Agé de 33 ans, le narrateur de cette histoire, bien qu’il ait quitté la maison familiale, est toujours resté l’enfant dépendant de sa mère, menant une vie futile et égocentrique.
A la mort de sa mère dont il abrègera les souffrances, le vide total de son cœur et de sa vie le saisit et il s’enfuit, laissant son père à la solitude de son deuil, et part au hasard sur les routes qui le mèneront aux abords de Madrid. C’est là qu’il rencontre le vieux Fernando Aliaga occupé à construire une cathédrale, seul et sans aucun plan.
Une forte affection s’établit aussitôt entre l'orphelin et cet ermite qu’il considère comme un père idéal. En lui tenant compagnie, le jeune homme découvre et apprend à vénérer un homme que la joie du travail désintéressé et la liberté du dénuement comblent. Aussi, lorsque l’édifice de Fernando sera menacée de destruction par les autorités, à moins que le vieil homme désargenté ne paie un arriéré de taxes gigantesques, le narrateur va mobiliser l’opinion publique, contacter la presse, et faire en sorte que la cathédrale de son ami soit protégée.
Le narrateur peut alors rentrer chez lui et revoir son père réel..
Commentaire
Bien plus que l’histoire, en partie véridique, de ce vieil ermite bâtisseur, « La cathédrale » relate la lente et difficile séparation d’avec la mère d’un homme resté enfant, ainsi que sa réconciliation progressive avec le père considéré jusqu’alors comme un rival.
Il peut être difficile d’adhérer et de sympathiser entièrement avec un homme qui, non content de s’approprier la mort de sa mère en pratiquant l’euthanasie, refuse d’en référer à son père, fuit l’instant de lui en parler et se lave de toute culpabilité par la persuasion « Alors je me souvenais de lui avoir tendu la main pour qu’elle parte dignement. Je m’en persuadais : elle passerait son ciel à être fière de moi » et, plus efficacement encore, par le silence approbateur de Fernando, le père idéal, à qui il fera deviner plus qu’il ne parlera de ce geste fatal.
Le narrateur rentre-t-il au pays plus mûr dans ses relations ? Rien n’est moins sûr…Il ne s’engage pas avec la jeune femme avec laquelle il entretient une relation à Madrid et s’il écrit l’histoire que nous lisons, celle qui le concerne et concerne son père idéal, à l’intention de son père réel, c’est à Fernando qu il l’envoie….
L’écriture de Larizza m’a également déçue. Bien sûr, il ne s’agit ici que d’une impression toute personnelle, mais le style de l’auteur m’a laissé un goût de surfait, de recherche stylistique frisant la sophistication. En voici un exemple tiré d’une soirée passée avec Nadja, son amante: (voir la citation)
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L' auteur a une plume absolument délicieuse. Les mots coulent de source, naturellement, de façon suave et avec tant de sensibilité... quelle écriture magnifique!
J' étais curieuse de savoir comment serait traité le sujet de l' euthanasie, pourtant à mesure que j' avançais dans ma lecture j' en oubliais presque le thème de départ. Car si effectivement le narrateur se sent perdu par cet évènement qui s' est abattu sur lui, la mort de sa mère dans des circonstances douloureuses, l' histoire vibre d' une réfléxion philosophique et spirituelle qui va bien au-delà de l' euthanasie.
Au fond, j' ai eu l' impression qu' il s' agissait d' une quête profonde : celle du narrateur, de l' auteur, et bien sûr celle du lecteur. Tout un chacun peut y trouver ses propres réponses.
Comme soubassement à cette histoire improbable, il y a certainement cette question débatue depuis toujours : celle de connaître le sens à donner à sa vie. Chaque individu a sa propre histoire, ses expériences, ses échecs, ses joies, ses doutes... Cependant notre lot commun est de s' interroger, encore et toujours. En cela, nous ne sommes pas si différents les uns des autres.
Le narrateur déboussolé par la tristesse qui le ronge, trouve refuge dans cette cathédrale bâtie à mains nues par celui qu' on appelle le "bouffon de Dieu". Ce dernier, qu' a-t-il pu lui raconter de si merveilleux pour le décider à reprendre goût à la vie? Il n' a fait que lui montrer le chemin, celui de l' imprévisibilité, du don de soi, de l' attachement aux choses réellement essentielles dans l' existence. Chaque être au fond de soi, peut trouver une force intérieure pour accomplir ses rêves les plus fous. Il faut se donner le temps, encore plus dans notre société moderne où tout se résume à l' instantaneité, de se connaître, profondément. Savoir quelles sont nos aspirations, nos attentes, et cheminer peu à peu, doucement, vers notre accomplissement personnel. Tout se construit dans la persévérance et la lenteur. Admirer, soupeser, évaluer, ne font pas perdre du temps mais aident justement à mieux avancer. Trouver la voie est une étape, s' y accrocher et ne jamais en dévier en est une autre...
De ma lecture, transpire surtout l' idée de se remettre en cause, dans nos choix et nos modes de vie, et ce à n' importe quel âge, car comme il nous le fait comprendre, il n' est jamais trop tard... Ce n' est pas un discours inédit bien évidemment, mais on l' oublie bien souvent...
J' ai été assez admirative de savoir que dans cette petite localité de Mejorada del campo un certain Justo Gallego a réellement bâti une cathédrale, non pas avec des plans tracés d' avance et des moyens faramineux, mais seulement en fonction de son intuition, de sa foi, et de ses maigres ressources. Voila un bel exemple, qui laisse certainement dubitatif. Il faut une motivation spéciale, quelque soit le but à atteindre. Cet homme est un curieux, peut- être, mais sa sagesse est si hors du commun, pure et sincère qu' on ne peut que l' admirer!
Je garde une très bonne opinion de ce petit livre qui convie à l' introspection et à l' abnégation.
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