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Critiques de Nina Berberova (217)
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L'accompagnatrice

Je viens de relire ce livre lu il y a quelques décades et que j'avais beaucoup aimé.J'avais beaucoup oublié mais le plaisir est à nouveau pleinement au rendez-vous !



Le roman nous est présenté comme un carnet, un journal intime, retrouvé chez un brocanteur et ayant appartenu à une femme décédée.

il relate avec beaucoup de sensibilité la relation entre Sonechka, une jeune fille terne, laide, pauvre, batarde, fille d’une professeur de piano, et Maria Nikolaevna, une soprano à qui tout est donné : la beauté, la richesse, le talent, la gloire..

La rencontre avec la cantatrice la sort de la misère et de la famine, mais lui fait découvrir le fossé qui les sépare. Elle a, vis-à-vis de son employeur, tout à la fois de l’admiration et de la haine. Elle s’insurge contre cette inégalité, est jalouse et rumine sa vengeance, elle veut découvrir les failles chez Maria Nikolaevna, d’emblée elle la soupçonne infidélité et va tout faire pour le prouver.

Son combat s’avérera finalement vain.



Ce que j’admire dans ce roman, de Nina Berberova, c'‘est la délicatesse avec laquelle tout nous est raconté. Le style est absolument remarquable, tout est relaté par petites touches, il y a de très beaux passages sur la musique. Je dois certainement associer la traductrice, Lydia Chweitzer, à cet hommage.

Tout paraît simple au départ, mais au fur et à mesure du récit, le portrait de la jeune fille dressé par elle-même se précise avec ses sentiments complexes, ses attentes, sa faible estime de soi, sa rancoeur, ses ressentiments, sa jalousie, et sa haine de plus en plus présente.

Des petites touches nous rappellent que le récit commence en Russie au moment de la révolution d’octobre, la famine qui régnait à Saint Petersbourg, les Russes qui fuient leur pays, et les exigences des autorités.



Je suis heureux de l'avoir relu.
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Alexandre Blok et son temps

Je n'ai encore jamais été déçu par la lecture d'un livre de Nina Berberova (née en 1901 à Saint-Pétersbourg et décédée en 1993 à Philadelphie). Ce n'est pas bien difficile : j'ai tout aimé que j'ai pu lire d'elle, en particulier son autobiographie "C'est moi qui souligne (1989), "L'Accompagnatrice" (1985) et "L'histoire de la baronne Boudberg" (1988).



Un des meilleurs poètes russes de son temps, Alexandre Blok est né en 1880 à Saint-Pétersbourg, parmi l'élite culturelle de son pays. Descendant de Johann (von) Blok, le médecin personnel du tsar ; le petit-fils du recteur de l'université de sa ville de naissance (le botaniste Andreï Beketov) ; et le fils d'un professeur de droit de l'université de Varsovie. Il convient de mentionner également son oncle, le philosophe Vladimir Soloviev.



Très jeune le poète tomba gravement amoureux d'une beauté dont nous connaissons tous le père, grâce à nos cours de sciences naturelles, le chimiste Dmitri Mendeleïev du fameux tableau des éléments qui porte son nom.



Lioubov ou Liouba Mendeleïeva, un an plus jeune qu'Alexandre, n'était pas seulement belle, elle était aussi intelligente. Pendant que lui était étudiant en lettres à l'université de sa ville, elle suivait des cours de philologie à la même université. Plus tard, Liouba acquerra une véritable autorité en matière de ballet et de danse classique.



Avant même de devenir madame Blok en 1903, Lioubov deviendra immortelle comme "La Belle Dame" des poésies de son mari.



Sa personnalité et la considérable qualité de la poésie d'Alexandre ont fait que "La Belle Dame" a fait tourner des têtes à Saint-Pétersbourg et Moscou comme pas 2 dans l'empire des tsars.



La "victime" la plus connue s'appelle d'ailleurs Andreï Biély (1880-1934), l'autre géant en poésie russe. Lorsqu'il avoua ses sentiments pour l'épouse de son pote, cela ennuyait Blok évidemment, sans plus, car il n'y avait aucune réaction de la part de Liouba. De cet amoureux éconduit j'ai fait un billet de son ouvrage "L'Excentrique de Moscou", le 30 avril 2018.



L'auteure note à la page 52 que les poèmes "À la Belle Dame" demeurent comme l'une des oeuvres les plus parfaites de la poésie russe".



Les années 1903-1904, les débuts de sa vie avec Liouba, ont sûrement été les années les plus heureuses dans la courte existence d'Alexandre Blok, qui est décédé le 7 août 1921, à l'âge d'à peine 40 ans.



La révolution de 1905 à Saint-Pétersbourg a profondément marqué Blok : "tout en lui était devenu grave et sombre". Il était devenu aussi silencieux, a commencé à boire excessivement, à fréquenter des endroits malfamés et à avoir des maîtresses comme par exemple l'actrice du théâtre Meyerhold, une certaine Nathalie Volokhova. Pas un an après, les 2 se quittent sans même se dire au revoir.



