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Critiques de Robert Bober (74)
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Ellis Island

Georges Perec écrit ce texte majeur en 1979 alors qu’il prépare un documentaire sur Ellis Island avec Robert Bober. C’est la lecture du récent ouvrage de ce dernier qui m’a remise sur la piste des mots de Perec. Il n’y a bien sûr pas de hasard à cet écrit pour son auteur.

Comme il l’a fait avec W, Perec projette sur Ellis Island, la quête infinie de son identité.

A travers les mots de Georges Perec, au fil des chiffres et des objets, c’est une mécanique broyeuse qui prend forme. Celle d’un accueil à la chaîne, déshumanisé et désincarné. C’est pourquoi l’auteur définit ce lieu comme un « non lieu », une forme de cul de sac .

Lire « Ellis Island » aujourd’hui permet au lecteur d’identifier d’autres non-lieu, comme si Ellis Island au début du vingtième siècle avait initié une marche funèbre pour tous les exils à venir.

Allégorie de l’errance et de la dispersion, c’est dans les mers d’Europe et d’ailleurs que nous portent aujourd’hui les mots de Perec. Les chiffres ont changé d’échelle, les lieux ne sont plus les mêmes mais la négation des vies est toujours là, sous d’autres formes, à Calais, Lampedusa, Lesbos ou ailleurs.

Un texte visionnaire et universel.

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Ellis Island

Le livre (et le film) m'ont appris des choses sur les grandes immigrations vers les États-Unis. Je dois le reconnaître. En revanche, émotionnellement je n'ai pas ressenti grand chose, malgré tous les efforts de l'auteur.

C'est un livre très très court et simple à lire, alors vous pouvez facilement tenter l'expérience.
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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..



J’ai un peu perdu de vue Robert Bober depuis son premier roman , écrit à 60 ans dans les années 90: « Quoi de neuf sur la guerre ». J’en ai gardé le tableau d’un après guerre pudique marqué par les traumatismes toujours présents, évoqués avec la douceur des larmes silencieuses.

Il a écrit de nombreux romans depuis, avec le dernier « Il y a quand même dans la rue des gens qui passent », Il nous propose une déambulation au fil de ses pensées, dans un dialogue avec Pierre Dumayet qu’il fait partager aux lecteurs. Je me suis sentie bien immédiatement, dans les mots de l’auteur, un peu au coin du feu, dans une complicité chaleureuse, pour une promenade le nez au vent, sans vraiment le récit précis de quelque évènement , mais la logique aléatoire de la mémoire sensible, celle des lectures qui font écho aux souvenirs, dans un entrelacs d’images qui s’interpellent et se chevauchent:

« Aussi comme le précédent livre, ce livre va sans doute ne ressembler à rien qu’à son propre désordre ».

J’ai aimé ce faux désordre, Robert Bober y construit un long panoramique où prennent place les temps forts de sa vie, les traits d’union nombreux, qui créent du lien et parmi eux, le poids des livres, auxquels l’évocation de l’émission de Pierre Dumayet vient donner du sens: « Lire c’est vivre ». La force du récit de Robert Bober est telle, que j’ai repris la lecture de quelques livres qu’il cite tout particulièrement: « W ou le souvenir d’enfance » de Georges Perec, « Le dernier des justes » d’André Schwartz Bart, notamment. Il y en a beaucoup d’autres…

Ce livre n’est pas un roman, toutefois il fait entrer le lecteur dans un univers de pensée, il procède un peu comme les poupées gigognes, tout s’emboite à l’infini, tout est lié.

On sort de la lecture avec le sentiment d’avoir cheminé avec l’auteur, dans le partage d’une communauté d’idées et de valeurs.

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Par instants, la vie n'est pas sûre

Une longue lettre à un ami disparu et à une riche collaboration professionnelle (l'ami étant Pierre Dumayet).

Des souvenirs distillés au détour de promenades, de re- visionnage d'émissions, de documentaires, de films; en ressortant des photos, en se remémorant des échanges avec des rabbins, des écrivains, avec l'ami.

C'est très riche et très enrichissant.

Pas de démonstration mais un vrai désir de partage.

Des retranscriptions de dialogues, des arrêts sur image dans des documentaires, le tout illustré par des photos qui nous sont données à voir, entrecoupant le texte.

Déambulation sans chronologie liée à l'émergence du souvenir, d'une réflexion. Les souvenirs deviennent incarnés. Les disparus revivent le temps de la remémoration.

Pouvoir se souvenir de ce qu'on a partagé et dire ce qu'on aurait aimé partagé.

Découvrir des choses que l'on ne connaît pas et ne jamais oublier des moments dramatiques de l'histoire ( les rafles, les déportations, les rescapés, la quasi disparition d'une langue, les disparus de Charlie Hebdo...).

C'est beau une si longue et profonde amitié!





