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Citations de Pierre Kropotkine (169)


Les puits des mines portent encore, toutes fraîches, les entailles faites dans le roc par le bras du piocheur. D'un poteau à l'autre les galeries pourraient être marquées d'un tombeau de mineur, enlevé dans la force de l'âge par le grisou, l'éboulement ou l'inondation, et l'on sait ce que chacun de ces tombeaux a coûté de pleurs, de privations, de misères sans nom, à la famille qui vivait du maigre salaire de l'homme enterré sous les décombres.
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Chaque hectare du sol que nous labourons en Europe a été arrosé des sueurs de plusieurs races ; chaque route a toute une histoire de corvées, de travail surhumain, de souffrances du peuple.
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Si vous terminez vos études de droit et si vous vous préparez pour le barreau, il se peut que vous aussi, vous vous fassiez des illusions relativement à votre activité future, — j’admets donc que vous êtes des meilleurs de ceux qui connaissent l’altruisme. Vous pensez, peut-être : « Consacrer sa vie à une lutte sans trêve ni merci contre toutes les injustices ; s’appliquer constamment à faire triompher la loi, expression de la justice suprême : quelle vocation pourrait être plus belle ! » et vous entrez dans la vie plein de confiance en vous-même, en la vocation que vous avez choisie. Eh bien, ouvrons au hasard la chronique judiciaire et voyons ce que va vous dire la vie.
Voici un riche propriétaire ; il demande l’expulsion d’un fermier-paysan qui ne paie pas la rente convenue. Au point de vue légal, il n’y a pas d’hésitation possible : puisque le paysan ne paie pas, il faut qu’il s’en aille. Mais si nous analysons les faits, voici ce que nous apprenons. Le propriétaire a toujours dissipé ses rentes en festins joyeux, le paysan a toujours travaillé. Le propriétaire n’a rien fait pour améliorer ses terres, et néanmoins la valeur en a triplé en cinquante ans, grâce à la plus-value donnée au sol par le tracé d’une voie ferrée, par les nouvelles routes vicinales, par le dessèchement des marais, par le défrichage des côtes incultes ; et le paysan qui a contribué pour une large part à donner cette plus-value à la terre, s’est ruiné ; tombé entre les mains des agents d’affaires, perdu de dettes, il ne peut plus payer son propriétaire. La loi, toujours du côté de la propriété, est formelle ; elle donne raison au propriétaire. Mais vous, en qui les fictions juridiques n’ont pas encore tué le sentiment de la justice, que ferez-vous ? Demanderez-vous qu’on jette le fermier sur la grande route — c’est la loi qui l’ordonne, — ou bien demanderez-vous que le propriétaire restitue au fermier toute la part de la plus-value qui est due au travail de celui-ci ? — c’est l’équité qui vous le dicte. — De quel côté vous mettrez-vous ? pour la loi, mais contre la justice ? ou bien pour la justice, mais alors contre la loi ?
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Le jour où nous aurons su établir assez d’entente entre les exploités pour sortir au nombre de plusieurs milliers d’hommes dans la rue et prendre la défense de nos droits, personne n’osera nous disputer ces droits, ni bien d’autres encore que nous saurons revendiquer. Alors, mais seulement alors, nous aurons acquis ces droits, que nous pourrions vainement mendier pendant des dizaines d’années à la Chambre ; alors ces droits nous seront garantis d’une manière bien autrement sûre que si on les inscrivait de nouveau sur des chiffons de papier. Les libertés ne se donnent pas, elles se prennent.
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Aujourd’hui, l’État est parvenu à s’immiscer dans toutes les manifestations de notre vie. Du berceau à la tombe, il nous étrangle dans ses bras. Tantôt comme État central, tantôt comme État-province ou canton, tantôt comme État-commune, il nous poursuit à chaque pas, il apparaît à chaque coin de rue, il nous impose, nous tient, nous harcèle.

