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Citations de Mona Thomas (47)


Les livres appellent les livres et les suivent. Les êtres se font signe d'une histoire à l'autre.
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Les chasseurs sont en bas. Le coup de feu brusque suivi d'un silence signifie qu'une bête qui ne vole pas a pris du plomb. Les oiseaux crient et s'ébrouent bruyamment quand la mort les surprend. Ils haussent le ton, forcent l'organe une dernière fois. Les oiseaux connaissent l'immensité, les plus hautes traversées. Jusqu'aux tout petits oiseaux qui ne sauraient finir silencieusement. Ceux qui vont sur la terre, au contraire, se taisent en mourant. Ceux qui vont sur la terre n'ont jamais pris le ciel, le soleil et le reflet des profondeurs humides comme mesure de leur misère. Ils n'ont pas existé autant, pas vécu si amplement, ils peuvent finir en silence.
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Les livres m'apprennent à écouter, y compris les patients qui n'ont pas envie de parler.
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Savez-vous qu'au moment où les images du 11 septembre 2001 repassaient en boucle les librairies de New-York furent prises d'assaut ? Comme si c'était là, dans les livres, que se trouvaient des éléments de réponse à l'impensable. Dans les romans, la poésie, les nouvelles brèves et les grandes élégies. Ou comment en situation de détresse - pensez aux otages -, le livre soutient la personne en difficulté.
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- Tu pleures ? Qu'est-ce que...
Il a perdu une de ses "plus belles billes" dans le jardin. Où ? Dans quel coin ?
Il lève les bras en soufflant, la figure rouge barbouillée de larmes comme dans "Poil de carotte". Mon nounours, se mettre dans des états pareils, ça s'est passé où ? Parterre, allée ?
- Une bille, ça roule, Tu t'rends pas compte !
- Oui, mais où ? Elle a roulé dans quelle direction ?
- Dans la terre.
Je soupire. Il dit : Tu vois !
C'est comme découvrir un infini du jardin. Sa véritable nature. Son double fond. C'est comme disparaître dans l'eau, dans la nuit. On croyait se mouvoir en surface et voilà qu'une bille remet le monde à ses dimensions de profondeur invisible, désespérante. Tu as cherché un peu ?
- A quoi bon.
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Elle* les fleurs, lui* les arbres et les animaux. Lui nommait les choses et faisait connaître avec l'histoire d'une plante ses usages, ses légendes. Il provoquait le rêve comme le rire, répondait aux questions, envoyait au dictionnaire. Il chantait et inventait des jeux. Profondément mélancolique, profondément bon et désespéré, la fantaisie était son parti. Où sont-ils aujourd'hui, où sont les morts aimés quand on pense à eux ?


* : les grands parents de Mona Thomas.
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(...) il* a su que l'art est une religion sans dieu, une direction du monde pour soi et un contact permanent avec ses frères humains.


