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Critiques de Paul B. Preciado (37)
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Un appartement sur Uranus

« Nous comprenons mieux le monde, dit Glissant lorsque nous tremblons avec lui, car le monde tremble dans toutes les directions » C’est le récit d’un voyage. D’un voyage à travers l’espace, à travers soi, le temps, l’histoire, la chair, un voyage du dedans qui porte beau un futur déjà naissant. C’est un journal de bord, de l’ouverture d’une voie, l’écrit d’un premier de cordée. C’est un livre de chevet. Rêver ce n’est pas se perdre, s’égarer, c’est voyager, imaginer, inventer. C’est une évolution, c’est au-delà d’une révolution. C’est une marche, construite, informée . Paul B. Preciado nous parle de ce que nous sommes, ce que nous faisons, ce que nous pensons croire, ce que nous redoutons, de ce qui nous entrave, nous enchaîne, nous retient ; Il nous parle de ce qui nous sommes, de ce que nous pouvons oser, tenter. Ce qui aujourd’hui nous semble inconcevable, au même titre qu’il était inconcevable de penser que la terre était ronde…

C’est le monde comme il fut, est et espérons qu’il deviendra. C’est philosophique, politique, organique, poétique. Cela fait longtemps qu’un livre ne m’avait pas traverser de la sorte. L’écriture est belle, percutante, rebelle, pertinente, poétique, délicate, fracassante, bouleversante.

Je pourrais extraire nombres de pages, de phrases du livre de Paul B. Preciado. J’ai envie de tout retranscrire pour mieux partager mon émotion avec vous, gens du Livre voyage. Ce n’est pas un roman c’est un recueil d’écrits. Une bouteille à la mer, le signal lancé à travers nos espaces, la lanterne palpitante à la proue d’un vaisseau. Le monde sera tellement plus grand avec quelques Paul B Preciado en plus.. Après tout... l’imprimante 3d est déjà entre nos mains.

« les transitions sont ta maison ». « Tu écris à des enfants qui ne sont pas encore nés, et qui vivront eux aussi dans cette transition constate- qui est le propre de la vie ».

« Ils disent crise. Nous disons révolution ». Puisque c’est « une relation politique de domination qui

associe, espèce, race et nation ». Amis, tremblons ! Non de peur mais d’émotions, de vouloir !

Le corps, la peau, l’esprit, la terre , la patrie, le nom… De quel pavés emplissons nous les barques de toutes nos folies, de toutes nos haines, de toutes nos déraisons ?. « Le corps n’est pas propriété, mais relation. L’identité ( sexuelle, de genre, nationale ou raciale) n’est pas essence mais relation ».

«  L’espoir est la plus belles des putes » écrit Ika Knezevic. « Alors je désire que cette pute passe la nuit avec moi. Je veux la caresser et dormir avec elle.Je veux me mettre au lit avec cette pute.Je veux m’asseoir à côté d’elle et lui laver les pieds.Parce que cette pute est tout ce qui nous reste et qu’elle est le meilleur ». Exil, transit, frontières…Lisez ces textes, réfléchissez, écoutez le monde trembler, trembler entre nous, contre nous, vers nous, en dedans nous. Tremblons de tout notre plus bel ensemble. L’immobilité est éphémère, le mouvement est perpétuellement en nous. Vouloir changer, changer le monde, la vie, proposer des itinéraires, des pistes, des routes, passer des montagnes, des vallées, rejoindre d’autres rives...C’est ainsi que nous marchons depuis la première algue, la première cellule, depuis le premier soleil, depuis la première pluie. Merci Paul B. Preciado merci Les pôles sont en migration ! Le soleil n’est que révolution !



Astrid Shriqui Garain



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Je suis un monstre qui vous parle

«  L'épistémologie de la différence sexuelle est en mutation ».

17 novembre 2019. Trois mille cinq cent psychanalystes sont réunis à Paris à l'École de la cause freudienne pour le thème ...." Femmes en psychanalyse"... ( de quoi déjà s''interroger…)

Sur leur invitation, Paul B. Preciado prend la parole. du moins , le tente-t- il devant un public qui n'a pas souvent l'occasion se soumettre à la critique...

Évidement, l'accueil fut quelque peu glacial...On s'en se serait douté.

Ce texte reprend dans sa totalité ce qu'aurait du être l'intervention de Paul B. Preciado, ce dernier n'ayant pu lire qu'un quart du texte qu'il avait préparé. Cela donne une idée de l'ouverture d'esprit que peu exprimer, en réunion, un par terre "choisi" de psychanalystes. Oui par terre et mis totalement KO par ce texte brillant et combattant de Paul B ; Preciado.

Uranus : 01 - Par terre : 0.

Si la psychanalyse traque à travers désirs et interdits l'origine de nos douleurs psychiques, on oublie qu'il s'agit là d'un outil normatif, voir performatif. La psychanalyse n'est pas une science. C'est une traduction encodée, une projection, produite par un système patriarco-colonial, qui demain sera totalement dépassé. Les normes, les codes, les signifiants, les signifiés, les identités, la binarité volent en éclat devant la nouvelle planète qui se dessine à travers nous toutes et tous.

les choses changent, bougent, nous évoluions, nous révolutionons.

Paul Preciado ne part pas au combat sans arme. Tel, Pierre le Rouge , le singe de Kafka, il a appris leur langage.

Il sait, et ce savoir l'autorise à prendre la parole, à s'exprimer lui même. Il n'est plus l'objet étudié, il est devenu le sujet maîtrisant. Il est auteur.

