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Critiques de Nellie Bly (150)
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10 jours dans un asile

Cinq étoiles pour le cran, le culot, le courage sans faille, l'intelligence et la modernité de cette jeune fille !

Partie de pas grand chose dans un monde ultra réactionnaire et sexiste et première journaliste d'investigation, bravo !

Le courage, il en faut une sacrée dose, physique et moral, pour aller se faire enfermer dans un asile d'aliénées à la fin du XIXème siècle. Cela lui prend deux jours pour être enfermée, théoriquement sans grand espoir de sortie, dans une espèce de Shutter Island de l'enfer, le Blackwell's Island Hospital, au large de New York. Et comment on se fait enfermer ? Ma foi, c'est simple : le mieux est d'être une femme isolée et pauvre,fragilisée. Nellie, au feeling, mime une insomnie, un regard vaguement hagard, un peu de désorientation et quelques propos fumeux, et vogue la galère, en route pour Blackwell's Island sur un avis médical pas même digne de Molière...

Sur place, c'est l'horreur, un petit prémisse des futurs camps nazis : torture mentale, coups, famine, déshumanisation, lever dès l'aube, attente dans le froid, travaux forcés, nudité en public, bains glacés, gardiennes sadiques -pardon, infirmières - officiers pervers -pardon, médecins - ...Manquent plus que les bergers allemands et les barbelés. Naturellement, les "patientes" deviennent de plus en plus folles.

L'intelligence de Nellie, c'est la réflexion sur la folie qui parcourt toute son aventure. La folie peut être simulée sans problème, car les médecins la déclarent, non sur des symptômes réels, mais sur une situation sociale à la marge et fragile : femme. J'ai lu récemment que 80 % des patients lobotomisés au XXème siècle avaient aussi été des femmes. Voilà comment on se débarrasse d'une épouse (on le voit dans le reportage), d'une jeune fille trop rebelle, d'une travailleuse qui pique une colère...Quand Nellie retourne sur l'île quelques semaines plus tard en tant que journalistes, elle ne retrouve plus certaines de ses camarades d'infortune...Mortes ? Elle ne cherche pas trop à savoir, c'est là l'unique faille, je trouve, de son travail.

L'autre réflexion sur la folie, elle la mène en ne disant, passé le premier jour, que la vérité et en cessant toute simulation. Rien à faire, personne ne l'écoute. A méditer.

C'est un texte court, mais qui ouvre la voie à de multiples réflexions, notamment sur les liens ténébreux entre médecine et ordre moral, médecine et ordre social. Ces questions sont, bien entendu, toujours à l'ordre du jour, mais sous un déguisement différent. Je pense particulièrement à la médicalisation des "troubles du comportement" chez l'enfant, et à l'invasion générale de la médecine dans l'école...Troubles du comportement...Un mot qui fait peur après avoir lu ce texte...
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Le tour du monde en 72 jours

Livre écrit en 1890, donc obligatoirement décalé par rapport à la notion du voyage au XXIème siècle, au contexte relationnel entre les voyageurs et aux rencontres réalisées par Nellie Bly.



Elle est présentée comme une aventurière courageuse. Alors, certes, elle voyage seule, mais elle ne fait jamais qu'embarquer sur des bateaux ou prendre des trains. Elle est quasiment toujours invitée aux tables des commandants de bord et ne se trouve jamais en détresse. Alors, aventurière? On est bien loin d'Alexandra David-Neel.



Son périple est essentiellement présenté par elle-même comme une course après le temps, pour boucler ce tour du monde dans la durée qu'elle s'est fixée, moins de 75 jours. Alors, le récit en pâtit. Elle n'a d'autre obsession que son timing et paraît indifférente à tout ce qu'elle découvre ou plutôt ne peut pas prendre le temps de découvrir. Je l'ai trouvée par moments très naïve (il est vrai qu'elle était très jeune), déterminée et entêtée, détestable à d'autres quand elle commente la vie des lépreux ou les décapitations en Chine.



Son texte aurait pu être bien plus riche, il aurait fallu pour cela qu'elle quitte ses oeillères et regarde davantage autour d'elle. Elle le fait pourtant quelquefois, mais ce ne sont que de fugaces impressions dépourvues de toute émotion.



Un bon moment tout de même dans sa rencontre avec Jules Verne, dommage qu'elle ne lui ait pas demandé quelques conseils pour relater son voyage, mais elle est une "femme libre née dans le plus grand pays du monde", déjà pleine de certitudes à 21 ans, alors?

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10 jours dans un asile

Immersion en eaux troubles

*

Intéressée par ce roman-reportage suite à de nombreux articles parus relatant la difficulté de journalistes undercover (sous couverture) notamment dans le milieu carcéral.

