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Critiques de Pierre Combescot (50)
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Les Filles du Calvaire

Voilà sans conteste le roman qui m'aura le plus marqué ces dernières années. Un monument. A mi chemin entre Zola (pour son univers) et Proust (pour ses phrases à tiroir), l'auteur nous embarque dans les recoins les plus intimes d'un Paris de la première moitié du 20ème siècle. Avec une beauté du style sans égal, riche mais si fluide, Combescot tisse la vie de plusieurs personnages haut en couleur qui gravitent autour de cette Madame Maud, intrigante et si humaine, et son bar les trapézistes. Les vies sont mêlées les unes aux autres et se démêlent aux yeux du lecteurs au fur et à mesure des pages... Flash back, passé, présent, on va, on revient, on découvre, on retrouve, puis on comprend dans ces trois parties distinctes qui couvrent une cinquantaine d'années. Les longues phrases peuvent peut-être effrayer au premier abord, mais je vous assure qu'il n'en est rien. C'est comme lorsqu'on rentre dans une rivière et que l'eau fraîche nous saisit, d'abord frileux notre corps s'habitue, l'eau devient douce, il ne nous reste plus qu'à se laisser bercer par les flots de la rivières serein, apaisé, contemplatif.

Un chef d'oeuvre de la littérature !
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Les petites Mazarines

Vingt ans que je procrastine autour de ce livre... les confinements répétés ont cela de bénéfique: prendre des résolutions de PAL pour des ouvrages fossilisés, et avoir la satisfaction d’une chose enfin faite, en y trouvant un infini plaisir de lecture.



Conteur autant que journaliste historique, Pierre Combescot remonte le temps vers le 17e siècle dans l’ombre du Grand Mazarin et de sa brochette de nièces, toutes à bien placer à défaut de bien marier.

Issues de modestes familles de Bologne et de Sicile, les jouvencelles vont être positionnées en postes stratégiques matrimoniaux pour l’élévation du prestige du rusé premier ministre : « qui épouse les nièces, épouse le Cardinal ».



L’histoire d’amour du jeune Louis et de Marie va faire bruisser de rumeurs les murs du vieux Louvre, jusqu’à ce que la raison d’ État prévale. Le roi Soleil ira épouser son espagnole sur l’île des faisans ... et tant pis pour la petite Mazarine qui se forgera une autre destin que reine de France, une vie de femme titrée libre et passionnée, faite de rebondissements et d’intrigues.



Le lecteur entre de plein pied dans un tableau, où les complots et tractations sociales et politiques se cachent derrière les dentelles et rubans. Par une plume précieuse et un mode narratif guilleret et fantaisiste, l'auteur raconte le Grand siècle comme un roman d’aventures et d’amours, sans pour autant oublier une solide documentation concernant les personnages et les faits historiques.



Un livre sous fond de cruel libertinage de haute noblesse. A déguster pour l’impertinence virevoltante de la plume du regretté Combescot.

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Pour mon plaisir et ma délectation charnelle

J'avoue, j'ai d'abord lu ce roman pour le titre que je trouve magnifique et qui prend une tournure terrible quand on le lie au personnage de Gilles Rais. Le titre est d'ailleurs une formule que celui-ci aurait employée lors de son procès, pour "expliquer" ses crimes.



Malheureusement, passé le prologue halluciné (cité partiellement plus bas) sur l'état du Royaume à l'époque...Rien. C'est d'autant plus rageant quand on connait les qualités d'écriture de Combescot. Celles de conteur aussi, j'avais gardé un vieux souvenir plutôt très positif des Petites Mazarines.

