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Critiques de Pierre Siniac (199)
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Les mal lunés

En voilà un trio bien pathétique ! Ils sont la chienlit de la patrie, la racaille du vingtième siècle. L’Histoire les a rangé ou plutôt bannis dans la catégorie des vaincus. Mon premier est un mercenaire qui rentre au pays après avoir semé la mort dans de nombreuses contrées et la France n’a pas un égard pour cet enfant prodigue. Mon second est un ancien milicien qui a échappé de peu au poteau d’exécution à la Libération. Après deux décennies derrière les barreaux, il est devenu… plagiste, mais a su rester réac et acariâtre. Mon troisième est un policier révoqué à la carrière émaillée d’incidents disciplinaires au motif que Monsieur userait trop largement de ses grosses pognes. Ces trois paumés se retrouvent dans un bidonville de la côte atlantique. Les esprits s’échauffent, il faut dire que le vin blanc tape fort, il leur faut de l’action et vite, mais un vague projet de braquage de bijouterie n’est pas retenu. Un autre va vite voir le jour. Ils ont entendu parler d’une pièce de théâtre qui se joue dans la station balnéaire voisine qui suscite une grande polémique. L’auteur y dénonce la violence policière, la torture et les officines secrètes de l’Etat. Une attaque en règle qui blesse la grande sensibilité de notre trio. Il se doivent de réagir. Très vite, la réalité va dépasser la fiction dans une orgie de violence et nos « mal lunés » vont pouvoir se venger de l’Histoire.



Clic clac, clic clac, la mécanique Siniac est bien en place : une intrigue aux rouages parfaitement huilés enrobée d’un humour noir et… grinçant. On s’amuse au spectacle de ce cercle germanopratin qui se brûle les doigts avec des thèmes polémiques. Et surtout l’auteur parvient à nous rendre sympathique le trio pathétique. C’est cinglant et sanglant et une nouvelle fois, Siniac démontre qu’il est l’un des auteurs les plus inventifs du roman policier français.

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Femmes blafardes

Oui, elles sont blafardes, car elles sont mortes, parfaitement, au grand ravissement de Mademoiselle Emilienne de Chamboise, la meilleure astrologue de France, ne vous en déplaise, qui a prédit que chaque jeudi un nouveau cadavre viendrait égayer l'existence morose des habitants de la petite ville de ...

Mais il n'y aura pas crime, si le patron du restaurant "Aux trois couteaux" ne cuisine pas ce soir là son délectable lapin chasseur, et donc, Jack l'éventeur, ce monstre criminel, ainsi que la presse l'a surnommé, n'aura pas l'occasion de déposer un éventail aux côtés d'une nouvelle victime.

Parfaitement ! c'est comme je vous le dis.

Vous l'aurez compris, il n'y a rien de sérieux dans cette sombre affaire ..... quoique.... les nombreux travers des notables de ce bourg provincial ne sont-ils pas le fidèle reflet de la connerie et saloperie ordinaires de nos braves concitoyens ?

Pierre Siniac entraîne le lecteur dans une joyeuse farandole et la fin stupéfiante de cocasserie, justifie, à elle seule, la lecture de ce roman étourdissant de drôlerie, qui décortique avec un humour décapant les us et coutumes très particuliers, en vigueur dans ce bourg provincial.

Vous vous en régalerez, surtout si vous allez savourer, jeudi prochain, le fameux lapin chasseur de Gaston Cantoiseau, fleuron gastronomique de son restaurant.

Bon appétit !

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Deux pourris dans l'île

Une petite halte dans l'île machiavélique du docteur Siniac, ça vous tente ? Ok, alors c'est parti !



Eté 60, la baie de San Francisco ; il fait chaud, Joe Gallacher a des sueurs et pour cause, il a une dette et doit livrer au plus vite 18 kg d'héroïne pure à la Mafia. Sinon couic. Pas de chance. le livreur Milton Burks et son cargo en route de Macao échouent sur une île déserte en plein Pacifique avec la cargaison. Joe Gallacher charge deux de ses hommes et un bon navigateur baroudeur, un français Robert Sebran de récupérer Milton et la came. Robert échoue seul sur l'île et compte s'approprier la dope pour filer au Mexique. Milton se méfie à juste titre du français. Mais filer de l'île n'est pas une mince affaire. le rafiot est délabré et le rocher est entouré de requin affamés. Et rester sur l'îlot est périlleux, une bombe à retardement provenant d'un bombardier de la 2e Guerre Mondiale a commencé son compte à rebours. C'est une question de minutes ou d'heures avant la grande explosion ...