Ici c'est le récit de la première femme journaliste a avoir osé s'infiltrer dans un endroit réputé dangereux. Chapeau!

Un reportage bien documenté et riche d'une expérience humaine qu'un ouvrage de fiction n'aurait pû égaler.

Une immersion totale dans une institution psychiatrique respectable - selon l'entourage new-yorkais.

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Dix jours intenses relatés de manière très froide et clinique , sous forme de feuilleton, pour alerter l'opinion publique, tirer la sonnette, lever des fonds. Pour dénoncer les conditions effroyables des patientes, pour stopper cette folie de comportement des soignants. (qui est fou? le soignant ou la patiente?).

*

J'ai moi-même travaillé en tant qu'infirmière en hôpital psychiatrique, je connais donc un peu le milieu. Et je peux vous certifier que les avancées sociales, humaines et sanitaires ont fait un immense bond en avant (et c'est tant mieux!!).

*

Je trouve que Nellie Bly a été très courageuse et audacieuse pour oser franchir la ligne d'un établissement aux portes vite fermées (et en 1887, difficile de sortir vivante et saine d'esprit!).

*

Dommage que ce témoignage soit si court. Il y a également deux autres expériences d'infiltration dans ce livre. Mais beaucoup moins détaillées.

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Je suis très admirative devant ces journalistes "undercover" d'hier et d'aujourd'hui qui prennent autant de risques pour faire éclater la vérité.

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10 jours dans un asile

Chronique d'une lecture qui se devait commune et qui par ma faute s'est transformée en une course effrénée pour retrouver ledit livre, parti en voyage dans des contrées lointaines. En cause : ma propension à laisser mes biblio en libre service aux amis de passage… Je plaide coupable auprès d'Aelinel et depuis, mets sous scellés mes livres non encore lus pour m'en réserver la primeur – vile égoïste individualiste que je suis devenue ! Malgré tout, cette quête plus que longuette, aura eu l'avantage de faire de ce petit ouvrage d'une centaine de pages, un objet de convoitise venant régulièrement titiller en moi un désir insatiable de lecture. de retour dans ma boîte aux lettres, après quelques mois d'errance et autant de lecteurs, il fut reçu comme le messie (et à cette période de l'année, c'est peu que de le dire).



Enfin, ne nous égarons pas et revenons en au fait : Nellie Bly et son incroyable détermination à mener l'enquête pour donner à lire la réalité d'un lieu aussi fermé et maintenu secret à son époque (1887) que les abattoirs ou les laboratoires d'expérimentation animale aujourd'hui : l'asile ! Ne vous méprenez pas : il ne s'agit pas pour elle de créer le buzz, comme on dit maintenant, mais de faire un scoop, avec toute la force, le sérieux et l'investissement que cela signifiait, avant... Je vous parle d'un temps où le journalisme d'investigation faisait ses armes, où les journaux donnaient à penser, comprendre, où les lecteurs découvraient là, des vérités cachées… où les femmes n'exerçaient pas de telles professions.

Doublement admirable, Nellie Bly !



Elle atteint des limites qu'aucun avant elle n'avait encore osé franchir. Elle se fait enfermer dix jours dans un asile, mène l'enquête et découvre l'innommable : le traitement infligé à ses pauvres femmes, dont beaucoup meurent de froid ou de faim, l'incompétence du personnel soignant, sa cruauté… et pire que tout, la présence dans ces lieux d'un nombre considérable de femmes saines d'esprit, jetées là sans autre forme de procès !



Résultat : C'est un tsunami qui secoue le peuple ; l'incrédulité et le déni font place à l'indignation à et les politiques s'inclinent devant le scandale !



Non seulement Nellie a fait plier le pouvoir et fait infléchir les politiques de santé dans ce domaine, mais elle a fait un pas certain dans la lutte pour l'émancipation des femmes ! Et elle ne sait pas arrêtée là ! Deux autres de ses enquêtes closent le livre : la première sur la réalité des agences de placement des employées de maison et la seconde sur le travail et la rémunération des ouvrières dans les usines. Toutes deux dénoncent l'exploitation de ces femmes : pénibilité du travail et rémunération dérisoire.



Plus je découvre son parcours et sa vie, plus je suis estomaquée par cette femme d'une liberté et d'une audace à toute épreuve… Et plus me semble rare et restreinte, aujourd'hui, la place laissée dans l'espace médiatique aux journalistes qui mènent de telles enquêtes, avec tout le danger et le risque que cela comporte. Je ne peux m'empêcher de penser à Marie-Monique Robin, également journaliste et femme d'exception, tant j'ai de respect pour son travail et ce qu'elle représente.