* Ahmed Yacoubi
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C'est d'abord une ligne droite, une courte horizontale. Puis une sombre petite surface, un quadrilatère découpé au milieu du vert. Un jardin. L'envie de modifier l'état du monde, de le voir s'épanouir. Il y suffit d'un peu de travail. Le plaisir qu'on y prend éloigne les chagrins et rend content. Longtemps.
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Quand Boulgakov parle d'un malade dans Les carnets d'un jeune médecin, je reconnais des éléments de situation que je côtoie dans ma pratique. C'est à la communauté des symptômes décrits que je vois bien combien la lecture revivifie mon intérêt pour ce travail. Et puis, les débuts dans ce métier, c'est bouleversant...
Parfois Boulgakov a de ces délicatesses, on dirait un polar. " La Gorge en acier" , par exemple, sa première opération chirurgicale, est un récit à suspens, haletant. Le lecteur ressent le même espoir de soigner,de sauver, la même émotion et la même crainte de l'échec qui habitent le jeune médecin.
La crainte de l'erreur?
L'erreur, l'éventualité de l'erreur, c'est obsédant. C'est, dans une très large mesure, ce à quoi le médecin n'a pas droit.
Et qui peut toujours arriver.
On doit lutter, attendre, mais pas trop parce que ce serait, là encore, risquer le pire. C'est difficile, il faut décider vite. Dans Blouse d'Antoine Sénanque, à la fin, comment le personnage confesse une erreur! L'obsession de tout bon médecin. Parfois on est en train d'en commettre une, on ne s'en rend pas compte, on continue un peu et on laisse faire jusqu'à ce que l'erreur apparaisse sans aucun doute possible. On peut avoir l'intuition qu'on est en train de se planter. Parfois, on ne peut pas revenir en arrière parce qu'on ne sait pas, on ne sait pas, on ne sait pas! Tout ce dont on est sûr, c'est que quelque chose ne va pas. Voilà qui est usant dans mon métier, ne pas savoir, ne pas voir! Si je suis trop fatiguée, je ne verrai pas. Alors je passe mon temps à vérifier qu'il n'y a pas d'erreur.
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Là, je parlais d'art, de la littérature qui arrive à dire un indicible qu'on pourra lire, il s'agit de cette alchimie qui permet de lire la mort " en face". On écoutera par ailleurs une voix qui nous "fait signe", jusqu'au bout parce qu'elle est forte, même si on n'a pas toujours affaire à un grand texte. J'avais trouvé assez soufflant Sauve toi Lola, un des premiers livres du genre. Ania Francos était une passionaria des années 80, à la fois grand reporter, féministe, surexcitée..

.. Il y a également , dis-je, le fameux Je voudrais pas crever, de Boris Vian.
Un mélange de révérence pour la vie et d'immense colère face à l'injustice du mal, dit-elle. Notre expérience se décante en plusieurs temps: vivre l'évènement, le penser, l'écrire. L'expérience et la littérature ne se confondent pas...
...Quand Paul Valéry note sa formule fameuse " Je veux le monde et je le veux tel quel" , il ne donne pas la recette. C'est qu'il en faut du boulot , pour arriver au monde tel-quel. Savez- vous écrire, bien écrire?
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On dégaine la morale dès qu'on a peur.
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En exergue

Stefan Zweig dit que les livres sont un monde disparate et dangereux. J'ajouterai que les livres c'est un monde qui ne nous trahit jamais.

Varlam Chalamov
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La poésie et la médecine, c'est pareil

(...) William Carlos Williams passe de la poésie à la médecine en continu.La médecine le repose. Exercer au fin fond de l'Amérique du Nord des années cinquante devait ressembler à un mixte de Faulkner et des westerns de série B. Quand dans le petit bled du Middle West on doit aller accoucher de jumeaux la femme obèse du sergent de ville dans la misère, le mec furibard avec des pistolets partout, le gourbi sombre puant l'alcool...Williams échappe plus d'une fois à des situations difficiles. Dans son
" Autobiographie", il dit encore: " La poésie et la médecine, c'est pareil." Oui, c'est pareil.Parce que ça ouvre.

( p.98)
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Alors l'anthropologue comprend que cette dissémination d'ouvrages si appréciés, cette métastase de lecture, la façon d'avoir une bibliothèque et plusieurs et aucune tout en tenant tellement aux livres, en comptant tellement sur eux, ne recouvre rien moins que " le rêve de guérir ".Au-delà de l'exercice qui consiste à tenir la maladie en respect le plus longtemps possible, la bibliothèque joue contre la mort, à même hauteur, illusoire et alors ?


