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Citations de Paul Greveillac (186)


Il comptait pour seuls compagnons, les crayons et les pinceaux qu’il parvenait à chiper. Pour seuls amis : le dessin et la peinture. (….) il eût magnifiquement incarné l’ermite philosophe, à qui sa grande sagesse enseigne qu’il n’est rien d’essentiel sinon de s’adonner à la contemplation du monde. Mais Liu le Pinceau n’avait que fiche de la sagesse. Et s’il passait le temps libre à œuvrer, c’était surtout parce qu’il était désoeuvré.

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L’internationale pointait parfois le bout de son nez. Mais Internationale mise à part, plus une trace de musique étrangère. Jiang Qing la considérant comme de « mauvaises herbes » regorgeant de « drames morts ». Seule rescapée : la musique albanaise, apparemment quant à elle bien vivante, en odeur de sainteté même depuis le rapprochement avec l’Albanie stalinienne d’ Enver Hoxha.
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Les rancoeurs sont plus vivaces que les idéaux.

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Sans se départir d’aucune œuvre, l’exposition ‘ L’histoire de la peinture américaine’ pouvait avoir lieu. On n’avait pas voulu perdre la face à l’oncle Sam.
Après tout, si la Chine était riche en promesses, ses poches étaient encore vides. Et celles des Yankees étaient pansues de milliards de dollars.
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La symétrie fascine l’œil et endort l’esprit. C’est pourquoi les régimes totalitaires adorent la symétrie.
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Mao était déjà sorti se promener dans la cour du restaurant. D’autres secrétaires de comité, dont Zhou Lin, venu du Guizhou, formaient autour du Président une nuée de papillons nocturnes attirés par la lumière. On allumait les lanternes sur leur chemin. La lune crémeuse s’accrochait au ciel du bout des ongles.