Lisez ce livre, en vous replongeant dans son contexte, et vous serez comme moi, ébranlée par ce qu'elle écrit, dans l'urgence et dans le souci du détail et de la véracité, fascinée et admirative de ce petit brin de femme à la poigne et la détermination de fer.
Lien : http://page39.eklablog.com/d..
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10 jours dans un asile

Dans ce roman reportage, Nellie Bly, jeune journaliste américaine au New York World, journal dirigé par Joseph Pulitzer est chargée d'infiltrer l'asile d'aliénées situé sur l'île de Blackwell pour y témoigner des conditions de vie des patientes.

La grande facilité pour se faire interner surprend déjà...être indigente, femme isolée et un peu rebelle suffit pour finir au poste de police où, si l'on ne sait pas trop quoi faire de vous, l'asile semble la solution la plus facile...Dans ce lieu isolé se côtoient donc des femmes fragiles psychiquement, des femmes saines d'esprit mais isolées, des femmes à la santé fragile, des prostituées dans des conditions matérielles et psychiques épouvantables : que ce soient par le personnel médical ou par les gardiens, mauvais traitements, punitions corporelles, privations de nourriture, douches glacées sont les méthodes courantes et habituelles pour canaliser cette population dépourvue de tout droit dès leur internement.

A sa sortie de l'asile, le journal publie le reportage sous forme de feuilleton et ce témoignage permettra d'augmenter les moyens financiers des hôpitaux psychiatriques pour améliorer les conditions de vie des patientes.

10 jours dans un asile est un reportage riche et documenté sur les situations vécues par Nellie Bly, une immersion dans un milieu où l'humanité n'existe plus, où les soins restent inexistants et où les victimes du système ne peuvent pratiquement rien faire pour s'en sortir...en cela j'ai retrouvé l'esprit du reportage publié quinze ans plus tard de Jack London - le peuple d'en bas ( le peuple de l'abîme).

Nellie Bly a continué ses investigations au plus près en intégrant les usines, les bureaux de placement pour le personnel de maison, un esprit curieux au service de l'information...Quand elle décède en 1922, la presse pleure "la meilleure journaliste d'Amérique".
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10 jours dans un asile

Un grand merci à Dixie39 pour ce livre reçu lors du pique-nique Babelio de Lyon, en juin dernier.

Ce document m'a profondément émue.

La première femme journaliste d'investigation clandestine se voit attribuer la mission de simuler la folie pour enquêter dans un asile d'aliénées où des choses épouvantables se déroulent sous ses yeux épouvantés.

Elle nous en livre le récit détaillé, qui a sans doute porté ses fruits puisque une somme importants sera par la suite allouée à ces établissements. Mais jusqu'à quel point ? Je me le demande. A-t-on vraiment contrôlé l'utilisation de ces fonds ?

Dans les deux reportages suivants, Nelly Blye, préfigurant Florence Aubenas, poursuit ses investigations dans un bureau de placement (rien de nouveau sous le soleil en ce qui concerne le chômage) et une usine de boîtes en carton.
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10 jours dans un asile

La première chose que j'ai pensée en terminant ce livre est que Nellie Bly aurait du passer 10 ans dans cet asile, plutôt que 10 jours, pour avoir matière à un livre plus long et plus dense. Pas terrible pour elle et sa santé mentale, mais ce livre est décidément trop court !



La deuxième chose que j'ai pensée est que Nellie Bly était un formidable personnage de roman ! Imaginez un peu : toute jeune femme, elle est embauchée comme journaliste par Pulitzer, avec comme première mission d'infiltrer un asile d'aliénées. Qu'à cela ne tienne, elle s'entraine une nuit à simuler la folie... et c'est parti pour 10 jours dans l'horrible hôpital psychiatrique de Black Island. Une fois sortie, elle en tire un bref récit mais ne s'arrête pas là : elle l'utilise pour alerter les autorités sur les terribles conditions d'internement et obtenir des fonds supplémentaires. Et elle va réitérer l'expérience dans une agence de placement pour domestiques et une fabrique de boîtes (textes également dans ce livre).



La troisième chose que j'ai pensée, et qui a été magnifiquement soulignée dans d'autres critiques avant la mienne, est que ces asiles d'aliénées étaient bien pires que nos pires cauchemars. Non seulement par les traitements infligés aux malades, certes terribles, mais 'conformes' à ce qu'on pourrait imaginer. Mais aussi parce que ces asiles d'aliénées enfermaient de nombreuses femmes absolument pas aliénées, mais juste pauvres et vulnérables, sans perspective de sortir un jour... de quoi devenir folles, pour celles qui ne l'étaient pas déjà !



