AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Paul Celan (386)


Fugue de mort
...
lait noir de l'aube nous te buvons la nuit
te buvons à midi la mort est un maître d'Allemagne
nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons
la mort est un maître d'Allemagne son œil est bleu
il t'atteint d'une balle de plomb il ne te manque pas
....
Commenter  J’apprécie          40
Cristal

Ne cherche pas sur mes lèvres ta bouche,
ni devant le portail l'étranger,
ni dans l’œil la larme.

Sept nuits plus haut rouge s'en va vers rouge,
sept cœurs plus bas la main cogne au portail,
sept roses plus tard la fontaine bruit;
Commenter  J’apprécie          40
[…] Il y a aussi toujours, quand on parle de l’art, quelqu’un qui est là… et n’écoute pas vraiment.
Commenter  J’apprécie          40
...je tiens à vous dire combien il est difficile pour un juif d'écrire des poèmes en langue allemande. Quand mes poèmes paraîtront, ils aboutiront bien aussi en Allemagne et - permettez-moi d'évoquer cette chose terrible -, la main qui ouvrira mon livre aura peut être serré la main de celui qui fut l'assassin de ma mère... Et pire encore pourrait arriver... Pourtant mon destin est celui-ci : d'avoir à écrire des poèmes en allemand.
Paul Celan, lettre à Max Rychner, 1946
Commenter  J’apprécie          40
Le métier (Handwerk) - c'est affaire de mains (Hände). Et ces mains, à leur tour, n'appartiennent qu'à un homme - c'est-à-dire à un être unique et mortel, qui cherche un chemin avec sa voix et ses silences.
Il n'y a que de vraies mains qui écrivent de vrais poèmes. Je ne vois aucune différence de principe entre un poème et une poignée de main.
Paul Celan, Lettre à Hans Bender, du 18 mai 1960.
Commenter  J’apprécie          40
GRILLE DE PAROLE

Rond d'un œil entre les barres.

Vibratile animal paupière
rame vers le haut,
permet un regard.

Iris, nageuse, sans rêve et morose :
le ciel, gris-cœur, doit être proche.

Penché, dans la bobèche de fer,
le copeau fumeux cracheur de suie.
Au sens que donne la lumière
tu devines l'âme.

(Si j'étais comme toi. Si tu étais comme moi.
N'étions-nous pas
sous un seul et même alizé ?
Nous sommes des étrangers.)

Carrelage. Dessus,
serrées l'une contre l'autre, les deux
flaques gris-cœur :
deux
pleines bouches de silence.

p.139
Extraits, GRILLE DE PAROLE (SPRACHGITTER), Gallimard 1998.
Commenter  J’apprécie          40
À PRAGUE

La demi-mort,
allaitée avec notre vie,
était là tout autour de nous vraie d'images de cendre —

nous aussi
nous buvions encore, entrecroisés d'âme, deux dagues,
cousus à des pierres de ciel, nés de sang de mot
dans le lit de nuit,

nous avons grandi et grandi
de plus en plus l'un au travers de l'autre, il n'y avait
plus de nom pour
ce qui nous poussait (l'une des trente
et combien
était-elle, mon ombre vivante,
qui grimpait l'escalier de délire jusqu'à toi ?),

haute tour,
l'À-moitié s'allait construire dans le vers où,
Hradschin
de pur Non-de faiseur d'or,
un hébreu d’os,
moulu en sperme,
s’écoulait dans le sablier
que nous traversions à la nage, deux rêves maintenant,
sonnant
contre le temps, sur les places.

p.259-261
Extraits, RENVERSE DU SOUFFLE (ATEMWENDE), Gallimard 1998.
Commenter  J’apprécie          40
ET AVEC LE LIVRE DE TARUSSA

D'un
arbre, d'un
Oui, de lui aussi. De la forêt autour de lui. De la forêt
Inviolé, de la
pensée, dont il naquit : son,
mi-son, altéré, final, à la scythe
rimés ensemble,
au rythme
battant de la tempe des Échoués,
avec
le chaume respiré
des steppes écrit au cœur
de la césure des heures — dans le royaume,
dans le plus vaste
des royaumes, dans
la grande rime intérieure
au-delà de
le zone-des-peuples-muets, en toi
balance de la langue, de la parole, du lieu natal,
balance-exil.