Ici, on n'entend jamais un Gilles de Rais qui nous semblerait vivant, on n'entre à aucun moment dans sa psyché malade. Ce roman reste trop souvent un texte chronologique s'attachant seulement aux faits de l'époque, avec des personnages esquissés qui restent des figures floues et sans voix (Jeanne d'Arc, Charles VII...).
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Pour mon plaisir et ma délectation charnelle

Gilles de Rais a donné naissance au mythe de Barbe Bleue. Qui était-il, cet homme assoiffé du sang et des souffrances de très jeunes garçons ? « Ce fut un tueur d’enfants, un pédéraste, un sodomite, une bête enragée ; il eut de grands vices, mais n’en appartient que davantage à notre pauvre humanité. » (p. 13) Fidèle compagnon de Jeanne d’Arc, richissime et dispendieux marquis aux innombrables châteaux, le seigneur de Rais reste un mystère sur lequel plane un parfum de souffre. « Il se penche sur les cadavres. La mort devient sa compagne. Il veut la démasquer. Il y a de l’obstination dans cette quête. Il poursuit un but caché. Le connaît-il lui-même ? Il entre chaque jour un peu plus dans l’ombre du crime. Il est un assassin, il le reconnaît au plaisir qu’il a de tuer. » (p. 50) Ses meurtres et ses vices, il les accomplit alors que la France se cherche un roi, luttant contre l’ennemi anglais au cours de l’interminable Guerre de Cent Ans. Tandis que les manigances et les complots secouent la Cour, Gilles de Rais, dans ses terres, poursuit des jouissances de plus en plus sinistres. Cependant, au cours de son procès, c’est un repentir sincère qu’il exprimera, touché par la grâce qu’il a tant souillée.



Pierre Combescot aime l’Histoire, il sait la raviver et la mettre en mouvement sous nos yeux. Nous voilà dans les salles basses de Tiffauges, au côté des victimes juvéniles sur le point de périr. On ressent la fureur qui anime le seigneur des lieux et la folie qui ébranle son esprit avide et malade.



Gilles de Rais est une figure historique fascinante que j’ai déjà eu beaucoup de plaisir à croiser sous la plume de Michel Tournier avec Gilles et Jeanne ou Le roi des Aulnes, ou de Joris-Karl Huysmans avec Là-bas.

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Ce soir on soupe chez Pétrone

Il s'agit ici d'une chronique tenue par Lysias, proche de Pétrone. Avec la même verve que ce dernier, il va nous décrire la vie de celui-ci, sorte de pied-de-nez à tous ceux qui pensent que l'auteur du Satiricon n'a jamais existé. Bien entendu, il ne s'agit ici que de pure fiction puisque cette chronique n'a jamais existé. Cependant, il faut admirer la prouesse de Pierre Combescot qui s'est vraiment bien documenté et qui fait oublier la fiction. Le lecteur se retrouve plongé au cœur du monde antique, entre Pétrone, Juvénal ou encore Néron.



Certes, le style pourra ne pas plaire car le registre employé est souvent familier. Néanmoins, il convient de remettre les choses dans le contexte et de cesser de croire que les latins ou les grecs ne parlaient qu'en hexamètres dactyliques.



Ce soir on soupe chez Pétrone pourra apprendre énormément au lecteur car, sous des dehors un peu légers, toute l'histoire antique est là. Pierre Combescot pousse même à aller au-delà et à s'intéresser davantage à ce monde qui a tendance à être considéré comme difficile d'accès.



L'avis de François Nourissier éclaire assez bien ce livre : « Érudit, crapoteux, capiteux, licencieux, merdouillard, parfumé, encanaillé, mais un rien snob – voici un péplum de Pierre Combescot. […] De la caleçonnade à l'antique, mais pratiquée par un amateur de haute volée ! » (Le Point)
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Les Filles du Calvaire

1er tiers : Époustouflant...

Des portraits croquignolets de personnages chamarrés, dans un quartier dévoyé d'un Paris début XX ème siècle, quelques détours exotiques en Tunisie et en Italie, un style d'écriture à la Proust matiné d'argot souvent hilarant !



2ème tiers : Étourdissant...

De nombreux personnages changent de nom, apparaissent, disparaissent, pour mieux réapparaître au détour d'une phrase, la narration joue avec la chronologie, remonte le temps, le redescend, je m'y perds un peu, le style d'écriture s'alourdit, mais quelques passages demeurent flamboyants !



3ème tiers : Épuisant...

Est-ce la fatigue, mais je ne sais plus qui est qui, qui raconte, où sommes-nous, quand sommes-nous ?...

Je dois relire trois fois ces belles phrases interminables qui m'avaient tant plu au début, l'abus d'accents qui m'avaient tant fait rire, me deviennent illisibles, trop de putes, trop de tarlouzes, trop de tout...