Deux pourris dans l'île est le sixième roman de Pierre Siniac. Dans cette série noire, la tension psychologique est palpable. Les deux malfrats se mènent une guerre sans merci où tous les coups - bas, fourrés, tordus, minables - sont permis, l'un pour ramener l'héroïne à bon port, l'autre pour se l'approprier et déguerpir au plus vite avant le déclenchement de la bombe. Selon l'adage, qui aime bien châtie bien et Siniac est passé maître dans l'art de faire déguster ses antihéros et de leur préparer une fin à leur mesure.

Un roman noir façon thriller psychologique à la sauce Siniac, ça déménage !



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Le Mystère de la sombre zone

La version numérique (epub) de ce livre a été déguisée en « L'énigme de la chambre 622 » de Joël Dicker et est diffusée dans certains réseaux.
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Le Secret de l'étrangleur (BD)

Paris, février 1959. La capitale est noyée dans un épais brouillard. Les policiers ont déserté ses rues. Ils sont en grève illimitée après l’assassinat de neuf d’entre eux le mois précédent. Un sinistre individu profite de ce concours de circonstances pour commettre une série de meurtres... Six victimes sont étranglées après avoir été – semble-t-il – hypnotisées. La presse surnomme le tueur : « l’étrangleur de minuit ».



« Le secret de l’étrangleur » est une adaptation du roman « Monsieur Cauchemar »de Pierre Siniac par Jacques Tardi. Le dessinateur apporte son style personnel et immédiatement identifiable. Il parvient à rendre le Paris des années 50 et l’ambiance polar. Son graphisme offre une atmosphère sombre à souhait. Tardi a su exploiter toute l’ingéniosité de Pierre Siniac. Cela se traduit par l’ajout de plusieurs fins alternatives, ce qui donne un nouveau souffle à une intrigue qui apparaissait trop évidente.



Les articles placés en tête d’ouvrage permettent de replacer le contexte de l’année 1959 (conflit en Algérie, bidonvilles de la région parisienne, Assistance publique et peine de mort). Mais ils gâchent en partie le plaisir du lecteur en se montrant trop bavards sur l’intrigue de la bd.



Je ne suis pas un adepte du « neuvième art » mais le travail de Tardi m’a semblé pertinent et je compte découvrir ses adaptations d’autres auteurs comme Léo Malet, Manchette ou Céline.

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Démago story

Oyez, oyez, sympathisants (é)lecteurs, voici résumé l'histoire remasterisée, version Renaud, de la vie quelque peu décousue et dissolue de Gervais Castoreau le démago *





Chaussez vos montures

Éteignez votre radio

Car voici l'aventure

De Gervais Castoreau le démago





Voici l'histoire bien rigolo

D'un ancien champion de vélo

Qu'a choisi de s'reconvertir

Dans la politique, y a pas pire





Sauf qu'il a choisi l' parti des pas marrants

Le parti des bien-pensants du Morbihan

Ceux qui qui mènent une vie sage et monotone

Ceux qui prêchent des mœurs pas très folichonnes





Mais, comme de l'an 40, il s'en tamponne

Il a une maîtresse polissonne

Des petites fiestas cochonnes

Et une femme reine des pommes





Sauf qu'il n'a pas beaucoup d'oseille

C'est le beau-père qui à le pot de miel

Le roi de la saucisse-purée en bocaux

Qui a tout le magot à tire-larigot





Une histoire de banal chantage

De cassette-vidéo un peu porno

Faut éviter un gros scandale

En un mot , lui plumer son magot





Mais vous vous doutez bien

que les mâles ne sont pas très malins

Et que les femmes...

ont souvent le mot de la fin.





Morale de l'histoire : y en a pas et c'est mieux comme ça !





Dans "Démago story", Pierre Siniac prend un malin plaisir à caricaturer (encore que) le portrait de ces Rastignac de la politique. Cette nouvelle fait figure de critique féroce des mœurs de nos chers politiciens avides d'ascensions sociales fulgurantes, de parties plaisantes et de menus monnaies sonnantes et trébuchantes .Comme de bien entendu, le sujet reste toujours d'actualité.





La seconde nouvelle, au titre obscur mais non moins évocateur "L' Utilisation des restes " fait preuve d'un dénouement machiavélique à la conclusion singulièrement tranchante.

Avis aux armateurs et plaisanciers lecteurs de tous bords, à cotés, les dents de la mer, c'est de la rigolade!





