Quand l’âme humaine a été quelque temps flottante entre l’espérance et la crainte, en proie au tourment de l’incertitude, passant sans cesse d’une anxiété à l’autre, elle éprouve une sorte de soulagement en connaissant enfin tout le mal qui doit lui arriver.
La ville de Jarra est très grande (...). Cette ville est située dans le royaume maure de Ludamar, mais la plupart de ses habitants sont des Nègres qui sortent des Etats du Midi et préfèrent payer un tribut aux Maures pour obtenir une certaine protection que de rester exposés chez eux à leurs agressions et à leurs rapines. (...) Le 1er mars nous nous rendîmes à Deena, grande ville, bâtie, comme Jarra, de pierre et d'argile. On y trouve beaucoup plus de Maures et moins de Nègres qu'à Jarra. Ils se rassemblèrent autour de la chaumière du Nègre chez qui je logeais et me traitèrent avec la plus grande insolence. (...) Ils dirent que j'étais un chrétien, et que par conséquent tous les enfants de Mahomet avaient droit de piller ce qui m'appartenait. En conséquence, ils ouvrirent mes paquets et prirent tout ce qui était à leur gré.
Cette scène touchante me convainquit pleinement que, quelle que soit la différence qui existe entre le Nègre et l'Européen dans la conformation de leurs traits et dans la couleur de leur peau, il n'y en a pas dans les douces affections et les sentiments que la nature leur inspire à l'un et à l'autre.
Les esclaves en Afrique sont, je crois, relativement aux hommes libres, dans la proportion de trois contre un.
Aussitôt qu’il se fut assis sur une natte près du seuil de la porte, une jeune personne, sa future épouse, lui apporta dans une calebasse un peu d’eau et, se mettant à genoux devant lui, le pria de s’en laver les mains. Lorsqu’il eut fini, la fille, dans les yeux de qui roulait une larme de joie, avala l’eau ; cette action était considérée comme la plus grande preuve qu’elle pût donner à son amant de son attachement et de sa fidélité.
Nous vîmes en route une si grande quantité de sauterelles que les arbres en étaient blancs. Ces insectes dévorent tous les végétaux qu'ils rencontrent, et il ne leur faut que très peu de temps pour dépouiller un arbre de toutes ses feuilles.
...mon hôte , avec beaucoup d'embarras ,me pria de lui donner un peu de mes cheveux.On lui avait dit, ajouta-t-il,que des cheveux d'un Blanc était un "saphi" qui donnait à celui qui le portait toute l'instruction des Blancs.
je ne peux oublier la charité désintéressée, la tendre sollicitude avec laquelle ces bons Nègres depuis le roi de Sego jusqu’aux pauvres femmes qui, en divers temps, me reçurent mourant de besoin dans leurs chaumières, compatirent à mes malheurs, et contribuèrent à me sauver la vie. Je dois au reste plus particulièrement ce témoignage aux femmes qu’aux hommes. Ceux-ci, comme le lecteur a pu le voir, m’ont quelquefois bien accueilli, mais quelquefois très mal : cela variait suivant le caractère particulier de ceux à qui je m’adressais. Dans quelques-uns, l’endurcissement produit par l’avarice ; dans d’autres, l’aveuglement du fanatisme avaient fermé tout accès à la pitié. Je ne me rappelle pas un seul exemple de dureté de cœur dans les femmes.
L’éducation des filles maures est totalement négligée. Les femmes de cette nation se soucient fort peu des qualités morales, et les hommes ne regardent pas en elles comme un défaut le manque de ces qualités. Ils croient que les femmes sont d’une espèce inférieure à la leur, et créées seulement pour les plaisirs et les caprices d’un maître impérieux. Le goût de la volupté est donc considéré comme leur principale qualité, et la soumission la plus servile comme leur indispensable devoir.
Avant de regarder ce peuple comme plus dépravé qu’un autre il serait bon d’examiner si les classes inférieures de la société de quelque pays de l’Europe que ce soit, se seraient mieux conduites dans les mêmes circonstances envers un étranger que ces Nègres se conduisirent envers moi