AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Pierre Siniac (199)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Les enfants du père Eddy

Eddy Humphrey Bobard, garagiste d'ocas, ancien petit braqueur  poissard,

en a marre de trimer pour les autres et décide de faire un gros coup pour se dérouiller les pognes pleines de cambouis.

Justement, l'embobineur tombe en extase devant  Popov et Popovskaia  deux momies ouezbek parées comme des reines

qui font la tournée des musées les mieux gardés de l'hexagone...

Le voilà accompagné de son encombrant beau-papa Balia la bavasse, ancien coupeur de tifs parigot à la langue trop bien pendue, qui le  suit bouche bée, autant dire un exploit , dans cette aventure croquignolesque !

Encore un coup  abracadabrant du prestidigitateur Siniac qui sort de sa casquette , un polar farfelu avec  deux vedettes improbables lancées dans une aventure plus que beaux-hazardeuse...

A leurs basques  des huiles  de vidange comme Mémé Talunie, Milou  la Scie , des sentimentaux qui cherchent à affûter leurs meuleuses, à chauffer leurs chalumeaux, leurs chignoles mais trouvent au garage la porte close...

La verve et l'imagination débridée de Pierre Siniac qui  dépassent les bornes du polar quotidien ne me lasse pas. 

L'aventure rocambolesque très visuelle pourrait être adaptée au cinoche par Jean-Pierre Mocky et compagnie.

Avis aux amateurs de série BZ, série sarcophage,

Les enfants du père Eddy...pas du genre à dormir debout !
Commenter  J’apprécie          410
Le Crime du dernier métro

Le crime du dernier métro de Pierre Siniac fait partie de la Série grise des Editions Baleine pour lecteurs de 85 à 86 ans

L'action se déroule avant l'apparition du Météor, à l'époque du bon vieux métro parisien .

Pour les provinciaux, un plan de la ligne 12 flanqué derrière la page de titre permet de ne pas se mélanger les pinceaux avec les noms de stations et de suivre l'affaire les doigts dans le pif :

Frangillard, un paisible retraité de 80 berges est retrouvé pendu à une laisse de chien dans un wagon du dernier métro. un crime perpétré entre les stations Jules Joffrin et Max Dormoy

un sucide ? L'hypothèse est exclue, le vioque était trop petit pour s'accrocher tout seul au plafond...

Alors qui l'a hissé, l'a assassiné ?

Quelques personnes étaient présentes dans la rame mais n'ont rien vu, ni entendu, les parigots étant pressés, indifférents, étourdis ...mais certains sont plutôt louches et suspects

comme ce brocanteur du dimanche , cet artiste décorateur au chomdu, cette vioque mordue de polar accroché à sa valoche et un gars d'Aubervilliers....

Les condés tenaces mais déboussolés par le manque de preuves et de mobiles, enquêtent à l'ancienne, interrogent à coups de baffes, arrangent les faits, font des liens avec des meurtres dans le quartier glauque de la Chapelle...Mais que dalle !

Comme souvent chez cet auteur imaginatif, le dénouement est pour le moins imprévisible...une affaire peut en cacher une autre...

Le crime du dernier métro, un très bon Siniac grisonnant bien timbré !

Commenter  J’apprécie          410
Les morfalous

Sud tunisien en 1943, à El Fétydja, l'heure du repli

n'a pas encore sonné pour la troupe de légionnaires français.

Le capitaine Mercier et ses hommes ont pour mission de défendre

coute que coute la banque France Afrique...

Pas question de laisser le pactole aux membres de l'Africa Korps

qui défendent la place à deux pas de la caverne d'Ali baba.

Le sergent Augagneur lui n'a d'yeux que pour les 3 milliards

de lingots d'or gentiment empilés dans le coffiot blindé.

Si seulement, il avait le numéro ou quelques kilos de dynamite

sous la main pour ouvrir le sésame de la malle au trésor...lui faire

dégueuler les biftons..Ce serait fini l'usine, la petite vie de titi à Paris...

A ses cotés, réfugiés dans un bLockhaus à l'écart,

le capitaine Schoelzer,le barroudeur adjudant Mahuzard,

le deuxième classe Boisseau et le dysentrique Berral hésitent encore...