*Une version plus ou moins improvisée et inspirée de la chanson de Renaud : Jojo le demago

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Femmes blafardes

Pierre Siniac, un écrivain français du XXème siècle, un auteur reconnu de polars à la française un tantinet atypiques (une cinquantaine de romans et nouvelles). Un homme profondément solitaire et misanthrope qui, hélas, mourut (à 73 ans en 2002) dans l’indifférence silencieuse de son appartement ; on ne l’y découvrit en odorama-surround qu’un mois, environ, plus tard (les voisins du dessous ..!). Une bien vilaine façon de passer ad patres, du genre à sporadiquement secouer une Société auto-oublieuse de certaines solitudes induites (même si, comme ici, elles semblent volontaires et délibérées). Une mort tristoune, noir de gris, indigne, humainement et socialement inacceptable, profondément tragique et révélatrice, cruelle et imméritée. C’est aussi, peut-être, l’ultime pied de nez d’un romancier qui fit du noir de ses polars, de ses idées et de son humour trois sombres échos d’un monde oublieux de ses devoirs d’entraide.



Bref, quelqu’un qui détesta l’Humanité et préféra s’en exclure. Restent ses romans et nouvelles, tous prétextes à mettre son aversion en situations criminelles et en mots. Et là aussi, çà sent le renfermé, le longtemps mûri, le lâcher-prise dénonciateur, le coup de gueule hardi, la baffe à tout va, le grand dégoût d’un certain Bipède (majuscule imméritée oblige), de ses faiblesses et turpitudes. C’est souvent par le biais de l’ironie (et de l’humour noir) que l’attaque romanesque s’impose et se conclut au cœur de pitchs sombres et désabusés. Foncièrement dans une mouvance engagée d’auteurs policiers français des 70’s, Siniac s’en démarque via la forme qu’il impose, volontiers décapante, quelques fois absurde et un tantinet surréaliste. Le lecteur accroche à l’intrigue (somme toute classique) et à la manière désinvolte de la présenter. Chapeau bas, l’artiste.



Comme à chaque fois, je sors d’un Siniac, et de celui-ci peut-être plus que d’un autre, bourdonnant de noires pensées mais rigolard, finalement très satisfait, prêt à la récidive jubilatoire (« Femmes Blafardes » m’est relecture et je n’ai pas, et de loin, tout lu de lui).



« Femmes blafardes » : le thème embarqué est celui archi-rebattu du tueur en série, accroché comme morpion à une petite ville de province typée 70’s, vendéenne pour préciser sans toutefois nommer (c’est qu’il en est de la susceptibilité des notables inclus face à leurs propres turpitudes). Basta, le patelin n’est qu’imaginaire, presque cauchemardé s’il n’était pas si réel et délirant. Profondément autarcique, il se replie sur lui-même en acceptant ses défauts et SURTOUT son tueur. La mort de certaines concitoyennes est-elle le prix à payer, celui de l’ordre retrouvé ? Il y a là du Chabrol en mots à défaut d’images ciné. « Lapin chasseur » est au menu du restau *** local (le jeudi soir, en prélude aux crimes, il joue un grand rôle dans la mécanique de l’intrigue) à défaut du « Poulet au vinaigre » de l’inspecteur Lavardin made in Chabrolie.



Cà commence comme dans un polar classique, par le syndrome romanesque de « l’étranger qui débarque en ville », celui venu de nulle part Dieu sait pourquoi, dont on ne sait rien puisqu’il ne dit rien ; sauf que là si : c’est un ancien flic, un désormais détective privé à la ramasse, un automobiliste en transit qui ...



« - Dites-moi, madame, est-ce qu'il y a un garage dans le coin? Je suis tombé en panne un peu plus loin et...

Elle bâillocha et il put voir sa bouche délabrée, des chicots qui semblaient avoir fait la guerre de Cent Ans sur un fromage de chèvre dur comme de la pierre :

- Bah, y a Cafarelli... Mais à c't'heure.. »



Le tueur (Qui est-ce ? Cela a-t-il même une importance, le propos semble ailleurs) : une silhouette en ombre chinoise, presque indiscernable, discrète et aux aguets, silencieuse et effacée ; un homme inséré au mieux (on le pressent) dans le tissu social ambiant (un parmi d’autres à sa ressemblance). Un serial killer, Jack de surnom, qui laisse un éventail sur le lieu de ses crimes (« Jack l’Eventeur»). Des mains d’homme qui courent sous les jupes lors des projections à « l’Hollywood ».