Challenge Multi-Défis - item 36 : Le titre de ce livre contient exactement 5 ou 8 mots
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10 jours dans un asile

Un témoignage passionnant et instructif au coeur de l'Amérique de la fin du 19ème siècle.

C'est un reportage glaçant qui nous est livré par Nellie Bly, alors jeune journaliste d'investigation, qui pour les besoins d'une enquête journalistique va pénétrer au sein d'un asile pour femmes et s'y faire passer pour malade.

La lecture de ce texte fait froid dans le dos quand on pense que ce qui y est décrit, maltraitance physique (coups, sous-alimentation) mais aussi morale (déshumanisation extrême), fut en vigueur dans beaucoup d'hôpitaux à travers le monde.

Le style est journalistique, direct, et l'on sent que la narratrice malgré son jeune âge à l'époque était dotée de beaucoup de recul et d'une grande maturité.

L'ouvrage se termine par deux petits textes "Dans la peau d'une domestique" et "Nellie Bly, esclave moderne" également intéressants d'un point de vue historique et social.

Nellie Bly, une femme à ne pas oublier...
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10 jours dans un asile

Avec Dixie39, on se disait que ce serait sympa de se faire une lecture commune. Quand elle a vu que j'avais lu Le tour du monde en 72 jours de Nellie Bly, notre choix s'est automatiquement porté sur un autre ouvrage de la journaliste : 10 jours dans un asile.

Je disais donc que le mois dernier, j'ai eu l'occasion de connaître Nellie Bly au travers de son périple, à savoir battre le tour du monde de Phileas Fogg, en moins de 80 jours, en 1889. Mais, lorsque la jeune femme se lança dans ce défi, elle n'en était pas à son premier coup d'essai. En effet, deux ans auparavant, son rédacteur en chef, un certain Joseph Pullitzer, lui confia la mission de se faire passer pour folle afin d'intégrer pendant une semaine, un asile psychiatrique de New York. Le but de ce journalisme d'investigation? Dénoncer les conditions effroyables de détention des malades souffrant de symptômes psychiques ainsi que les méthodes douteuses du corps médical.



Au final, elle restera une dizaine de jours dans l'asile d'aliénées de Blackwell's Island. Elle sera ainsi témoin des conditions effroyables de détention des aliénées : le froid, la piètre nourriture, les insultes, brimades et humiliations des infirmières, le manque d'activité des pensionnaires qui sombrent véritablement dans la folie, sont leur lot quotidien. Et le pire dans tout cela, c'est que Nellie Bly se rend compte que parmi elles, beaucoup ne sont en vérité pas folles mais victimes d'infortune : l'une y a été envoyée par son mari parce qu'elle l'avait trompé, une autre parce qu'elle était trop pauvre ou une dernière parce qu'elle s'était rebellée contre une humiliation lorsqu'elle travaillait comme cuisinière.



Dès lors, la rédaction de son article aura l'effet d'une bombe : non seulement, la ville de New York va affecter un million de dollars aux hôpitaux psychiatriques de Blackwell's Island mais les établissements connaîtront également une réforme en profondeur. Comme dans le Tour du monde en 72 jours, j'ai retrouvé la plume agréable et simple de Nellie Bly, une idéaliste qui a eu à coeur de rendre justice. Elle s'est révélée être une nouvelle fois attachante et sympathique.



Dans ce livre témoignage, se trouvent également deux autres enquêtes de la jeune journaliste :

- Dans le premier, elle a intégré le milieu des domestiques en recherche d'emploi. Sans références, elle est obligée de passer par les bureaux de placement qui se faisaient les intermédiaires entre les jeunes femmes recherchant un travail et des employeurs à la recherche de domestiques sérieuses. Nellie Bly dénonce les dérives abusifs de ces bureaux de placement car non seulement ils demandent de l'argent aux jeunes femmes en recherche d'emploi sans leur garantir une place mais trompent aussi les employeurs sur les qualifications des futures domestiques.

- Dans le second, elle a intégré le milieu des ouvrières peu qualifiés dans des usines : elles dénoncent ainsi leur bas salaire, l'abus des employeurs de ne les payer qu'à la troisième semaine et leurs conditions de travail difficiles.