Pas gagné pour Augagneur à les motiver à risquer leur peau,

même pour 600 millions chacun...

le terrain est miné, les Stukas piquent du nez,

les têtes à croix gammées bien armés

et le patriotique capitaine Mercier bien déterminé...

Les Morfalous de Pierre Siniac est une Série noire de 1968

plus connue pour son adaptation ciné par Henri Verneuil,

pour les dialogues d'Audiard "C'est bien la première fois

qu'il fait des étincelles avec sa bite"

et le rôle de Bébel le roublard qui en fait des tonnes.

Mais ce serait béta de passer à coté du polar antimilitariste

de Pierre Siniac plus subversif, moins tape à l'oeil mais nettement plus explosif. Les Morfalous, une sacré déculottée !

Commenter  J’apprécie          403
Mystère en coup de vent

Chiffiot, modeste retraité de la police

s'ennuie ferme et bobonne a des envies de luxe.

Pour mettre du beurre dans les épinards,

et pour acheter une belle villa sur la côte d'Azur

le vieil inspecteur collectionneur au rabais

ressort maintenant de son carton à chapeaux

les indices ensanglantés, les preuves

subtilisées pendant ses longues années de service

pour faire chanter les coupables laissés en liberté.

Une bonne quinzaine de salauds à faire casquer.

Il serait temps qu'ils règlent leurs dettes...

Pierre Siniac avance ce coup-ci masqué

mais on reconnaît sa petite musique grinçante,

et ses goûts pour les maîtres chanteurs d'opérettes.

Dans ce tourbillon siniesque et grotesque

s'entrecroisent en coup de vent

l'ancien flic qui , pour la vilaine, cause, ressort

son pot de colle, des ciseaux et des vieux journaux,

un jeune commissionnaire qui patine à toute allure

du beau linge plus très propre

et un marchand de frites qui aime la chansonnette.

Ce Mystère en coup de vent, c'est une vraie tornade !
Commenter  J’apprécie          407
Luj Inferman' dans la jungle des villes

Luj Inferman et la Cloducque nos deux célèbres traîne-savates crèchent chez Dudulle, un racketteur qui vit en grande banlieue au milieu d'un raz de marée continue de bagnoles.

Briffés par l'expert qui n'en a pas l'air, les deux zigs enfilent leur pompes croco et leurs costards élimés

et font chanter un peu trop fort l'épicier du coin coin et la tête de groin d'à coté...qui restent coi, y'a de quoi !

Pour se faire oublier, nos deux inséparables cruches font un tour politiquement incorrect à la capitale et fichent le bazar à la Défense....un job à la démesure des deux nouveaux chefs de chantier !

Voilà un petit aperçu de la folie destructrice des deux gratte ciments qui cherchent simplement à se la couler douce, à dormir à la fraîche sous les ponts à la belle étoile mais restent coincés comme des cornichons entre des tranches bétonnées.

Le gratte-ciel ça leur donne le vertige---et des fourmis dans les doigts...grrrr

Dans ce polar poilant de briques et de broc', Pierre Siniac expulse de la cambrousse ses deux fantasques virus qui remettent du désordre désopilant et des effluves dans l'uniformité ambiante des villes aseptisées.

Les singeries de deux peaux de bananes goudronnées dans la jungle de la ville ... bidonnantes !
Commenter  J’apprécie          400
Le Casse-route

Paul Chamel, alias Fine-de-claire,

représentant en horlogerie, une  couverture, 

adore plus que tout se bâfrer de douzaines d'huîtres bien grasses.

C'est son péché mignon...

Son fils, sa  femme et ses collègues truands écoeurés vous le confirmerons.

Il est sur le coup d'un braquage  qui vaut son pesant de mollusques,

un  gros stock de diamants provenant d'Afrique

qui sert à  financer les armes du Black Power.

Les Diams transitent quelques jours dans le coffre d'une banque nantaise.

 Selon Lefaucheux, le cerveau de l'affaire et le patron du bar Becue

Une fois fauché, les gros cailloux seront revendus aux frangins  du KKK.

Le Casse-route, un fourgon blindé conduit par Bobin,

un ancien coureur automobile des 24 heures du Mans

livrera la marchandise à Landerneau en un temps record

mieux que la poste !

Trois autres coéquipiers armés jusqu'aux dents

 s'occuperont de faire diversion devant la banque bien gardée

Quant à Fine-de-Claire...dépité,

il s'est fait chourrer sa place  par un jeunot fin  limeur ..