En 1908, il écrit à sa mère : "Maman, il m'est pénible de vivre. La solitude m'entraîne dans des tripots ; j'erre et je bois. Je deviens méchant, ma vie est ratée". Il est vrai aussi que Liouba avait changé en trouvant sa propre voie dans le théâtre.



La valeur essentielle de cette monographie de Nina Berberova réside dans la grande connaissance de et son amour pour la poésie symbolique russe de Biély, Valéri Brioussov (1873-1924), Viatcheslav Ivanov (1866-1949) et bien entendu Alexandre Blok.



Son poème le plus célèbre est intitulé "Douze". Seul chef-d'oeuvre inspiré par la Révolution russe qui fut pour Alexandre Blok suprême espoir et suprême désillusion.



La phrase qui résume et qui a déterminé sa poésie est selon Nina Berberova : "De la musique avant toute chose".

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Chroniques de Billancourt

Il m'était difficile d'entamer une nouvelle lecture après « Belle du Signeur » d'Albert Cohen, tant je me sentais rompue de plaisir, rejetée sur le rivage après une tempête de splendeurs, ce livre étant dans mon esprit « la neuvième vague », celle qui est toujours plus forte que les autres… Je savais que, pour ne pas être déçue, il fallait lire quelque chose de totalement différent, et mon intuition m'a dicté les « Chroniques de Billancourt » de Nina Berberova (1901-1993), traduites du russe par Alexandra Pletnioff-Boutin.

J'ai peut-être enfin une explication à ma question pourquoi il y a tant de personnes qui parlent le russe dans ma ville ! Elles sont bien reconnaissables, autrement que par leur langue : elles vouent un culte aux espaces verts où elles regardent, avec un émerveillement incomparable, leur progéniture dessiner à la craie, sans jamais oser l'interrompre… Ce n'est pas uniquement parce qu'il fait bon vivre ici, entre la Seine et le Bois de Boulogne, parmi les rues affectionnées des architectes renommés comme Le Corbusier.

Ces 13 nouvelles sont écrites entre 1928 et 1934. Quarante ans plus tard, Nina Berberova a rédigé une postface qui mieux que quiconque analyse sa démarche d'écrivain de cette période. Elle précise qu'il s'agit vraiment de ses débuts où elle avait une démangeaison d'écrire de la prose sans savoir quoi exactement. Car comment dépeindre la Russie qu'elle avait très peu connue ? Ou la France avec laquelle elle ne s'est jamais identifiée (même si elle y habitera de l'âge de 21 à 47 ans) ? Elle ne se sentait pas capable de parler de son propre vécu, à la Proust, non plus. Donc elle était heureuse de dénicher enfin un contexte, un décor, pour faire évoluer ses personnages : Billancourt, une banlieue au sud-ouest de Paris, réputée pour son usine des automobiles.

Trois millions de soldats français ont péri lors de la Première guerre mondiale. Manquant atrocement de la main-d'oeuvre, le pays cherche des ouvriers. le constructeur Renault trouve parmi les Russes blancs des hommes jeunes, en bonne santé, anciens militaires qui se sont battus contre l'Armée Rouge. On les installe à Billancourt, les forme. Ils s'assimilent facilement à la population locale, fondent une famille. Après la défaite des Blancs, des milliers de civils, chacun à sa manière, quittent leur patrie pour « se caser » en Europe. Des anciens musiciens, anciennes coquettes, anciens étudiants se transforment souvent en « nouveaux prolétaires ». La cathédrale russe de la rue Daru, à Paris, est toujours bondée jusque dans le jardin attenant. En revanche il y a dix fois moins de femmes que d'hommes.

Berberova a su peu à peu qu'il y avait 10 000 Russes à Billancourt, avec leurs églises, leurs épiceries, leurs jardins d'enfants, des bénévoles et des comités d'aide aux démunis. Elle les interroge et devient rapidement célèbre parmi eux sans qu'ils comprennent vraiment les subtilités de son écriture. Car un gouffre la sépare de ses modèles tant ils sont simples et ordinaires (provinciaux, semi-intellectuels) tandis qu'elle, aisée et éduquée, déborde de culture, mentalement proche de Bounine, Diaghilev, Rachmaninov, de la noblesse intellectuelle, des peintres, des solistes internationaux. Ce « petit peuple » bûche comme des ours, malgré la misère affective et sexuelle, ne fait jamais de grève, respecte particulièrement la loi et la police. Ici, les détournements de mineure et crimes passionnels sont presque inexistants. Tous les efforts de ses ouvriers se réduisent à combler les premières nécessités matérielles. La joie de la création leur est inaccessible.