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Par instants, la vie n'est pas sûre

J'ai beaucoup aimé le premier tiers du livre, j'ai supporté le second tiers j'ai lu le dernier en diagonale. Cette lettre posthume à un ami/collègue où sont évoqués des souvenirs couvrant le XXe siècle. C'est intéressant mais c'est très répétitif, très petit bout de la lorgnette. Dommage.

Un avantage tout de même, les citations et critiques littéraires abondent. Un excellent moyen de découvrir de nouvelles lectures.
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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..

Êtes-vous certain d’avoir saisi l’image ? En avez-vous déchiffré le mystère ? Aux ignorant qui reprochaient à Van Gogh d’avoir bâclé son tableau, de l’avoir « vite fait », le peintre suggéra à son frère : « tu pourras y répondre qu’eux ont trop vite vu ».

La photo d’un personnage n’est-elle pas, avant tout « l’expression d’une absence » ? Différente de la peinture, la photographie se nourrit de son personnage : « Les gens sont pour quelque chose dans les photographies qu’on prend d’eux, ce n’est tout de même pas de la gouache qu’on ramasse sur une palette pour l’étaler sur la toile. », disait Guy Le Querrec.

Tout en s’adressant à son ami Pierre Dumayet, Robert Bober recolle les morceaux de son histoire personnelle. Sa vie défile tel un album de photos et il s’étonne, avec nous, de toutes ces occurrences, de ces rencontres inattendues, de ces évènements qui lui semblaient fortuits mais qui soudain, à la lumière du vécu, prennent un nouveau sens. C’est comme si les moments déterminants de son existence s’interpelaient, dialoguaient par le truchement de messagers choisis. Tout s’explique : « Le hasard est grand, mais il faut toujours se demander, face à n’importe quelle situation, comment essayer de l’inviter ».

Robert Bober déambule dans ses souvenirs, lumineux ou douloureux. Une balade entre l’intime et l’universel, dont certains passages m’ont marquée : l’inhumanité du fonctionnaire (p41), la trace de l’incomplétude (p52), le talent de Bergman expliqué (p67), l’implacable indifférence du passant (p95) ou ce jeune peintre, Julien, égayant les murs d’une école ukrainienne (p101-121) avant l’invasion russe.

Un livre inclassable porté par la nostalgie de son auteur : « j’adore le passé, c’est tellement plus reposant que le présent et tellement plus sûr que l’avenir ».

Bilan : 🌹

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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..

Tout le mouvement du livre est, ainsi, celui du rapprochement : commencé dans le contexte de la « distanciation sociale » obligatoire, il s’achève sur une scène fictive étonnante.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..

Je ne sais plus comment j'ai rencontré Robert Bober, en littérature. Mais comme le dit l'auteur, les rencontre ne sont pas anodines et il faut savoir les apprécier. Après la découverte de "Par instants, la vie n'est pas sûre" qui m'avait enthousiasmé, je n'ai pas pu résister à cette suite de conversations avec Pierre Dumayet.

Le commencement de cet ouvrage m'a un peu plus surpris et déstabilisé, dans le début. J'ai mis un peu de temps avant de m'emparer du livre et de l'apprécier. Mais ensuite tout à pris forme et j'ai retrouvé le même plaisir dans ses échanges avec un être cher et absent. Tous ces souvenirs enrichis de nombreuses rencontres, de références littéraires et cinématographiques, nous plongent dans une nostalgie heureuse.

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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..

À mesure que le temps s’amenuise, Robert Bober se souvient, offrant une flânerie fascinante.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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Il y a quand même dans la rue des gens qui pa..

Quelle douceur toujours dans les mots de Robert Bober ! L’émotion n’est jamais loin surtout quand les passages touchent à l’enfance, aux vies meurtries, aux absents. J’aime les détours pris, les évocations littéraires, et qui donnent toujours envie d’être suivis. On connaît bien le lien, et on pense sans surprise, beaucoup, à Perec.
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Ellis Island

Je ne m'attendais pas à me sentir si émue par ce texte.



C'est beau, par la simplicité des mots et puissant par leur agencement.

C'est émouvant par la pureté de l'intention : celle qu'on devine d'abord, et celle que Georges Perec explicite à la fin.



Ce texte est d'autant plus touchant qu'il fait écho à l'actualité.



"ils avaient renoncé à leur passé et à leur

histoire,

ils avaient tout abandonné pour tenter de venir

vivre ici une vie qu'on ne leur avait pas donné

le droit de vivre dans leur pays natal

et ils étaient désormais en face de l'inexorable"



Trop souvent aujourd'hui, les raisons des exils sont oubliés, consciemment ou non.

Pour détourner modestement les mots de Georges Perec, et sous prétexte que nos rues à nous sont désormais pavées, nos tunnels et canaux creusés, nos routes, nos ponts, nos grands barrages et voies de chemin de fer construits, nos forêts défrichées, on serait prêt à les laisser dériver.

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Quoi de neuf sur la guerre ?