Il l'a mauvaise, lui qui s'était juré de s'acheter un parc à huitre à Oléron.

 rancunier il ne digère vraiment pas

de s'être fait  citronner sa part de  la bourriche ....

Encore une fois , Pierre Siniac fonce en  roue libre dans le monde du polar.

Ce coup-ci,  de Nantes à Landerneau  avec au bord du fourgon

 une équipe de branques conduit par un zinzin du volant

Le trajet à fond la gomme est à blêmir de frousse.

Les dialogues sont bidonnants,

 les obstacles, les virages en épingles,

la digestion difficile pour l'amateur d'huître

mais moi j'ai avalé d'un trait ce bon Casse-route garni de cornichons.



Commenter  J’apprécie          394
L'épinglage

Geffrand épinglé pour un vol de bas étage

se fait la malle de la prison de Toulouse grâce à un frangin de placard.

Mais son évasion ne passe pas inaperçue,

le voilà bizarrement devenu ennemi public numéro un.

Obligé de cavaler plus vite qu'un furet

en plein été dans une lande qui s'embrase,

Il trouve refuge au Colombier noir,

pas bon comme présage...

Comme La Femme aux cigares de Siniac

Il n'y a pas de fumée sans feu...

Mais là , c'est le brasier pour le petit escroc

qui essaye par tous les moyens

de se sortir de ce guêpier enflammé

avec des partisans et d'anciens miliciens

qui veulent sa peau, c'est à ne rien y comprendre...

il en perd son argot de banlieue

et moi le fil de l'engrenage.

L'épinglage...un sacré enfumage !
Commenter  J’apprécie          390
De l'horrifique chez les tarés

Alfred Brochel dit Freddy, le gigolo de Belleville

en a marre de trimer à l'agence Au coeur de Paris tenu par la rude Daisy

qui mène l'affaire à la cravache, cigare au bec.

L'étalon numéro un des vieilles bourgeoises se fait la belle,

au grand dam de la mère maquerelle qui le fait pourchasser par des sbires.

Ouf, sauvé de justesse par, Germaine Framboisy, une ex charcutière,

il prend le grand large, en Afrique, au Zaïre.

La mission périlleuse du 007 de pacotille, remplacer au pied levé

dans une gondole qui flotte au milieu d'un marécage putride

un impuissant descendant de l'empereur François Joseph

qui n'arrive pas à donner un rejeton à Aubépine,

la fille de Zarcé, un tout puissant gros caïd à l'agonie

qui promet monts et merveilles, toute sa fortune,

s'il a la joie de devenir pépé avant de clamser !

Autant dire que si l'ombrageux ne devient pas grand-père,

tintin, pas de gros gâteau pour l'entourage, ceinture !

Pas de quoi paniquer dans la vase...quoique,

l'étang miné est protégé par Stanley et Livingstone, deux charmants

crocos qui claquent des crocs, le larbin veille,

les frères siamois surveillent...et l'ombrageux ne dort que d'un oeil...



Encore une fois Siniac sort des clous avec ce polar loufoque

dont lui seul a le secret.

Je ne me suis pas gondolé à Venise mais dans un marécage africain au milieu de personnages à foison sortis en zig zag de son imagination débridée. Un mélange de caïd défroqué, de toqués, de caïmans affamés et de freaks qui m'ont fait tourner en bourrique en pleine jungle au milieu d'une pompe à fric...

C'est vrai que Siniac, en fait parfois des tonnes, radote, disgresse au fil des pages, donne dans le caricatural grotesque mais à la différence d'autre gogos

il le fait avec brio en fignolant des tournures, des dialogues,

des situations, des personnages aux petits oignons.

Celui-là est plutôt à réserver aux habitués.

De l'horrifique chez les tarés..c'est bien barré !
Commenter  J’apprécie          3911
Folies d'infâmes

Dix nouvelles cinglantes de Pierre Siniac

qui joue, comme dans la plupart de ses romans, des tours diaboliques à ses personnages pris au piège de son imagination délirante et de son encre noire gluante .

La première histoire Clés en main part au quart de tour avec deux fous et deux ânes du volant qui se prennent pour des stars...rira bien qui rira le dernier !

la suivante Un salaud de moins dans le quartier, Siniac double la dose de... méchanceté.