En conclusion, tout comme le Tour du monde en 72 jours, 10 jours dans un asile est un livre témoignage qui vaut le coup d'être lu, sinon d'être connu. Le film Ten days in a madhouse est d'ailleurs sorti l'année dernière de Thimothy Hines avec Christophe Lambert dans le rôle du Docteur Dent et Caroline Barry dans celui de Nelly Bly. Cela me tenterait bien de le voir.
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Le tour du monde en 72 jours

Nellie Bly est l'une des précurseur du journalisme d'investigation : à la demande du rédacteur en chef du New York World, Joseph Pullitzer, en 1887, elle se fait volontairement interner dans un asile psychiatrique pendant dix jours. Son but : dénoncer les conditions effroyables de détention des malades souffrant de symptômes psychiques ainsi que les méthodes douteuses du corps médical. Ses articles auront l'effet d'une bombe : peu de temps après, les asiles psychiatriques connaîtront une réforme en profondeur.



En 1889, Nellie Bly réitère avec les défis : cette fois, elle se mesure à un personnage fictif, Phileas Fogg, héros du Tour du Monde en Quatre-vingt jours de Jules Verne, paru en 1872. Elle propose alors au rédacteur en chef de son journal de faire elle-même le Tour du Monde, seule et en moins de temps que Phileas Fogg, soit en 75 jours.



Du 14 novembre 1889 au 25 janvier 1890, Nellie Bly parcourt ainsi le monde en 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes et 40070 kilomètres, battant son objectif de départ. Cette circumnavigation la rendra célèbre à plus d'un titre et renforcera sa popularité.



Le tour du monde en 72 jours est composé des récits de voyage rapportés par Nellie Bly, en personne, et agrémenté des coupures de journaux du New York World de l'époque. Le style est assez fluide et je dois dire que j'ai suivi avec grand plaisir notre héroïne dans son périple. Je l'ai trouvé extrêmement attachante dans sa simplicité, sa fraîcheur et sa gentillesse autant que dans son esprit fin et combatif. Elle possède également beaucoup d'autodérision et même les péripéties de son voyage ne lui font pas oublier son humour!



Nelly Bly est aussi une femme moderne qui ne se départ en aucun cas de son esprit féministe et libertaire. Il est ainsi arrivé plusieurs fois qu'elle s'insurge contre les conditions des femmes au cours de son périples : pas seulement en Chine, où les femmes condamnées subissaient de bien plus atroces tortures que les hommes pour un même crime commis mais aussi en Europe, lorsqu'une jeune femme respectable et non mariée se devait de sortir accompagnée d'un chaperon...



Bien que le récit de Nellie Bly soit marqué par une grande ouverture d'esprit et une volonté de découvrir le monde, la lectrice du XXIème siècle que je suis, n'a pu s'empêcher d'avoir quelques objections. En effet, au XIXème siècle, le Monde était encore très nettement fracturé entre les Pays Occidentaux et les Pays dits "colonisés" par les premiers. Le comportement des Occidentaux (Anglais, Américains, Français, etc...) vis à vis des populations Locales était donc très empreint de supériorité, voire d'irrespect. Qui aujourd'hui oserait pénétrer dans un Temple bouddhiste en Inde ou en Chine et refuser de retirer ses chaussures? Qui oserait frapper un individu en Égypte parce que ce dernier aurait eu l'audace de vous arnaquer?

Enfin, il est dit que Nellie Bly est la première femme occidentale à faire le Tour du Monde seule, avec un unique bagage. Là, je ne peux m'empêcher d'émettre quelques réserves. Il est vrai que la notion de "femme seule" peut différer entre le XIXème et le XXIème siècle. Mais, à la lecture du récit de Nelly Bly, il ne m'a pas semblée qu'elle ait été seule à un moment donné. Elle était constamment en compagnie d'Occidentaux dans les transports en commun (train et bateau) ou accompagnée d'un guide-traducteur dans les pays visités. De plus, elle était également dispensée des tracas administratifs (passeport) ou de l'achat de billets, son guide s'occupant des formalités.



En conclusion, Le tour du monde en 72 jours par Nellie Bly est un récit de voyage passionnant mais aussi très révélateur de l'état d'esprit des contemporains du XIXème siècle. J'ai donc très envie de prolonger le plaisir et de me plonger dans son précédent opus 10 jours dans un asile.
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Le tour du monde en 72 jours

Quand la journaliste Nellie Bly proposa en 1888 à sa rédaction de battre les 80 jours de Philéas Fogg, quelle ne fut pas sa déception d'entendre: 'Vous n'y arriverez jamais ! Vous êtes une femme, vous aurez besoin d'un protecteur, et même si vous voyagiez seule, il vous faudrait emporter tant de bagages que cela vous ralentirait. En plus, vous parlez uniquement l'anglais. Rien ne sert d'en débattre : seul un homme peut relever ce défi.'