" Je suis le monstre qui vous parle. le monstre que vous avez construit avec vos discours et vos pratiques cliniques.Je suis le monstre qui se lève du divan et prend la parole, non pas en tant que patient, mais en tant que citoyen, en tant que votre égal monstrueux."

" Moi, en tant que corps trans, en tant que corps non binaire, à qui ni la médecine, ni le droit, ni la psychanalyse, ni la psychiatrie ne reconnaissent le droit de parler avec un savoir expert sur ma propre condition, ni la possibilité de produire un discours ou une forme de connaissance sur moi-même, j'ai appris, comme Pierre le Rouge, la langue de Freud et de Lacan, celle du patriarcat colonial, votre langue, et je suis là pour m'adresser à vous".

Les psychanalystes ont-ils eu peur d'un jugement dernier ? Ont- ils cru voir arriver l'heure du "Deus ex machina" ? Pourquoi ont ils eu si peur d'entendre la vérité?

" Femmes en psychanalyse"... et voilà Paul, (non Cézanne mais le philosophe) de continuer : " Il aurait plutôt fallu organiser une rencontre sur "les hommes blancs hétérosexuels et bourgeois en psychanalyse", car la plupart des textes et des pratiques tournent autour du pouvoir discursif et politique de ce type d'animal. Un animal nécropolitique que vous avez tendance à confondre avec "l'humain universel" et qui demeure, en tout cas jusqu'à présent, le sujet de l'énonciation centrale dans les discours et les institutions psychanalytiques de la modernité coloniale".

Discours d'un trans, d'un corps non-binaire, et avant tout : universel.

Colonisé-e-s du monde entier : debout et cassons nous ! Même combat.

Universalité atteinte oui, et d'une façon magistrale, comme la meilleure des corrections.

Uranus : 02 - Par terre : 0.

Il les prend de court et non de haut. Il leur ressemble, il est parmi eux. Même voix, même pilosité, même carrure, même genre, même pas, même prénom...

Alors que reste-t- il à la psychanalyse pur tenter de s'accrocher ?

Devinez. ...9 cm suffiront-ils à étayer ce joli mât de cocagne dressé ?

« Le cirque du régime binaire hétéro-patriarcal » n'a que trop duré.

Le monde change. Tout est mouvement perpétuellement.

Les lois que nous croyions acquises et solidement fondées au Moyen -âge se sont effondrées. La réalité de l'univers a évolué, s'est élargi.

Universalité, voici la clé.

« Être marqué d'une identité signifie simplement ne pas avoir le pouvoir de nommer sa position identitaire comme étant universelle ».

L'assemblée craignait elle de se dissoudre ?… de se confondre… d'être confondue ?…

Le philosophe poursuit :

«  La psychanalyse est un ethnocentrisme qui ne reconnaît pas sa position politiquement située. »

Autrement dit, elle ne reconnaît pas être le garde barrière d'un système politique institué subjectivement par une minorité possédant le pouvoir et désirant le garder.

Toute entité qui remettrait en cause l'équilibre et la légitimité de ce pouvoir se voit ….« diagnostiqué ».

Paul B. Preciado, abolissant la peur, rejetant les pré-supposés, s'est échappé, il a sauté la barrière. Il s'est décolonisé, désidentifié, débinarisé.

Le chemin est solitaire, difficile, courageux, mais son voyage est joyeux et généreux.

«  Ce n'est pas la transsexualité qui est effrayante et dangereuse, mais le régime de la différence sexuelle. »

«  Quand vous aurez coupé tous les arbres et percé toutes les montagnes, quand vous aurez analysé tous nos rêves, vous ne pourrez plus rien défoncer d'autre.La Terre sera alors une décharge, un énorme corps trans démembré et dévoré. Les corps des colonisateurs et vos corps à vous, chers psychanalystes, seront enterrés avec les organes trans que vous nous avez pris. Mais les organes que nous n'avions pas ne pourront jamais être enterrés. Nos organes utopiques vivrons éternellement. Ils seront les guerriers des frontières ».

Uranus : 03 - Par terre : 0.

Universalité.

« la personne trans n'imite rien, de même que le crocodile n'imite pas le tronc d'arbre, ni le caméléon les couleurs du monde. Être trans, c'est cesser d'être un crocodile et se connecter avec son avenir végétal, comprendre que l'arc-en-ciel peut devenir une peau ».

Uranus : 04 - Par terre : 0.

L'Univers est toujours en tête !

Et le philosophe n'exclut personne : « Vivre au-delà de la loi patriarcale coloniale, vivre en dehors de la violence sexuelle et du genre est un droit que tout corps vivant, même un psychanalyste, devrait avoir avoir. »

Psychanalystes, libérez-vous !

Pourquoi n'ont-ils pas saisi cette main tendue ?

« En portant la faute sur Oedipe et en mettant tout le poids de l'analyse sur son supposé «  désir incestueux » Freud et la psychanalyse ont contribué à la stabilité de la domination masculine, en rendant la victime responsable du viol et en transformant en loi psychique les rituels sociaux de normalisation du genre, de violence sexuelle et d'abus des enfants et des femmes qui fondent la culture patriarco-coloniale ».

Production/reproduction voilà les deux neurones qui activent la machine thérapeutique vouée à la normalisation des positions d' « homme » et de « femme » et « leurs identifications sexuelles et coloniales dominantes et déviantes ».

Une machine, qui a « fait avec les minorités sexuelles au cours des deux derniers siècles » « un processus comparable d'extermination institutionnelle et politique » .

Cela suffit. Trop de violence, de haine, trop de morts à travers le monde.