Les victimes : quelques femmes (jeunes et seules) devant l’écran blanc de leur dernière nuit blanche, assassinées au sortir du ciné-club des jeudis soir. La 4 de couv est accrocheuse, convaincante et mémorable : « Femmes blafardes. Et qui vous tirent la langue car elles ont été étranglées. Leurs yeux fixes ne sont plus que des étoiles glauques qui cherchent à percer la grande nappe qui les entoure, plus noire que la nuit, et où défilent à la dérive un tueur fou qui se prend pour le sadique du Yorkshire, un flic perdu dans la ville - et qui n'est le flic de personne - et une poignée de quidams serrés dans la main de la peur. »



Du boxon local (la gent féminine y est syndiquée) à l’entropie, au bordel total il n’y a que l’épaisseur de quelques lettres anonymes qui vont secouer le landerneau, un « Lapin chasseur » au menu … ou pas., celles et ceux qui gravitent en ville et font la pluie et le beau temps, la professionnelle Colette qui fait payer ses charmes à l’étal des nouveautés hebdomadaires du petit grand commerce local.



La mécanique du roman tourne inlassablement en rond, en mouvement perpétuel autour de deux axes : les lieux (le restau, le Centre Culturel, le ciné-club, le clandé, quelques commerces) et les personnages (les notables frileux et craintifs des dérèglements en cours, les commerçants aux recettes désormais chiches, les putes du boxon).



Siniac suit un fil d’Ariane, mais, au final, n’en n’offre t’il pas plusieurs ; par quel bout le prendre quand le serpent se mord la queue. Et si tout cela n’était qu’un Anneau de Moebius ? Mathématique mon cher Siniac .. !



Jubilatoire et addictif. Je m’attelle dans la foulée à « L’Unijambiste de la cote 284 ». A suivre .. !


Lien : https://laconvergenceparalle..
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Monsieur Cauchemar



Monsieur cauchemar est au départ un roman de Pierre Siniac.

Il va , en collaboration avec Benn aux dessins en faire une BD.

Une histoire d'amitié entre un vieux monsieur, libraire de son état, et un jeune garçon, prénommé Francis qui fréquente la librairie pour "emprunter" des livres et entendre les histoires du vieux libraire.

Des meurtres ont lieu tard la nuit, par temps de brouillard, on est à Londres donc quoi de plus normal et très vite les journaux en font leur une en rebaptisant l'assassin en Monsieur cauchemar.

Hypnose, coup montés, des ingrédients qui étoffent l'histoire et qui tiennent le lecteur dans l' attente de l'épilogue.

originalité de la fin, l'auteur nous offre trois dénouements

- fin qui pourra laisser le lecteur sur sa faim

- Happy end

- Le secret de l'étrangleur.

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Sous l'aile noire des rapaces

Un début un peu poussif, comme le défilé des français sur les routes de l'exode; puis les choses sérieuses commencent, s'emballent jusqu'au dénouement final qui ne survient qu' après un périple des plusieurs jours embarquant police et malfrats à la poursuite d'un camion chargé d'or et des décidions absurdes prises au plus haut de l'Etat

Road trip, bad trip car Bien mal acquis ne profitant pas, les personnages vont vivre et subir les affres de la guerre mondiale mais aussi la guerre entre les services policiers et les voyous ; difficile de reconnaître dans ce malstrom les bons des méchants, le bien du mal.

Récit truffé de dialogues et de répliques à la Audiard qui donnent un peu de légèreté.
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Femmes blafardes

La causalité est une des toutes première lois de l’univers et ce roman de Pierre Siniac en est l’illustration à l’échelle d’une petite ville qui n’a, bien sûr, rien d’ordinaire.

La bourgade concentre les tares de nos concitoyens : orgueil, sexe, argent, pouvoir… Rien ne change de par le vaste monde depuis sa création et Siniac y laisse libre court à sa profonde et cynique misanthropie.

C’est totalement iconoclaste, subversif à souhait et souvent drôle. Ce n’est pas pour rien que le centre culturel du bled se nomme « Raymond-Roussel » et le cinéma « Louis-Ferdinand Céline » car le roman oscille entre le surréalisme loufoque de l’un et la faconde destructrice de l’autre.
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Le Crime du dernier métro

S’inspirant d’un fait-divers de mai 1937, une jeune femme assassinée dans un wagon de métro où elle se trouvait seule, Pierre Siniac , comme à son habitude, nous conte cette histoire sordide avec son talent, son humour noir et son vocabulaire populaire.







