Citations de Pierre de Marivaux (579)
Un duo de tendresse en décidera, comme à l'Opéra : vous me voulez, je vous veux; vite un notaire ! ou bien : M'aimez-vous ? non; ni moi non plus; vite à cheval !
Mon cher patron,vos compliments me charment;vous avez coutume de m'en faire à coups de gourdin qui ne valent pas ceux-là.
Il m'appelle quelquefois Arlequin,quelquefois Hé.
Doucement,tes forces sont bien diminuées,car je ne t'obéis plus,prends-y garde.
Il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison; voilà ce qu'il nous faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ?
Scène VI (Cléanthis et Arlequin)
Cléanthis. "Tenez, tenez, promenons-nous plutôt de cette manière-là, et tout en conversant vous ferez adroitement tomber l'entretien sur le penchant que mes yeux vous ont inspiré pour moi. Car encore une fois nous somme d'honnêtes gens à cette heure ; il faut songer à cela, il n'est plus question de familiarité domestique. Allons, procédons noblement, n'épargnez ni compliments, ni révérences."
Dans le mariage, on a plus souvent affaire à l'homme raisonnable qu'à l'aimable homme.
Mon coeur est fait comme celui de tout le monde. De quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ?
Fierté, raison et richesse, il faudra que tout se rende. Quand l’amour parle, il est le maître
Bien écouter, c'est presque répondre.
Je n'en dirais pas tant de celui d'une pieuse, car il y a bien de la différence entre la véritable piété et ce qu'on appelle communément "dévotion".
Les dévots fâchent le monde, et les gens pieux l'édifient ; les premiers n'ont que les lèvres de dévotes, c'est le coeur qui l'est dans les autres ; les dévots vont à l'église simplement pour y aller, pour avoir le plaisir de s'y trouver, et les pieux pour y prier Dieu ; ces derniers ont de l'humilité, les dévots n'en veulent que dans les autres. Les uns sont de vrais serviteurs de Dieu, les autres n'en ont que la contenance. Faire oraison pour se dire "Je la fais" ; porter à l'église des livres de dévotion pour les manier, les ouvrir et les lire; se retirer dans un coin, s'y tapir pour y jouir superbement d'une posture de méditatifs ; s'exciter à des transports pieux, afin de croire qu'on a une âme bien distinguée, si on en attrape; en sentir en effet quelques-uns que l'ardente vanité d'en avoir a fait naître, et que le diable, qui ne les laisse manquer de rien pour les tromper, leur donne ; revenir de là tout gonflé de respect pour soi-même, et d'une orgueilleuse pitié pour les âmes ordinaires ; s'imaginer ensuite qu'on a acquis le droit de se délasser de ses saints exercices par mille petites mollesses qui soutiennent une santé délicate ; tels sont ceux que j'appelle des dévots, de la dévotion desquels le malin esprit a tout le profit, comme on le voit bien.
J'ai pourtant vu nombre de sots qui n'avaient, et ne connaissaient, point d'autre mérite dans le monde que celui d'être nés nobles, ou dans un rang distingué. Je les entendais mépriser beaucoup de gens qui valaient mieux qu'eux, et cela seulement parce qu'ils n'étaient pas gentilshommes, mais c'est que ces gens qu'ils méprisaient, respectables d'ailleurs par mille bonnes qualités, avaient la faiblesse de rougir eux-mêmes de leur naissance, de la cacher, et de tâcher de s'en donner une qui embrouillât la véritable et qui les mît à couvert du dédain du monde.
“Passons maintenant à l’histoire. C’est une femme qui raconte sa vie; nous ne savons qui elle était. C’est la Vie de Marianne; c’est ainsi qu’elle se nomme elle-même au commencement de son histoire; elle prend ensuite le titre de Comtesse; elle parle à une de ses amies dont le nom est en blanc, et puis c’est tout.” (p.58)
“Comme on pourrait soupçonner cette histoire-ci d’avoir été faite exprès pour amuser le public, je crois devoir avertir que je la tiens moi-même d’un ami qui l’a réellement trouvée, comme il le dit ci-après, et que je n’y ai point d’autre part que d’en avoir retouché quelques endroits trop confus et trop négligés” (p.55)
“Comme on pourrait soupçonner cette histoire-ci d’avoir été faite exprès pour amuser le public, je crois devoir avertir que je la tiens moi-même d’un ami qui l’a réellement trouvée, comme il le dit ci-après, et que je n’y ai point d’autre part que d’en avoir retouché quelques endroits trop confus et trop négligés” (p.55)
La différence des conditions n’est qu’une épreuve que les dieux font sur nous.
Pardi ! le coeur d'une femme est bien étonnant ! le feu y prend bien vite ! (II, 3)
Un rien que l'on voit vaut mieux que quelque chose que l'on ne voit pas
ARLEQUIN. Qu’il fasse donc l’amour ailleurs ; car il n’aurait que la femme, moi, j’aurais le cœur, il nous manquerait quelque chose à l’un et à l’autre, et nous serions tous trois mal à notre aise.
La condition de ceux qui restent est toujours plus triste que celle des personnes qui s'en vont. S'en aller, c'est un mouvement qui dissipe, et rien ne distrait les personnes qui demeurent