Avec le recul, Berberova juge que dans ses écrits de cette époque, l'intérêt socio-historique prévaut sur la qualité artistique. Elle se déclare comme disciple de Zochtchenko et, dans une moindre mesure, de Babel. Ses héros intègrent des mots français ou des néologismes soviétiques dans leur langage démodé, à la Tchekhov, dans leur parler de la Russie du Sud. le discours adressé à la femme est très spécial : respectueux au point d'être mi-enfantin. Que les femmes sont précieuses ! Berberova se détachera rapidement de ce style « emprunté » évoluant vers une maturité littéraire, mais aussi en sacrifiant l'aspect ethnographique.

Elle dit dans sa postface qu'elle porte sur ses personnages un regard ironique. Je me demande : donc aucunement admiratif ? Comment écrire sans admiration ? Au moins on pourrait louer ses gens, certains, pour leur bonté inépuisable, leur générosité, leur droiture, leur foi inébranlable, leur débrouillardise, leur faculté d'être heureux avec si peu… L'écrivaine finit sûrement par s'apercevoir qu'il y a d'autres motifs de ravissement que les arts et le raffinement.

La jeune Berberova a gagné le défi, celui de s'imprégner des ambiances, trop différentes de son existence, dans la poésie perpétuelle, elle, n'ayant certainement pratiqué que la lecture, l'étude, des langues étrangères et le maintien. Je n'ai rien lu sur son adolescence ni enfance. Pourtant on le pense forcément quand on regarde ses mains douces, son allure d'ange, sur la photo où elle est avec le poète V. Khodassevitch, avec qui elle s'est sauvée de Saint-Pétersbourg. Khodassevitch se distingue entre autres par son amour des souris à qui il se confie dans ses poèmes curieux ! Les histoires de Berberova, qu'elle le veuille ou non, démontrent que dans une condition roturière, on se révèle aussi capable d'accéder à une élévation de l'âme, des sentiments, une constance prodigieuse.

Aujourd'hui ces immigrés sont tous au ciel. Ce livre leur rend hommage à travers ces pages amères, drôles et tragiques à la fois, ces situation absurdes ou pathétiques. Je donne dans mes citations des exemples de scènes touchantes, voire « scènes d'amour », du dernier récit de Berberova « le Violon de Billancourt ». Elles sont exprimées avec une économie de mots, de gestes, comme par euphémisme ! On ne nous montre que le début d’une flamme pour laisser l’imagination faire le reste. Personnellement, j'y ai reconnu la tradition esthétique du cinéma soviétique.

Ce bouquin bouleverse par la vérité de ses personnages, sensibles, simples et sincères. Tout passe, la sirène des usines Renault ne retentit plus. Se dégage de cette lecture un sentiment de mélancolie. Quelle différence avec le milieu exalté par Vladimir Nabokov : l'exil de grands lettrés, des êtres exceptionnels, des artistes, d'immenses propriétaires terriens de la Russie d'avant la révolution !



P.S. Sur la couverture, assez magique, « Mademoiselle Anita » par Robert Doisneau. Ce n'est pas pour rien car il fut embauché chez Renault (1934-1939) comme photographe industriel, mais licencié à cause de ses retards réguliers !

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Le Laquais et la Putain

Ce livre est celui des illusions perdues et des ambitions refoulées. C'est un roman noir et désespéré qui raconte la vie de Tania victime d'une société détruite par la guerre et par la révolution socialiste. Ces évènements terribles ont écrasés bien des destins prometteurs et des vies qui s'annonçaient belles. Après un exile au japon et un veuvage, elle qui rêvait d'une vie oisive et superficielle auprès d'un homme aisé se retrouve à Paris au milieu d'autres immigrés russes miséreux qui s'accrochent comme ils peuvent pour survivre. Incapable de travailler, constamment dans l'illusion d'une vie meilleure, elle va donner aux hommes ce qu'ils recherchent pour assurer sa subsistance. Le temps passant las et au bord de la rupture elle acceptera d'épouser un maitre d'hôtel ancien cavalier dans la garde du tsar en espérant accrocher un peu de l'existence brillante qu'elle espérait plus jeune. Mais pour tous ces déracinés, comte, duc ou militaire, le passé n'est plus qu'un leurre et le présent une réalité bien peu reluisante. Ce mariage entre cet homme laborieux et cette femme immature tournera au drame, l'amour de l'un ne pouvant combler les manques de l'autre. Ce livre écrit en 1937 a été redécouvert dans les années 80 quand Nina Berberova fut enfin reconnue et célébrée comme une des grandes auteures de la littérature Soviétique. Il faudra le lire pour comprendre à qu'elle point l'immigration russe en France fut pour beaucoup un crève-cœur et un renoncement...
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L'affaire Kravtchenko

Nina Berberova a suivi tout le procès Kravtchenko depuis les bancs de la presse, ce livre reprend les chroniques qu’elle publiait après chaque journée de procès.



Viktor Kravtchenko était un ancien haut responsable soviétique qui dénonça dans un livre paru en 1944 les dérives du régime, il y décrivait la vie en URSS , la politique paysanne et l’existence des goulags, et ce bien avant Soljenitsyne.