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Sous l'aile noire des rapaces

Un roman cocasse qui allie aventures, supercheries, courage, et trahison.

Nous sommes en juin 40 ; c'est la débâcle.

La Banque de France a fait évacuer l'or mais a oublié 20 tonnes dans un coffre. Des fonctionnaires peu inspirés ordonnent alors le rapatriement de ce stock qui doit aller de Paris à Bayonne au plein milieu de l'exode. Des malfrats ont vent du transfert et, avec la complicité d'un convoyeur véreux, décident de suivre le fourgon et de le braquer.

Nous voila partis pour une aventure où les truands ressemblent à des pieds- nickelés.

Les allemands ne sont pas loin. Les évènements sont ponctués de faits historiques réels.

Tout cela est drôle, enlevé avec des personnages haut en couleur mais c'est surtout le style de Siniac qui fait le sel de cette aventure.

Savoureux.

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Aime le maudit

Quel est ce club mystérieux dirigé par les descendantes du "Vampire", monstre arrêté en 1900 après avoir commis neuf horribles crimes ? Sept fauteuils pour sept adhérents qui s'y succèdent : le numéro 1 accomplit sa mission, disparaît et est remplacé par le numéro 2. Un nouveau numéro 7 est alors convié.

Qu'est-ce qui pousse ces hommes honnêtes et travailleurs à venir siéger dans ce Vampir's club, sous des surnoms de célèbres criminels et à respecter l'effroyable contrat auquel ils se sont engagés ?

Un petit chef d'œuvre d'humour noir qui nous tient en haleine jusqu'à la fin...
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Femmes blafardes

On commence Femmes blafardes et on se dit que ce livre est sombre. On finit Femmes blafardes et on se dit que ce livre est cynique. Dans une ville anonyme de Vendée, durant les mois d'automne et d'hiver, l'ancien flic, l'ancien détective et apprenti journaliste Séverin Chanfier est le témoin extérieur d'une série de meurtres qui, ritualisés, finissent par mettre en ordre la ville, selon la formule consacrée sur un coin de table : crime = ordres ; pas de crimes = désordre. Ces femmes blafardes, qui donnent son titre au livre, ce sont les victimes d'un meurtrier mystérieux qui dépose, à côté de ces corps auxquels il a ôté la vie, un éventail. Jack l'Eventeur, macabre plaisanterie, est le surnom que l'on donne bientôt à ce criminel. D'une régularité terrifiante, Jack l'Eventeur tue chaque jeudi soir une femme : ouvrière, étudiante, veuve ... Ces femmes blafardes, étranglées, éventrées, tuées de toute façon, ne sont que le prétexte d'une vaste comédie que Pierre Siniac met en scène.



En choisissant l'une de ces obscures villes de province, dont on peut parfois vaguement connaître le nom sans la visualiser réellement, Pierre Siniac enferme déjà le lecteur dans un huis-clos au décor naturel et aux lieux de sociabilité bien établis : le centre culturel, le cinéma, un bar, deux restaurants (l'un, le Restaurant de la Gare, populaire, l'autre, Aux trois couteaux, où se réunissent les élites de la ville), l'usine d'armements (qui emploie la grande majorité des habitants), deux grands magasins qui sont les locomotives commerciales de la cité, le bordel, enfin, où les confidences sur l'oreiller permettent de mettre à jour le mécanisme invariablement réglé qui régit la ville.



Cette mécanique bien huilée, Pierre Siniac la répète jusqu'à saturation et la pousse jusqu'à l'absurde puisque ces événements finiront par avoir une influence sur la politique nationale. Suivant le principe de l'effet papillon, les événements s'enchaînent naturellement et provoquent, mécaniquement, le crime du jeudi soir. Voilà donc une ville où rien, ordinairement, ne se passe, et où l'extraordinaire surgit sous la forme d'un meurtre ritualisé. La quête du meurtrier, elle, n'occupe que peu le lecteur. Séverin Chanfier mène son enquête sans avancer, au milieu de types de personnages bien établis et à peine caricaturaux. Chacun, depuis le commerçant Hurlejaume, vitrine de la réussite sociale jusqu'au journaliste ivrogne Forgesclain, en passant par le clochard Mésange, par l'astrologue Melle de Chamboise et le VRP Saint-Valbert, semble avoir une raison, même farfelue, de tuer.