Le retour du fils...pas de quoi vous mettre dans tous les états, quoique.

Alibi d'artiste..ou l'art de se venger façon Siniac, tout un paysage !

Quelques mots avant de partir... une nouvelle à couper votre dernier souffle

Lachez-moi cinq minutes...j'ai du boulot, ça c'est du thriller !

et quelques autres petites perles sur la sinistrose, les situations critiques, ses remèdes et les pigeons sur la route... qui roucoulent.

On ricane, on se moque mais eux ils passent vraiment un sale quart d'heure !

Folies d'infâmes, du Siniac qui renouvelle son coeur... de Pierre.
Commenter  J’apprécie          390
Pas d'ortolans pour la cloducque

Dans cette nouvelle aventure très culinaire,

on retrouve bien ballonné notre célèbre duo de cloches traîne savates, la grande Cloducque, et le dégingandé Luj Inferman qui font les guignols à Lyon en s'en mettant plein la panse dans les petits bouchons.

Le ventre vide et les poches trouées, ils s'en retournent traîner leurs guêtres à Paname et en proche banlieue où ils ont plus d'un tour dans leur sac à puces pour jouer les épouvantails, tailler des costards sur mesure et décrocher un super job d' attrape touriste...

Dans cette nouvelle série déjantée, Pierre Siniac ouvre grande la panse de nos deux compères affamés par tant de galères et d'odeurs appétissantes, de sauciflard chaud et de choucroute garnie..mais pas de bonne fricassée d'ortolans au menu...

Une cinquième série bidonnante !

Commenter  J’apprécie          395
Sombres soirées chez Madame Glauque

Ils étaient sept septuagénaires,

sept hommes dont la devise eût pu être

"puisque nous ne sommes plus que des épaves, au moins que notre malheur serve à quelque chose !"

Enfin huit plutôt en comptant Hyacinthe Champdavoine

un ancien taxidermiste qui avait empoisonné sa mégère

et vivait comme astrologue

Déprimé, il avait décidé de participer avec les autres

tous les mercredis soir

aux soirées Vin chaud de madame Glauque

données dans la grande et lugubre pension

12 place de la fontaine aux gueux.

Depuis quelques temps, on ne parle plus que

d'un mystérieux tueur au chapeau

qui colle une lune argentée autocollante sur la poitrine

de sa victime, la signature du maniaque de la pleine lune.

Les pensionnaires suicidaires se feraient bien occire

à la place des victimes innocentes qui s'en passeraient bien !

Oui mais comment prédire l'imprévisible frappe du maniaque ?

Peut-être avec l'aide d'une boule de cristal ou d'un annuaire des pages jaunes...



Après le club de Aime le Maudit paru en 1980, Pierre Siniac réitère en 1983 avec un autre club du genre Desesperate House-Vioques

tenu par l'aimable quinquagénaire Madame Glauque qui recueille et réconforte des pauvres ères marqués par le sort, des vaincus de la vie

comme Victor Sermolleuze, ancien baryton reconverti magicien

qui ne se remet pas d'avoir scié sa femme en deux.

Charles Rebobiaud, ami de coeur de Fernande Glauque, un ancien inspecteur de police compte bien démasquer le Maudit de la pleine lune mais il nage dans la purée de poix...

Pierre Siniac s'amuse à nous faire faire perdre la boule dans cette maison de suicidaires qui débordent d'énergie et de trouvailles pour passer l'arme à gauche...et dans cette ville des Charentes...où rôde un assassin fort besogneux. Comme à son habitude, son scénario emprunte des chemins détournés diaboliques dont lui seul a le secret.

Sombres soirées chez madame Glauque, un Siniac extra... lucide !
Commenter  J’apprécie          382
Les Monte-en-l'air sont là !

A 53 piges, Auguste Mati dit Gusti, une grosse faignasse en a ras le béret

de son job de cireur de pompes aux Champs..Elysées.

Il rêve d'un gros coup, du casse du siècle,

Les coffres forts Briefer... considérés inviolables

because flanqués sur un pic dans les Alpes à 1275 mètres d'altitude.

Seul accès possible, du Palace Briefer, par un téléphérique

où les milliardaires avant de ronfler sur leur deux esgourdes

vont planquer leur magot (diams, lingots, perlouzes..)

