placé à l'Aide sociale à l'enfance en raison d'un père absent et d'une mère marginale, prostituée et droguée, qui ne sait pas s'occuper de lui. Au fil du récit largement autobiographique, au gré de mauvaises décisions de placement et d'un environnement toxique, on voit cet enfant brillant s'enfoncer dans la délinquance. Nous assistons, à hauteur d'enfant, à tout ce qu'il a enduré.



Je me suis tout d'abord intéressée à ce récit qui m'a fait penser aux "Ritals" de Cavanna. Le personnage de Skander m'a touchée par le fait que décidément, il ne puisse rien choisir, comme s'il était un passager clandestin de sa propre vie. En cela, le recours à l'écriture est pour Mokhtar Amoudi un moyen de redevenir le sujet de son existence, en plus d'être une victoire admirable pour quelqu'un dont la scolarité a été si abîmée, ce dont on ne peut que se réjouir. Elle prouve, mais ce n'est malheureusement pas une nouveauté, que certains enfants naissent avec bien peu de chances de devenir heureux. À cet égard, "Les Conditions idéales" nous force à regarder cette injustice sociale en pleine face.



Pourtant si je ne juge que le livre en soi et non l'intérêt du témoignage, mon bilan de lecture est négatif. J'ai peiné à le lire, j'ai trouvé l'écriture enfantine, parfois à la limite du compréhensible (que signifie "elle avait la fibre d'aider les pires"?). Les scènes sont traitées avec vulgarité et sans profondeur (que dire du récit de ce conseil de classe grotesque, page 96, qui n'a rien de réaliste mais qui n'offre rien de plus ?). Il est difficile de transformer la boue en or, n'est pas Genet qui veut...

Je ne comprends pas trop l'enthousiasme autour de ce livre ni le choix d'un éditeur aussi prestigieux que Gallimard.

J'ai refermé ce livre en ressentant un fort sentiment de malaise.



Lu dans le cadre du Grand Prix des lectrices Elle 2024.
Commenter  J’apprécie          242
Les conditions idéales

Il préfèrerait passer au large des autres du quartier, ne pas se battre, se fondre dans la masse au lycée où il espère décrocher le bac. Il compose, Skander, entre deux mondes : celui qu’on lui attribut pour sa couleur peau, son milieu, son histoire et celui qu’il souhaite investir. Il fera du droit, sera avocat, gagnera de l’argent. Honnêtement. Pas comme ce fric gagné en dealant – ce flouze sale qui lui permet de vivre mieux même s’il reste économe. Et puis, on lui ferait encore la misère, quelques coups en embuscade, s’il ne pliait pas aux règles. C’est la cité, ses lois. Skander n’a rien choisi.

Un père aux abonnés absents, une mère défaillante, un contexte de vie délétère et l’ASE l’a placé chez Khadija en banlieue parisienne.

Retraçant le parcours de ce jeune courageux avec toute l’expérience qui est sienne, l’auteur signe un premier roman terriblement touchant. Ni jugement, ni misérabilisme dans cet écrit mais une immersion réaliste dans les banlieues où chacun doit faire face. Lutte contre l’évidence d’un destin que l’on ne veut embrasser alors que les dés sont pipés, le cheminement de Skander force le respect. Les mots percutent, le texte se dévore livrant un texte profondément juste qui interpelle : comment s’en sortir quand tout s’oppose à la réussite ?


Lien : https://aufildeslivresbloget..
Commenter  J’apprécie          240
Les conditions idéales

Qu'il est bon de redécouvrir la vie à hauteur d'yeux d'enfant, même si ce sont ceux d'un petit gamin algérien né en France, de père inconnu et abandonné très tôt par sa mère aux doux services de l'ASE.



Skander, c’est lui le gamin, le narrateur donc.



Collégien, il nous fait partager son quotidien singulier avec son langage, ses mots à lui, précieux parfois, populaire toujours.

Son vécu nous est donné à vivre, avec ses certitudes naïves de bambin crédule et ses candides découvertes agrémentées de commentaires spontanés.



Un certaine virginité.



Une espèce de Petit Nicolas, en moins bien gâté par la vie quand même, dont les amis s’appellent Ramos ou Mohammed plutôt que Clotaire ou Eudes, un petit Skander donc, qui devra comprendre rapidement qu'une famille d’accueil se disloque quand la mère de substitution meurt précipitamment.



La vie n’est pas un long fleuve tranquille.



Avec un humour subtil qui se veut symptomatique de âge et de son inexpérience il nous raconte ses premières fois :

-          Sa première rencontre avec celle qui veillera sur lui désormais

-          Sa découverte du Maroc lors de son premier voyage initiatique en terre étrangère

-          Son premier coup de cœur vite douché finalement.

-          Ses premiers accès de violence dans la colo d’une station de ski en Suisse

-          Sa première implication collective en tant que délégué de sa classe de lycée

-          Sa première approche de la religion musulmane

-          Sa première prise de conscience de la déshérence psychologique et physique dans laquelle se perd sa mère biologique

-          Sa première baston funeste

-          Sa première garde à vue aussi...