Le tableau s'alourdit encore de la présence d'un corbeau et par celle, incompréhensible parfois, du lapin chasseur au menu du restaurant Aux trois couteaux, meilleure table de la région. Siniac livre ainsi, dans Femmes blafardes, un polar qui se joue des codes de son propre genre. S'il y a bien un crime et une raison à celui-ci, l'implacabilité de celle-ci (sans qu'aucune solution ne puisse être trouvée ; la tentative de l'employé communal Pierre Martin le prouve) lui donne un caractère absurde. Usant d'une langue qui manie aussi bien le classicisme du français que'un argotisme aux relents céliniens (relents seulement, n'exagérons rien), Pierre Siniac accumule les poncifs sans alourdir son œuvre ; au contraire, il y a une légèreté dans ce roman, une distance qu'on dirait établie par cet exercice de style. Il n'y a que les détails glauques qui n'attirent pas le cynisme de Pierre Siniac et pour cause : à la lecture de Femmes blafardes, on comprend que ces femmes, justement, à la langue tirée et au visage congestionné, ne conviennent pas à l'auteur. Ce qui lui va, à lui, ce sont les vivants : il n'y a qu'eux pour offrir une pareille comédie humaine.
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Mystère en coup de vent

L'inspecteur Chiffot, policier à la retraite, vit dans un minable pavillon de la banlieue lyonnaise tout en rêvant d'une coquette villa sur la Côte d'Azur. Mais pour que ce désir puisse s'accomplir et pour complaire à sa chère Albertine, il se décide enfin à exploiter ce qu'il avait mis de côté pour assurer ses vieux jours, à savoir des preuves, qui auraient permis l'arrestation d'assassins, et que lui, Chiffot, a judicieusement chapardées en vue de faire un jour chanter les meurtriers !

Voilà une excellente façon de compléter sa retraite, car, pensez donc, ce n'est pas avec ce que vous verse l'Etat qu'on peut vivre décemment !

Et on mange bien chez les Chiffot, et allons-y pour les oeufs en meurette, les omelettes aux truffes, sans parler du ris de veau aux morilles, et sans compter les gâteries du chat Tigrogniou ... c'est pas donné tout ça, alors faut bien assurer !



Et à la faveur d'un bon bain de pied, rien de tel pour vous éclaircir les idées, notre flic véreux va concocter un plan infaillible pour arracher la thune aux malfaisants .... et l'ami Siniac, toujours aussi facétieux, d'embarquer le lecteur dans une rocambolesque aventure, proposant des développements auxquels on ne s'attend pas, mais alors vraiment pas du tout !!!

Alors, même si vous n'y trouvez pas la verve éblouissante du "Tourbillon", ou la fantaisie débridée de "Femmes blafardes", vous passerez tout de même un sacré bon moment, entre deux coups de vent bien décoiffant ..... Autant en emporte le vent !
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Le tourbillon

Juin 1975, lors d'une nuit d'orage apocalyptique, une accident de la circulation meurtrier implique un camion citerne, une Dauphine et un break Passat. Par quel hasard de la vie, les conducteurs des trois véhicules qui crament dans les feux de l'enfer sur une route secondaire de Bourgogne sont-ils liés ? Pour connaître les causes de cet accident, il faut remonter trente ans en arrière et nous intéresser à la vie de Gaston 'Les Bretelles" Bargette, un petit truand parisien au grand coeur, et aux évènements, d'importance ou insignifiants, qui vont déclencher des drames en cascade jusqu'à l'accident fatal, depuis ces casses non violents à la fin des années trente jusqu'à son mariage avec Clairette Maitrepaul qui a été marquée par l'assassinat devant ces yeux de ces grands-parents, en passant par sa réhabilitation dans les années quarante et sa dure vie de labeur dans les années cinquante et soixante, émaillée par des malheurs amoureux puisqu'il voit mourir, l'une après l'autre, ses pauvres fiancées, pour devenir enfin un citoyen respectable et un notable dans sa petite ville de Breuil en Yvelines. Autour de cet individu doux et tranquille, gravitent une douzaine de personnages, du résistant au gestapiste, du gangster à l'aristocrate assassin et montreur de rats dans les foires, de la pauvre femme, estropiée et défigurée dont la vie n'a été qu'une suite ininterrompue de malheurs, au souteneur d'origine italienne, du détective au pyromane ou du fils de métayer qui a réussi dans la vie au député social démocrate allemand rescapé du nazisme. Tous évoluent à plus ou moins longue distance de lui, à travers la période de la guerre et de l'occupation jusqu'à la fin des Trente Glorieuses, et se retrouvent de la rue Lauriston de triste mémoire à Paris au baraques foraines de Bretagne, d'un noble manoir dans la Bresse à un cabinet notarial à Belfort et voient leur destin se croiser sur les routes de France pour écrire une histoire noire, tumultueuse et profondément tragique.