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(……) Mais la mémoire, semble-t-il, a beaucoup de points communs avec le cœur. Et le cœur est un muscle. Et un muscle s’atrophie.
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Vladimir Sergueïevitch conduisait solitaire son coeur et sa raison sur une route de campagne dénuée d'éclairage, que nul panneau ne jalonnait. Et la lecture clandestine des samizdats, -tamizdat- et autre écrits réprouvés ne lui avait pas servi à se forger une opinion. Elle n'avait fait que confirmer celle-ci. "Si vous détruisez les statues, préservez les socles. Ils peuvent toujours servir ", écrivit Jerzy Lec. Vladimir Katouchkhov n'était plus très sûr de ce qu'il avait fait de son socle. (p; 260)
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Plus il lisait de samizdats, et plus Katouchkov aimait cela. Pour une raison simple : ils le faisaient rire. D'un rire un peu cruel, dirigé contre le monde, mais surtout contre soi- comme quand on rencontre un réverbère parce qu'on a suivi du regard une femme. D'un rire empoisonné, parce qu'il vous forçait à vous regarder dans la glace. Et à ne plus vous raconter d'histoires, ni à prendre "tout ça" très au sérieux. Il ne reprochait donc plus à Agraféna ses lectures. Il les guettait même avec impatience, ces précieux feuillets de toutes sortes, bientôt plus beaux à ses yeux que toutes les bibliothèques reliées d'U.R.S.S. ( p. 202)
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Agraféna Kojoukhova, parce qu'elle aimait les meurtrissures dignes de ses poèmes, admirait son intégrité, voyait en elle l'incarnation de la femme courageuse et fière. (...) Katouchkov, parce que avec Akmatova disparaissait une figure littéraire incontournable, sans égale, un bout d'histoire avec lequel il avait toujours vécu- une sorte de tante éloignée, considérée comme un peu folle, à la gentillesse empruntée. Mais la mort d'Anna Akhmatova surtout le toucha parce qu'à travers elle il entrevit celle de sa mère. (p. 201)
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Katouchkov, de son côté, n'était pas dupe. Il connaissait assez l'histoire pour savoir que les hommes descendent rarement dans la rue pour promouvoir des idées, plus souvent parce qu'ils ont le ventre vide. (p. 46)
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Si Katouckhov a recours à la littérature interdite, c'est parce que la littérature "officielle" , à cause de la bureaucratie culturelle, vient au monde au compte-gouttes. Au forceps. Et qu'elle est, à vrai dire, bien pâlichonne. Dénuée en tout cas du pouvoir révolutionnaire du verbe voulu, de l'émotion ressentie- et non projetée. Pâlichonne, parce que si elle se regarde en face, "miroir qui se promène une grande route", elle est surtout en U.R.S.S. un miroir sans tain. (...) Katouchkov a donc faim de livres qui ne l'infantilisent pas, de livres substantiels. (p. 84)
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L'écrivain avait l'impression d'étouffer dans son appartement pourtant spacieux. Les prémices de l'été moscovite, peut-être. Il se dirigea vers la fenêtre qu'il ouvrit en grand. dans l'envie d'y voir quelque chose de nouveau, ou de voir différemment quelque chose qu'il connaissait déjà, il épousa du regard le Kremlin : ses murailles rouges, les dômes aveuglants du clocher d'Ivan le Grand, de la cathédrale de l'Annonciation...
Et tout ce à quoi il parvint fut de se souvenir (comme il haïssait ce souvenir- toutes ces pages à lire, toutes ces inepties superstitieuses) qu'on lui avait demandé, presque vingt-ans plus tôt, de lire la Bible pour en vérifier la justesse idéologique. Si cela n'avait tenu qu'à lui, on l'eût pilonnée, cette Bible, on en eût même brûlé tous les exemplaires. Tant d'âneries...Mais il avait fini par laisser la Bible tranquille. (p. 183)
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Ce livre séminal -printed in the United States of America-, que Katouchkov lit sans se presser, est sorti des presses new-yorkaises en 1952. Il a mis plus de neuf ans à parvenir entre les mains du censeur, et son périple mérite à lui seul un roman. Ainsi Katouchkov en savoure -t-il chaque mot, en palpe-t-il chaque phrase, en soupèse t-il chaque chapitre - ici appelé "Note". Il prolonge le plaisir parce qu'il prolonge la transgression, le danger. Et dans ce danger, il est lié à sa mère. Olga Katouchka ignore qu'il a lu son - Docteur Jivago- Mais elle est dangereuse, comme lui, parce que portée par l'insatiable curiosité de l'esprit, par l'ardeur farouche de l'intelligence qui ne sait pas trouver le repos. Pour Olga Katouchkova, pour Vladimir Katouchkovv, pour des millions de Soviétiques, les années Khrouchtchev devaient rester comme un âge d'or relatif (...) Et ce court âge d'or suffit à semer le germe de l'impertinence. (p. 83)
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Il est un âge où l'homme désapprend. Où il remet en cause ce qui lui a été inculqué. Cette expérience se fait nécessairement seul. (p. 83)
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Le poète [ Joseph Brodsky ] fut arrêté, placé deux fois en hôpital psychiatrique. (...) En février 1964, alors qu'il se rétablissait à peine d'une crise cardiaque, il fut enfin déféré en justice. L'affaire prit un tour piquant lorsque Brodsky, à son juge qui lui demandait : " Qui a reconnu que vous étiez poète ? Qui vous a classé parmi les poètes ?, répondit sans malice, peut-être sincèrement embarrassé: " Personne " Et après un moment de silence : " Qui m'a classé dans le genre humain ?" (p. 168)
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- Le Premier Cercle fut publié à l'Ouest, en 1968. En U.R.S.S, en 1990. Pas avant- et ce, malgré l'amputation de nombreux passages par leur auteur. Soljenistsyne, en exergue de son roman, fit figurer : "Ecrit de 1955 à 1958. Défiguré en 1964. Réécrit en 1968." Déclaration à rapprocher , peut-être, de ce qu'écrivit Nadejda Mandelstam : "Chez nous, ce n'est pas la censure qui édulcore un texte - elle ne fait qu'ajouter quelques touches finales- mais l'éditeur, qui le passe au peigne fin."
Mais admettons-le : éditer autant qu'écrire fut dans bien des cas, en U.R..S.S., un acte de bravoure. (p. 169)
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L'information est un pouvoir . Les états totalitaires, mieux que les autres, l'ont toujours compris; (p. 142)
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Tvardovski, qui n'en dit rien, depuis peu fréquentait de près un certain Alexandre Issaïevitch Soljenitsyne, dont le pedigree était pour le moins louche.
Soljenitsyne, désormais professeur de physique à Riazan, à deux cents kilomètres au sud-est de Moscou, avait purgé une peine de huit ans de camp pour activité contre-révolutionnaire.
Dans sa correspondance de guerre il avait eu le tort , entre autres, d'affubler Staline du sobriquet de Caïd. (p. 142)
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Bref. -La Laverie désenchantée- était un texte inclassable. Anton Vassiliev l'avait aimé sur-le-champ.
Son auteur , Mickaïl Liouchine , conclut sur ses lignes.

C'est ainsi que John Master inventa la littérature de laverie. Cousine germaine de la littérature de gare (...) Ainsi, un livre acheté sur présentoir dans une gare a-t-il l'espérance de vie de l'attente du train, à laquelle s'ajoute la durée du trajet lui-même. Et pour peu que l'entrée en gare du train ait du retard, ou qu'un inconvénient quelconque s'interpose- suicide, tronc d'arbre, justement, chu sur la voie ferrée-menus événements qu'un lecteur de gare avisé ne manquera pas d'anticiper, l'espérance de vie du roman de gare se trouve même, bien qu'artificiellement , allongée.
Un livre loué en laverie a, quand à lui, une durée de vie plus courte-disons, dans le meilleur des cas, du premier roulement de tambour à l'essorage d'un cycle lent. (p. 65)
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