Reste plus qu'à monter son équipe de branques

Le premier gus, Armie, un adepte comme lui de films de hold-up,

et gros amateur de charcutaille qui rêve d'action.

Le cerveau (lui) et les muscles en place (l'autre bouffeur de rillettes),

s'ajoute un refourgeur, propriétaire d'un clandé olé olé

une jeune écervelé, une belle gueule et une crème du genre bien fouettée.

La fine équipe au complet s'installe dans un chalet en montagne, jumelles en main, pleine vue sur le pic et les chamois...A l'assaut des coffiots et du bon gros magot.

Pour Gusti, ça va être du nougat !



Il n'y a que Pierre Siniac pour monter un braquage d'anthologie avec une bande de branquignolles dont lui seul a le secret de la composition...

des traînes savates, goinfres, refourgeurs du dimanche, arnaqueurs de la petite semelle, amateurs de fessées, gueules d'amours kitch et donzelle qui flashe

Pas le temps de ronfler avec ce polar

qui ne lésine pas sur les rebondissements , les changements de plans et de planques,

les va et vient, les allers et retours en téléphériques et les gouttes de sueurs...

et puis pas foutraque...Siniac est minutieux, le sens du mécanisme d'horlogerie

qui tient toute son intrigue sur des petits détails, des codes et des aiguilles...un mélange entre Aime le maudit, Deux pourris dans l'île pour la construction et Si jamais tu m'entubes pour les gueules de casseurs.

Un Siniac en grande verve, pas avare, qui étale sur des pages de son polar son humour noir, vache et grotesque.

Content d'avoir pris un bol d'air avec de belles gueules d'atmosphères !

Encore un très bon Siniac qui atteint des sommets.. granguignolesques

j'adore

Allez, je claque un 5 étoiles.

Commenter  J’apprécie          373
Bazar bizarre

Ce bonheur de lecture a bien mauvaise mine. C’est un livre de poche jauni à la couverture moche déniché chez un bouquiniste. Ca ne sent plus l’encre mais le placard jamais aéré ou la chambre de mémé. Les pages cornées témoignent de l’existence chaotique du bouquin glissé dans une poche ou écrasé dans un sac par un lecteur peu soigneux. Suivent ensuite les années à ramasser la poussière sur une étagère. Son auteur d'une nature discrète est tombé dans l’oubli, mais bon, il était déjà démodé de son vivant. Et pourtant… De rares amateurs de polars se refilent discrètement ce tuyau que je me dois de vous répéter : « lisez Siniac !»



Dans « Bazar Bizarre», nous prenons la direction de La Roche-Pauffière, une sous-préfecture fictive du Massif central. On y trouve le « Petit Bazar Français », un grand magasin qui rayonne sur toute la région. C’est une institution séculaire un brin démodée où l’on peut tout trouver, du berceau à la tenue de deuil. Le commerce possède une solide réputation basée sur l’honnêteté et la qualité de ses produits. Les patrons sont paternalistes et logent leurs employés à la Cité Félix-Filotard. Le Bazar, c’est une grande famille, on y fait carrière, on y entre de père en fils, le vendeur y épouse la sténo, on présente le dernier né lors du sapin de Noël organisé par l'entreprise.



Les années, les mois, les journées se suivent et se ressemblent jusqu’au jour où Achille Poinçon, le sous-chef du rayon « Bricolage-Quincaillerie », un homme sans histoire, reçoit une lettre de chantage. S’il ne verse pas au plus vite une importante somme d’argent, la terrible vérité sera révélée à la presse. Alors Poinçon tremble et paie. Peu après, c’est au tour de Léon Noirefeuille, chef du rayon « Cycles et Sports », de recevoir une missive du même type. Qui peut bien se livrer à ce terrible chantage ? Et quel est ce lourd secret que tous cherchent à étouffer ? Séverin Chanfier, un minable détective privé installé au Puy, va mener son enquête.