Pierre Siniac signe avec "Le Tourbillon" une splendide fresque sur la fatalité et le caractère irrémédiable du destin qui s'acharne parfois sur les individus. Véritable roman-feuilleton, non par la forme, puisqu'il n'en est pas un au sens premier du terme, mais par la caractéristique principale qu'il partage avec les écrits des maîtres du genre que sont Eugène Sue ou Paul Féval : ce coté addictif que le récit engendre avec ses personnages multiples, ses nombreux rebondissements et le suspense que l'auteur de "Femmes Blafardes" entretient jusqu'à la dernière page. Doté d'une imagination fertile et d'un humour très noir, Siniac tisse une véritable toile d'araignée qui relie les personnages à la description précise et à la psychologie recherchée. D'une plume directe au service d'un ton désabusé, il raconte une histoire réaliste et sombre à la française qui ne laisse aucun répit au lecteur et il se hisse ainsi à la hauteur des maîtres américains du roman noir. Une grande réussite.
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Sous l'aile noire des rapaces

« Ils sont fous, à la Banque. On n’envoie pas un fourgon d’or sur des routes transformées en foire du Trône. »

Juin 1940 : face à l’avancée des troupes allemandes, la Banque de France transfère ses réserves d’or dans le sud. Dans l’effervescence du moment, un bordereau s’égare. Résultat : deux tonnes de barres d’or oubliées dans un coffre. Le 10 juin, alors que débute l’Exode qui jette des centaines de milliers de personnes sur les routes, la Banque de France réquisitionne dans l’urgence un fourgon blindé et une équipe de convoyeurs chargés de redescendre l’or vers Bayonne. Parmi eux, Labeyrie, un peu flambeur, âpre au gain et en cheville avec un ancien catcheur sarrois reconverti dans le braquage. C’est dire si l’affaire les tente. Un type à l’intérieur, un autre à l’extérieur… il ne reste plus qu’à monter une équipe pour organiser l’attaque au bon moment. Mais sur des routes encombrées de charrettes, de bus, de piétons, de cyclistes et autres militaires en débâcle, avec les panzers au cul et l’aviation allemande ou italienne prêtes à faire des cartons, tout ne va pas se passer comme prévu.

Folle équipée d’un attelage hétéroclite de bras cassés, de soldats devenus soldats de fortunes, de taulards évadés, de flics plus ou moins honnêtes et même d’un garde mobile patriote pris en otage, Sous l’aile noire des rapaces est un roman d’aventures sans temps morts dans lequel Pierre Siniac se livre à un véritable jeu de massacre. S’il s’attache à peindre un portrait précis de chacun de ses personnages – portrait d’ailleurs généralement assez cruel, tant aucun ne semble pouvoir trouver grâce aux yeux d’un auteur qui érige ici la misanthropie au rang d’art – Siniac se plaît aussi à les voir se faire dézinguer, et tant mieux si c’est en plus de manière un peu ridicule. Autant dire que du gang de départ qui s’étoffe au fur et à mesure de cette semaine fatale sur les routes de France, il ne restera pas forcément grand-chose au bout.

Et si Siniac n’est pas tendre avec ses personnages, il ne l’est pas non plus avec le reste de la population : bons français qui jettent des tomates sur leurs militaires en déroute avant de se plier servilement aux volontés de faux – mais très korrects – soldats allemands, soldats se rêvant en héros avant de fuir piteusement devant le moindre uniforme ennemi… tout le monde passe à la moulinette de la plume acide d’un auteur qui manie avec un plaisir évident un humour noir acerbe que vient encore rehausser une langue savoureuse.

Sous l’aile noire des rapaces a d’abord paru chez Jean-Claude Lattès en 1975 sous le titre L’or des fous. Rivages lui a offert une deuxième vie vingt ans plus tard. L’opération « Lectures sur ordonnance » lancée pour les trente ans de Rivages/Noir et qui consiste à rééditer des pépites du fonds de l’éditeur (la preuve, il y a même Florida Roadkill dans le lot) est l’occasion de donner une troisième vie à ce roman enthousiasmant et, souhaitons-le, de le faire découvrir à une nouvelle génération de lecteurs, et avec lui le reste de l’œuvre de Pierre Siniac, auteur discret qui n’a pas eu de son vivant toute la reconnaissance qu’il méritait.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Le tourbillon

Pierre Siniac a l'art de vous coller les nerfs en pelote !