Des premières fois restituées sous la forme de pastilles successives écrites dans un style à part, mélangeant le langage naïf de l’enfance et le verbiage populo du peut-être caïd en devenir.



Au fil des pages, nous glissons progressivement du doux récit du gentil gamin naïf découvrant la vie à celui, plus acide, de la petite teigne en construction que le droit chemin n’intéresse plus que de très loin.



Reconnaissons cependant que certaines tournures de phrases plus alambiquées ou certains vocabulaires plus léchés s’avèrent trop précieux ou trop riches pour intégrer parfaitement le style adopté par le récit. Sûrement un clin d’œil entendu de l'auteur pour établir une complicité avec son lectorat qui n'est pas dupe, nous lisons là le roman fraîchement écrit par un homme et non pas le journal intime d’un gamin démarré il y a longtemps.



Le gamin est sensé, conscient des difficultés qui seront les siennes s'il veut finalement sortir des ornières que sa condition initiale a déjà tracées devant lui, d’autant qu’il veut devenir avocat.

Il est intelligent et son potentiel est reconnu sauf par un encadrement scolaire prompt à casser tout trublion susceptible de faire école autour de lui.

Lui est devenu trafiquant de drogue !



Un parcours individuel en guise d'état des lieux sur une difficile jeunesse de banlieue à qui rien n’est promis si ce n’est une délinquance systémique installée de longue date par un destin mangé par la poisse et l’absence de perspective. La faute à pas de chance surtout pas celle d’être né du bon côté de la Seine, celui qui offre un autre avenir que de systématiquement finir en prison.



Une tranche de vie qui va de la cour d’école au banc du bac dans un quartier où s'en sortir c’est faire preuve d’une force de caractère hors du commun.



Une bonne lecture malgré quelques passages en demi-teinte et un parti pris stylistique un peu redondant.



Les confessions d'un enfant du siècle !

Commenter  J’apprécie          222
Les conditions idéales

Skander, d'origine algérienne, abandonné par sa mère qui se prostitue,a été placé, par l'ASE (Aide Sociale à l'Enfance) dès son plus âge en famille d'accueil. La dernière en date, alors qu'il a une dizaine d'années, le voit arriver dans une banlieue difficile, chez une assistante maternelle marocaine qui essaye de gagner le pus d'argent possible en accueillant autant d'enfants que possible. Sa mère réapparaît dans sa vie mais ne souhaite pas le reprendre avec elle. Ses résultats scolaires qui étaient excellents se détériorent, il est happé par les petits trafics, la délinquance, fait l'expérience de la violence gratuite entre bandes de banlieues ennemies, deale. Jusqu'à ce qu'il se fasse arrêter pour trafic de drogue, soit mis en garde-à-vue, ce qui provoque un électrochoc. Il comprend que seules les études le sortiront du marasme dans lequel il s'enfonce. Il se reprend en main avec l'aide de son assistante sociale, de l'ASE, d'un juge compréhensif, d'un professeur qui lui donne des cours et il décroche son bac. Il va pouvoir faire les études dont il rêve.

Le sujet des banlieues, de leurs dangers, de leur violence a été traité de nombreuses fois, parfois de façon similaire et peu originale; ce qui fait tout l'intérêt de ce roman, c'est le point de vue choisi par l'auteur : celui d'un enfant, puis celui de l'adolescent qu'il devient, au plus près de la vie réelle qu'a connue Mokhtar Amoudi lui-même. Un mélange de naïveté, de peur face à la violence, d'amitié, de doutes sur lui-même. le regard est curieux, rarement accusateur. le fait que ce soit un enfant qui raconte dédramatise les situations qu'un adulte considèrerait comme graves. On sent une certaine tendresse de l'auteur pour Skander mais aussi pour d'autres personnages, pourtant peu sympathiques au premier abord. Il n'y a pas de colère, pas de haine, pas d'idée de vengeance et le roman se termine sur une note d'espoir pour Skander, bien sûr, mais le message s'adresse aux autres Skander : on peut combattre le déterminisme social et en sortir grandi.

Ce roman rend hommage à l'ASE et à toutes ces personnes qui essayent de sortir des enfants qui ont mal démarré dans la vie, du destin qui les attend, qui croient en eux, qui savent voir derrière les apparences : beaucoup de dévouement, d'amour, de volonté de faire bouger les choses.

Le ton est assez humoristique, pas larmoyant du tout comme, par exemple, la description savoureuse d'une séance au hammam, la première pour Skander ou l'équipée pour partir au Maroc. Le style est celui d'un enfant puis d'un adolescent, simple, sans fioriture. Quelques longueurs, que l'on pardonnera volontiers à un primo-roman, alourdissent la narration et conduisent à un certain relâchement de l'intérêt.