Il légifère sur toutes nos actions. Il accumule des montagnes de lois et d’ordonnances dans lesquelles l’avocat le plus malin ne sait plus se retrouver. Il crée chaque jour de nouveaux rouages qu’il adapte gauchement à la vieille patraque rhabillée, et il en arrive à créer une machine si compliquée, si bâtarde, si obstructive, qu’elle révolte ceux-là même qui se chargent de la faire marcher.

Il crée une armée d’employés, d’araignées aux doigts crochus, qui ne connaissent l’univers qu’à travers les sales vitres de leurs bureaux, ou par leurs paperasses au grimoire absurde ; — une bande noire qui n’a qu’une religion, — celle de l’écu, qu’un souci, celui de se raccrocher à un parti quelconque, noir, violet ou blanc, afin qu’il garantisse un maximum d’appointements pour un minimum de travail.
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Mais, si les formes ont changé, les relations sont restés les mêmes. Et le travailleur accepte, sous le nom de contrat libre, des obligations féodales ; car nille part il ne trouverait de meilleurs conditions. Le tout étant devenu la propriété d'un maitre, il doit céder ou mourir de faim !
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A chaque phase économique répond sa phase politique, et il sera impossible de toucher à la propriété sans trouver du même coup un nouveau mode de vie politique
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méditez sur l'origine de toutes les fortunes grandes ou petites, qu'elles viennent du commerce, de la banque, de l'industrie ou du sol. Partout vous constaterez que la richesse des uns et faite de la misère des autres
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En effet ne conçoit on pas qu'il est absurde de nommer quelques hommes et de leur dire "Faites nous des lois sur les manifestations de notre vie, lors meme que chacun de vous les ignore ?"
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-« Parce que la Bible le veut ? » Mais la Bible n’est qu’une collection de traditions babyloniennes et judaïques - traditions collectionnés comme le furent les chants d’Homère ou comme on le fait encore pour les chants basques ou les légendes mongoles ! Dois-je donc revenir à l’état d’esprit des peuples à demi barbares de l’Orient?
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Et le désordre, ce qu’ils appellent le désordre ? C’est le soulèvement du peuple contre cet ordre ignoble, brisant ses fers, détruisant les entraves et marchant vers un meilleur avenir. C’est ce que l’humanité a de plus glorieux dans son histoire.
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« La plante, le reptile et l’homme, tous trois, obéissent à un besoin de la nature. Soit ! Eh bien, moi, j’obéis aussi à un besoin de ma nature en haïssant la plante qui pue, la bête qui tue par son venin et l’homme qui est encore plus venimeux que la bête. Et j’agirai en conséquence, sans m’adresser pour cela ni au diable, que je ne connais d’ailleurs pas, ni au juge que je déteste bien plus encore que le serpent. Moi, et tous ceux qui partagent mes antipathies, nous obéissons aussi à un besoin de notre nature. Et nous verrons lequel des deux a pour lui la raison et, partant, la force. »
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Quoi qu’il fasse, l’homme recherche toujours un plaisir, ou bien il évite une peine.
(page 21)
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De plus, tandis que le christianisme primitif, comme toutes les autres religions, était un appel aux grands sentiments humains d'entraide et de sympathie, I'Église chrétienne a aidé l'État à détruire toutes les institutions d'entraide et de soutien mutuel déjà formées antérieurement ou qui se développaient en dehors d'elle ; au lieu de l'entraide, que tout sauvage considère comme due à son allié, elle a prêché la charité qui prend un caractère d'inspiration divine et en conséquence implique une certaine supériorité de celui qui donne sur celui qui reçoit.

P. 322
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Pendant ces périodes de sommeil, on discute rarement les questions de morale. Les pratiques religieuses, l’hypocrisie judiciaire en tiennent lieu. On ne critique pas, on se laisse mener par l’habitude, par l’indifférence. On ne se passionne ni pour ni contre la morale établie. On fait ce que l’on peut pour accommoder extérieurement ses actes à ce que l’on dit professer. Et le niveau moral de la Société tombe de plus en plus. On arrive à la morale des Romains de la décadence, de l’ancien régime, de la fin du régime bourgeois. 