« La psychanalyse doit devenir une technologie d'invention des subjectivités dissidentes face à la norme ».

Elle doit être une aide, elle doit descendre des miradors qu'un système politique leur a assigné.

« Votre obligation politique est de prendre soin des enfants, non de légitimer la violence du régime patriarco-colonial ».

« Vous êtes libres de me croire ou de ne pas me croire, mais croyez au moins ceci : la vie est mutation et multiplicité. Vous devez comprendre que les futurs monstres sont aussi vos enfants et vos petits-enfants ».

Paul B. Preciadio, je vous adresse un immense bravo et un grand merci !

Et c'est avec une immense impatience que j'attends la parution de son prochain ouvrage : « La République des métèques » !



Pour écouter Paul B. Preciado : https://soundcloud.com/nouvelles-ecoutes/la-poudre-episode-79-paul-b-preciado



Astrid Shriqui Garain – 08 .2020



















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Dysphoria Mundi

Dysphorie (Wikimedia) :

(Psychiatrie) Perturbation de l’humeur caractérisée par l’irritabilité et un sentiment déplaisant de tristesse, d’anxiété.

(Médecine) Sentiment désagréable de tristesse, d'inadéquation, de déception.

(Sociologie) État de malaise social.

(Spécialement) Dysphorie de genre : détresse cliniquement significative ou altération fonctionnelle associée à une incongruence entre le sexe expérimenté/exprimé et le sexe attribué à la naissance.



C'est à partir de ces diverses définitions que l'on peut comprendre en quoi Paul B. Preciado, philosophe qui a lui-même sauté le cap de la transition, particulièrement touché par une forme violente du COVID dès mars 2020, alors qu'il se trouvait à Paris, a choisi de nommer son ouvrage Dysphoria Mundi.



En effet, selon lui, notre monde est en complète dysphorie, depuis de nombreuses années, en raison d'une domination capitaliste, masculine et blanche, dysphorie totalement exacerbée par la pandémie qui n'a fait qu'exacerber encore les inégalités, sociales, raciales, médicales... et le réchauffement climatique, malgré une brève accalmie permise, à ce sujet, par les confinements. Mais, toujours selon lui, il est encore possible, et certains signes le prouvent, comme les divers mouvements qui ont pu voir le jour, dès avant, mais plus encore pendant la pandémie - Black Lives Matter, les nombreuses révoltes contre les féminicides un peu partout dans le monde...-, de contrer cette dysphorie par une révolution qui parviendrait à rendre nos sociétés plus justes, plus égalitaires, non plus dominées par ce qu'il nomme le monde pétro-sexo-racial (renvoyant au capitalisme, au patriarcat, à l'hégémonie blanche).



Dysphorie qu'il a lui-même connue, de diverses manières, mais qu'il a justement dépassée ; dysphorie remarquable dans la forme même de son récit qui mêle journal relatant sa situation pendant le premier confinement, alors qu'il était lui-même malade depuis plusieurs semaines, réflexions philosophiques, sociologiques, biologiques... sur notre monde ultra-capitaliste qui s'effondre, le tout étant parfois perturbant quant à cette forme disparate, mais aussi quant à la richesse du contenu et des références.



Même si je ne suis pas toujours d'accord avec ce qu'il dénonce ou propose, je trouve que Paul B Preciado mène ici de très intéressantes pistes de réflexion pour les générations, actuelles comme futures, pour mener à un monde tout simplement plus juste et plus humain.



Je remercie les éditions Grasset et NetGalley de m'en avoir permis la découverte.
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Pornotopie

Les questions de genre, de sexualité, de pornographie et des technologies associées animent les débats actuels et bouleversent notre société post-contemporaine.

Se replonger dans un essai d’une quinzaine d’années environ en arrière, cela présente-t-il un quelconque intérêt pour décoder ces questions ? C’est la question que je me suis posée en lisant "Pornotopie" Son auteur, Paul B. Preciado, chercheur, commissaire d’exposition et écrivain, proche des mouvements féministe, queer, transgenre…en a théorisé différents aspects. Et a questionné les nouvelles technologies, leur impact concret sur ces sujets.

Son ouvrage (sorti en 2010) aborde en effet ces questions et explore les transformations technologiques politiques et sociales, et ce depuis les années soixante. Il analyse comment la pornographie et la technologie ont remodelé la compréhension du genre, de la sexualité et du corps.

Quelles technologies ? En particulier l’Internet, qui a permis une diffusion généralisée, sans précédent à la pornographie, remodelant complètement le rapport au corps et nos propres perceptions de la sexualité, et celle des autres.

Il remet en question les normes établies ; des analyses et des exemples concrets illustrent son propos clair et d’accès facile/

Si un certain radicalisme peut véritablement surprendre, voire choquer dans cet essai provocateur, ma conclusion est que cet essai reste intéressant, pour qui s’intéresse au sujet et réfléchit à ces questions.

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Je suis un monstre qui vous parle

C'est un discours écrit et prononcé par Paul B. Preciado, un homme transgenre, philosophe, militant pour la liberté de genre, en novembre 2019, lors des journées internationales de l'Ecole de la cause freudienne qui avait pour thème "Femmes en psychanalyse".



Je suis heureuse d'avoir lu cette publication, car elle m'oblige à réfléchir à une chose qui, au quotidien, peut me paraître évidente : Je suis née de sexe féminin, donc je suis une femme.



Notre société a été conçue dans une norme de binarité homme/femme, mais tel n'est pas le cas dans toutes les cultures. C'est là où ça met très nettement le doute sur notre vision des choses, bien souvent étriquée. C'est en effet une construction sociale, et beaucoup de choses en découlent.