De cet arbre, cette forêt.

De la dalle
du pont, d'où
il a rebondi
trépassé dans la vie, volant
de ses propres blessures, — du
Pont Mirabeau.

Où l'Oka ne coule pas. Et quels
amours ! (oui mes amis, du cyrillique aussi
j'ai chevauché par-dessus-la Seine,
chevauché par-dessus Rhin.)

p.149-151
Commenter  J’apprécie          40
Et - oui -
les baudruches des poètes proscripteurs
vipèrent, vespèrent et vitupèrent, grenouillent,
épistolent.
Bave de crapaud, ou
tripe de main et de doigt, dans laquelle
loin de l'Ecriture
le nom d'un prophète laisse sa trace...


Commenter  J’apprécie          40
Paul Celan
Décapé

la bise irradiante de ton langage
le bavardage bariolé du propre-
ment-vécu – le Mien-
poème aux cent bouches,
le Rien-poème.

Ouvert au tourbillon
des bourrasques,
dégagé libre
le chemin à travers
la neige aux formes d’humain,
la neige des pénitents, vers
les hospitalières
tables et tavernes de glacier.

Tout au fond
de la crevasse des temps,
près de la
glace alvéolaire,
attend, cristal de souffle.
ton inébranlable
témoignage.

*

WEGGEBEIZT vom
Strahlenwind deiner Sprache
das bunte Gerede des An-
erlebten – das hundert-
züngige Mein-
gedicht, das Genicht.

Aus-
gewirbelt,
frei
der Weg durch den menschen-
gestalteten Schnee,
der Büßerschnee, zu
den gastlichen
Gletscherstuben und –tischen.

Tief
in der Zeitenschrunde,
beim
Wabeneis
wartet, ein Atemkristall,
dein unumstößliches
Zeugnis.
Commenter  J’apprécie          30
Paul Celan
COLOGNE, AM OF

Temps du coeur, les êtres du rêve
tiennent lieu
de chiffre de minuit.

Un peu parla dans le silence, un peu se tut,
un peu alla ses chemins.
Banni et Perdu
étaient chez eux.

Vous cathédrales.

Vous cathédrales, non vues,
vous fleuves, non écoutés,
vous horloge, profondes en nous.
Commenter  J’apprécie          30
Paul Celan
Ta clé change, le mot change,
qui peut virevolter avec les flocons.
Poussée par le vent qui te balaye,
s'enroule autour du mot la neige.
Commenter  J’apprécie          30
J'AI ENTENDU DIRE



J'ai entendu dire : il y a
dans l'eau une pierre et un cercle
et au-dessus de l'eau une parole
qui met le cercle autour de la pierre

J'ai vu mon peuplier descendre à l'eau,
j'ai vu son bras aller s'accrocher dans la profondeur,
j'ai vu ses racines supplier le ciel que vienne une nuit.

Je n'ai pas couru derrière lui,
j'ai seulement ramassé par terre la miette
qui de ton œil a la forme et noblesse,
j'ai ôté à ton cou la chaîne des formules
et j'en ai ourlé la table où la miette se trouvait maintenant.

Et je n'ai plus vu mon peuplier.


/traduit de l'allemand par Jean-Pierre Lefebvre
Commenter  J’apprécie          30
On m'a dit qu'il y a
dans l'eau une pierre et un cercle
et sur l'eau un mot
qui dépose le cercle autour de la pierre.

J'ai vu mon peuplier descendre vers l'eau,
j'ai vu comment son bras agrippait les fonds,
j'ai vu ses racines vers le ciel implorer de la nuit.

Je ne l'ai pas poursuivi,
je n'ai ramassé que cette miette
qui a la forme de ton oeil et sa noblesse,
j'ai retiré de ton cou la chaîne des sentences,
j'en ai bordé la table où la miette fut posée.

