Citations de Pierre Gagnon (48)
- Tu as faim, Charlie ? On pourrait s'arrêter pour manger quelque chose ?
Il a fait non de la tête, sa casquette semblait du même avis.
- Vous prenez des médicaments , monsieur ?
- Avant les spectacles rock seulement, mais soyez gentil, n'en parlez pas à ma mère.
Ça me fait tout drôle de crever. Ce doit être l'effet du Démérol.
Trois fois que l'ambulancier me demande mon nom. Bientôt j'essaie Beethoven.
Les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas...
"Léo est très agréable à côtoyer, fait jamais la gueule. Volontaire, il participe à tout. Hier, c'est lui qui a coupé les pommes de terre. Bon, d'accord, on a soupé tard, et alors ?"
Ses parents l’avaient pour eux tout seuls, enfin !
Ses parents l’avaient pour eux tout seuls, hélas !
« Je t’aime, Constance, je veux me marier avec toi ! »
Elle n’avait que faire de mes sentiments à son égard, émotions que je criais pourtant de toutes mes forces … dans ma tête. Et comme elle était plutôt grosse, ma tête, alors je hurlais comme dans un stade, espérant qu’elle me ferait signe, sagement assise, droite et seule sur un banc rouge, son billet d’entrée entre les mains.
Il dit "prend garde" pour "fais attention", ou encore, "s'estropier" pour "blesser" (...) S'il s'adresse à moi, ses phrases se terminent par mon vieux. Cela me plait assez, le demi-siècle nous séparant ne semble occuper que peu d'espace.
Maintenant, Léo entame une période de rébellion. Dès que je l'installe devant la fenêtre, le reflet de sa propre image le trouble et il se met à engueuler le type qu'il voit.
Léo est devenu vieux. Les vieux oublient, s'étouffent, font répéter, voient trouble, tombent, n'en veulent plus, en veulent encore, ne dorment plus la nuit, dorment trop le jour, font des miettes, oublient de prendre leurs médicaments, nous engueulent tant qu'on serait tenté de les engueuler à notre tour, pètent sans le savoir, répondent quand on n'a rien demandé, demandent sans attendre de réponse, échappent puis répandent, ont mal, rient de moins en moins, gênent le passage, s'emmerdent, souhaitent mourir et n'y parviennent pas... (p. 49).
A ne dire que l'essentiel, l'homme est moins porté à mentir.
C'est un livre tendre, juste...on sent le vrai et l'intégrité...qui est cet auteur? ...à découvrir!...
Lorsque j'ai accueilli Léo chez moi, les amis ont cru que je n'allais pas tenir, que j'allais le retourner, avec le hamster. Mais dès leur première visite, ils sont étonnés et s'exclament qu'il est formidable. Je ne peux m'empêcher de me demander s'ils pensaient voir un monstre.
Un jour, Léo m'avait demandé :
- Si tu l'aimes, pourquoi tu la prends pas avec toi, ta tante ? Tu serais pas obligé de faire tout ce trajet ...
Depuis, chaque matin, seul devant la glace, cette question revenait me visiter.
Un bonheur paisible, ici, chez moi, avec celui que j'aimerai comme mon enfant, sans avoir à l'éduquer. La voilà, ma retraite !
Je ne connais presque rien de Léo et j'ai réussi à l'aimer. Je suis fier de moi.Bientôt, il me faudra le rendre. Il me semble que l'on ne fait que ça de notre vivant, abandonner ceux qu'on aime.
Tout le personnel le trouvait "adorable", comme le sont certains vieux pour peu qu'on prenne le temps de les écouter plutôt que de parler pour eux.
e ne les comprenais pas d’aimer Jésus. Fixé à ses deux madriers, il semblait terne et misérable. Rien pour évoquer le bonheur. Il m’arrivait de l’observer et de glisser une main sous ma veste. Je me tâtais alors, inquiet à l’idée de posséder mois de côtes que lui.
Les vieux (…) souhaitent mourir et n’y parviennent pas.