Ce livre eut un grand succès, puis fut traduit en français, il provoqua l’indignation dans de nombreux milieux, et Les Lettres Françaises, journal proche du PC, publia un article attaquant l’auteur. Kravtchenko attaqua le journal devant les tribunaux pour diffamation et fut acquitté.



Les faits sont anciens, mais il est frappant de voir à quel point à l’époque, les élites s’obstinaient à nier la situation réelle de l’URSS. Les avocats de la défense du journal essayèrent de salir la personne de Kravtchenko.

Nina Berberova quant à elle, connaissait la vérité et cela se sent dans ses comptes-rendus d’audience.

Ceux-ci sont passionnant à suivre, et j’ai beaucoup apprécié leur lecture.
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Le roseau révolté

Un court roman délicat et profond, presqu'une nouvelle, qui m'a permis de découvrir le talent de Nina BERBEROVA et surtout sa musique intérieure.

Toute l'intrigue s'articule autour de sa notion de no man's land, espace privé propre à chacun qu'elle défend envers et contre tout et qui m'a particulièrement plu ( voir la citation ). L'histoire illustre que, même au prix de souffrances, il faut rester maître de son destin, ne laisser personne organiser votre vie à votre place sous peine de devenir prisonnier.

Tel un roseau qui ploie sous les contraintes mais ne rompt pas, elle nous donne à apprécier la fragilité robuste et la liberté contrainte certes mais choisie par son héroïne qui me semble être très proche d'elle-même. En 70 pages, le récit est clair, incisif, mais aussi poétique. De très belles évocations de Stockholm et de Venise !

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L'accompagnatrice

Sonetchka porte sa bâtardise comme un fardeau, comme une malédiction. « Je compris que maman était ma honte, de même que j’étais la sienne. Et que toute notre vie était une irréparable honte. » (p. 13) Au début du vingtième siècle, les deux femmes vivent chichement dans un petit appartement, donnant quelques leçons de piano qui ne leur rapportent que de maigres émoluments. Tout change pour Sonetchka quand Maria Nikolaevna Travina, cantatrice au succès grandissant, l’engage pour être son accompagnatrice. « Je sentais que c’était la vie qui s’élançait vers moi, et que je me précipitais vers elle, en cet inconnu velouté. » (p. 47)



La terne Sonetchka entre alors dans l’intimité de la lumineuse Maria Nikolaevna, à tel point qu’elle partage le quotidien du couple Travine et qu’elle soupçonne rapidement que la belle chanteuse a un amant. Entre fascination et jalousie, la jeune pianiste s’attache inexorablement à Maria Nikolaevna et la suit quand elle décide de fuir Pétersbourg avec son mari, au début de la révolution d’octobre. De Moscou à Paris, la pauvre bâtarde se heurte aux fastes d’une bourgeoisie où elle n’a pas sa place et dont elle veut se venger. « J’avais découvert le point faible de Maria Nikolaevna, je savais de quel côté j’allais la frapper. Et pourquoi ? Mais parce qu’elle était unique, et des pareilles à moi il y en avait des milliers, parce que les robes qui l’avaient tellement embellie et qu’on retaillait pour moi ne m’allaient pas, parce qu’elle ne savait pas ce que sont la misère et la honte, parce qu’elle aime et que moi, je ne comprends même pas ce que c’est. » (p. 74) La fin de la collaboration entre Sonetchka et Maria Nikolaevna sera tragique, comme dans les meilleurs romans russes, mais la victime n’est peut-être pas celle que l’on attend.



Ce roman est presque une nouvelle tant sa concision et sa précision frappent au cœur. Dans ce journal de femme, on découvre des scènes qui, entre esquisses et ellipses, dessinent une géographie intime tourmentée. Le plus important dans cette confession réside dans tout ce qui n’est pas dit, mais deviné. Voici le premier roman de Nina Berberova que je lis. Désormais, il me faut continuer pour retrouver cette plume exceptionnelle.

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L'accompagnatrice

J’ai choisi ce livre par hasard à la librairie. Enfin, un hasard dirigé par ma participation aux challenges « littérature slave » et « musique » et par le fait que je connaissais l’existence d’un film du même nom.



Quelle histoire pathétique ! Le fond d’écran historique rayonne déjà ses ondes négatives sur la situation des personnages : la Russie qui est entrée en Révolution, et qui, semble-t-il, n’a pas apporté l’abondance et le bonheur espéré suite à la chute des aristocrates. Mais ce rayonnement traverse nos personnages presque sans les atteindre. Leur vie de salon, de concerts et d’affaires semble insensible. Pour la poursuivre, il suffit de s’exiler à Paris.



Ce rayonnement n’affecte guère non plus les interactions entre la cantatrice Maria Nikolaevna et son accompagnatrice au piano, la narratrice Sonetchka. Celles-ci évoluent en dehors du temps. Les sentiments de Sonetchka sont vraiment ambigus, bipolaires : une admiration mêlée de jalousie, la difficulté de plus en plus insupportable de se sentir invisible, de n’être que l’ombre de l’ombre de Maria. Ces sentiments poussent Sonetchka à espionner sa « bienfaitrice », à essayer de découvrir son secret, et à trouver le moyen de casser quelque chose dans sa vie, en bien ou en mal peu importe, simplement pouvoir influencer, pour exister.