A quoi elle répondit: 'Fort bien ! Alors je partirai en même temps que lui pour le compte d'un autre journal et soyez sûr que je le battrai!'



Convoquée un an plus tard devant la direction du journal en cherchant quelle faute elle aurait pu commettre, quand on lui demanda si elle pouvait commencer son tour du monde après demain sa réponse fut: 'Je peux même le commencer dès à présent, répondis-je en essayant de ralentir les battements de mon coeur.'



Malgré le peu de préparation, elle revenait à New York 72 jours plus tard, dans l'unique robe qu'elle avait emportée et munie d'un seul petit sac de voyage.



Fraicheur et spontanéité illuminent son journal de bord, rencontres avec le personnel de bord, avec Jules Vernes et son épouse à Amiens, avec ses compagnons de voyage, témoignages sur les coutumes des pays visités, les plus atroces tortures chinoises encore en cours à Canton, la délicatesse des Japonaises, l'abomination des wagons enfumés: 'Nulle part en dehors de l'Amérique il n'est interdit de fumer!'



L'esprit de la course semble la reprendre lors de la houleuse traversée du Pacifique et quand de terribles congères compromettent la traversée San Francisco - New York, ce qui ne l'empêchera pas d'être fêtée à chaque arrêt du train comme 'celle qui oeuvre à l'émancipation de la femme' et par tous ceux qui avaient parié sur le succès du voyage!

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Le tour du monde en 72 jours

A court d'idée de reportage, la jeune journaliste américaine Nellie Bly , admirative du périple fictif autour du monde de Phileas Fogg en quatre-vingt jours, réussit à convaincre son supérieur, rédacteur en chef du New York World, de se lancer dans un tour du monde, réel celui-là, et le boucler en moins de soixante-quinze jours.....Côté logistique, Nellie est plutôt radicale, ne s'encombrant que d'un petit bagage de voyage et de l'unique robe qu'elle porte sur elle et un plaid contre le froid, et l'affaire est dans le sac, prête à partir... de New York le 14 novembre 1889, elle rejoint Londres puis la France pour ensuite via l'Italie, gagner l'Egypte, le Yémen, Columbo, Singapour, Hong-Kong, Canton, le Japon et San Francisco. Lors de son périple, le New York World lance un concours pour récompenser celui qui trouvera la durée exacte de son tour du monde, les bons attachés aux journaux s'arrachent comme des petits pains.......

Entre témoignages, impressions de la journaliste, articles de journaux relatant son voyage et même une soirée passée chez le couple Jules Verne à Amiens, le tour du monde en 72 jours est une agréable lecture, qui retrace l'audace et l'esprit d'aventure de la jeune américaine, féministe, pour qui rien n'est impossible, une sorte de Tintin au féminin, qui observe, échange, décrit et interprète intelligemment les us et coutumes des pays traversés, il faut néanmoins ré-contextualiser certaines réflexions qui pourraient paraître racistes ou colonialistes, mais c'est la mentalité qui avait cours à l'époque.

Le tour du monde en 72 jours est un témoignage intéressant, vite lu, et vite oublié pour ma part, tant les aventures se succèdent à un rythme effrénée - Nellie Bly ne restant que très peu de temps dans le pays, dépendante des horaires des bateaux, mais la découverte principale est l'esprit précurseur et aventurier de cette jeune femme libre, partie avec sa seule robe sur le dos, faire son tour du monde contre vents et marées, avec succès puisqu'il sera bouclé en soixante-douze jours au lieu des soixante-quinze prévus...

Une lecture originale, dynamique et rafraîchissante.
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10 jours dans un asile

Petite lecture d'une œuvre non fictive (pour éviter le calque du terme anglais "non fiction") du XIX ème siècle entre deux romans.



Une journaliste américaine, connue sous son nom de plume Nellie Bly, décide en 1864 de faire une des premières expériences de journalisme infiltré. Pour cela, elle décide de se faire passer pour folle afin d'entrer au Blackwell Island Asylum, un hospice où, dit-on, les patients sont maltraités. Seulement il n'y a aucune preuve. Nellie Bly décide alors de palier à cette ignorance, et ce qu'elle y voit, subit et entend dépasse l'entendement.

D'abord paru en roman feuilleton dans le journal pour lequel elle collabore, le succès et le choc provoqué par son enquête l'amène à republier son expérience son forme de livre : 10 jours dans un asile.



