Le protagoniste de ce livre, dont nous ne connaîtrons pas le nom, est aidé-comptable dans une firme où les décisions sont prises par une machine.
Celle-ci lui a octroyé 3 jours de congé. Il décide de partir de la Place Schliemann pour les Grandes Fontaines...
C'est l'été, l'air est irrespirable, chaud et saturé de gaz d'échappement.
iI rêve de fraîcheur, d'eau, de rivages verts ou bleus mais en fin de compte, lors de sa pérégrination d'une ville á l'autre, ce n'est pas, comme Schliemann, Troie qu'il découvrira, ni l'horizon promis, pas de lac, d'herbe, de forêts, de champs.
Il était inutile de partir, et réalise que ce qui devrait le sauver c'est l'amour pour Daly, une jeune employée qu'il a connue dans sa firme et qui a été licenciée.
L'image que donne Nina Berberova de cet avenir est sombre, les villes sont oppressantes, surpeuplées.
Tout est régi par une machine dont les décisions échappent à la raison mais « Elle ne se trompe jamais ».
Les règles sont absurdes, on est dans un univers à la Orwell. le protagoniste lui-même rêve de réformes délirantes.
Cette dystopie de Berberova fait partie de ses courts romans. Elle est prenante et très agréable à lire.
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Un aide-comptable dans une entreprise dirigée par un ordinateur obtient trois jours de congé, miracle inespéré au milieu de son existence de fourmi. Il part en autobus voir un lac, une forêt, la mer; mais à la ville en succède une autre, et encore une autre; désarroi, solitude, errance hébétée, puis retour à la non-vie. Fable symbolique de la déréliction de l'individu dans nos mégapoles tentaculaires.
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Bien qu’elle n’eût pas enlevé son peigne, ses cheveux répandaient un parfum mêlé de muguet et de marrons grillés, de ceux que l’on vend au coin des rues quand vient l’automne. Ses cheveux dorés, eux aussi, rappelaient l’automne. C’est à cet instant que l’idée de partir à la campagne avec elle m’est soudain venue. Depuis que je m’étais installé dans cette ville immense où nous habitions tous les deux, je n’en étais jamais sorti. Nous étions en été, un été chaud, interminable. Il devait bien y avoir quelque part des fleurs, des feuilles et de l’air, doré comme ses cheveux ?
Pendant toute une année , je n’avais pas eu un seul jour de congé. Tout à coup : »Mardi 4, mercredi 5, jeudi 6, vous êtes libre ! » Cette décision avait été prise par une énorme machine, celle-là même qui nous délivrait nos salaires et nos gratifications, qui annonçait qui et combien d’entre nous pouvaient se faire porter malades et qui avait droit à un congé.
Nina BERBEROVA – Documentaire ultime (France 3, 1992)
Un documentaire en deux parties, intitulées "Le passeport rouge" et "Allègement du destin", réalisé par Dominique Rabourdin. Présence : Jean-José Marchand et Marie-Armelle Deguy.