Je suis toujours un peu surpris par la saveur d’une traduction du Russe, qui répète sans cesse les prénoms et noms des personnages, qui utilise des mots là où on ne les attend pas – comme ce « je vous en supplie » que prononce Maria pour ordonner une simple action à Sonetchka. Cette saveur maintient l’exotisme, un exotisme du Grand Est froid.



L’histoire de Nina Berberova, l’auteure, a certainement largement influencé l’écriture de ce texte. Relatée dans le cadre du dossier de cet « Étonnant Classique », elle apporte un angle de vue appréciable à la lecture.

Deux histoires à découvrir.
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Le Mal Noir -Le Laquais Et Laputain -L'acco..

J’ai déjà publié la critique de L’accompagnatrice, lu dans une autre édition, je l’ai adoré mais je n’y reviendrai donc pas.



Le Laquais et la putain

Le Laquais et la putain est encore plus sombre et s’attache à Tania, fille d’une famille péterbourgeoise aisée, plutôt sans attraits, envieuse. Elle réussit néanmoins à épouser le fiancé de sa sœur, vit quelque temps dans les plaisirs, mais sa situation se dégrade, son mari meurt, elle part à Paris espérant trouver un homme riche, le trouve mais lorsqu’il la fuit, elle se retrouve sans ressources, sans parler français et espère trouver un homme qui puisse la faire vivre. Elle ne trouvera qu’un serveur de restaurant, Russe, qui l’aimera sans que ce sentiment soit partagé.

La description de ces exilés russes est poignante, ils sont déracinés, leur vie est dure et morose.

Tout est dit avec grande économie de moyens par Nina Berberova !



Le Mal noir

À nouveau nous sommes à Paris et suivons Evguéni Petrovitch qui vient rechercher au Mont-de-piété des boucles d’oreille confiées il y a 9 ans, en vue de les vendre pour lui permettre de partir aux Etats-Unis. Hélas, l’une est atteinte du mal noir et ne vaut plus rien...

Il sera sauvé par Alia Ivanova qui pour pouvoir louer son logement doit cohabiter avec lui pendant un mois. Ils se voient peu mais finiront par se rapprocher, elle lui propose de rester mais il part.

À New-York, il se liera d’amité avec une autre femme, Lioudmila, la fille de son employeur mais à nouveau, il fuira cet amour possible.

Nous le retrouvons à Chicago, but initial de son périple et comprendrons que c’est suite à la mort de sa femme qu’il est ainsi déboussolé, lui aussi atteint d’un mal noir.



Le récit comme les deux autres de ce livre est très court. Nina Berberova a le sens de l’ellipse et nous fait bien pénétrer dans la psychologie de ses personnages.

À nouveau également, c’est un roman sombre mais je les ai trouvés tous les trois merveilleusement écrits !













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À la mémoire de Schliemann

Le protagoniste de ce livre, dont nous ne connaîtrons pas le nom, est aidé-comptable dans une firme où les décisions sont prises par une machine.

Celle-ci lui a octroyé 3 jours de congé. Il décide de partir de la Place Schliemann pour les Grandes Fontaines...

C'est l'été, l'air est irrespirable, chaud et saturé de gaz d'échappement.

iI rêve de fraîcheur, d'eau, de rivages verts ou bleus mais en fin de compte, lors de sa pérégrination d'une ville á l'autre, ce n'est pas, comme Schliemann, Troie qu'il découvrira, ni l'horizon promis, pas de lac, d'herbe, de forêts, de champs.

Il était inutile de partir, et réalise que ce qui devrait le sauver c'est l'amour pour Daly, une jeune employée qu'il a connue dans sa firme et qui a été licenciée.



L'image que donne Nina Berberova de cet avenir est sombre, les villes sont oppressantes, surpeuplées.

Tout est régi par une machine dont les décisions échappent à la raison mais « Elle ne se trompe jamais ».

Les règles sont absurdes, on est dans un univers à la Orwell. le protagoniste lui-même rêve de réformes délirantes.



Cette dystopie de Berberova fait partie de ses courts romans. Elle est prenante et très agréable à lire.















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Le Laquais et la Putain

Nina Berberova aborde ici le thème de l’émigration des russes, elle nous parle de la précarité de ces exilés.

Tania notre anti héroïne a quitté son pays et elle est à la quête du bonheur et pour cela elle s’en remet aux autres en particulier aux hommes. Tania fuit de ville en ville à la recherche d’amants et du bonheur. Mais ce bonheur nous apparaît très vite inconsistant et Tania nous devient antipathique, elle est égocentrique et capricieuse, elle nous agace et n’éveille pas notre compassion.