Plusieurs anciens hôpitaux figurent dans des listes de lieux les plus hantés des États-Unis, qu'on y croit ou non, le récit de Nellie Bly finit par nous faire dire qu'il n'y a pas de quoi s'en étonner. Il y a quelques mois, le New York Times avait interrogé une ancienne gardienne d'un terrain sur lequel se trouvent plusieurs tombes anonymes où des patients d'un hôpital psychiatrique ont été enterré. J'avais trouvé indécent cette loi sur l'anonymat qui provoquait une seconde mort à ses pauvres personnes, mais la lecture de ce récit m' a retourné l'estomac. Bien sûr il y a de quoi être administratif face au courage et à l'audace de cette journaliste dont le travail a eu un impact juridique, mais se dire que des gens qui en plus n'étaient ni fous ni dangereux ont été traités plus mal que des prisonniers... Les simples évocations de ces mauvais traitements, du mépris quotidien de l'équipe soignante est tout simplement révoltante.



Ce récit ne fait que quelques pages mais il réconforte car il nous montre l'exemple d'une personne qui a son niveau a fait une chose qui peut être qualifiée d'héroïque. C'est aussi une lecture qui apporte du crédit à beaucoup d'engagements féministes que certains groupes (qu'on ne nommera pas) salissent en s'en prétendant les héritières.



Une lecture choc et marquante.





Défi XIX ème
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Le tour du monde en 72 jours

Grâce à Dixie39, j'ai découvert Nellie Bly, journaliste américaine féministe de la fin du XIXème siècle au début du XXème, pionnière du journalisme d'investigation, à la pointe du progrès pour son époque, une Elise Lucet avant l'heure !

Dans ce récit, Nellie Bly décide, avec l'aide de son journal, New York World, de partir sur les traces de Phileas Fogg, le célèbre héros de Jules Verne, en faisant le tour du monde non pas en quatre-vingts jours cette fois, mais, mieux que lui, en soixante-douze jours. Elle rencontre l'illustre écrivain au début de son périple, et tous trois (car l'épouse de Jules Verne est longuement citée) sont sous le charme. D'ailleurs, notre aventurière a de nombreux admirateurs, qu'elle mérite amplement.

Cependant, l'autrice tombe dans les travers de son siècle colonialiste lorsqu'elle décrit les pays asiatiques ou du proche-orient et surtout leurs habitants (cf. ses promenades en pousse-pousse, par exemple).
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Les fabuleuses aventures de Nellie Bly

En ces temps de confinement, rien de plus idéal pour s'évader que de lire les récits de Nelly Blye !

Alors qu'elle fait encore l'objet d'un véritable culte aux États-unis (pièces, livres, prix qui porte son nom décerné aux journalistes), il faut bien dire que Nelly Blye était peu connue en France avant que Pénélope Bagieu ne lui consacre un chapitre dans Culottées. (C'est d'ailleurs grâce à la lecture de Culottées que j'ai découvert ce personnage).

Les Editions Points ont eu la bonne idée de regrouper les reportages de Nelly Blye dans un poche dont la couverture s'orne du portrait de la demoiselle croqué par la talentueuse Pénélope Bagieu.

Enfermée volontaire dans un asile d'aliénés de New York, première femme à faire le tour du monde, taupe dans une usine ou fausse domestique, sur le front pendant la guerre 14-18, Nelly Blye avait de la trempe, c'est sûr, mais aussi et surtout de la curiosité et le désir de dénoncer toutes les injustices et préjugés.

Si les reportages de cette fougueuse jeune femme sont aujourd'hui très rétros, parfois empreints de poncifs et d'inexactitudes, il n'en reste pas moins qu'ils constituent un formidable témoignage d'une pionnière de l'émancipation des femmes et du journalisme .









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10 jours dans un asile

Livre très édifiant sur les conditions terribles qui régnaient dans les maisons d'internement pour malades mentaux aux 19ème siècle.

C'est avec un grand courage que cette jeune journaliste Nellie Blye, s'est immergée pendant 10 jours dans cet univers pratiquement carcéral. Très dangereux aussi, car parmi les malades on y enfermait aussi des personnes saines d'esprit mais qui dérangeaient.

C'est avec beaucoup d'empathie que Nellie nous parle de « ses sœurs en souffrance ».

 La publication de l’article de Nellie Bly suscita la stupeur et la colère, l’asile recevant un budget de la ville de New York. Une enquête sera menée et des améliorations durables s’en suivront. Ce type de témoignage est rare et Nellie Bly est, semble-t-il la première journaliste d’investigation pratiquant l’immersion dans le lieu qu’elle veut observer.



Livre très intéressant et c'est avec une écriture sobre et directe que l'auteur nous fait part de son vécu.