Pierre Siniac dépeint à merveille le petit monde du Bazar où évoluent de modestes employés de commerce. Des existences ordinaires, des physiques ingrats, des carrières sans ambition. Ce sont des gagne-petit vêtus d’un blouse étriquée qui baissent les yeux devant le sous-chef autoritaire et supportent les réclamations d'une clientèle endimanchée. C’est la France de Giscard, celle de Jean-Claude Bourret qui présente à cette époque le journal télévisé de TF1, la Renault 18 vient de succéder à son aînée, la Renault 12. Dans cette ville de province, la mécanique sociale est rigide : être servile, ne pas faire de remous pour durer jusqu’à la retraite et faire embaucher les enfants. Un monde engourdi dans son conservatisme et sa routine. Mais attention aux masques ! L’individu le plus insignifiant peut dissimuler un passé bien noir. A travers cette description du petit peuple, Siniac nous montre que conformisme apparent sert de couvercle à un bouillonnement de vices et de malveillances.



Un petit bijou qui sera - un jour, j’espère - réédité !
Commenter  J’apprécie          362
Look funèbre

Ce 17 septembre à 23h30, le professeur Frantz a toujours la tête penchée

sur son microscope à observer des miasmes microbiens...

La bouche pâteuse, il envoie sa jeune assistante acheter

une bière bien fraîche à l'épicerie du quartier

mais celle-ci rechigne à sortir par peur de faire de mauvaises rencontres...

Il faut dire que ces temps-ci les assassins frappent à tous les coins de rue.

La belle s'étant fait la belle,

le prof se rabat sur un verre d'eau qui traîne sur le bureau

et sort tranquillement rejoindre son tendre cocon familial ;

mais voilà qu'il tombe nez à nez avec le terrible bègue sanglant

qui le larde de plusieurs coups de couteaux !

Le passage sur terre semble définitivement terminé pour Frantz la Science à moins que...

Pierre Siniac frappe encore très fort avec cette nouvelle fantastique

qui a de quoi réjouir les bourgeois qui n'ont désormais

plus peur de traîner dans les quartiers sordides de Paris

ni d'affronter les éventreurs et bouchers de la pleine lune.

Un Siniac fantasque à l'humour noir et grinçant à souhait.

Il faut avouer que La dégaine polar fantastique lui va à ravir.

Le Look funèbre, c'est d'un chic !
Commenter  J’apprécie          360
Les 401 coups de Luj Inferman'

"Or ça bonnes gens, revoici Luj Inferman' le bogart du pauvre et la Cloducque, le quasimodo du sous-développé !

Ils ont ravi, dans leurs premières aventures, bon nombres d'entre vous, et écoeurés quelques uns.

N'ayez crainte, cette fois-ci, ils sont encore plus répugnants, plus infâmes et, à leur manière, plus irresponsables que jamais ! Fermez le ban ! "

Comme l'annonce la 4e de couverture, ce deuxième volet du duo infernal est très déjanté.

Aux quatre coins de l'hexagone les deux compères sont plongés dans d'innombrables pérégrinations de traînes savates,

sur les traces de personnages plus ou moins recommandables aux blazes invraisemblables comme

Emile Lyonniare, la môme Marie-Line Monnereau, Zéfini, la Pâleur, Citronnelle, la femme cobra

ou poursuivis par des truands freaks, des hippies et les pires de tous... les bien pensants.

Nos deux perdreaux plus très frais (qui ne sentent pas la rose) se paument, errent, se retrouvent, ont la berlue, voient tout en double mais n'en perdent pas leur baratin..tout simplement "hénaurme" !

Tantôt justiciers du dimanche, tantôt loques as, de quoi rendre hilare...et faire râler le bourgeois.

Pierre Siniac au sommet de sa prose multicolore nous offre un joyeux feu d'artifice des perles de sa composition.

Les 401 coups de Luj Inferman', du grand n'importe quoi jubilatoire.
Commenter  J’apprécie          360
Carton blême (BD)

À l'origine, "Carton blême" est un court roman écrit par Pierre Siniac en 1985. Jean-Hughes Oppel (scénariste) et Boris Beuzelin (dessinateur) ont adapté cette histoire futuriste en roman graphique... Ce ne sont donc pas des "inconnu" 's !



Si demain vous n'êtes pas en bonne santé, vous l'avez dans le c** ! Et c'est bien à cause du "trou de la sécu"...



Parce que dans ce troisième millénaire, on est arrivé au cœur d'une société où l'air est devenu irrespirable (au sens propre comme au figuré), où criminalité, délinquance juvénile et chômage ont fait exploser les statistiques, où le fondement insondable de la Sécurité Sociale a crée une nouvelle citoyenneté, mesurée à son degré d'état physique.