( p.192 )
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Comme Reverdy, mais du fond de sa cambrousse, immergé dans la verdure, Chauviré correspondait avec pas mal d'écrivains, il entretenait de vraies grandes amitiés littéraires. C'est beau, toutes ces correspondances entre écrivains.Leurs échanges forment une entraide dans la pratique de tous les jours.Ils ont bien raison de compter sur la littérature, nos deux gais lurons de la médecine. Alors bien sûr, c'est peut-être une tendance de certains caractères, mais je ne crains pas de vous le redire, la littérature permet à un certain type de médecin, dont je suis, de trouver une beauté à ce qu'il fait et de voir la beauté chez autrui, dans la présence si particulière du malade.


( p.187)
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Le film sur Athénaïs. Je vous en ai parlé, un documentaire à partir de notre correspondance.
Ils vous ont invité ? demande Iris. Vous avez vu le film ?
J'ai vu le film. Et aussi le précédent produit par Alexander qui m'a demandé ce que j'en pensais. J'ai seulement dit qu'il était mauvais, ce film.
Alors, si je suis tricard en France. Si Paris me vomit. Ou m'oublie.
Mais ils vous ont invité au Marbeuf, insiste Iris.
Ils m'ont invité, bien sûr. Je ne vous ai pas dit qu'ils m'avaient invité ? Non que dans ce premier volet j'y sois beaucoup naturellement. La jeunesse d'Athénaïs à Lausanne, l'Allemagne, la prison, les premières luttes des prostituées... Je n'arrive pas dans sa vie avant les années quatre-vingt, vous savez. Elles m'ont gardé deux heures à parler, c'est claquant, bien sûr ils m'ont invité, mais le 12 septembre c'est en plein milieu du mois. Le 12 septembre, ce n'est pas une date, vous imaginez. Pas une date, un 12.
Vous aviez..., demande Iris, un truc important le jour de la projection de presse et de la fête ensuite ?
Rien d'important non, ce jour-là... je ne vois pas. Rien vraiment. Que voulez-vous, c'est comme ça. Je me suis éloigné, quelquefois vous appelez, vous vous souvenez de votre vieux copain du bout du lac et je suis là. Parce qu'on sait où me trouver, c'est facile, je suis dans ma maison d'enfance.
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Je ne peux pas supporter qu'un malade souffre tellement que son caractère en soit altéré et sa personnalité entamée. Je suis quand même très intéressée par le problème de la souffrance, ce que les gens sont capables de supporter, et je veux supprimer la douleur.
Tout le temps.
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Un jour peut-être on aura vaincu le cancer, et la bibliothèque du Docteur Lise ressemblera à celle de tout le monde, une et soigneusement ordonnée. Elle n'aura plus besoin d'une armée de livres à sa rescousse. [Pour l'instant], un ensemble de titres élus mêlé au bazar de la vie, propre à ménager des surprises et composer avec le temps, c'est ainsi que le docteur Lise veut sa bibliothèque. [...] Livres éparpillés, prêtés-pas-rendus comme elle dit, bâillant au bord du fauteuil ou à plat ventre sur le radiateur de la salle de bains, livres aimés, librement humés, lus repris, dévorés, négligés, baladés des abords du lit aux profondeurs de la voiture, émergeant à l'hôpital ou chez des amis, passant du sac à main à la dernière marche de l'escalier en courtes piles, et si on en trouve un au jardin un soir d'été, dans la maison ils sont partout toute l'année, le nez dans la poussière, pleins de marques de doigts poisseux des innombrables goûters. (p.117-118)
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Chacune des mes hypothèses - nombreuses, variées, prometteuses - foire à la fin. Au cours de la dernière phase, là où chez Agatha Christie tout s'éclaire, chez moi ça se gâte et s'embourbe.
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Parce qu'un roman ce n'est pas seulement une histoire. Un grand roman, c'est parfois à peine une histoire. En ça je vous assure, la littérature m'assiste et ne cesse de me soutenir dans l'exercice de la médecine. Vous comprenez pourquoi Henri James a sa place parmi mes livres ? À cause de sa subtilité qui m'aide à entendre les gens.À côté de Tanizaki.

( p.153)
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