Commenter  J’apprécie          225
Les conditions idéales

Pris en charge par l'ASE (Aide sociale à l'enfance) depuis l'âge d'un ou deux ans, Skander vit dans une famille d'accueil chez "Tatie Nicole" et sa fille Delphine avec Jessica, sa « sœur d'abandon », placée elle aussi. C'est un garçon studieux et curieux qui passe son temps à lire le dictionnaire. Sa mère est réapparue depuis peu et il la voit de temps en temps dans son modeste logement où elle héberge fréquemment des personnes à la vie bohème ou sans abri.



Mais cette vie sereine est chamboulée le jour où un cancer emporte Nicole. Skander doit être placé dans une nouvelle famille. Malgré qu'elle ne s'est jamais beaucoup préoccupée de son fils, sa mère choisit Mme Khadija à Courseine en banlieue parisienne, un endroit moins loin de chez elle que les autres propositions de l'ASE.



La violence, les bandes, le trafic, … la délinquance est partout. Pas facile de trouver sa place

« Les conditions idéales » est le premier roman, d'inspiration autobiographique, de Mokhtar Amoudi qui a lui aussi grandi en banlieue parisienne.



Un roman d'apprentissage raconté par une jeune garçon dont la naïveté arrive à nous faire sourire parfois dans des moments critiques. Une naïveté qui peut exaspérer de temps en temps mais qui est compensée par un optimisme et une volonté à toute épreuve et par une confiance en l'autre, en la vie, en l'avenir surtout.



J'ai beaucoup apprécié ce roman en lice pour le prix Goncourt 2023 malgré une légère sensation de longueur vers milieu due à une sobriété peut-être un peu trop présente qui a contenu mes émotions pourtant bien présentes dans les premières et dernières pages.

Commenter  J’apprécie          160
Les conditions idéales

Le jeune « Skander », abandonné par une mère défaillante se trouve balloté entre des familles d’accueil au gré des décisions plutôt bienveillantes des agents de l’ASE, (Aide Sociale à l’Enfance). Comme de nombreux adolescents, il se trouve pris dans un engrenage de violence et de drogue dont il est difficile de s’extraire sans l’aide d’ une autorité référente solide que n’a pas Mme Khadija, malgré la sollicitude louable et presque maternelle dont elle fait preuve vis à vis des enfants qui lui sont confiés. Un premier roman réussi qui met en évidence la difficulté de s’en sortir quand on a une origine maghrébine et que son avenir est soumis aux aléas des placements subits.
Commenter  J’apprécie          140
Les conditions idéales

"Les conditions idéales " pour se retrouver à la case prison, Skander les remplit assurément ! Enfant de l' ASE, il est d'abord placé chez Tatie Nicole puis chez Mme Khadija, dans un quartier de banlieue parisienne. Il aime l'école et les dictionnaires mais pour survivre au pied des tours, il faut en suivre les codes : bagarres entre bandes, vols, drogue. Il comprend vite l'importance de l'argent pour Khadija et les autres restés au Maroc. Alors il essaie de mener de front scolarité et trafics tout en refusant la filière technique qu'on veut lui imposer au lycée. Autour de lui quelques adultes bienveillants mais beaucoup d'incompréhension.

Dans ce roman d'apprentissage ( autobiographique sans doute) l'auteur dénonce le déterminisme social auquel sont confrontés les jeunes de banlieue et la violence qui en découle. On suit avec intérêt le point de vue du pré-ado, ses analyses, ses peurs, son ambition tout cela écrit avec sincérité semble-t-il. A la fin seulement l'auteur adulte prend la place de l'enfant.

Commenter  J’apprécie          140
Les conditions idéales

Rien d'idéal dans ce roman qui aligne les clichés sur la vie que peut avoir un gamin de l'ASE dans une banlieue. Tout y est : les mauvais choix, la mère pute et régulièrement en taule, les familles d’accueil pas accueillantes, la perversion, les combines, la drogue, la délinquance... J'en oublie sûrement parce que j'ai très vite abandonné par ennui. Je serais curieuse de savoir qui, chez Gallimard, a bien pu lui trouver un "charme irrésistible" !
Commenter  J’apprécie          110
Les conditions idéales

BOULEVERSANT !



Mothkar Amoudi nous offre ici son premier roman, fortement autobiographique, inspiré de son enfance passée en famille d'accueil.



Un roman initiatique qui retrace l'itinéraire de Skander, un ado qui ne grandit pas dans les "conditions idéales". Placé à l'aide sociale à l'enfance, le jeune garçon se laisse entraîner dans la délinquance et la violence, suivant les "mauvais garçons du quartier". La littérature reste sa bouffée d'oxygène...



Pour un premier roman c'est une réussite totale. J'ai été emportée autant par l'écriture maîtrisée que par les personnages très attachants aux destins d'un réalisme touchant. Et si les livres, et l'amitié, pouvaient changer les vies ?



Un coup de ❤
Commenter  J’apprécie          100




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Mokhtar Amoudi (327)Voir plus


{* *}