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Citations de Patrick Modiano (1623)


Voilà qu'un instant du passé s'inscruste dans la mémoire comme un éclat de lumière qui vous parvient d'une étoile que l'on croit morte depuis longtemps.
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Elle finissait par penser qu'il s'agissait d'un rêve, de ceux dont il subsiste encore des relents le lendemain, et même les jours suivants, si bien qu'ils se mêlent à votre vie quotidienne et que vous ne pouvez plus séparer le rêve de la réalité.
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L'avenue était déserte, et pourtant je devinais à mes côtés une présence, l'air était plus vif que celui que je respirais d'habitude, le soir et l'été plus phosphorescents. Et cela, je l'éprouvais chaque fois que je m'aventurais sur des chemins de traverse afin de pouvoir ensuite écrire noir sur blanc mon itinéraire, chaque fois que je vivais une autre vie - en marge de ma vie.
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Vous avez l’allure d’un trafiquant de marché noir aux abois et votre titre de « baron » ne peut guère donner le change. Vous l’aviez choisi, je présume, en espérant qu’il vous apporterait aplomb et respectabilité. Cette comédie est inutile entre nous. Je vous connais de trop longue date. Rappelez-vous, baron, nos promenades dominicales. Du centre de Paris, un courant mystérieux nous faisait dériver jusqu’aux boulevards de ceinture ». La ville y rejette ses déchets et ses alluvions. Soult, Masséna, Davout, Kellermann. Pourquoi a-t-on donné des noms de vainqueurs à ces lieux incertains ? Elle était là, notre patrie.
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Et puis leur dispute s'est éteinte. Le silence. Tout à coup, elle a poussé un cri de surprise. Et, d'une voix cinglante, elle a lancé cette phrase qui, après tant d'années, garde encore, pour moi, son mystère :

- Tu prends mon cul pour un bal masqué?
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Je vivais au jour le jour sans me poser de questions sur celles et ceux que le hasard me permettait de côtoyer. Je me laissais porter par le courant. Je faisais la planche. Hier soir, à cette heure que l'on appelle « entre chien et loup », j'étais seul et je ne pouvais détacher mon regard d'une fenêtre éclairée à la façade d'un immeuble. J'imaginais qu'une personne m'attendait là, derrière la vitre, pour répondre enfin aux questions que je me pose aujourd'hui sur cette période de ma vie, des questions depuis si longtemps sans réponse. 
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Elle finissait par penser qu'il s'agissait d'un rêve, de ceux dont il subsiste encore des relents de lendemain, et même les jours suivants, si bien qu'ils se mêlent à votre vie quotidienne et que vous ne pouvez plus séparer le rêve de la réalité. Elle espérait seulement que ce rêve ne se produirait plus.
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Au début, j'avais du mal à la suivre, mais je finissais par m'habituer à son rythme. Et peu à peu disparaissait ce sentiment de vide et de stagnation dans les profondeurs qui me prenait à certains moments de la journée. C'était comme si elle m'entraînait et m'aidait à remonter à la surface.
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C'était la période la plus incertaine de ma vie. Je n'étais rien. Jour après jour, j'avais l'impression de flotter dans les rues et de ne pas pouvoir me distinguer de ces trottoirs et de ces lumières, au point de devenir invisible. […] Et je crois bien que l'exemple de la danseuse, sans que j'en aie eu clairement conscience, m'a incité à modifier peu à peu mon comportement et à sortir de cette incertitude et de ce néant qui étaient les miens.
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Il arrive que dans un rêve vous traversiez un quartier de Paris qui vous semble si lointain que vous avez de la peine, au réveil, à le situer exactement en consultant le plan. Et vous finissez par comprendre que ce quartier appartenait à une autre ville — Rome, Londres, Vienne, Anvers — et que, le temps d'une nuit, il s'était incorporé à Paris, du côté du bois de Boulogne ou bien du parc Montsouris. Ou ailleurs.
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Brune ? Non. Plutôt châtain foncé avec des yeux noirs. Elle est la seule dont on pourrait retrouver des photos. Les autres, sauf le petit Pierre, leurs visages se sont estompés avec le temps. D’ailleurs, c’était un temps où l’on prenait beaucoup moins de photos qu’aujourd’hui.
