Citations de Richard Matheson (497)
C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés
Lorsqu'ils montèrent l'escalier, un vent glacé passa sur leurs têtes et fit vaciller les flammes des bougies. Celle d'Edith s'éteignit.
- Qu'est-ce que c'était ? murmura t-elle.
- Un courant d'air, répondit immédiatement Barrett qui inclina sa bougie pour rallumer celle d'Edith. Nous en parlerons plus tard.
Edith ravala péniblement sa salive et jeta un coup d'oeil à Florence. Barrett la prit par le bras et ils continuèrent à monter.
- Ce genre de choses se produira souvent pendant la semaine, dit-il. Tu t'y habitueras.
Edith se tut. Pendant que les Barrett montèrent l'escalier, Florence et Fisher échangèrent un regard.
Juste comme il démarrait le moteur, il s'avisa qu'il était garé le long d'un trottoir interdit au stationnement, et qui plus est à contresens. Il parcourut la rue du regard, appelant : "ohé ! Monsieur l'agent !".
Il rit pendant un bon kilomètre sans pouvoir s’arrêter, en se demandant ce qu'il y avait de si drôle...
Une nouvelle terreur a émergé de la mort, une nouvelle superstition a conquis la forteresse inexpugnable de l'éternité. Je suis une légende.
Encore une question sans réponse, à ajouter à celle qui lui était venue la nuit précédente: comment un vampire musulman aurait-il réagit à la vue d'une croix ?
Il y avait quelque chose de sinistrement burlesque dans cette course effrénée au profit alors même que le monde était en train de mourir.
À la vue de cette multitude de visages blêmes tournés vers lui, Neville s'avisa tout à coup qu'à leurs yeux, c'était lui le monstre. C'est la majorité qui définit la norme, non les individus isolés.
Pourtant, en quoi ses habitudes sont-elles plus révoltantes que celles des autres hommes et animaux? Ses crimes sont-ils plus graves que ceux des parents d'enfants qui étouffent la personnalité de leur enfant? Son seul nom provoque des réactions d'effroi. Mais est-il plus monstrueux que les parents d'un gosse névrosé, futur homme politique? Que l'industriel distribuant à des oeuvres l'argent qu'il a amassé en fournissant en bombes et en fusils des terroristes kamikazes? Que le producteur de l'infâme tord-boyaux avec lequel s'abrutissent de pauvres types, déjà incapables d'aligner deux idées à jeun ( 'Mande pardon : je suis en train de dénigrer le sein qui m'abreuve)? Est-il pire, enfin, que le patron du torche-cul qui souille les présentoirs d'un flot de calomnies et d'obscénités? Examinez bien vos consciences, mes petits coeurs, et dites-moi si le vampire est tellement épouvantable.
Tout ce qu'il fait, c'est boire du sang.
Pourquoi, dès lors, ce préjugé injuste et absurde à son égard? Pourquoi le vampire ne peut-il vivre là où il a envie? Pourquoi l'obliger à se terrer? Pourquoi chercher à le détruire? Vous avez fait de cet innocent un animal traqué, sans moyen de subsistance ni possibilité d'instruction. Il n'a même pas le droit de vote. Pas étonnant qu'il doive mener l'existence d'un prédateur nocturne.
Ouais, ouais, bougonna intérieurement Neville.
Mais vous laisseriez votre soeur en épouser un?
Là mon vieux, tu m'as cloué le bec...
Si je pouvais mourir maintenant, songea-t-il. Doucement, paisiblement, sans peur et sans cris. Si je pouvais la rejoindre. Si au moins je pouvais y croire...
Ses doigts se crispèrent lentement, sa tête s'inclina vers sa poitrine.
Virginia. Emmène-moi là où tu es.
Une larme de cristal roula sur sa main immobile...
Il n'aurait su dire combien de temps il demeura ainsi. Au bout d'un moment, toutefois, la tristesse la plus noire finit par s'apaiser, le désespoir le plus vif par s'émousser. C'est le sort du flagellant, dit-il, que de devenir insensible même à la morsure du fouet.
La vie était-elle donc plus forte que les morts et la volonté? Était-ce donc la nature qui veillait à entretenir l’étincelle en lui, malgré les écarts de conduite? (Folio SF, p.126)
« Dans un monde où l’horreur constituait la norme, nul salut ne pouvait venir des rêves. Il avait pris son parti de l’horreur, mais sa banalité lui paraissait un obstacle infranchissable. » (p. 146)
Il se souvint du temps, vers la fin de son séjour dans les étages supérieurs, où il était incapable d'écouter de la musique sinon à si faible volume que Lou ne pouvait même pas l'entendre. Autrement la musique se transformait en un vacarme qui lui rompait les tympans et lui donnait la migraine. Un bruit de vaisselle lui mettait la cervelle en capilotade. Un éclat de rire, un cri de Beth l'agressait comme un coup de feu tiré à ses oreilles, le faisant grimacer et rentrer la tête dans les épaules.
La puissance du vampire tient à ce que personne ne croit à son existence.
Mes amis, si je suis parmi vous ce soir, c’est pour aborder le problème du vampire, espèce minoritaire s’il en est !
Ma thèse tient en quelques mots : les vampires sont victimes d’un préjugé. Or, la source des préjugés raciaux réside dans le postulat que la peur engendre la haine.
" Quelle serait la réaction d'un vampire musulman devant la croix ? "
Il connaissait l'existence de cette boîte de biscuits bien avant de se retrouver piégé dans la cave : c'était lui qui l'avait laissée là, un après-midi, il y avait de cela bien longtemps. Non, pas si longtemps, en réalité. Mais d'une façon ou d'une autre, les jours lui semblaient désormais plus longs. Comme si les heures avaient été conçues pour les êtres normaux. Pour quelqu'un de plus petit, les heures s'étiraient en proportion.
Je crois que ma philosophie de la vie est assez étrange dans la mesure où elle combine une spiritualité positive et un cynisme matérialiste négatif. À mon avis, la nature est toute ordre et somptuosité. Et à mon avis, l’humanité fait tout son possible pour détruire cet ordre et cette somptuosité. Pas au détriment de l’ordre, bien sûr. Seulement de l’humanité.
("Ce que je crois" - Publié dans le Livre d'or de la science-fiction: Richard Matheson)
Quelle serait la réaction d'un vampire musulman devant la croix ?
Couché dans son lit ,il respirait la nuit à long traits,attendant le sommeil.
DOCTEUR J : Le monde a cinq ans.
SMITH : C'est exact.
DOCTEUR J : Que faites-vous des fossiles ? Que faites-vous de l'âge des pierres ? De la transformation en plomb de l'uranium ? Que faites-vous des diamants ?
SMITH (pour ne plus être importuné) : Illusions.
DOCTEUR J : C'est vous qui les avez fabriqués ?
SMITH : C'est ex...
DOCTEUR J (le coupant) : Pourquoi ?
SMITH : Pour voir si j'en étais capable.
DOCTEUR J : Je ne...
SMITH : N'importe qui peut faire un monde. Cela requiert de l'ingéniosité lorsque l'on veut en fabriquer un puis faire croire aux gens qui y vivent qu'il existe depuis des millions d'années.
("L'homme qui a fait le monde" - 1954)