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Citations de Nathalie de Broc (120)


Nous n’étions pas des agneaux venant de naître, tous les trois avions affronté nombre d’événements tragiques, étions habitués à la présence de la mort, mais la beauté du décor, l’indolence ambiante, l’inutilité flagrante de la bataille à laquelle nous venions d’assister, que je voyais surtout comme un duel d’ego ou d’orgueils patriotes, cette absurdité responsable de l’état de ces hommes si jeunes, car certains ne survivraient pas, tout cela me faisait me sentir plus impuissante encore. Nous sommes restés longtemps ainsi, à nous éventer inutilement, incapables d’aller nous coucher.
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Inutile de dire qu’une journée de plus et nous étions la risée du monde civilisé. Mais, ouf, plus que quelques heures, même moins je l’espère, et ces foutus Anglais nous mangeront dans la main. Je me suis laissé dire que de toute façon sur le rocher, ils n’avaient plus grand-chose à se mettre sous la dent et encore moins à boire. Nous les avons affamés, Préville, nous les avons affamés en arraisonnant leur sloop de ravitaillement. Ils n’en sortiront pas vivants !
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« Le temps fuit et emporte avec lui tout ce que nous laissons échapper. »
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Ce cynisme que nous lui pardonnons bien volontiers est une seconde nature, et son séjour prolongé dans les geôles nantaises aux temps douloureux – il avait à peine quinze ans – de la Terreur n’a fait que l’aviver. Qu’il ratiocine tout son soûl dans notre dos, nous suivrons avec délices la chorégraphie aux flancs tribord du bateau.
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Elle se présente aux moments les plus incongrus, se plante devant moi, me sourit. Mélange d’innocence, de désinvolture, de détachement et de cruauté candide.
La première fois qu’elle est « venue » à moi, j’avais quinze ans. Huit années interminables depuis son départ. La souffrance avait une teinte différente. Comme ces rideaux dont les tons s’affadissent avec le temps, mais quand on observe la doublure, la couleur est toujours aussi vive.
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Elle marche depuis trois heures. Peut-être beaucoup plus. A la gare de Quimper, elle a volontairement ignoré les taxis, préféré reprendre le chemin comme l'on remet ses empreintes dans celles du passé. La ville lui semble pavoiser sous le printemps. En la traversant, elle a tout regardé, tout détaillé, tout réappris. Tout était là, cruellement inchangé. Comme si rien ne s'était passé.
La peur de se retourner lui tient aux tripes. Si elle se retourne, sûr ce sera comme avant. L'Enfer.
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La longue procession de sabots d'où s'échappaient en voltigeant quelques brins de paille, rythmait de deux en deux la complainte de Théodore Botrel lancée par une dizaine de voix féminines dans le petit matin. Les vapeurs de brouillard stagnaient à hauteur des bustes. Les jeunes femmes avançaient d'un pas leste que les cailloux du sentier rendaient cependant prudent. Les jupes de laine brune suivaient leur déhanchement , un déhanchement appuyé un peu plus par le poids des fagots qu'elles portaient à même les épaules et qui leur faisaient d'étranges silhouettes. Les rubans noirs de leur koupine voletaient sur les dos courbés.
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J'ai toujours aimé le rire de ma mère. Cristallin, comme cascadé sur les cailloux d'une rivière. Un rire de gorge, roucoulement de colombe, dont elle usait à tout propos et qui lui évitait de pleurer sur ses malheurs et ses regrets.
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Surtout, elle est obsédée par l’arrivée possible de Fabien. Le constat de sa propre impuissance, la sensation de se trouver dans un cul-de-sac, la rend plus amère encore ; s’il revient, elle ne pourra rien faire d’autre que le suivre . Et pire contradiction, peut-être le veut-elle aussi, car lorsqu’elle pense à lui, remontent les jolis souvenirs. Pas les moches.
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Auréliane étouffe un soupir. La révolte ne mène jamais à rien. L’équation est simple : rébellion = mort.
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Demain et les jours qui suivraient. J’ai toujours eu un talent certain pour refuser l’inéluctable, le repousser à mon gré. J’ai longé le ruisseau/rivière dans lequel sautaient les gamins en plongeons bruyants et d’où ils ressortaient, cheveux presque secs et hilares. Repris le chemin vers la Grande Maison. Pas franchement pressée.