Pourquoi vouloir à tout prix que chacun rentre dans une case ? Pourquoi serait-ce une pathologie de ne se reconnaître ni homme, ni femme, ou de se reconnaître femme alors qu'on a un sexe masculin, et inversement ?

Je n'ai pas ce questionnement intérieur, mais je ne définirais pas par moi-même ce que doit être la normalité d'un être humain, comment chaque personne doit se définir.



Qu'est-ce que la normalité ? Pour moi, ce sont des normes établies sur la base de données arbitraires, ou incomplètes dues à l'époque. Les données historiques qui étaye le propos, sont assez intéressantes à ce niveau-là d'ailleurs, pour comprendre le cheminement qui s'est opéré.



Les cases, ça rassure ; donc il faut en créer. Mais ça peut être aussi une source de souffrance pour d'autres.

Je suis plutôt partisane de laisser à chacun le choix de se définir comme bon lui semble. Nous sommes tous des êtres humains, des êtres vivants... là est le plus important à mes yeux.



C'est donc une lecture qui amène à questionner la société d'aujourd'hui et sa possible mutation, par le prisme de la différence de genre, et à poser la nécessité d'un changement de paradigme, pour que chacun puisse réellement y trouver sa place.
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Dysphoria Mundi

TRANSFIGURATION D'UN MONDE INSOUTENABLE



Nature, culture. Vivant, mort. Mâle, femelle. Science, croyance. Organique, mécanique. Présentiel, distanciel. Concret, conceptuel. Hôte, intrus. Analogique, numérique. Créateur, destructeur. Bien, mal. Sain, toxique. Blanc, noir. “Reality is out of joint”… Paul .Preciado, c'est un monstre qui vous parle depuis son appartement sur Uranus, c'est un alchimiste qui a réalisé l'oeuvre au rouge dans le creuset de son propre corps. Et ce livre est bien une pierre philosophale qui transforme le plomb du Covid en Or-texte viral et libérateur, qui transmute ce "monde d'après" raté en jalon de paradigme d'un autre futur possible, bâtissant sur les ruines d'un "monde d'avant" dés-idéalisé. Et il fallait bien que l'affaire de la pandémie se tasse pour pouvoir constater ce qui avait malgré tout changé dans ce monde d'après.

Le sujet de ce livre c'est ce que le virus a fait de nous et de ce qu'on appelle le "réel" mais pas seulement. Il y est surtout question de la révolution ascendante en cours qui se heurte au retour des bûchers du vieux monde. Il nous rappelle les batailles gagnées et celles à venir, celles qu'on pourrait perdre si l'on ne se dresse pas.

Vous l'aurez compris, on est ici dans la veine qui a bifurqué, dans ce monde en reconstruction/redéfinition constante mais désirable, celui du "tournant ontologique” chère à Philippe Descola ou Bruno Latour. L'ordre du jour est d'embrasser toutes les luttes comme une seule tout en gardant à l'esprit qu'on n'unifiera rien, qu'il n'est pas question d'"universel" mais d'alliances situées et de circonstance, de renégociations infinies.

Le travail de ce philosophe n'est pas désincarné, il ne se prétend ni d'un "universel" tout terrain ni d'une "vérité" plus légitime qu'une autre. Dans la lignée de l'épistémologie féministe, c'est un "savoir situé", Paul B. écrit d'où il est; la marge de la non binarité sexuelle et de genre. Mais ce n'est pas un livre sur la transidentité. Il n'est pas manichéen, il n'y a pas le mal contre le bien, pas de resucée moralisante, il y est question d'émancipations et d'ordre autoritaires, de forces libres et créatrices face à un imaginaire réchauffé et belliqueux. D'un vieux monde qui se ment sur ses propres mutations mais qui, dans un ultime râle, tente de tout (re)mettre au pas de sa marche militaire. Tel un Zarathoustra, qui décrétant la mort de Dieu met à bas tous les dogmes moraux sans les remplacer mais au contraire en appelant tout un chacun à exprimer les volontés de justice de son coeur, Paul B nous invite à changer d'angle de vue et à résister. Comme il y aborde quasi tous les sujets, il n'est pas non plus possible de synthétiser son propos. Sur la forme le même problème se pose tant il s'est tout permis. Je m'attarderai donc principalement à tenter de développer les motifs récurrents de l'oeuvre.