Je m'épuise... Je m'endors !

Trop long... Beaucoup trop long !

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Les diamants de la guillotine

L' « Affaire du Collier de la reine » a généré une foule d'ouvrages et j'en connaissais évidemment les grandes lignes et les différents protagonistes.

Un scandale d'Etat qui a largement contribué à la chute de la monarchie française et à la Révolution, mais le "fruit" était déjà mûr.

L'auteur nous convie à en parcourir toutes les étapes, en remontant dès la conclusion laborieuse du mariage de l'archiduchesse d'Autriche Marie-Antonia avec le Dauphin, futur Louis XVI, ce que les historiens définissent comme le renversement des alliances.

Je ne puis non plus m'empêcher de trouver des correspondances entre l'esprit de ce XVIIIème siècle et notre temps … en pensant à certains récents scandales financiers qui ont bousculé la démocratie contemporaine.

Comment, par sa légèreté, sa « tête à vent », ses foucades frivoles, son absence totale de sentiment religieux et sa préoccupation constante de se désennuyer, la jeune Marie-Antoinette s'est créée une forêt d'aversions, en commençant par son mépris pour la Du Barry, favorite du vieux Louis XV. Cette entourloupe monumentale l'a considérablement flétrie dans l'opinion, alors qu'elle n'y a absolument pas prêté la main. C'est cependant son comportement fantasque et ses folles dépenses qui rendirent crédible son implication.

Deux personnages se détachent sur la scène dramatique de ce siècle finissant, au milieu d'une foule de courtisans et de ruffians : Jeanne de Saint Rémy, pseudo comtesse de la Motte, en flamboyante embrouilleuse et le prince Louis de Rohan-Guéménée, cardinal de Strasbourg.

Elle est une mythomane perverse, lui un libertin ambitieux mais naïf, qui se rêve en Richelieu, Mazarin ou même Fleury … Mais il y a un hic de taille : le « clan » de la Reine ne lui pardonne pas son ambassade à Vienne où il s'est montré peu respectueux envers l'impératrice Marie-Thérèse.

Rohan est prêt à tout pour rentrer en grâce à Versailles, et sa rencontre avec l'aventurière suitée de son mari et de son amant Réteaux de Villette, va engendrer une escroquerie monumentale.

L'écriture de Pierre Combescot est étourdissante. Les portraits des hommes et des femmes qui gravitent autour de la Cour, le rôle de la Presse – les libelles – les réactions de la foule, les rumeurs des réseaux déjà sociaux, le rôle des loges maçonniques en pleine expansion, l'ambiance de fin de règne que ce scandale politico-financier exacerbe … Tout est terriblement actuel, tellement français.

Bref, tombée par hasard sur ce livre, je l'ai adoré. Et je viens de m'apercevoir que j'avais en stock deux autres romans de Pierre Combescot … Vive le confinement volontaire à la campagne, mais avec des livres !
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Lansquenet

On attribue à l'empereur germanique Maximilien 1er la création de troupes mercenaires recrutées au sud de l'Allemagne pour combattre – avec succès comme à Pavie – l'armée de François 1er. le terme allemand « Landesknecht » a donné en français « lansquenet », littéralement « valet de campagne ».



Ce roman, qui parcourt allègrement quatre générations, raconte la descendance maudite de Georg von Freundsberg (1473 – 1528), chef d'une de ces armées privées et véritable entrepreneur de guerre, surtout renommé pour avoir saccagé Rome en 1527, ses troupes n'ayant pas reçu de leur employeur leur solde de 4 florins par mois.



On pense naturellement aujourd'hui à la milice Wagner … rien ne change !



Le héros et narrateur, Kuno von Freundsberg, revient au château de ses ancêtres, Schloss Schwartzauge, alors en déroute puisque nous sommes au printemps 1945. Il contemple les souvenirs de sa jeunesse en flammes … Mais quelle jeunesse ?



C'est l'histoire d'une faillite, d'un désastre l'autre, de Pavie à la chute du IIIème Reich. Kuno, qui fut orphelin très jeune, a survécu au cataclysme de la conquête de son pays par les armées alliées.