Et n'ai plus vu mon peuplier.
(p. 13)
Commenter  J’apprécie          30
Paul Celan
Il est grand temps que l’on sache
Il est grand temps que la pierre s’habitue à fleurir
Que le non-repos batte au cœur .
Il est temps que le temps soit
Il est temps.
Commenter  J’apprécie          30
SOMMEIL ET REPAS



Le souffle de la nuit est ton drap, la ténèbre se couche contre toi.
Elle t’effleure la cheville et la tempe, te réveille à vie et sommeil,
elle te traque et déniche dans un mot, un désir, une pensée,
elle couche avec chacun d’eux, elle t’appâte et débusque.
Elle te peigne le sel des cils et te le donne à manger, à l’écoute
   de tes heures,
elle en recueille le sable et te le sert à table.
Et ce que, rose, elle fut, ombre et eau, elle te le verse.


/Traduction : Jean-Pierre Lefebvre
Commenter  J’apprécie          30
Au bleu qui cherche encore son oeil je bois le premier.
Je bois aux traces de tes pas, et je vois :
tu roules entre mes doigts, perle, et tu grandis.
Tu grandis comme ceux que l'on oublie.
Tu roules : le grêlon noir de la mélancolie
tombe dans un linge, de signes d'adieu tout blanchi.
Commenter  J’apprécie          30
Tant d’étoiles

Tant d’étoiles
qu’on nous retarde. Quand
je t’ai regardé , quand ? - j’étais
dehors avec
les autres mondes.

O ces chemins, galactiques,
o cette heure qui nous
a emportés les nuits dans
le poids de nos noms. Ce
n’est pas, je le sais,
que nous vivions, qu’il n’y avait
qu’un souffle aveugle entre
là-bas et le non-là et parfois,
comiquement, un augmentait
vers les éteints, dans les ravins,
là où il s’enflammait,
il y avait le temps
où il montait et descendait
et poussait, ce qui
était, ce qui était ou ce qui allait être,

Je sais,
je sais, et tu sais que nous savions que
nous ne savions pas, que nous
étions là et que nous n’y étions pas,
et parfois, quand
il n’y avait que le néant entre nous,
nous nous retrouvions complètement.
Commenter  J’apprécie          30
Corona


traduction n° 2

L’automne me mange sa feuille dans la main :
                   nous sommes amis.
Nous délivrons le temps de l’écale des noix et
lui apprenons à marcher :
le temps retourne à l’écale.

Dans le miroir, c’est dimanche,
dans le rêve on est endormi
la bouche parle sans mentir.

Mon œil descend vers le sexe de
                             l’aimée :
nous nous regardons
nous nous disons de l’obscur,
nous nous aimons comme pavot et mémoire,
nous dormons comme un vin dans les coquillages,
comme la mer dans le rai de sang jailli de la lune

Nous sommes là enlacés dans la fenêtre,
    ils nous regardent depuis la rue :
Il est temps que l’on sache !
Il est temps que la pierre se résolve enfin à fleurir.
qu’à l’incessante absence de repos batte un cœur.
Il est temps que le temps advienne.

Il est temps.


/Traduction de Jean-Pierre Lefebvre
Commenter  J’apprécie          30
Fugue de mort


Extrait 3

Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit
nous te buvons midi la mort est un maître venu d’Allemagne
nous te buvons soir et matin nous buvons nous buvons
la mort est un maître venu d’Allemagne son œil est bleu
elle te frappe d’une balle de plomb précise elle te frappe
un homme habite la maison tes cheveux d’or Margarete
il lance sur nous ses dogues il nous offre une tombe dans les airs
il joue avec les serpents et il songe la mort est un maître venu d’Allemagne


tes cheveux d’or Margarete
tes cheveux de cendre Sulamith
Commenter  J’apprécie          30



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Paul Celan (313)Voir plus

Quiz Voir plus

Où se passe l'action dans ces romans ?

de Albert Camus (France): où se passe l'action de "La peste" ?

Constantine
Alger
Oran

15 questions
132 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..