Dysphoria Mundi





Paul B. Preciado a dû confirmer le diagnostic de "dysphorie de genre" pour pouvoir suivre le processus de "changement de sexe", avant de se perdre/trouver en chemin et de choisir que la destination (être un "homme") n'était pas la fin en soit de sa mutation. Il nous propose d'élargir ce diagnostic de "dysphorie" au monde qui nous entoure, non pas comme une pathologie qui nous toucherait mais comme un outil utile à ce virage ontologique. Car ce monde qu'on nous vend est définitivement insoutenable et ce n'est pas nous qui sommes malades mais la "réalité" comme matière unifiée par le capitalisme pétro-sexo-racial (il ne faut être allergique aux termes valises à rallonge). "Dysphoria mundi" est le mantra central de ce livre, car où que se pose tes yeux, il y est. Un monde étouffé de béton, de bitume, d'écrans, de publicités, de brumes toxiques, d'êtres vivants définis par le marketing et les totems libéraux occidentaux, d'objets au coût externalisé dans une misère lointaine et invisibilisée, d'individus enfermés dans leurs prothèses cybernétiques se pensant libres dans le monologue avec la machine, se pensant uniques comme copies conformes, un monde qu'on ne peut penser qu'avec des concepts calibrés pour garder l'ordre en place, où tout est sclérosés/absolutisés comme d'un cotés ou de l'autre de frontières mentales prédéfinies mais artificiel. Car il n'y a pas de fatalité, et ces mots nous pouvons nous les réapproprier et transformer la matière même du réel. Défaire les binarités, les valeurs et les hiérarchies d'un régime de pouvoir en bout de course et autodestructeur. Bref, hacker la pensée pour buguer le logiciel néo-réactionnaire et capitaliste. L'auteur ne se gène d'ailleurs pas pour manipuler la langue, pour s'essayer à créer des pleines brouette de mots, de concepts (parfois même sous la forme de liste de variations sur un même motif). Puisqu'”au commencement était le Verbe” dans la digne continuité des penseurs du constructivisme social (comme Donna Haraway avec son "matériel-sémiotique" et sa “nature-culture”) et W. Burroughs qui envisageait les mots comme des virus modifiant leurs hôtes machine-humaines. Il est temps de faire du Verbe vivant qui bouleverse les humains et retisse la trame du réel.





Wuhan est partout





Reprenant le "Hiroshima est partout" de Günther Anders, Preciado propose "Wuhan est partout" et c'est presque plus explicitement vrai que pour la bombe, tant le virus a modifié la face et les habitudes de la planète de façon quasi-simultané et uniforme. L'affirmation est fondamentale, ce qu'il s'est passé au printemps 2020 est sans précédent et irréversible pour l'humanité. le confinement général de l'humanité a marqué les esprits, a tout changé à sa façon. Changement de la perception qu'on avait d'une "nature" qui après avoir été ressource généreuse et passive s'est mutée en un dieu invisible, vengeur et actif. Une nature qui aura brièvement réinvesti nos rues en nôtre absence, peut être l'image la plus porteuse d'espoir de la décennie. Changement de perception sur nos corps, finalement plus vulnérables et mortels qu'on n'arrivait à le concevoir. Mais surtout, vulnérabilité des corps de ce nord économique blanc et âgé. La pandémie aura mis à jour la dépendance économique de nos superpuissances mondiales et comme une malédiction qui remonte la chaîne alimentaire capitaliste sera venu jusque dans le lit de nos vieux riches qui se pensaient inatteignable dans leur puissance. Wuhan est partout à plus d'un titre car en réduisant nos interactions à n'être plus que virtuelle, c'est aussi nos appareils, produits dans les quartier-usines de Wuhan pour la plupart, qui sont devenus indispensables.





Narrator is out of joint





Preciado reprend les mots d'Hamlet après l'apparition du spectre de son père, “time is out of joint”, le temps est détraqué. La plupart des chapitres du livre en sont une variation “XXX is out of joint”. Pour beaucoup de cas le Covid est le catalyseur mettant en exergue ce qui clochait déjà avant de façon plus diffuse. L'auteur aura souffert du virus très tôt dans la pandémie, période qu'il relate à la manière d'un journal intime. le monde qui déraille dehors, à travers les écrans, en une dystopie surréaliste inconcevable quelques jours plus tôt. le confinement mettant à distance le monde, mettant à bas les masque de ce qui n'a jamais vraiment tourné rond, de ce qui roulait sur des rail qui n'avait aucune raison d'être ainsi, de nous mener à ce nul part là.





Nôtre-Dame de la pédocriminalité institutionnelle, priez pour nous





Autre motif textuel repris en multiple variations; l'oraison funèbre.

2020 a commencé avec la cathédrale Nôtre-Dame en flamme à Paris et c'est tout un symbole, préfigurant pour certain la catastrophe à venir, pour d'autres les effets des crimes de l'église. La cathédrale qui brûle c'est certainement pour Paul avant tout le symbole de l'effondrement d'un astronef qui emmena le peuple médiéval à la rencontre de son créateur, l'appareil de propagande d'une autre époque, aujourd'hui révolue, à l'heure du rapport de la CIASE. Ces oraisons sont adressées à de multiples plaies qui nous accablent, les entreprises du technococcon (GAFAM), le gavage aux antidépresseurs, anxiolytiques et consorts comme seule réponse au mal-être, la réponse nécrobiopolitique à toute problématique de santé de la main d'oeuvre occidentale (Bigpharma), etc.... Au passage il relate un événement, que j'avoue n'avoir pas vu passé non plus, la dernière révision en date de la déclaration de Genève en Octobre 2020 qui aura vue un tas de dirigeant du monde se mettre d'accord pour rouvrir la liberté des états à légiférer sur l'avortement et replacer la famille hétéro-patriarcale comme seul et unique modèle de reproduction (excluant l'homoparentalité et la plupart des dispositifs de naissances assistés). Les dirigeants de ces États n'ont pour certains rien en commun, des petits dictateurs africains, Trump ou Orban. Ils sont indifféremment musulman intégriste ou fondamentaliste chrétien comme le souligne l'auteur. Leur point commun est l'intention de lever le bouclier des repères patriarco-religieux contre les “déviances” du monde contemporain qui menacent la famille, le mariage ou les enfants(sic).