Ex-lieutenant de l'ex-SS 10° Panzerdivision, il se raccroche à la biographe de son lointain ancêtre et découvre avec stupéfaction que toute sa jeunesse n'a été que mensonges. Son grand-père, personnage abominable et justement haï, qui l'a forcé à s'enrôler dans la Hitlerjugend, n'est pas son grand-père, sa grand-mère juive – Ô scandale pour ce père qui a forcé son fils à épouser une demoiselle juive pour sa fortune - n'est pas morte comme on le lui a raconté … Seule demeure la gouvernante du château, Mademoiselle Marthe, qui en réalité ne s'appelle pas Marthe.



Un jeu de dupes à tiroirs, où les repères temporels sont parfois difficiles à situer, mais un roman à multiples rebondissements écrit dans un style flamboyant, drôle, riche d'images vécues, de portraits acérés, d'histoires d'amour et de haine antisémite absolue et pourtant si banale à cette époque et pas seulement en Allemagne ou en Autriche … Pas de traduction en bas de page pour les non-germanistes, mais après tout, la vie est un concours !
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Les diamants de la guillotine

: Pierre Combescot nous plonge dans « l’affaire du collier » qui est un évènement précurseur de la révolution française avec beaucoup de talent.

Ce roman nous plonge dans les facéties de la royauté avec une Marie-Antoinette frivole, joueuse, dépensière dans cette cour où les complots, les intrigues, les passions, les envies, les frustrations sont plus que présents. Elle est mariée à Louis XVI qui ne montre aucun talent pour régner en cette période difficile, ce qui facilitera les complots pour la révolution, et qui n’apporte rien à son couple, à ses amis.

L’auteur nous projette au sein de cette cour qui est elle aussi très frivole. Il nous dépeint ce monde avec beaucoup de gaieté, de couleurs, de décors. Et en utilisant le contraste avec le « peuple » qui n’apprécie pas sa nouvelle reine. Mais aussi le coté rusé et tenace de « Jeanne de la motte » qui sera la clé de toute cette sombre machination de par sa ténacité, et son envie de vengeance.

Ce livre mi- roman, mi- récit, est vraiment bien écrit par l’auteur, à travers des faits historiques concrets. L’impression de vivre cette histoire du 18ème siècle page après page est présente. Certes, les personnages sont nombreux et il ne faut pas s’y perdre, mais le plaisir de cette affaire historique vaut la peine d’être lue, et l’on ne peut que compatir pour cette reine mal-aimée, qui n’avait que le défaut majeur d’être mariée à un homme qui n’était pas pour elle, mais aussi de n’être peut être pas de son époque….




Lien : http://natalyetseslivres.blo..
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Les Filles du Calvaire

Un livre époustouflant... toutes ces vies entrelacées, ces personnages hauts en couleur "entre les morts et les vivants"... Un roman bien ficelé pour un prix Goncourt bien mérité !
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Les Filles du Calvaire

Les filles du calvaire/Pierre Combescot/Prix Goncourt 1991.

La première partie de l'histoire, celle de Madame Maud patronne du bistrot « Les Trapézistes » dans le quartier des « Filles du Calvaire », est une véritable pièce d'anthologie.

Derrière son comptoir, elle trône avec alacrité. Née Rachel Aboulafia, juive tunisienne dont la grand mère alimenta jadis la chronique de la Goulette, elle reçoit chaque jour un petit monde interlope très coloré : artistes du Cirque d'Hiver, souteneurs, prostitués des deux sexes, rabbins, danseuses, flics, commerçants. Mille et une destinées évoluant dans le Paris de la première moitié du XXé siècle. Elle veille à tout ce qui pourrait subvertir ce monde qui l'entoure.