L’écriture de Nina Berberova est tout en finesse sa plume par petites touches nous ballade dans les villes où Tania la putain n’est pas acteur de sa vie mais se laisse balloter, elle se débat dans sa désespérante solitude et vit un quotidien misérable. Il semble n’y avoir aucune issue pour ces émigrés Nina Berberova nous paraît sans compassion pour Tania qui se laisse ballotter et ne prend pas son destin en main.



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L'accompagnatrice

La ville de N, en 1919, dans la Russie passée sous le régime communiste. La vie est difficile pour Sonia dix-neuf ans et sa mère professeure de piano qui n'a conservé que de rares élèves. C'est d'ailleurs Mitenka, un de ses élèves et compositeur original qui propose à Sonia de devenir accompagnatrice piano de Maria Nikolaevna, une cantatrice de dix ans son aînée, mariée à Pavel Fedorovitch. La jeune Sonia accepte de quitter sa mère et suit Maria à St Petersbourg pour y emménager chez le couple. Commence pour la jeune accompagnatrice, au physique disgracieux et le plus souvent passant inaperçue, un sentiment de jalousie et d'envie jusqu'à quelquefois la détestation dans l'intimité de la cantatrice et des hommes qu'elle côtoie.



Une analyse psychologique très fine d'une jeune fille qui doit constamment s'effacer, d'abord derrière sa mère, puis derrière la cantatrice dont elle est l'accompagnatrice et qui attire toute la lumière par sa beauté, son charisme et sa voix. Difficile donc pour Sonia D exister et de s'épanouir, reste donc l'envie d'un autre destin et surtout épier la vie et les relations de la jeune chanteuse pour y déceler les failles et les vices pour la rendre vulnérable et avoir sur elle une certaine emprise.

Un portrait fin mais terrifiant et assez triste d'une jeune femme intelligente mais disgracieuse, qui vit par procuration, sans vraiment l'assumer.
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Le Laquais et la Putain

Encore un petit texte de Nina Berberova que j’ai eu plaisir à découvrir. C’est une auteure qui m’émerveille par la justesse de ses mots. En quelques pages, elle vous brosse le portrait d’une femme qui n’a pas la force de ses ambitions médiocres et se noie dans la vacuité de sa vie.



L’ambitieuse Tania a tout pour mener une vie heureuse, un mari, des amants, aucun souci du lendemain, mais rien ni personne jamais, ne la satisfait. Alors, elle cherche plus loin, ailleurs, le bonheur. Parce qu’il est bien connu que l’herbe est plus verte chez le voisin. Mais les années avancent, le temps passe et il lui faut bien vivre...



Un texte dur, difficile, sans pitié aucune pour cette femme vaniteuse, envieuse, qui ne pense qu’à elle et se sert des hommes pour assouvir ses besoins, même les plus précaires. Tania n’est pas à proprement parler une putain, elle est plutôt victime de son époque au cours de laquelle une femme pour se sentir « libre » n’avait que pour seule échappatoire le mariage. Aussi prend-elle des amants dès que son mari décède. De plus, la perte de ses repères dus à l’exil ne favorisent pas son adaptation à la réalité quotidienne. Quant au laquais, voilà un terme bien sévère pour désigner le dernier amant de Tania, serveur dans une grande brasserie parisienne et exilé comme elle. On peut se demander quelle mouche a piqué Nina Berberova pour mépriser ainsi ses personnages et les rabaisser. Mais sans doute est-ce une tournure volontaire pour ne pas s'apitoyer sur le sort des Russes ayant dû fuir la révolution...



Un livre court pour découvrir la vie désespérée de Tania, et surtout pour découvrir l’écriture si particulière de Nina Berberova.






Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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L'accompagnatrice

Je ne savais rien de ce roman avant de l’entamer. C’est ça les challenges. Ça nous fait, quelques fois, découvrir des œuvres qu’on ne connaît pas, des auteurs dont nous n’avions pas connaissance. Je me suis laissé porter par la plume. Et j’ai plongé dans une écriture inconnue. Une belle découverte que ce court roman. Une œuvre habitée par la musique, par les notes… Le personnage principal est musicienne et se fait engager comme accompagnatrice. Elle sublimera donc, par son piano, la ‘’vedette’’. Et peu à peu, une étrange relation se tissera entre les deux femmes. Une relation complexe, pleine de non-dits, ambivalente. Et l’autrice sublime aussi son personnage principal, qui est, tel que décrit, quelqu’un qui n’attire pas la lumière de prime abord. Une écriture fluide, efficace, douce, mélodieuse. Une très belle lecture.
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Le Laquais et la Putain

Cette petite écervelée -Tania- est laide, dans son cœur dans son corps.

Nous la suivons. A chaque étape de sa vie. Et elle ne grandit pas.

L’écriture de Berberova est tranchante, percutante.

La juxtaposition de phrase longues et courtes donne le ton et révèle autant les caractères des protagonistes que le sens des mots.