Et pourtant certains détails demeurent assez présents. Il faudrait en faire une liste. Mais il serait très difficile de suivre l’ordre chronologique. Le temps qui a brouillé les visages a gommé aussi les points de repère.
Il reste quelques morceaux d’un puzzle, séparés les uns des autres pour toujours.
Un soir de novembre ou de décembre, j’étais venu chercher un enfant nommé Pierre dans un immeuble du nord-ouest de Paris pour le ramener chez lui. J’ai oublié le nom de la rue. Une porte cochère massive et l’un de ces ascenseurs aux battants vitrés, si lent et silencieux que vous vous demandez s’il ne s’arrêtera pas entre deux étages.
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On se dit qu'au moins les lieux gardent une légère empreinte des personnes qui les ont habités. Empreinte : marque en creux ou en relief. Pour Ernest et Cécile Bruder, pour Dora, je dirai : en creux. J'ai ressenti une impression d'absence et de vide, chaque fois que je me suis trouvé dans un endroit où ils avaient vécu.
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La danseuse arrivait, le matin, à sept heures quarante-cinq, gare du Nord. Ensuite le métro jusqu’à la place de Clichy. Le bâtiment du studio Wacker était vétuste. Au rez-de-chaussée, une dizaine de pianos d’occasion, rangés en désordre comme dans un dépôt. Aux étages, une sorte de cantine avec un bar et les studios de danse.
Elle prenait des cours avec Boris Kniaseff, un Russe que l’on considérait comme l’un des meilleurs professeurs... Une odeur particulière de vieux bois, de lavande et de sueur.
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Pourtant, le théâtre c'est le théâtre... Et les pièces qu'on y joue peuvent être différentes, mais c'est toujours les mêmes coulisses, les mêmes loges, le même vieux velours rouge, et la même angoisse avant d'entrer en scène...
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J’ai posé ma tête sur son épaule. Au contact très doux de la fourrure , l’angoisse et les mauvaises pensées s’éloignaient peu à peu. La Petite Bijou, Trompe-la-mort, la Boche, le manteau jaune…Tous ces pauvres accessoires appartenaient à la vie de quelqu’un d’autre. Je les avais abandonnés comme un costume et des harnais trop lourds que l’on m’avait obligée à porter pendant longtemps et qui me coupaient le souffle.
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« Le problème, c’est de trouver un point fixe… » À ce moment-là, malgré son calme et la douceur de sa voix, il m’a paru aussi anxieux que moi. D’ailleurs il m’a demandé si j’éprouvais cette sensation désagréable de flotter, comme si un courant vous emportait et que vous ne pouviez vous accrocher à rien. Oui, c’était à peu près ce que j’éprouvais. Les jours succédaient aux jours sans que rien ne les distinguent les uns des autres, dans un glissement aussi régulier que celui du tapis roulant de la station Châtelet. J’étais emportée le long d’un couloir interminable et je n’avais même pas besoin de marcher.
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Drôles de gens. De ceux qui ne laissent sur leur passage qu'une buée vite dissipée. Nous nous entretenions souvent, Hutte et moi, de ces êtres dont les traces se perdent. Ils surgissent un beau jour du néant et y retournent après avoir brillé de quelques paillettes. Reines de beauté. Gigolos. surgissent Papillons. La plupart d'entre eux, même de leur vivant, n'avaient pas plus de consistance qu'une vapeur qui ne se condensera jamais.
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Mon front bute contre le volant. La route est bordée de peupliers. Il suffirait d'un geste maladroit. Je continue d'avancer dans un demi-sommeil.
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J’ouvrais la fenêtre. Une nuit d'été si bleue, si tiède qu'elle paraissait sans lendemain et que les mots « rendre l'âme » « exhaler un dernier soupir » me venaient aussitôt à l'esprit. Le monde mourait de consomption. Une très douce, très lente agonie. Les sirènes, pour annoncer un bombardement, sanglotaient. Ensuite, je ne percevais qu'un roulement de tambour étouffé.
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Place de l'Étoile. Neuf heures du soir. Les réverbères des Champs-Élysées étincellent comme autre-fois. Ils n’ont pas tenu leurs promesses.
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