Le livre n'est pas seulement critique, ou théorique, il nous donne des clés pour traverser le feu. Il nous donne une feuille de route pour venir en aide à nos soeurs polonaises dont les droits sont en train de reculer. Preciado dit ne jamais avoir connu de véritable démocratie, le choc du putsch espagnol de 1981 est gravé dans sa mémoire. La fragilité et l'illusion de nos systèmes représentatifs, où chaque progrès social est susceptible d'être écrasé du jour au lendemain. Où l'opinion publique, influencée et infantilisée peut elle-même réclamer le bâton. Où le “there is no alternative” a été rentré au forceps dans nos consciences à la faveur d'une économie de marché omnipotente vorace et débridée. A la manière d'une initiation chamanique, il décrit le voyage orphique où la crise du covid nous aura mené. le résultat en est la conjuration des anciennes limites, la découverte de nos essences niées si longtemps. le livre s'achève sur une lettre ouverte au nouvelles générations de militant.e.s et d'activistes, un texte plein d'espoir nous encourageant à créer des réseaux à innover dans nos pratiques, à considérer les institutions oppressives comme des coquilles vides où la pantomime jouée ne berne plus personne, à considérer nos adversaires politique comme effrayés et jaloux face à l'étrangeté des nouvelles formes de vies qui s'éveillent et s'épanouissent de partout. Créant un nouveau langage et de nouvelles pratiques, c'est le bonheur dans nos luttes, les liens qu'on y tisse qui nous sauveront de la barbarie techno-féodale et la de la destruction de l'équilibre du vivant qui menace.
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Je suis un monstre qui vous parle

Je pourrais me fendre d’un beau discours sur la transidentité et la transexualité, et m’inventer des convictions et une posture militante, mais la vérité, c’est que « je ne sais pas ».



Si j’ai acheté ce livre de Paul B. Preciado, c’est pour me confronter à l’altérité. J’ai trouvé dans ces pages un regard neuf sur des vérités que je considérais avant comme immuable.



Je suis la norme, vous savez : blanc, hétérosexuel et ce livre m’amène à interroger mon « universalité » : d’où vient-elle ? Est-elle une réalité ou le reflet d’une construction idéologique ? Quelle souffrance impose t’elle à ceux qui en sont exclus ? Me rend-elle réellement plus libre ?



Ce livre est un pas de côté. Je laisse aux experts le soin de débattre des idées évoquées dans ces pages. Reconnaissons-lui le mérite d’ouvrir un espace dans les certitudes. Je n’ai toujours pas d’opinion arrêtée, mais je suis un peu moins ignorant de ces autres réalités que la mienne. Mon horizon s’est élargi.
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Dysphoria Mundi

C'est la première fois que je ne veux pas parler d'un livre. Non pas parce qu'il n'est pas intéressant, mais c'est juste qu'il m'a fatiguée.

Je me fiche de savoir à quel sexe appartient une personne/un individu, je me fiche royalement des iels, de l'écriture inclusive, des féministes actuelles, qui n'ont aucune carrure, grandeur. La vie privée : choisir d'étaler ses choix fait qu'on va forcément se heurter à des difficultés. Si l'auteur n'a pas compris cela, je ne peux rien faire pour lui. Parlez moi d'" Annabel" de Kathleen Winter de "Middlesex" de Jeffrey Eugenides, là, on est dans la réflexion intelligente.

Toutes mes excuses et mes remerciements aux Editions Grasset et merci également à NetGalley de m'avoir permis de me rendre compte que tout le monde ne joue pas dans la même cour.
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Un appartement sur Uranus

Un appartement sur Uranus rassemble une septantaine de chroniques écrites pour le journal Libération par Paul B. Preciado entre 2013 et 2018, période qui correspond à sa transition sexuelle de femme à homme. Il y est ainsi beaucoup question de genre mais pas uniquement. Car Paul Preciado est un militant, révolté par ce qu'il appelle l'hétérosexisme et de manière plus générale par les normes imposées par notre société dirigée par le 'capitalisme technoscientifique'. Ses chroniques alternent ainsi entre récit de sa transition et actualité, de la crise grecque au référendum catalan.



J'ai aimé le point de départ de la pensée de Preciado qui est de rejeter la catégorisation imposée par notre société. Pourquoi au final doit-on toujours se définir comme homme ou femme, comme hétéro ou homo, comme blanc ou noir? Nos identités ne peuvent-elles pas être plurielles? Preciado a ainsi cherché à flouter ces cases en commençant par prendre une petite dose de testostérone, le rendant "gender fluid", jusqu'à finalement céder à l'injonction sociétale en décidant de devenir homme complètement. L'introduction et les chroniques traitant de son ressenti et des étapes importantes de sa transition sont clairement celles que j'ai préférées et correspondent à ce que je recherchais dans ce livre, peut-être à tort. Même si cela peut paraître voyeur, j'aurais clairement souhaité que cela soit plus approfondi.



En dehors des chroniques sur son expérience personnelle, reste donc une majorité de tribunes plus politico-philosophiques où nos avis ont divergé. L'auteur semble affirmer que la liberté passe forcément par le refus de la procréation et la transsexualité et que tout autre voie est un asservissement à "l'hétérosexualité nécropolitique hégémonique". J'aurais voulu que Preciado revendique le respect de ses choix de vie, sans dénigrer à demi-mots les miens.



Si je n'ai pas totalement trouvé satisfaction dans les chroniques de Preciado sur les questions de genre, j'ai malheureusement carrément sombré dans celles traitant de sujets plus politiques. J'ai trouvé les attaques constantes contre le "nécrolibéralisme" ennuyeuses à mourir. En essayant de m'abstenir de juger les opinions politiques de Preciado, qui ne sont certes pas totalement compatibles avec les miennes d'où une partie de mon agacement, ce sont également dans ces chroniques-là que j'ai trouvé le style plus ampoulé et prétentieux, adoptant une terminologie révolutionnaire faite de néologismes composés des plus exaspérante.