Je remarque qu’une fois encore (La souveraine), la mère est absente (décédée alors que Tania avait 15 ans).Tania n’aura pas d’enfant. Je ne chercherais pas d’explication ni même d’excuse à son comportement (il doit bien y en avoir en cherchant du côté de son "moi" ou de son "sur-moi" -je n’y connais rien et je dirais peu importe) car cela ne me correspond pas. Et c’est la magie de Berberova, nous laisser libres. Libres de voir la noirceur ici. Elle pose le constat. Et chacun avec sa pensée lira ce roman selon ses ressentis, sa propre histoire et sa sensibilité. Je vous recommande ces 120 pages de pure délectation.
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La grande ville

« J’arrivai dans cette ville à l’automne ».

Sous un ciel en lambeaux et un vent violent qui souffle par les rues, le narrateur arrive dans une grande ville étrangère encerclée par le bourdonnement de l’océan.

Un unique pantalon, peu d’argent en poche, il cherche un travail et un toit. Dans la grande ville, pour les gens comme lui « il existe des greniers ou des sous-sols ».

Il est seul. Partout autour de lui « des gens, des gens, des gens ».

Il erre à la recherche d’un logement, il ne veut pas se décourager.

Dans un immeuble immense, le long de couloirs à perte de vue où les portes se suivent, il finit par trouver une chambre bon marché sous les toits, loin du vacarme de la rue en contrebas.

Il s’y enferme avec la volonté « d’enfermer le monde » à l’extérieur, s’en protéger, et faire venir à lui un autre monde, plus vaste, celui du souvenir, celui dont « il est le seul à avoir besoin, à l’aimer et à lui donner vie » et dans lequel il y a la femme aimée et séparée.

Puis il découvre la ville, ses lumières qui s’animent la nuit dans sa chambre et dont les reflets lui font des clins d’œil ; il regarde les gens, « ces millions d’hommes et de femmes qui avaient accompli le même chemin que lui », et tandis qu’il observe ces minuscules existence semblables à la sienne, il se sent prêt à se fondre dans cette immensité car comme tous les exilés, lui aussi a apporté quelque chose de précieux avec lui, c’est la présence de sa femme qu’il sent auprès de lui, même par-delà la séparation. « Avec toi qui n’es pas ici mais dont je sens la présence dans cet air que je respire. »



Pas plus gros qu’une nouvelle, d’une trentaine de pages à peine, ce bref récit de l’écrivain russe Nina Berberova (1901-1993) est un condensé d’émotion et de sensibilité.

Réduit à sa plus simple épure, comme une esquisse sur un papier volant, dont la forme s’anime, se déploie, vivante, mouvante à l’image de cette grande ville tentaculaire si imposante, si fascinante, dans quoi le narrateur va désormais se fondre et prendre place.

De cette ville nous ne saurons rien mais l’intensité de sa vie à toute heure du jour et de la nuit, les gigantesques immeubles, les innombrables lumières, le grondement de l’océan en arrière-plan, évoquent d’emblée la ville de New-York, ville dans laquelle Nina Berberova elle-même poussée à l’exil, émigre peu avant la rédaction de ce texte en 1952.

Du narrateur nous n’en saurons pas davantage, ni son nom, ni la raison qui l’a contraint à se séparer de l’être aimé. Cependant cet anonymat, ce peu d’identité qui lui est accordé, loin de le dévaloriser, lui fait au contraire prendre toute son importance puisqu’il devient ainsi l’incarnation même de l’exil, la figure de l’exil, à l’instar de toutes ces vies croisées dans les rues ou derrière les fenêtres de chambres d’immeubles, une femme, des enfants, un être informe couché sur un canapé… « La diversité des visages, l’égalité du passé. »

Personnification de l’exilé, le narrateur exprime les sentiments que tous les émigrés doivent éprouver en arrivant en terre étrangère ; sentiment de solitude, d’égarement, de peur face à ce vaste inconnu s’ouvrant à eux, mais aussi exaltation profonde et incommensurable foi en l’espoir d’une vie nouvelle.

En un minimum d’espace, dans un phrasé simple et paisible, l’auteur de « L’accompagnatrice », « Le roseau révolté » ou « C’est moi qui souligne », insuffle à cette « Grande ville » la respiration qu’il faut pour nous la rendre à la fois trépidante dans ses émanations, ses rythmes ou son flot continu d’individus et à la fois porteuse d’espoir.

Cela donne un joli texte très bref, ou la mélancolie se fond dans l’apaisement et le réconfort.

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Le Mal noir

De tous les livres lus jusqu’à présent de cette auteure, « le mal noir » est sans doute celui qui m’a le plus touchée. Sans doute parce que son héros est englué dans une sorte de fatalisme et de chagrin qui le ronge jusqu’à l’os et qui fait de lui un être à part et attachant.



Pour immigrer aux Etats-Unis, Evguéni Petrovitch se résout à mettre en vente le seul bien qu’il lui reste de sa femme, une paire de boucles d’oreilles en diamants. Mais celles-ci lui apportent beaucoup moins que ce qu’il en espérait : l’un des diamants est gâché par le mal noir...