« Vespérale et mystérieuse, emmaillotée dans sa nuit obscure, et trônant telle une déité barbare sur sa cargaison de Gitanes, de gauloises bleues, de Boyards papier maïs, de Celtique, de Ninas et de Chiquitos, confortable dans sa graisse violacée, flambante de toute sa chevelure, son opulente poitrine posée à même la caisse comme un objet propitiatoire, ex-voto pour toutes les planches à pain et les femelles limandes du quartier, Madame Maud ressemblait à une sorte d'éponge vénéneuse prête à absorber les secrets les plus intimes pour mieux tranquilliser le sien. »

Pierre Combescot, dont non seulement la grande culture mais aussi la verve sont évidentes, nous plonge dans un univers complètement baroque mais pourtant bien réel et en usant d'un vocabulaire d'une rare richesse et d'une grande poésie, et avec un style généreux, il met en scène une Madame Maud qui, elle, manie à merveille l'art de la palinodie.

L'épisode burlesque relatant sa très longue correspondance avec la mercière dénote une virtuosité du verbe inégalable.

« Ayant aperçu comme une ombre d'infamie, bien enfouie sous les débris de cette terne existence de mercière de quartier, Madame Maud n'hésita pas un instant : elle allait équarrir cet être, s'en jouer et, d'une certaine manière, comme le diamant de sa gangue, en faire sortir le feu. »

Quand Madame Maud s'exprime, c'est toujours très imagé : « Je vous jure que dans la haute, quand elles pondaient leurs gniards, elles en faisaient moins à la pose que cette rencarrure qui se gobe pour un lardon comme si elle vous chiait des pommes vapeur… »

Bien des passages m'on rappelé Georges Perec de par les digressions incessantes et l'emboitement des histoires ainsi que les sauts dans le temps et l'espace. La truculence et l'humour sont de tous les instants et cette écriture jubilatoire est un régal. Je pense en particulier aux amours improbables d'une lionne et de son dompteur. Et toutes ces références à l'histoire biblique rendent le récit imagé et même caricatural.

Et puis on fait un grand retour en arrière pour découvrir les parents et grands parents de Madame Maud, toute la famille Boccara et Aboulafia, résidant dans le quartier juif de Tunis, à La Goulette. Un fantastique portrait de famille avec Emma Boccara et Loulou son sigisbée, la grand-mère et sa fille Lea épouse Aboulafia. Toute une panoplie de succubes et d'escarpes évolue parmi les sentines de la Goulette et la belle Rachel, future Madame Maud, fille de Léa, n'est pas la plus mal à l'aise dans ce monde interlope.

Et le navire l'emmène vers cette Europe en guerre. Elle débarque à contre courant de l'exode dans un Paris inquiétant et cinéraire envahi par les Allemands et peuplé d'êtres fugitifs, des ombres torpides attendant l'orage. Assise à la dérive, elle est assaillie de réminiscences italo-niçoises, une rencontre d'antan, une prime émotion résidant au fond de l'âme :

« Pour la première fois, son corps devançait ses pensées, les guidait. Pour la première fois, sa chair proposait ; et elle s'offrait, telle la plante lourde qu'accable le poids du fruit qu'elle a formé, implorant la main bienveillante qui la cueillera. Pour la première fois, elle subissait la fatalité de l'espèce. le lent mûrissement du désir, qui est comme une injonction à se survivre par la perfection de l'amour. »

Quel magnifique passage !

Elle va rejoindre le bourdeau pour michetons et autres chochottes de la rue Rochechouard, chez Emma, là où officiait sa grand-mère et où venaient cachetonner parfois les escarpes du coin. Elle retrouve Raymond, l'ex de sa grand-mère avec qui elle va devoir s'acagnarder dans ce bordel en ruine.

L'Occupation allemande fait son oeuvre et la collaboration de même. La « plus précieuse raclure de la Gestapo et la fine fleur du trafic en tous genres se mêlent » dans un monde des plus interlopes insouciants des prémices d'une vengeance qui couve au moment où les alliés débarquent en Italie.

Un roman étonnant.

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Faut-il brûler la Galigaï ?

La biographie à peine romancée d'un personnage universellement haï et craint à la fois, une éminence grise avant l'heure … Quelle époque troublée que la fin des Valois et l'avènement des premiers Bourbons, dans une Europe déchirée par d'incessants conflits.



