Citations de Paul C. Doherty (332)
- J'ai entendu du bruit en bas, que s'est-il passé ? (Maltote)
- Des imbéciles qui s'amusaient, répondit Corbett. Nés stupides, ils mourront stupides !
— Quel endroit sinistre ! marmonna Cranston. Le Donjon du Bourreau.
Il jeta un coup d'oeil perplexe à Athelstan.
— Nos vieilles connaissances, la Mort et le Crime, y rôdent.
Ce qui retenait surtout l'attention du gamin, c'était la simple mais immense croix rouge peinte sur le surcot de coton blanc.
— Je vais placer en vous toute ma confiance, vous m’entendez, Otto ? J’ai une mission très particulière pour vous. D’abord dans ce royaume, puis en Bretagne. Vous parlez couramment la langue des Bretons, me semble-t-il. Que diriez-vous, mon ami, fit-il en approchant son visage tout près de celui de Zeigler, si je vous donnais aussi l’occasion de frapper Pembroke ?
— Je la saisirais aussitôt !
— Et le traître Henri Tudor en exil ?
— Je suis tout aussi impatient…
— Bien, très bien…
— Je peux vous faire pendre, messire, souffla-t-il. Il me suffit d’un mot.
Zeigler garda le silence, lèvres serrées.
— Vous vous êtes battu pour les York, poursuivit le juge. Vous dirigiez des mercenaires. Vous avez une mère bretonne et un père flamand. Pour Dieu sait quelle raison, vous avez grandi au pays de Galles. Là, il s’est passé quelque chose, j’ignore quoi, et je n’en ai cure, d’ailleurs. Ce que je sais, c’est que vous haïssez les Gallois.
— Ce que vous dites est vrai, répondit Zeigler d’une voix grinçante. Mais pourquoi me parler de cela maintenant, Sir Thomas ?
— Vous m’avez reconnu, je vois…
Zeigler jurait et crachait en se débattant contre la corde rêche qui lui écorchait le cou. Épuisé et en sueur, il constatait que l’on approchait du cœur de la ville et de la large avenue de Cheapside.
Sir Thomas Urswicke avait bien préparé les choses : ils s’approchèrent de l’un des gibets vides, autour duquel brûlaient plusieurs feux. Une échelle était adossée à l’un des mâts et un bourreau encagoulé attendait à côté.
En dépit de son arrogance, Zeigler savait flairer le danger. Son statut de chef de bande l’obligeait à faire en sorte que, lorsqu’on partait en chasse, on capturât bien sa proie.
Certains quittèrent la ville et s’en allèrent à travers les campagnes chercher du travail ou reprendre un métier déjà presque oublié. Beaucoup d’autres restèrent à Londres, où ils choisirent de recourir à des moyens malhonnêtes pour remplir leur bourse et leur estomac.
La paix arriva enfin, mais assortie de nouveaux dangers. Les soldats qui s’étaient battus pour les York ou pour les Lancastre furent libérés de leur engagement. À la suite des grandes victoires des York, ils n’auraient plus rien à craindre dans les comtés où ils se rendraient.
Ainsi les corps de Henri VI, le vieux roi Lancastre, et de ses principaux chefs militaires furent-ils exposés dans diverses églises afin que les bonnes gens les vissent. La cathédrale St Paul servait souvent à cette macabre cérémonie ; les citoyens formaient de longues files d’attente, de même qu’ils auraient fait la queue pour assister à un spectacle de pantomime ou à un bal masqué de Noël.
Si les dépouilles des grands, de ces seigneurs vaincus et occis par la puissance des York, étaient traitées avec un peu plus de respect, c’était uniquement pour que le roi Édouard et ses deux frères, George de Clarence et Richard de Gloucester, pussent proclamer aux yeux de tous, tant à l’intérieur qu’à l’étranger, que leurs ennemis étaient bel et bien morts
Au bout du compte, la Mort avait été l’unique vainqueur. Des corps sans vie encombraient toutes les rues, aussi communs que les feuilles d’automne que le vent ballottait. Des cadavres pourrissaient dans les étals, les ruisseaux, les fossés, les caves et tous les recoins obscurs et puants de la ville.
Ce devait être un combat jusqu’à la mort. Le champion des York, le roi Édouard, avait transmis à ses troupes l’ordre d’épargner les petits et de tuer les chefs parmi les ennemis.
Cet été-là, la ville aussi avait souffert de cette sanglante brutalité : à travers la musique des trompettes qui retentissait dans les rues de Londres, on percevait le choc des épées contre les boucliers. Certains quartiers étaient réduits en cendres tandis qu’au même moment les magnifiques bannières et étendards brodés des York et des Lancastre se frayaient un chemin à travers des colonnes de fumée épaisse qui assombrissaient les ruelles envahies d’odeurs nauséabondes.
Fin observateur des faiblesses de ses concitoyens, en particulier celles des seigneurs de la terre, ce chroniqueur avait tout recensé et il avait publié à grand fracas ses effroyables conclusions. C’était à n’en pas douter la saison du meurtre et de la mort violente, d’autant que les grands de ce monde s’étaient déjà affrontés, au début de l’été, dans les féroces batailles de Barnet et de Tewkesbury.
« Une ville de voleurs, un repaire de brigands, le manoir du crime et l’antre des âmes perdues. » Tel était le jugement du chroniqueur de St Paul, rédacteur des annales de la ville. Une description impitoyable de Londres en cette fin d’octobre de l’an de grâce 1471.
L’heure n’était pas aux combats d’épée ni aux conflits sanglants. Non, l’époque était plutôt propice aux intrigues, aux complots et contre-complots, aux duperies et aux finauderies.
- De la chance au jeu ? lui demanda Corbett.
Son serviteur esquissa un sourire malicieux.
- Tu ressembles plus que jamais à un diablotin venu de l'Enfer ! Fais attention, Ranulf, certains pourraient vouloir examiner tes dés.
- Je ne triche jamais.
- C'est cela, et il pleut des andouilles !
Sur les escarpements du djebel Ansarieh, là où djinns et démons se reposaient de leurs éternels combats contre les hommes, se dressait Am-Massafia, le repaire de roche ocre, le nid d'aigle du cheikh Al-Jebal, le Vieux de la Montagne.