Le mal noir est aussi quelque chose qu’il a en lui et que l’on découvre doucement au fur et à mesure de la lecture. Lentement, on pénètre au coeur et dans la tête du héros, sa quête est sans fond, sans frontière...



Une jolie parabole pour décrire l’absence, le manque, l’errance des immigrés russes à travers le monde.


Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Zoïa Andréevna

L'histoire d'une femme qui a fui les bolchéviks et loue une chambre dans une pension tenue par d'affreuses soeurs qui vont la malmener et la jalouser.

Une nouvelle que j'ai dévorée en 20 minutes à peine. J'ai beaucoup aimé : le style, l'ambiance, la façon dont sont dépeintes ces femmes détestables. Il y a un grand mystère qui entoure la jeune femme et qui rend le récit très intriguant et bouleversant.
Lien : http://lantredemesreves.blog..
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L'accompagnatrice

« Méfiez-vous de l’eau qui dort ». La transparente Sonetchka est accompagnatrice au piano de Maria Nikolaevna, une brillante soprano. Insidieusement elle n’aspire qu’à la confondre.

Quel secret cache la lumineuse et légère interprète ? Quels sont ces hommes qui viennent si mystérieusement lui rendre visite et pourquoi son propre mari ne voit-il rien?

Sonetchka est pauvre, une batarde sans père, une solitaire, abonnée à l’éternel rôle de faire-valoir. Son effacement ne lui permet pas d’exister ni dans la vie privée, ni en public, ni sur scène. Un miroir inversé en quelque sorte de Maria Nikolaevna. La facilité et la confiance de celle-ci fait naître chez son accompagnatrice une confusion où la jalousie prend le pas sur la reconnaissance, le désir de revanche côtoie la soumission. Le besoin de dénoncer la duplicité de Maria Nikolaevna la tourmente. Toujours sur le fil du rasoir, franchissant plus d’une fois les limites de l’indiscrétion, Sonetchka va-t-elle basculer, commettre l’acte qui affirmerait sa présence au monde? Ou le destin va-t-il une fois encore passer à côté d’elle l’ignorant, elle qui sait tout, qui devine tout, qui voit tout ?

Un personnage à qui la vie n’a pas permis de trouver sa place. Confrontée au vide qui l’entoure, elle prend conscience de l’échec de sa vie.

Cahier retrouvé chez un brocanteur à Paris, rédigé comme un journal tenu après coup par l’héroïne dans une Russie de 1920 en proie à de profonds bouleversements puis en exil à Paris, ce court roman de l’intime nous retient par sa densité et sa lucidité.



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L'accompagnatrice

Je n’ai rien lu de cette auteure, la littérature russe est un domaine où je me plonge que très rarement….. Et bien ce fut une belle et singulière découverte.



Dans ce court roman, la narratrice, Sonetchka, relate ses origines très modestes, née de père inconnu (mort d’après sa mère) et élevée dans le dénuement le plus complet au moment de la révolution de 1919 à St Petersbourg par sa mère, professeur de piano qui lui donna le goût de la musique et grâce à cela elle devint l’accompagnatrice d’une riche cantatrice Maria Nikolaevna Travina.



Elle qui n’a connu que la misère va se trouver projeter dans un monde qu’elle ne pouvait imaginer un jour côtoyer de par ses origines, va voyager à travers l’Europe, vivre dans l’ombre de la soprano et de son mari Pavel Fedorovitch. Elle qui a sacrifié famille et amour, va découvrir que celle qu’elle idolâtrait tant mène une double vie avec un mystérieux Bert…..



La jeune fille naïve et sensible va se transformer en détective n’écoutant que sa curiosité et sa rancœur, vivant cette relation comme une trahison, et se lancer à la poursuite dans Paris à la poursuite des amants, furetant pour trouver indices et preuves, qui vont faire monter en Sonetchka des sentiments qu’elle ne connaissait pas jusqu’à maintenant et va mener au drame. Celle qu’elle a tant aimée va devenir un objet de jalousie presque jusqu’à la haine.



Il est précisé roman, mais on pourrait presque parler de nouvelle tant le récit est court, concis et vivant malgré la forme narrative presque totale. On assiste à la transformation de la jeune fille pas à pas, peut-être à force d’isolement, de remarques blessantes, d’avoir le sentiment de ne pas faire partie du même monde que ses employeurs, la révolution bolchévique mettant à jour l’injustice des classes sociales…..



Nina Berverova transcrit avec une écriture fluide, vive, toute l’ambiguïté des sentiments qui lient les deux femmes mais surtout ceux de Sonetcka : amour/haine, envie/jalousie vis-à-vis de Maria, atteignant son paroxysme quand celle-ci fera le choix du bonheur.



Je ne me suis pas rendue compte, qu’une fois terminée, à quel point l’histoire m’avait emportée et dont je voulais connaître l’issue, à la manière des drames russes, où amour et violence cohabitent souvent.



Première lecture de cette auteure, que je ne connaissais pas du tout, même de nom mais lecture qui donne envie de lire autre chose d’elle, tant son écriture est efficace.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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