Le pape Clément V devait mourir un mois à peine après le maître du Temple (Jacques de Molay + 18 mars 1814) dans la nuit du 19 au 20 avril 1314, au château de Roquemaure dont les ruines dominent encore la vallée du Rhône. Philippe le Bel, lui, allait être frappé d'apoplexie le 4 novembre suivant et mourir le 20 novembre, à l'âge de quarante-sept ans. Ces deux morts successives devaient frapper la population et donner naissance à la légende de Jacques de Molay les assignant l'un et l'autre à comparaître dans les six mois au tribunal de dieu.
318 - [Que sais-je ? n° 1557, p.113]
..on sait que peu de temps après la mort du roi, était pendu au gibet de Montfaucon son favori Enguerrand de Marigny (30 avril 1315), celui qui avait pris la relève des Nogaret et des Plaisans et c'était fait l'exécuteur du roi. Il est étrange de penser que Marigny lui-même a fait adopter le dernier acte de Philippe le Bel, qui est aussi la première disposition royale écartant les filles de la succession au trône - cette disposition qui, avec le recul de l'Histoire, se révèle être le prélude des guerres franco-anglaises du XIVe siècle. S'il y eut un règne lourd de conséquences, c'est bien celui de Philippe le Bel !
317 - [Que sais-je ? n° 1557, p. 114]
...les graffiti émanant de templiers sont en effet intéressants et dans bien des cas contribuent à révéler une mentalité : celle de prisonniers accablés sous d'injustes accusations ; ainsi en est-il de ceux qu'à découvert, dans la tour de Domme, en Périgord, P.-M. Tonnelier, où, à travers des inscriptions vengeresses (Clemens destructor Templi), de très beaux crucifix, des anges d'apocalypse, les templiers clament l'injustice de leur sort et le calvaire qu'ils subissent.
316 - [Que sais-je ? n° 1557, p. 117]
Seuls quelques historiens acharnés à défendre la mémoire de Philippe le Bel accordent créance aux accusations dont les Templiers ont été les victimes. Un examen tant soit peu approfondi des pièces du procès aujourd'hui publiées ne laisse guère de doutes sur la question : tous les aveux ont été arrachés par la torture et ces aveux, à d'infimes exceptions près, n'ont été obtenus qu'en France.
315 - [Que sais-je ? n° 1557, p. 122]
... à Rome la patria potestas, le pouvoir du père, était absolu, sur la famille et notamment sur les enfants à leur naissance ; tous les juristes ont relevé ce qu'on appelle la "disparition forcée des cadettes" ; en effet, si le père était tenu de conserver à la naissance les enfants mâles en raison des besoins militaires (sauf s'ils étaient mal formés ou jugés trop chétifs), il ne gardait en général qu'une seule fille, l'aînée ; c'est tout à fait exceptionnellement qu'on voit mention de deux filles dans une famille romaine. Et il est significatif que chacun des garçons reçoive un praenomen (prénom), tandis que la fille, l'aînée généralement, ne porte qu'un nom, celui de la famille paternelle ; ainsi, dans la gens Cornelia, la fille s'appelle Cornelia, ses frères sont Publius Cornelius, Gaïus Cornelius, tec. Pas de nom personnel donc pour la fille, mais seulement celui du père.
234 - [Le Livre de Poche n° 5690, p. 23-24]
Le médiéviste, s'il s'est mis en tête de composer un sottisier sur le sujet, se trouve comblé par la vie quotidienne. Pas de jour où il n'entende quelque réflexion dans le genre "Nous ne sommes plus au Moyen Age" ou "C'est un retour au Moyen Age" (...) Le Moyen Age fournit, à tous ceux pour lesquels l'Histoire n'est qu'un prétexte, un terrain de choix: une période que le grand public ignore, avec quelques noms qui émergent, Charlemagne, la Chanson de Roland, les troubadours(...) Tel est à peu près le bagage moyen. Si l'on souhaite le corser, on y ajoute le secret des Templiers et le trésor des cathares, ou inversement le secret des cathares et le trésor des Templiers.