La France prise en étau entre la tentaculaire maison d'Autriche, une Espagne qui entend gouverner le monde mais où l'on s'acharne à trouver des infantes pour garantir la paix, les princes adeptes de la Réforme, l'Angleterre qui s'apprête à régner sur les mers …



La cour de France : luttes de clans, familles illustres qui sont autant de mafias, intrigues sanglantes pour inflitrer le pouvoir royal, l'affaiblir, le dominer … Une époque où les jeunes filles sont vendues dès leur plus jeune âge pour agrandir un territoire, conclure une alliance qui ne serait qu'un pacte temporaire de non-agression ou recueillir une dot, une contrée de fronde permanente et d'escarmouches entre troupes de mercenaires (reitres et lansquenets), une époque de prédation et de corruption, d'assassinats et de trahisons …



Marie de Medicis a été choisie pour donner un héritier mâle à Henri IV dont le mariage avec Margot n'est pas encore annulé, et pour éponger les dettes du trésor royal. Indolente et peu futée, elle est indissociable de son ombre, une femme laide qui lui a été donnée comme jouet quand elle était une petite fille taciturne, triste et renfermée à la cour du Grand-duc de Toscane : Léonora. C'est à travers la vie de cette âme damnée que l'auteur nous raconte cette époque de violence inouïe …



Incroyable ascension de cette fille de blanchisseuse devenue marquise et de son mari, spadassin complotiste d'une avidité sans limite … mais aussi dotée d'une intelligence politique hors du commun. Après tout, n'est-ce pas elle qui a recruté l'un de nos hommes d'Etat les plus éminents : Armand du Plessis, évêque de Luçon et futur cardinal de Richelieu ?



Du coup, on comprend mieux pourquoi Dumas a doté son personnage d'un caractère aussi pervers … Finalement, nos querelles et trahisons politiques d'aujourd'hui ont bien leur source quelque part ....
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Les Filles du Calvaire

Que dire de ce Prix Goncourt des Lycéens 1991 si ce n'est que j'ai beau essayer de continuer, je n'arrive plus à trouver la motivation et m'arrête donc de le lire.

L'ensemble est très brouillon, l'auteur nous perd très souvent, que ce soit sur les personnages, l'histoire ou certaines cultures qui me sont étrangères. Il y a parfois des paragraphes entiers que je ne comprends pas et dont je ne comprends pas l'objectif.

Lecture pour ma part très décevante que je préfère abandonner (à la page 280 quand même car j'ai gardé un temps l'espoir d'accrocher).
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Les Filles du Calvaire

Depuis le temps que je voulais les lire, ces « Filles du Calvaire », de Pierre Combescot ! Prix Goncourt en 1991, année particulière pour moi en plus.

Nous sommes dans le quartier du même nom, à Paris, et madame Maud y règne en maître du haut de sa caisse du bar « Les trapézistes » face au Cirque d’hiver. C’est que c’est une figure dans le coin la Maud, avec sa chevelure flamboyante et ses jambes sublimes qu’elle ne dévoile pourtant jamais. Jusqu’au jour où elle se fait coffrer pour meurtre, et où les langues se délient, nous faisant ainsi découvrir son incroyable vie...

Que j'ai eu du mal !!! La langue argotique utilisée pour dépeindre le milieu populo parisien était quasiment du charabia pour moi, et j’ai dû m’accrocher sec. Et puis peu à peu, on découvre la vie incroyable des protagonistes du roman, qui nous fait voyager de Paris à La Goulette, de la « joyeuse collaboration » à l’après-guerre. Et c’est là que ce roman est hyper fort, dans la richesse de ses personnages dont on découvre peu à peu les histoires, ces dernières s’imbriquant parfaitement entre elles. Le livre mériterait en ce sens une relecture, mais bon, j’ai déjà eu du mal une fois, on ne va pas recommencer !

Bref, un livre très riche et très vivant, mais qui se mérite !
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Ce soir on soupe chez Pétrone

Lysias, disciple de Pétrone nous livre ici avec une certaine gouaille la vie romancée de l'auteur du Satiricon.

Bien que romancé, le talent de l'auteur nous ferait presque oublié ce détail.

Une véritable plongée dans le monde antique dans un style truculent et un humour débridé.