Si vous voulez un roman qui vous oblige à tourner frénétiquement les pages, en sentant votre coeur s'emballer au fur et à mesure que les événements se précipitent, en vous rongeant les ongles à cause de tous les petits grains qui viennent gripper les rouages de cette superbe mécanique narrative, alors vous serez servi avec ce tourbillon !



Un concours de circonstances, un peu trop souvent rocambolesques, (c'est là le bémol que l'on peut attribuer à cet ouvrage) va mettre plus ou moins en rapport une galerie de personnages bien typés, et surtout bien croqués grâce au talent de l'auteur : truand au grand coeur, ordure intégrale, infect souteneur, fils de famille dégénéré, pauvre fille vouée à une existence parfaitement misérable ...

De la pègre des années 30 aux salopards de la rue Lauriston pendant l'Occupation, en passant par les claques des années 50 pour finir dans l'ambiance des fêtes foraines ... plus vous avancerez dans la lecture, plus vos nerfs seront mis à mal, et plus l'air vous semblera irrespirable!



Et c'est noir, très noir, sinistre, comme la vie, vous me direz.

Oui, bien sûr, mais par moments on aurait besoin d'un peu d'espoir, d'un peu de joie...

Une construction brillante, un auteur, bourré de talent, doué d'une imagination débordante, mais ici, point de salut, rien d'autre que misère humaine, ordurerie ordinaire, et malchance intégrale !

Trop, c'est trop. Glauque, sordide et désespérant !

Et je me joins à Baudelaire pour dire

l'Espoir,

Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,

Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.



J'ai refermé ce livre en fulminant !
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Bazar bizarre

Le style Siniac est un mélange de gouaille et de truculence, on peut penser à Alphonse Boudard en plus sombre, à Céline aussi, en plus sobre. le propos est noir, glauque - Glauque c'est vert ? Bon alors vert foncé, vert cafard, vert inquiétant, vert sinistre - L'histoire se déroule en Auvergne (mais on est loin d'Alexandre Vialatte), autour du Petit Bazar Français, on est en 1980, mais les années 50 ne sont pas loin ; le temps se traine dans ces contrées, il est plus rance. Un maître chanteur sévit, puis un autre, un certain nombre d'employés de la belle entreprise chantent donc, ils raquent, ils crachent de coquettes sommes au bassinet, terrorisés par des vérités pas belles à dire, d'épouvantables horreurs ... Pourtant ce sont d'honnêtes gens, de bons salariés avec l'esprit d'entreprise chevillé au corps, au Petit Bazar de pères en fils depuis plusieurs générations. Alors, le suspense est à son comble. Dans ce bouquin ce qui est le plus prenant, le plus efficace, c'est ça : le suspense. La 4ème de couverture nous l'annonce : « Inimaginable ». C'est hélas là, qu'est ma déception : l'épilogue est tellement « inimaginable » que je l'ai trouvé, peu crédible. Même si on peut y trouver une réflexion plus profonde (notamment sur la peur de ...), ce dénouement est trop déroutant pour moi. 3* néanmoins. Allez salut.
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La course du hanneton dans une ville détruite..

En dépit de la collection, il ne s’agit pas d’un roman policier, ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas intéressant, loin de là. Le complément du titre est éloquent, la « corvée de soupe ». Car il s’agit ni plus ni moins que de cela, la malheureuse Barbara Rousset essaye, en Normandie, peu après le débarquement, lors du martyr de Saint-Lô en 1944, de ravitailler les gosses dont elle à la charge.

Et c’est excellent, tragique, comique, dramatique.

L’auteur développe, avec un argument aussi mince, un état de la France à cette période charnière, reconstitue, puisqu’il semblerait que tout s’inspire de quelques faits réels, une aventure à la fois pitoyable et glorieuse, faisant de ce hanneton dans une ville en ruines une métaphore de la condition humaine.

Vous découvrirez la famille Lobtenjois, haïssable et touchante à la fois, le retors capitaine O’Connor, et ce chien, ce chien fatal ! Et quelle scène que celle des 51 francs à rembourser ! N’en disons pas plus ; les collabos, les résistants, les Allemands, les Alliés, tout le monde à son rôle à jouer dans cette pièce tragi-comique.
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