Citations de Paul Éluard (1675)
La nuit n'est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis
Puisque je l'affirme
Au bout du chagrin
Une fenêtre ouverte
Une fenêtre éclairée.
Il y a toujours un rêve qui veille
Désir à combler ou à satisfaire
Un cœur généreux
Une main tendue
une main ouverte
Des yeux attentifs
Une vie, la vie à se partager
Paul Eluard
Pleure : les larmes sont les pétales du coeur ...
Dans l'amour la vie a encore
L'eau pure de ses yeux d'enfant
Sa bouche est encore une fleur
Qui s'ouvre sans savoir comment
Dans l'amour la vie a encore
Ses mains agrippantes d'enfant
Ses pieds partent de la lumière
Et ils s'en vont vers la lumière
Dans l'amour la vie a toujours
Un coeur léger et renaissant
Rien n'y pourra jamais finir
Demain s'allège d'hier
(" Le Phénix")
Lorsque nous nous regardons
Des nappes de neige étincellent
Sous le soleil qui se rapproche
Des fenêtres ouvrent leurs bras
Tout le long de la voie du bien
S'ouvrent des mains et des oiseaux
S'ouvrent les jours s'ouvrent les nuits
Et les étoiles de l'enfance
Aux quatre coins du ciel immense
Par grand besoin chantent menu
( extrait de " Sous l'angle d'or")
Nous étions deux et nous venions de vivre
Une journée d'amour ensoleillé
Notre soleil nous l'embrassions ensemble
La vie entière nous était visible
Quand la nuit vint nous restâmes sans ombre
A polir l'or de notre sang commun
Nous étions deux au coeur du seul trésor
Dont la lumière ne s'endort jamais
(" Le Phénix")
Avec tes yeux je change comme avec les lunes
Et je suis tour à tour et de plomb et de plume,
Une eau mystérieuse et noire qui t'enserre
Ou bien dans tes cheveux ta légère victoire.
(" Capitale de la douleur")
Le paysage nu
Le paysage nu
Oû je vivrai longtemps
A de tendres prairies
Où ta chaleur repose
Des miroirs où tes seins
Font miroiter le jour
Des chemins où ta bouche
Rit à une autre bouche
Des bois où les oiseaux
Entrouvrent tes paupières
Sous un ciel réfléchi
Par ton front sans nuages
Mon unique univers
Ma légère accordée
Au rythme de nature
Ta chair nue durera.
Nous nous étions trouvés retrouvés reconnus
Et le matin bonjour dîmes-nous à la vie
A notre vie ancienne et future et commune
A tout ce que le temps nous infuse de force.
(" Poésie ininterrompue")
Dit de la Force et de l'Amour
Entre tous mes tourments entre la mort et moi
Entre mon désespoir et la raison de vivre
Il y a l'injustice et ce malheur des hommes
Que je ne peux admettre il y a ma colère
Il y a les maquis couleur de sang d'Espagne
Il y a les maquis couleur du ciel de Grèce
Le pain le sang le ciel et le droit à l'espoir
Pour tous les innocents qui haïssent le mal
La lumière toujours est tout près de s'éteindre
La vie toujours s'apprête à devenir fumier
Mais le printemps renaît qui n'en a pas fini
Un bourgeon sort du noir et la chaleur s'installe
Et la chaleur aura raison des égoïstes
Leurs sens atrophiés n'y résisteront pas
J'entends le feu parler en riant de tiédeur
J'entends un homme dire qu'il n'a pas souffert
Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
Toi que j'aime à jamais toi qui m'as inventé
Tu ne supportais pas l'oppression ni l'injure
Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
Tu rêvais d'être libre et je te continue.
Les jeux de ces curieux enfants qui sont les nôtres
Jeux simples qui leur font les yeux émerveillés
Pleins d’une fièvre qui les rapproche et les éloigne
Du monde où nous rêvons de faire place aux autres
Les jeux d’azur et de nuages
De gentillesses et de courses à la mesure d’un cœur futur
Qui ne sera jamais coupable
Les yeux de ces enfants qui sont nos yeux anciens
Nous eûmes plus de charmes que jamais les fées.
Chacun est l'ombre de tous.
Journée mondiale de la poésie! Libérez les mots au vent du printemps et en toutes saisons!
L'amoureuse
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
(" Capitale de la douleur")
La nuit n’est jamais complète.
Il y a toujours puisque je le dis,
Puisque je l’affirme,
Au bout du chagrin,
une fenêtre ouverte,
une fenêtre éclairée...
Gabriel Péri
Un homme est mort qui n’avait pour défense
Que ses bras ouverts à la vie
Un homme est mort qui n’avait d’autre route
Que celle où l’on hait les fusils
Un homme est mort qui continue la lutte
Contre la mort contre l’oubli
Car tout ce qu’il voulait
Nous le voulions aussi
Nous le voulons aujourd’hui
Que le bonheur soit la lumière
Au fond des yeux au fond du cœur
Et la justice sur la terre
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d’amies
Ajoutons-y Péri
Péri est mort pour ce qui nous fait vivre
Tutoyons-le sa poitrine est trouée
Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux
Tutoyons-nous son espoir est vivant.
D’une seule caresse
Je te fais briller de tout ton éclat
L'AMOUR LA POÉSIE
Jours de lenteur, jours de pluie,
Jours de miroirs brisés et d'aiguilles perdues,
Jours de paupières closes à l'horizon des mers,
D'heures toutes semblables, jours de captivité
( extrait de " Leurs yeux toujours purs")
Il y a des mots qui font vivre
Et ce sont des mots innocents
Le mot chaleur le mot confiance
Amour justice et le mot liberté
Le mot enfant et le mot gentillesse
Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits
Le mot courage et le mot découvrir
Et le mot frère et le mot camarade
Et certains noms de pays de villages
Et certains noms de femmes et d'amis
Extrait d'un poème écrit pour rendre hommage à Gabriel Péri, journaliste communiste fusillé par les Allemands.
Un coeur n'est juste que s'il bat au rythme des autres coeurs.
Moi,
Hier il n'y a pas longtemps,
Je suis né dans les bras tremblants
D'une famille pauvre et tendre
Chaque jour les miens me fêtaient,
Mais je n'étais à la mesure
Ni de moi même ni des grands
Je n'avais pour but que l'enfance
Dans les méandres de ma chambre
Fermée aux jeux de l'impatience
Je ne rêvais que de fenêtres
Et je riais et je criais
A faire fondre le soleil
Mais je pleurais à faire rire
De mon chagrin la terre entière.
Paul Eluard
Recueil : "L'Amour la poésie"
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Ciel dont j’ai dépassé la nuit
Plaines toutes petites dans mes mains ouvertes
Dans leur double horizon inerte indifférent
Le front aux vitres comme font les veilleurs de chagrin
Je te cherche par delà l’attente
Par delà moi même
Et je ne sais plus tant je t’aime
Lequel de nous deux est absent.