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Citations de Olivier Truc (495)


Lundi 10 janvier.
Nuit polaire.
9h30 Laponie centrale.

C’était la journée la plus extraordinaire de l’année, celle qui portait tous les espoirs de l’humanité. Demain, le soleil allait renaître. Depuis quarante jours, les femmes et les hommes du vidda survivaient en courbant l’âme, privés de cette source de vie.
Klemet, policier et rationnel, oui rationnel puisque policier, y voyait le signe intangible d’une faute originelle. Pourquoi, sinon, imposer à des êtres humains une telle souffrance ? Quarante jours sans laisser d’ombre, ramenés au niveau du sol, comme des insectes rampants.
Et si, demain, le soleil ne se montrait pas ?
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- Les Sami (peuple lapon) ont-ils des coutumes si différentes des scandinaves ? Il existerait des rites aussi sauvages chez les Sami ? Ils me donnaient pourtant l'impression d'être excessivement pacifiques.
- Ils le sont. En général. Cela m’étonne même qu'aucun d'entre eux ne t'ait encore dit que le mot guerre n’existait pas en langue sami.
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Nous devons être capables de vivre ensemble, c'est le seul enseignement de la toundra. L'homme solitaire est comme le loup. Il fait peur aux hommes, et les hommes se vengent de lui, dit-elle, avant de repartir au galop.
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- De quoi avait-il peur ? reprit Nina.
- Il avait peur d’être perdu. De s’être perdu. D’avoir tout raté.
- Vous voulez dire comme éleveur ?
- Comme éleveur, comme homme. Un éleveur qui ne sait pas s’occuper de ses rennes, ce n’est pas un homme.
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- Les autres… Et il va leur rester quoi ? ils disent qu’élever des rennes n’est pas un métier mais un mode de vie. Ils en font une question d’honneur. Ils sont tellement fiers. L’honneur, ça fait pas bouffer.
Sormi regardait les montagnes à leurs pieds et prit un air songeur.
-Non, ça ne fait pas bouffer…
-Ah, content que tu sois d’accord.
- … mais ça a de la gueule.
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Le printemps était pourri. Mais les printemps étaient toujours pourris dans le Grand Nord.
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- Qu'est-ce que tu bois ?
- Une bière sans alcool.
Klemet en sortit deux. Il se versa aussi un verre de cognac trois étoiles. C'était une vieille habitude qu'il avait gardée de son éducation laestadienne. Dans la branche laestadienne dure qui était celle de sa famille, l'alcool était strictement interdit. Il n'y avait qu'une exception, et c'était, en cas de maladie, du cognac trois étoiles, à titre médicamenteux. Klemet avait toujours trouvé ça très drôle, et il restait fidèle à ce cognac-là, sa façon à lui de ne pas renier totalement ses origines. Il but la moitié de son verre, et avala une gorgée de bière.
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Aslak ne connaissait pas la peur. Si on le lui avait demandé, il aurait regardé sans comprendre. Mattis lui avait posé la question une fois. Il ne voyait pas ce qu'il voulait dire. La peur ? Aslak n'aimait pas les questions qui n'avaient pas de sens. On pouvait lui demander s'il avait faim, s'il avait sommeil, s'il avait froid. Pas s'il avait peur. Aslak savait ce qu'il devait savoir. La peur ne lui servait à rien. Alors il l'ignorait.
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Mardi 11 janvier.
Lever du soleil: 11h14; coucher du soleil: 11h41.
27 minutes d'ensoleillement.

