Philippe Dessertine

Connais ton ennemi et connais-toi toi-même ; eussiez-vous cent guerres à soutenir, cent fois vous serez victorieux.
Si tu ignores ton ennemi et que tu te connais toi-même, tes chances de perdre et de gagner seront égales.
Si tu ignores à la fois ton ennemi et toi-même, tu ne compteras tes combats que par tes défaites.

Sun Tzu, L’Art de la guerre

Les grands soldats de notre nation [la Chine] sont d’abord fidèles aux idéaux de la révolution, dont les errements du monde capitaliste confirment tous les jours la pertinence.

A cet instant, le Président n'a quasiment plus de doute : l'intrus est non seulement indésirable mais il est aussi parvenu à tromper l'ensemble du système de sécurité d'un lieu considéré comme le mieux gardé du pays. La seule véritable incertitude concerne ses intentions réelles.

Avant, il y a bien longtemps, en 2019, le réchauffement, le risque climatique, ces concepts avaient fini par être compris par la majorité de l’opinion publique mondiale ; une part croissante de la population avait peur, déprimait même en considérant qu’aucune solution viable n’apparaissait véritablement. On était prêt à tout : à trier ses ordures, à utiliser seulement des voitures électriques, à ne plus prendre l’avion, à changer ses habitudes alimentaires.
Mais le petit geste pour la planète semblait toujours un peu vain, vaguement ridicule comparé à l’immensité du problème. Comment faire changer des milliards de Chinois ou d’Indiens, comment proposer des solutions acceptables par les populations les plus pauvres, comment lutter contre des mégacompagnies, plus puissantes que les États, comment espérer encore ?
Et le chronomètre ne cessait de tourner.

S’il est une autre et troisième raison pour laquelle l’ascension de la Chine pourrait se trouver contrariée, et, là encore, l’histoire peut être riche d’enseignements, ce serait, à la différence des précédentes, non pas le fait de la Chine elle-même mais d’un chaos provoqué par la fin de la suprématie américaine. La politique monétaire des États-Unis pourrait devenir l’un des principaux dangers vis-à-vis desquels la Chine aurait peu de prise, comme le démontrent d’autres situations comparables du passé. En l’occurrence, la référence adéquate pourrait être la fin de l’empire espagnol, cette fin du Siècle d’or évoqué plus haut, le temps de l’effondrement du premier numéro un mondial au tournant des 16e et 17e siècles.

Nous serions la première génération à préparer la régression, la fin du progrès, à remonter le toboggan dans le mauvais sens ; ce cauchemar que seule la science-fiction avait tenté d’imaginer jusque là : fameuse dernière scène de La Planète des Singes.

Et la région du Moyen-Orient, où les tensions atteignent un paroxysme inquiétant. Toutes les grandes religions monothéistes sont impliquées, et en particulier les chrétiens d’Orient, victimes de conflits qui les dépassent. Nous sommes bien au carrefour d’intérêts majeurs et contradictoires d’un grand nombre de puissances mondiales : les États-Unis, Israël, la Syrie, l’Irak, la Jordanie, la Russie, la Turquie, la Chine, l’Iran, les monarchies du Golfe et plusieurs pays européens. Franchement, il est difficile de faire converger autant de conflits potentiels en un seul lieu.

Il est plus difficile à un riche de renoncer à sa fortune terrestre qu’à un chameau de passer par le chas d’une aiguille… Y compris quand, de la sorte, il condamne au pire des avenirs sa propre descendance.

On peut rappeler, dans la période postérieure à la grande peste, au 14e siècle, les témoignages multiples racontant la difficulté qu’éprouvaient les survivants à assumer leur chance d’avoir survécu. L’art de l’époque témoigne d’une montée non concertée mais universelle d’une fascination pour la mort et pour le macabre, ce que l’on pourrait en termes modernes qualifier de tendance dépressive.

SYNOPSIS : Un projet ultra secret et ambitieux réunit des économistes internationaux au Vatican. L’un d’eux meurt une nuit, dans la chambre de Mme Hérail. Son amie, une économiste allemande se retrouve prise dans une toile où s’affrontent la curie romaine, les services secrets et la police.

DES FAITS SEMBLABLES ont inspiré l’auteur. Invité au vatican en 2014 pour une affaire similaire, le projet sera enterré avec la mort de Jean-Paul II.
La plume de l’écrivain nous dépeint avec brio les arcanes romaines, mais malgré tous des longueurs freinent le rythme du livre. De plus, un sentiment d’inachèvement, de précipitation gâchent la fin.
3/5