Le ministre de l'intérieur Salvanty (visualisez une espèce de momie sur laquelle on a greffé les touffes de poils du professeur Tournesol) a eu une très lumineuse idée qui fait d'une pierre, deux coups ! Chaque être humain de plus de 16 ans doit se soumettre a un contrôle médical semestriel et se voit attribuer ensuite un carton bleu (pour bonne santé) ou un carton blême (pour santé en berne, ce qui signifie : déchet "d'homme" négligeable). Et si dans ce monde de violence les flics doivent intervenir ou vous secourir, le carton bleu tient lieu de "sésame". Si, par contre, vous affichez le carton blême, vous pouvez vous agenouiller jusqu'au sang, ils vous laisseront crever dans toute légalité.

"Bienvenue à Merde-la-ville [...]. Nouvellement promu à la tête de la B.C.U.I. (Brigade Criminelle Urbaine d'Intervention) avec les félicitations du préfet de police." : le divisionnaire Héclans (coefficient de santé 93/100 ; visage amer d'un homme que sa femme va quitter) qui se farcira désormais le dossier déjà épais du "tueur au marteau"...



Les dessins aux traits incisifs et fébriles, aux couleurs crépusculaires de Beuzelin servent très bien le scénario d'Oppel qui a su aller à l'essentiel. Une bande dessinée taillée à la hache...ou aux coups de marteau...histoire de nous faire pénétrer dans la tête ce qui nous pend au nez (qu'il vaut mieux ne pas avoir enrhumé).

Commenter  J’apprécie          362
La course du hanneton dans une ville détruite..

Mon coup de coeur de 2019 sans conteste.

Merci tout d'abord à Freditore75 pour ce conseil de lecture…



Je ne suis ni une spécialiste, ni une passionnée de la seconde guerre mondiale, mais confiante dans les choix du Club du Roman Historique, je me suis précipitée sur ce livre, et je ne suis pas déçue, sauf de l'avoir terminé !

Ce livre décrit autrement, le débarquement de Normandie en juin 1944, au plus près des hommes et des femmes, loin des plages connues.



Ce livre narre les quelques jours en juillet 1944 dans le Cotentin, après le débarquement, les aventures d'une jeune servante, Barbara, à travers les villes et les campagnes dévastées, afin de recueillir et de ramener de la nourriture aux enfants recueillis par son maître.



Son odyssée se transforme bientôt en cauchemar, dans les décombres de Saint-Lô, ville martyre où les combats continuent de faire rage…

Pierre Siniac décrit avec précision le pays détruit, les bâtiments démolis, les campagnes touchées par les bombardements.

On frémit à chaque page, on s'inquiète du sort de Barbara, nous sommes avec elle, on respecte son courage et sa détermination…

Les personnages rencontrés, qu'ils soient français, américains ou anglais, soldats, épiciers ou repris depuis justice, sont décrits à la manière De Maupassant, pervers, généreux ou sordides….

Que de rebondissements jusqu'à la dernière page….



Reconstituée à partir des témoignages de prisonniers allemands, de soldats américains et d'habitants de la région, cette histoire est splendide et atroce à la fois.



Conseillé à tous les passionnés de cette période, à ceux qui voudraient la découvrir et à tous les amoureux d'histoire et à ceux qui aiment les épopées...
Commenter  J’apprécie          351
Les 5 milliards de Luj Inferman'

C'est avec une larme à l’œil et le sourire en coin

que je clos, avec ce volume, la saga des 7 aventures outrancières, truculentes et rocambolesques

d'un des duos les plus déjantés du roman noir français :

le dégingandé Luj Inferman acoquiné de l'encombrant hermaphrodite La Cloducque qui se moquent en grandes pompes... trouées des bonnes manières des biens et pas pensants.

Ces deux anars en guenilles boxent et ridiculisent autant les grands bourgeois, truands de hauts et bas étages que les esclaves du grand capital.

Plutôt du genre tordant à suivre, nos deux zigs empruntent des chemins en zig zag, arpentent de long en large les travers de leurs dissemblables, les artères de la capitale, de la banlieue et de l'hexagone.

Pas le genre langue de bois, adeptes du langage fleuri et ordurier

d'allure hyper négligée, les deux je-m’en-foutistes s'essayent à tout

mais préfèrent plus que tout glander et dormir sur leurs deux esgourdes à la belle étoile...