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L'histoire de la pensée humaine rappelle les oscillations du pendule, et ces oscillations durent déjà depuis des siècles. Après une longue période de sommeil arrive un moment de réveil. Alors la pensée s’affranchit des chaînes dont tous les intéressés — gouvernants, hommes de loi, clergé — l’avaient soigneusement entortillée. Elle les brise. Elle soumet à une critique sévère tout ce qu’on lui avait enseigné et met à nu le vide des préjugés religieux, politiques, légaux et sociaux, au sein desquels elle avait végété. Elle lance la recherche dans des voies inconnues, enrichit notre savoir de découvertes imprévues ; elle crée des sciences nouvelles.
Mais l’ennemi invétéré de la pensée — le gouvernant, l’homme de loi, le religieux — se relèvent bientôt de la défaite. Ils rassemblent peu à peu leurs forces disséminées ; ils rajeunissent leur foi et leurs codes en les adaptant à quelques besoins nouveaux. Et, profitant de ce servilisme [sic] du caractère et de la pensée qu’ils avaient si bien cultivé eux-mêmes, profitant de la désorganisation momentanée de la société, exploitant le besoin de repos des uns, la soif de s’enrichir des autres, les espérances trompées des troisièmes — surtout les espérances trompées ils se remettent doucement à leur œuvre en s’emparant d’abord de l’enfance par l’éducation. 
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Quand j’arrivai à Zurich en 1872 et que j’y fis la connaissance de quelques étudiantes, je vis avec étonnement de très jeunes filles qui suivaient les cours de l’école polytechnique, résoudre les problèmes compliqués de la théorie de la chaleur à l’aide du calcul différentiel, avec autant d’aisance que si elles avaient étudié les mathématiques pendant des années. Une de ces jeunes filles russes, qui étudiait les mathématiques sous la direction de Weierstrass à Berlin, Sophie Kovalevsky, devint un mathématicien de haute valeur, et fut appelée comme professeur à Stockholm ; elle fut, je crois, la première femme de notre siècle qui exerçât le professorat dans une université d’hommes. Et elle était si jeune qu’en Suède on ne l’appelait pas autrement que Sonia, diminutif de Sophie. Malgré la haine manifeste d’Alexandre II pour les femmes instruites — quand il rencontrait au cours de ses promenades une jeune fille en lunettes et en chapeau garibaldien, il se mettait à trembler, pensant que c’était une nihiliste prête à tirer sur lui...
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tandis qu’il suffit, on le sait, d’alléger tant soit peu la misère des grandes villes, pour que la criminalité diminue dans des proportions considérables
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Traitons les autres comme nous voulons être traités nous-mêmes. [...] Le bonheur de chacun est intimement lié au bonheur de tous ceux qui l’entourent. On peut avoir par hasard quelques années de bonheur relatif dans une société basée sur le malheur des autres ; [...] mais il est misérablement petit en comparaison du bonheur possible dans une société d'égaux. [...] Sois fort ; sois grand dans tous tes actes ; développe ta vie dans toutes les directions ; sois aussi riche que possible en énergie, et pour cela sois l’être le plus social et le plus sociable - si tu tiens à jouir d’une vie pleine, entière et féconde. Guidé toujours par une intelligence richement développée, lutte, risque [...], jette tes forces sans les compter, tant que tu en as, dans tout ce que tu sentiras être beau et grand - et alors tu auras joui de la plus grande somme possible de bonheur .
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Partout où nous allons, nous trouvons la même vie du clan, les mêmes associations d'hommes, quelque primitifs qu'ils soient, en vue de l'entraide. Darwin avait donc tout à fait raison lorsqu'il voyait dans les qualités sociales de l'homme le principal facteur de son évolution ultérieure, et les vulgarisateurs de Darwin sont absolument dans l'erreur quand ils soutiennent le contraire.
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