Un appartement sur Uranus est un livre qui aura au final en partie heurté mes opinions et c'est probablement là le but de Preciado. J'aurais toutefois voulu qu'il m'explique et approfondisse sa pensée pour me permettre de mieux la comprendre à défaut de la partager en tout point. Je pense que le format de cet assemblage chronologique de chroniques écrites pour la presse explique en grande partie cette frustration. Alors qui sait, j'essaierai peut-être un jour un vrai essai de l'auteur...
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Un appartement sur Uranus

Paul B. Preciado est une figure gargantuesque à bien des égards. Philosophe, essayiste et écrivain espagnol, français et anglais - avec une grande expertise dans les domaines de la politique sexuelle et de l'identité.

Un appartement sur Uranus est une collection d'essais chronologiques qui commence en mars 2013 à Paris, l'un des trois grands amours géographiques de Paul, et se termine en janvier 2018 à Arles (autour du tableau de Van Gogh Terrasse de café la nuit).

Mélangeant des observations personnelles - à la fois intérieures et extérieures - avec des réflexions sur les frontières, les lois, la pornographie, le sexe, le patriarcat, le capitalisme, le marxisme et les questions entourant les droits des trans et la vie des personnes trans, Un appartement sur Uranus est énorme en termes de terrain qui qu'il couvre et les concepts qu'il aborde.

Nous voyageons avec Paul de Paris à Athènes à Kiev à New York, Londres, San Francisco, Barcelone dans un livre, plus audacieux que ce nous lisons habituellement....


Lien : http://holophernes.over-blog..
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Testo Junkie : Sexe, drogue et biopolitique

J'avais découvert l'auteur via l'ouvrage de Victoire Tuaillon, adapté de son podcast Les Couilles sur la table. Je me suis ruée sur les livres, pensant découvrir une pensée originale, pour creuser en particulier les conséquences d'une politique où l'Etat ne se soucierait plus des sexes des personnes.

J'avais déjà lu Un appartement sur Uranus, mais j'avais été déçue de n'y trouver que des chroniques compilées. Je pensais trouver dans Testo junkie un ouvrage plus construit et cohérent. Les chapitres où il déploie sa pensée m'ont paru très confus, avec certaines références obligées (j'aimerais une fois trouver quelqu'un qui cite Zygmunt Bauman et en allant plus loin que la référence au titre). Un passage m'a même écoeurée : quand il accuse les femmes de s'être faites complices du système Etat-pharmacologique etc. en acceptant la pilule comme méthode contraceptive, alors qu'il y aurait eu d'autres méthodes, citant là diverses méthodes comme la vasectomie (ok pourquoi pas) mais aussi l'avortement (qui reste toujours difficile !) voire l'infanticide (!!). C'est nier ce qu'a pu représenter la pilule au moment de son apparition, et surtout ce que pouvait représenter une grossesse non désirée pour toute femme jusque-là. Evidemment, on a depuis pris du recul sur les pilules, mais le manque de contextualisation m'a énervée. Je me suis également dit alors que pour des éléments plus abscons de son livre, il fallait les prendre avec prudence.

J'aurais préféré à la rigueur un essai qui témoigne avec un peu plus de détail des effets de la testostérone sur son corps et son esprit, avec des passages pseudo-philosophiques allégés.
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Je suis un monstre qui vous parle

Changer d'épistémologie, balayer le vieux paradigme, les vieux paradigmes. Une indispensable mutation que la psychanalyse doit faire pour survivre. La révolution est en marche de toute façon, implacable. Paul B. Preciado envoie un message limpide, direct, fort à toute cette communauté bien trop rigide et arc-boutée sur ses idées patriarco-colonialistes, cette différenciation sexuelle qui commence à ne plus sentir qu'un âcre sapin.



Et cette identité, ces identités qu'elle force à déterminer du haut de sa norme masculine-blanche-occidentale...



Paul B. Preciado ne parle pas sans savoir, il a son vécu intime et personnel et a beaucoup lu, étudié, compris pour déconstruire les machineries, donnant à toute son attaque un poids qu'on ne peut plus déconsidérer.



Tout revoir. Tout recréer.



Preciado ne précise pas ce qu'il imagine post-freudisme ou post-lacanisme, mais il invite à oeuvre pour... « nos enfants » qui sont en mutation, et dans un monde en mutation que les épistémologies qui sont encore dominantes ne savent plus ni intégrer, ni assimiler, ni digérer.



Place. Faites place.

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Un appartement sur Uranus

Une fois de plus avec Preciado, il m’est difficile de juger un texte qui me parle entièrement.



L’auteur aborde une multitude de questions queer et systémiques avec rage et philosophie.

C’est un putain de génie.

Lisez-le, c’est tout.



J’ai envie de déménager sur Uranus désormais.
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Un appartement sur Uranus

Il m'est difficile de rédiger une critique car je crains de ne pas être capable d'y rendre toute la richesse de la pensée de Paul B. Preciado, et les autres lecteurs Babelio en parlent déjà tellement bien !