Dans Les 5 milliards de Luj Inferman, on retrouve en grande forme

nos deux traînes savates hors la loi qui multiplient comme par magie les faux biffetons et les petits pains...dans la tronche.

Les deux mistouflards sillonnent la France camembert à la recherche de leur l'oseille éparpillée, frottent leurs effluves à la France profonde, aux masses labo-rieuses et à des aristocrates.. dégénérés tels

Hugues Carpette, Cardinal de Raie, Bonapartouze, Charles Coquin etc...

Les deux pitres vivent comme d'habitude d'extraordinaires aventures potaches, ne respectent toujours rien, détournent à leurs sauces les grands blases de l'histoire de France, la recette de la poule au pot et la poésie de Joachim du Balai.

Je termine donc dans le désordre, avec ce 3e volet hautement déjanté, ma tournée de cette incontournable série bidonnante.

Pierre Siniac est un électron libre, décidément inclassable, qui vaut au moins 5 milliards...de lecteurs.
Commenter  J’apprécie          3512
Sous l'aile noire des rapaces

Quand je lis, je me fais toujours mon petit cinéma personnel. Je me réserve une projection privée dans ma caboche qui mérite d'être qualifiée de salle obscure, la pertinence s'y faisant rare. Au moins personne n'y triture son sachet en plastique ou ne donne de grands coups de genoux nerveux dans mon siège. J'attribue aux personnages un visage parfois connu qui ne les quittera pas jusqu'à la fin du récit. Dans ce roman écrit – ça tombe bien – par un passionné du septième art, c'est un Jean-Paul Belmondo miraculeusement rajeuni et privé de ses Yorkshires qui vient prêter sa bonne figure. Avec son côté bravache et fort en gueule, c'est l'acteur idéal. Je l'imagine vêtu d'un uniforme emprunté à la dépouille d'un soldat français au volant d'un camion volé. Dans ce livre, Pierre Siniac s'inspire de faits historiques qui se sont déroulés en juin 1940. Devant l'avancée des armées allemandes, la Banque de France organise dans l'urgence l'évacuation de ses réserves d'or. L'auteur imagine qu'une partie de cet or a été oubliée et doit être transportée en fourgon à Biarritz. Un convoyeur affranchit un truand qui organise un braquage. Mais la guerre complique tout : la situation est chaotique en pleine débâcle, les routes sont congestionnées de civils, des voies sont réservées aux militaires, des ponts sont détruits pour freiner l'invasion et derrière, des colonnes de panzers s'approchent. Pierre Siniac utilise avec brio ce contexte hors norme pour nous narrer les aventures d'une course poursuite entre un fourgon blindé et des braqueurs ingénieux qui a la particularité de se dérouler à une vitesse moyenne de dix kilomètres heures... Le roman est bourré d'actions et de retournements de situation. Il m'a permis d'apprendre quelques anecdotes sur la Débâcle de 1940, comme l'incendie des réserves de carburant ou la destruction des ponts routiers de la Loire. Allez Bébel, tu peux retourner sucrer les fraises, la séance est finie et merci à Siniac pour ce divertissement.
Commenter  J’apprécie          342
Noire Série... - Nouvelles policières, tome 2

Un recueil de nouvelles destiné à initier le roman noir aux juniors, c'est épatant ! D'autant qu' Yveline Beaup a eu le bon goût de choisir des spécialistes en la matière.

En ouverture, Chester Himes tire le premier suivi de très près par Pierre Very, Léo Malet, Pierre Sinac et Didier Daennickx.

Je ne m'aventurerai pas à vous en dévoiler des bribes mais je peux vous assurer que la panoplie de guignols est au rendez-vous : Flics déboussolés, criminels bien planqués, mauvais perdants,pigeons statufiés et escrocs qui en croquent....

Une belle brochette représentative du mauvais genre

enrobée dans une langue qui claque, ça fait des étincelles !

Y'a pas d'âge pour découvrir le bon polar.
Commenter  J’apprécie          330




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Siniac (590)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Pierre Siniac ?

… blafardes ?

Maîtresses
Princesses
Femmes
Filles

10 questions
11 lecteurs ont répondu
Thème : Pierre SiniacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}