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Nous ne nous parlons pas, nous aboyons ! Je continue de ne pas comprendre les raisons pour lesquelles il m’a épousée. Il passe son temps à aller courir d’autres jupons…
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— L’amour !

Le ricanement m’avait échappé. En quoi ma relation avec Alexis relevait-elle de l’amour ? Ce qui a piqué Sérafine qui a lâché ma main, tiré une nouvelle bouffée de sa pipe et laissé filer quelques minutes dans une fumée opaque. A l’intérieur, je trépignais.
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Le seul problème c’est que Sérafine ne se trompe jamais. Ses dons de clairvoyance ont fait le tour du village, se sont étendus jusqu’à celui de Sainte-Anne, pour ensuite gagner Fort-Royal. On vient de tous les coins de l’île pour lui demander conseil. Et cela ne m’étonnerait guère qu’Alexis lui-même ait succombé à l’étrange pouvoir d’attraction de la vieille Chichot. Et soit venu s’installer sur ce sol, dans la même position inconfortable que la mienne en ce moment. Rien qu’à imaginer mon époux si raide assis en tailleur, j’ai souri dans le noir.
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J’imaginais Bérénice à peine délivrée qui en entendait des vertes et des pas mûres sur son pêcheur de mari, mais heureusement Sérafine la sage-femme est sortie avec le bébé dans les bras. Un gros poupon déjà hilare comme si la vie n’attendait que lui, et les femmes ont eu tôt fait d’oublier leurs commentaires acerbes pour se précipiter sur la me’veille. Qu’elles se sont ensuite passée de bras en bras. Le bébé aux anges prenait la situation de bonne grâce. Chaque fois que je la croise, et je défie quiconque de ne pas en faire autant, le physique surprenant de Sérafine me subjugue.
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Le sommeil m’avait définitivement lâchée. Je n’ai jamais craint les nuits blanches et nous en avons tant partagé,Lambert, Louison et moi. Entre terreur et fatalisme quand nous nous cachions au creux des granges. Aussi, plutôt que de tourner en rond, tout naturellement j’ai pris le chemin vers les cases des Libres. Avec la ferme intention de voir Sérafine. La seule capable de m’aider à y voir clair, en tout cas de m’apaiser.
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Nous préservions chacun nos secrets. Je m’y étais habituée. Sans me rendre compte cependant que ce poison pouvait s’avérer aussi pernicieux que l’ombre des mancenilliers. Ces arbres de la Martinique aux belles feuilles luisantes, au fruit joliment trompeur, à la sève toxique, meurtrière pour qui en cherche la protection quand survient la pluie.
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Je m’étais bien gardée d’en parler. Ce silence-là était sans doute pour beaucoup dans notre difficulté à communiquer. Pour ne pas dire notre impossibilité. Je me souvenais qu’autrefois mon père affirmait que le temps se chargeait de tout, qu’il lissait le passé. Je m’imaginais le temps comme un de ces fers à repasser plus étroit qu’utilisait la femme de journée chargée du linge à la Grande Gibraye. Qu’elle remplissait de braises et dont elle se servait à grands coups sonores sur les dentelles fines des robes de ma mère.
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J’étais désormais hébergée par celui que je considérais depuis des années comme… le bourreau de mes parents. Hôte et redevable mais la vengeance à portée de main. Si simple. Un geste à faire. Cependant, incroyablement ma main s’y était refusée, défiait mon esprit. Alors j’avais mis au point un expédient, censé assouvir enfin cette vengeance. Avec l’aide de Louison, j’avais entrepris de mettre le feu aux entrepôts de sucre d’Alexis. Même si la ruine me paraissait une bien douce punition pour ses forfaits.
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Quelque chose s’était échangé entre eux. Je l’aurais juré. J’en avais gardé la certitude, sans en comprendre la signification. J’étais si loin. Puis la foule m’avait emportée ; je n’ai plus rien vu, juste entendu mon nom tristement hurlé par Théo. Le silence a suivi. Du moins c’est le souvenir qu’il m’en restait. Car la foule ne s’était sans doute pas tue, pas plus que les ordres lancés de toutes parts, les bateaux qu’on envoyait au sabordage dans les eaux tumultueuses de la Loire avec leur équipage prisonnier.
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