Quoiqu'il en soit, j'ai été séduite par ses idées, par sa vision du monde, par son courage à dénoncer les injustices, à mettre en lumière les failles d'humanité du système capitaliste binaire, blanc et hétérocentré. Il m'a ouvert l'esprit sur ce que pourrait être une société où le genre n'existerait plus, où on ne condamnerait plus une personne pour ses pratiques sexuelles considérées aujourd'hui comme hors de la norme, où il n'y aurait plus de patriarcat dominateur et destructeur. J'ai trouvé ce livre profondément humaniste et, plutôt que de me perdre en explications tortueuses pour tenter de rendre ici quelques miettes de sa pensée, je vous invite à lire son ouvrage et même tous ses livres ! Lisez le travail de Paul B. Preciado ! Il vous offrira, selon ses propres mots "un morceau d'horizon". Vous ne pourrez plus voir le monde de la même manière après cette lecture.
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Je suis un monstre qui vous parle

Difficile d’avoir un point de vue objectif puisque je soutiens absolument chaque mot et chaque conviction couchés sur ces pages.



Preciado balaie les stéréotypes de genres et revient sur la violence de la psychanalyse moderne hétéronormée et patriarcale.



Immanquable et sidérant !
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Un appartement sur Uranus

Auteur à la pensée complexe, Paul B. Preciado nous fait voir le monde avec de nouvelles lunettes, celles où la binarité de genre et de sexualité n’a plus de sens, où les frontières entre les nations n’ont aucun intérêt. À travers ces deux fils rouges, il propose une compilation d’articles très engagés, parfois politiques, parfois philosophiques, souvent les deux. Deux écueils restent à mon sens :

- un manque de définition de certains concepts, ce qui rend la lecture souvent très dense

- une composition trop hétérogène entre des textes de nature et de qualité différentes ; certains pourraient rentrer dans un panthéon queer tandis que d’autres sont de l’ordre de la chronique politique...C’est vraiment dommage car il y a de véritables perles, notamment tout ce qui tourne autour de la naissance, du corps et de la sexualité.





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Testo Junkie : Sexe, drogue et biopolitique

Une fois n'est pas coutume, je vais critiquer un livre que je n'ai pas fini.

De quoi parle-t-on ? D'un gros pavé rouge et noir, vu comme un « must read » par la « commu », très cité et parfois imité de façon plus ou moins heureuse ex. On n'a que deux vies d'Adel Tincelin. Un ouvrage assez inclassable, à la croisée des genres entre autobiographie et essai politique et philosophique.

J'ai lu avec enthousiasme les passages autobiographiques où l'auteur raconte ses injections « pirates » de testostérone, les ressentis physiques et psychiques que cela a induit et sa liaison avec V.D aka Virginie Despentes. J'ai d'ailleurs failli ne lire que ces passages qui alternent avec les chapitres de type essai. Toutefois, étant un bon élève, j'ai persisté dans la lecture continue.

Quid des chapitres essais ? J'ai trouvé que la langue utilisée était très complexe, pas très accessible, j'ai lu ces chapitres de manière automatique en comprenant rarement tout, bien que certaines idées exposées m'aient bien intéressé.

Un livre vers lequel je reviendrais certainement, intéressant mais ardu.
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Dysphoria Mundi

Ce livre est une très grande de réussite. Il explore le concept de dysphorie, qui s'entrechoque à bon nombre de marginalité, au-delà du genre. La dypshorie comme symptôme sous un régime de domination violente. C'est tout à la fois puissant, doux, inventif et intelligent. Preciado m'embarque encore une fois, et chaque page me fait dire un "mais oui c'est ça !" enthousiaste. En plus, c'est un essai hybride, c'est vraiment de la recherche-création, un bel exemple pour les futur.e.s chercheur.euses qui s'essayent à la discipline. Avec ce livre, la recherche fait un sublime pas de côté audacieux, le pas de côté des marges qui explosent le carcan académique. Un gros pavé très nécessaire (en passe de devenir un essentiel à toute bonne bibliothèque de gaucho)
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Testo Junkie : Sexe, drogue et biopolitique

Un essai philosophique ultra ardu autour du genre et de la société hétéropatriarcale.



J’ai, de loin, préféré les chapitres autobiographiques que les passages qui analysaient tout de façon giga poussée.



Très intéressant malgré tous les nœuds au cerveau que P. Preciado nous fait.
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Je suis un monstre qui vous parle

Paul B. Preciado est un philosophe espagnol transsexuel. Iel (j’utiliserai exceptionnellement le nouveau pronom qui fait débat) a été invité le 17 novembre 2019 au Palais des congrès de Paris à prendre la parole devant 3500 psychanalystes réunis lors des journées internationales de l’Ecole de la cause freudienne sur le thème « femme en psychanalyse ». Car avant de devenir un homme à l’âge de 38 ans, iel a été une femme et a été suivi pendant 17 ans au travers d’une psychanalyse.



Devant le chahut, il n’a pu terminer son discours et en a écrit un petit livre – une forme de lettre ouverte pour exprimer ce qu’il avait à formuler sur la transformation actuelle de l’épistémologie sexuelle et du genre – un corps non binaire.



Ainsi iel se considère comme un monstre. Car, le montre est celui qui vit en transition. Celui dont le visage, le corps et les pratiques ne peuvent encore être considérés comme vrais dans un régime de savoir et de pouvoir déterminés.



l’OMS reconnaît d’ailleurs la dimension arbitraire et non-naturelle de la taxonomie binaire.

Au XIXe S. on appelait déjà les trans, l’homosexualité : l’instinct sexuel contraire.



Devant cette crise identitaire, de problème relationnel, l’auteur se soulève à travers ce livre qui ne s’adresse pas à des lecteurs comme nous pour leur expliquer ce que sont les trans, ni même pour en expliquer sa profonde solitude ou mal-être, mais s’adresse bien à des psychanalystes pour demander une mutation de leur psychanalyse.



Le vocabulaire employé et l’explication communiquée ne sont pas toujours aisés à lire.

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