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10 jours dans un asile

Aller... 5 étoiles pour l'audace, la fougue, le sujet, la bravoure, l'intelligence du propos et le pied de nez à tous ceux qui maltraitent... Court texte de Bly, 10 jours dans un asile est considéré comme plus d'un comme étant la première enquête undercover en journalisme... Il fallait du cran !!! Bly, sous promesse de contrat de Pulitzer, rempli son mandat : elle se fait passer pour folle et va passer dix jours d'enfer dans l'asile de Blackwells Island Hospital, à New York... Elle décrit dans son article les conditions de vie exécrables des aliénés et les sévices inhumains que font subir les infirmières (entre autre) aux pensionnaires... C'est perturbant et percutant... Bly ne tombe jamais dans le pathos, et ne rapporte que les faits. D'ailleurs, grâce à son écrit, la ville de New York a décidé d'investir un million de dollars (somme considérable à l'époque) pour humaniser ce qu'il ne l'était plus... Un texte à lire, même si il est difficile.
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10 jours dans un asile

Nellie Bly est une femme hors du commun. Elle est admirable et devrait être un modèle pour beaucoup. Dans ces pages, elle retranscrit son enquête publiée dans le journal où elle s'est faite embauchée. Cette enquête est en fait une immersion dans un hôpital psychiatrique très connu de New York. Ce dernier n'a d'hôpital que le nom car on y voit bien que les femmes y sont tout simplement incarcérées car jugée inapte à vivre en société. Certaines finissent par devenir vraiment folles et on comprend pourquoi devant tant d'horreur et de mauvais traitements. Nellie Bly aura tenu 10 jours et on sent bien qu'il s'agit là d'un maximum avant de péter un câble véritablement.



Je vais me pencher sur ses autres écrits avec plaisir !
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10 jours dans un asile

Quelle idée surprenante!

Nellie Bly, jeune journaliste engagée par le journal américain "New York World", fondé par l'illustre Joseph Pulitzer, se lance dans le projet de se faire passer pour folle afin d'être internée dans un asile et d'écrire un article pour dévoiler ce qui ce passe dans ce lieu clos et secret.

Nous sommes à la fin du XIXe siècle et il est affligeant de lire qu'il ne faut pas grand signe de folie pour qu'une femme soit envoyée au Blackwell's Island Hospital de New York.

Il suffit d'être un petit peu extravagante pour les mœurs de l'époque, et le tour est joué! Ainsi, Nelly Bly n'a pas besoin d'en faire des tonnes pour se retrouver face à des médecins soit disant spécialistes en psychiatrie, qui la feront interner rien qu'en lui explorant les yeux et en prenant son pouls!

La journaliste intrépide va se retrouver enfermée au milieu de plusieurs centaines de femmes, classées par degrés de "dangerosité"; certaines n'étant là que du fait de leur indigence, ou parce qu'elles se remettent d'une maladie et semblent neurasthéniques, voire même parce qu'elles sont étrangères et ne comprennent que trop peu la langue américaine! En plus du constat stupéfiant de la bêtise du corps médical, la façon dont sont traitées ces femmes est absolument inhumaine: nourriture insuffisante et infecte, bain collectif forcé à l'eau froide, coups et brimades sont le lot quotidien des malheureuses...

J'en suis venue à frissonner à l'idée que l'auteure ne puisse elle-même pas sortir de cet enfer.

Un document "choc" à lire, car il est permis de penser que dans certains pays, ce type d'établissement doit, hélas, encore exister...
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Le tour du monde en 72 jours

Comment une jeune journaliste est partie, au culot, faire le tour du monde, en moins de temps que phileas Fogg, adoubée par l'auteur du tour du monde en 80j et suivi avec passion (avec un jeu à la clé) par les lecteurs d'un journal newyorkais.

Le journal du voyage est raconté a la fois avec naturel et étonnement, citant pleins d'anecdotes de voyage et décrivant les étapes avec à peu près tous les clichés de l'époque.

La jeune femme ne semble pas totalement mesurer quelles barrières, de son propre milieu notamment, elle a dû faire sauter pour arriver à ses fins, ni quels risques elle a véritablement pris, même si son voyage est plus du tourisme de luxe qu'une aventure.

L'écriture est vive et imagée, sans fioritures, positive et avec une pointe d'humour.

L'intérêt de ce livre aujourd'hui est aussi de mesurer la puissance de l'empire britannique puisque, à quelques exceptions près, il était possible de faire le tour du monde en ne rencontrant que des anglais.

Une des pionnières du féminisme de l'action, qui par sa démarche a démontré qu'une femme peut absolument tout faire comme les hommes, à commencer par voyager léger !
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