La température était un peu plus clémente, avec un léger moins vingt. Mais le froid était mordant à cause du petit vent qui soufflait.
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- Avec un froid comme ça, on devrait voir une aurore boréale ce soir ?
- Le froid n’a rien à voir avec ça, lui dit Klemet. Pour voir une aurore, il faut un temps clair. Et en hiver, qui dit temps clair dit temps froid.
- D’où viennent ces aurores ?
- Oh, je ne sais pas vraiment. Quelque chose à voir avec le soleil. Chez nous, on disait que c’était les yeux des morts et, à cause de ça, il ne fallait pas les montrer du doigt.
Il tendit un gobelet de café à Nina
- Les yeux des morts… répéta Nina. On dirait que, ce soir, les morts sont aveugles.
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Voilà cinq cent ans ou plus, ils avaient considéré qu’ils n’étaient que de passage sur les territoires qu’ils traversaient. On y restait quelques semaines, puis on continuait, vers le nord, vers le sud, au gré des saisons, au gré de ce que la nature pouvait offrir aux rennes. Et, immuablement, des pâturages d’été aux pâturages d’hiver, les voies de la transhumance étaient un long et lent cheminement qui exigeait des hommes la conscience de leur place dans la nature. D’une année à l’autre il fallait revenir sur ses pas et retrouver la terre en l’état. On ne laissait pas de traces derrière soi, on en faisait un point d’honneur et l’harmonie régnait.

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« Le renne était un bon animal si l’on savait en prendre soin. Il nourrissait, habillait. » (p. 223)
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Un des jeunes bergers qui venaient le voir parfois avait employé le mot de bonheur. Aslak ne voyait pas ce qu'il voulait dire. Il savait seulement qu'enfant, il avait appris avec le grand-père tout ce qu'il était important d'apprendre dans une vie d'homme.
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(Aslak, éleveur de rennes)
Il fit réchauffer son petit-déjeuner habituel, une bouillie de sang de renne. Il y a longtemps, Mattis, quand il avait encore son esprit et qu'il ne craignait pas son ombre, l'avait invité chez lui à boire du café et manger du pain. Aslak n'avait pas aimé.
Heureusement, le renne lui donnait tout ce dont il avait besoin. Depuis toujours.
Il était né dans une transhumance, voilà bien longtemps. La première fois qu'il avait tété le sein de sa mère, il faisait moins quarante degrés. Sa mère en était morte. Il avait alors été nourri à la graisse de renne fondue. Le renne était un bon animal si l'on savait en prendre soin. Il nourrissait, habillait.
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- La tristesse est parfois un agréable compagnon, tempéra Markus. Elle réclame une attention que le vide de la pensée n’offre pas.
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Berit avait passé un bon moment à s'occuper des vaches. Elles étaient moins farouches que les rennes et se laissaient caresser sans difficulté. On pouvait leur parler aussi, leur raconter des choses qu'elle n'osait pas confesser au pasteur. Oui, ces vaches étaient de bonnes compagnes.
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Le ciel était magnifique, clignotant d’étoiles qui se frayaient un passage parmi le voile de l’aurore boréale géante.
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Il avait passé quatre ans là-bas*, avec des miliciens fous furieux, abrutis d'alcool, des assassins à la petite journée. À parcourir cette région dans tous les sens, à trouver ce gisement et à le mettre en exploitation. Pour permettre de récolter ce précieux coltan dont les peigne-culs parisiens avaient besoin pour leur téléphone mobile.

*Congo
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Un samedi après-midi normal, le commissariat aurait dû être vide. Les budgets de la police ne permettaient pas une présence continue et les horaires d'ouverture du poste ressemblaient à ceux de n'importe quelle administration. On pratiquait ici le 9h-17h, du lundi au vendredi. L'été, il ne fallait souvent pas espérer trouver grand monde le vendredi après-midi. Et pendant les périodes de chasse à l'élan ou à la perdrix, le taux d'absentéisme grimpait brutalement.
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Le ciel s’était à nouveau dégagé. Un ciel à aurore boréale, se dit Racagnal. Il ignorait pourquoi, mais la vue d’une aurore était le seul spectacle capable de l’émouvoir. De l’émouvoir vraiment. Pas de l’exciter comme une collégienne en était capable. Il s’en était rendu compte lors de son premier séjour en Laponie des années plus tôt. La folle danse des aurores boréales prenait l’aspect désespéré de sa propre vie. Il en voyait la beauté éphémère, la vigueur irrésistible et la vision chaotique.
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