Un roman à double vocation : historique et littéraire, où l'on passe un agréable moment en compagnie de nos deux compères. La foule de personnages qui se croise dans cet ouvrage apporte un certain attrait historique.
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Les Filles du Calvaire

Il y a des livres auxquels on n'arrive pas à accrocher ... de ces filles du calvaire, je n'ai retenu que le calvaire que je n'ai pas réussi à achever ...
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Les Filles du Calvaire

Épopée picaresque et pittoresque s'il en est, "Les filles du Calvaire" de Pierre Combescot reprend les mythes de Parsifal et de Lilith. Je vous rassure, c'est juste une parabole lointaine de ces deux légendes. Prix Goncourt 1991, "Les filles du Calvaire" font revivre un demi-siècle d'un Paris clandestin, hors-la-loi, interlope dans un style littéraire non moins baroque que n'aurait pas renié des auteurs comme Francis Carco, Guillaume Appolinaire ou encore Alphonse Boudard.



Rachel Aboulafia, juive tunisienne, ancienne danseuse nue à Tabarin et accessoirement donneuse sous le speudo de "la Raie" à la Mondaine, petite-fille d'Emma Boccara, fieffée gourgandine et personnage haut en couleur ayant fait les beaux jours de la Goulette - quartier populaire de Tunis - devenue Maud Boulafière par les hasards de l'histoire, est la tenancière du bistrot Les Trapézistes aux Filles du Calvaire. Rachel, persuadée d'être l'incarnation vivante de Lilith et - de ce fait - maudite dans sa vie et dans sa chair.
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Les Filles du Calvaire

Encore un prix Goncourt qui laisse perplexe !

On aurait pu espérer un bon cru, du fait que ce roman a eu le prix Goncourt général et celui des lycéens.

Personnellement, je n'ai pas réussi à entrer dans cette histoire avec des personnages qui se veulent pourtant sympathiques et un côté loufoque.

Mais non, cela n'a pas suffit ! Il manque quelque chose que je n'arrive pas à définir.

En tout cas, ce livre ne semble pas être resté dans l'histoire, de même que l'auteur.
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Les petites Mazarines

Elles étaient sept petites Mazarines, nièces du grand Cardinal, arrivés comme des primeurs en cageots, de Rome à la cour de France. Olympe, Marie, Hortense, Marianne... et les autres. Les quatre premières seules nous intéressent qui menèrent leur existence à grandes guides. Avec la liberté des aventurières du théâtre espagnol, elles parcoururent leur siècle, participant à toutes les cabales, à toutes les affaires de leur temps et même à celles des poisons. Deux d'entre elles faillirent être reines, leur gloire fut spectaculaire, leur chute aussi. Elles furent des "stars", l'intrigue les poussa souvent vers des sentiers réprouvés par la morale, provoquèrent des scandales et se trouvèrent au carrefour de l'Histoire.

Peu douées pour des existences rangées, leurs amours, leur fantaisie, leurs défauts même et cette étrange folie que chacune déclinait à son gré leur donnèrent un éclat rare, cette grâce particulière qui leur restitua ce que l'Histoire leur avait refusé.
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Les Filles du Calvaire

En écoutant Jean-Claude Zylberstein, à qui l’on doit tant de chefs d’œuvre publiés en 10-18, dire qu’un romancier devrait d’abord raconter une histoire, je me dis que Pierre Combescot est un sacré romancier. Les filles du Calvaire ce n’est pas l’histoire de religieuses égarées en banlieue mais une station de métro près de laquelle commence cette histoire. Il s’agit d’une femme, tenancière de bistro venant de La Goulette (le port de Tunis où soit dit en passant se sont mariés mes arrière grands parents) en passant par la Nouvelle Athènes élargie Les personnages sont nombreux et on peut s’y perdre entre le cirque, la collaboration, les clandés, les escarpes et les juifs de La Goulette, mais cela n’a aucune importance car ce roman est la rencontre d’une histoire et d’un style foisonnants. Ce style est un mélange d’Alphonse Boudard et de préciosité. Je retiendrais pour le côté Boudard, la tenancière d’un hôtel borgne qui demande : « C’est pour la nuit ou c’est pour le moment ? » Comme disait Jean-Claude Gaudin à propos de sa jeunesse : « Ca se raconte pas tout » mais ça se dévore. En 1991, les Goncourt ne se sont pas trompés.
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