Découvrir si tard ce livre incontournable sur les juifs français après la fin de la seconde guerre mondiale qui nous révèle ce que nous aurions dû savoir depuis très longtemps et qui a été occulte,caché, car cela rappelait les abandons,les lâchetés de l infâme régime de vichy...et des années qui ont suivies
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Ellis Island

Un très beau texte de Georges Perec ,

lu par Samy Frey.

Ellis Island, "l'île des larmes" a reçu

16 millions de damnés voulant être pionniers.

Poussés loin de chez eux par l'intolérance

ou la misère, ou encore les deux à la fois,

ces émigrants deviennent des imigrants

Perec s'interroge sur l'exil et sur ce non lieu

lieu de sélection, de transition,

d'acceptation ou de rejet..

Il en refait l'historique, s'appuie avec minutie

sur des chiffres et des dates.

Il le visite avec Robert Bober, tous deux juifs

venant de familles jetées

dans l'émigration pour survivre .

C'est un reportage précis, passionnant

servi par une belle écriture.

Un reportage qui renseigne et interpelle

sur une question qui ne risque pas de quitter l'actualité.

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Ellis Island

ELLIS ISLAND

L'île des larmes



Je n'ai pas les mots pour vous retranscrire ce roman tant cette petite histoire dans la grande m'a touchée profondément !

Un tout petit livre et pourtant un recueil immense de délicatesse et sensibilité, un style admirable tout en nuances, digne et simple.

Toutes ces vies déracinées, quittant leur pays, leurs familles, portant leurs rêves et espoirs vers cette Amérique, terre promise.

Cette Amérique mille fois rêvée, la terre de liberté où tous les hommes étaient égaux, le pays où chacun aurait sa chance, le monde neuf, le monde libre où une vie nouvelle allait pouvoir commencer.

Seize millions d'émigrants sont passés en trente ans par Ellis Island : le lieu de l'exil.

Il subissaient "l'inspection", devaient répondre à une série de vingt neuf questions ... Visite médicale, marqués à la craie d'une lettre : C la tuberculose, E les yeux, F le visage, X la débilité mentale .... , changer de nom.

A l'issue de ces humiliations, perte d'identité, l'inspecteur disposait de deux minutes pour décider si oui si non l'émigrant avait le droit d'entrer aux Etats Unis et devenir un immigrant.



Ce récit bouleverse car aujourd'hui, encore, le traitement faits aux migrants, ces frères humains, est indigne.

Demain, nous le serons peut-être ?...



"HOME" un poème sur l'immigration, écrit par une immigrante Warsan Shire jeune femme britannique d'origine somalienne



Personne ne quitte sa maison

A moins d’habiter dans la gueule d’un requin

 

Tu ne t’enfuis vers la frontière

Que lorsque toute la ville s’enfuit comme toi.

Tes voisins courent plus vite que toi

Le goût du sang dans la gorge

L’enfant avec qui tu as été à l’école

Celui qui t’a embrassé à perdre haleine

Derrière la vieille ferronnerie

Traine un fusil plus grand que lui

Tu ne quittes ta maison

Que quand ta maison ne te permet plus de rester.

 

Personne ne quitte sa maison

A moins que sa maison ne le chasse

Le feu sous les pieds

Le sang qui bouillonne dans le ventre

 

Tu n’y avais jamais pensé

Jusqu’à sentir les menaces brûlantes de la lame

Contre ton cou

Et même alors tu conservais l’hymne national

A portée de souffle

Ce n’est que quand tu as déchiré ton passeport

Dans les toilettes d’un aéroport

En t’étranglant à chaque bouchée de papier

Que tu as su que tu ne reviendrais plus.

 

Il faut que tu comprennes,

Que personne ne pousse ses enfants dans un bateau

A moins que la mer te semble plus sûre que la terre

 

Personne ne brûle ses paumes

Suspendu à un train

Accroché sous un wagon

Personne ne passe des jours et des nuits dans le ventre d’un camion

Avec rien à bouffer que du papier journal

A moins que chaque kilomètre parcouru

Compte plus qu’un simple voyage.

 

Personne ne rampe sous des barrières

Personne ne veut être battu

Ni recevoir de la pitié

 

Personne ne choisit les camps de réfugiés

Ni les fouilles à nu

Qui laissent ton corps brisé

Ni la prison

Mais la prison est plus sûre

Qu’une ville en feu

Et un seul garde

Dans la nuit

C’est mieux que tout un camion

De types qui ressemblent à ton père

 

Personne ne peut le supporter

Personne ne peut digérer ça

Aucune peau n’est assez tannée pour ça

 

Alors tous les :

A la porte les réfugiés noirs

Sales immigrants

Demandeurs d’asile

Qui sucent le sang de notre pays

Nègres mendiants

Qui sentent le bizarre

Et le sauvage

Ils ont foutu la merde dans leur propre pays

Et maintenant ils veulent

Foutre en l’air le notre

 

Tous ces mots-là

Ces regards haineux

Ils nous glissent dessus

 

Parce que leurs coups

Sont beaucoup plus doux

Que de se faire arracher un membre.

Ou les mots sont plus tendres

Que quatorze types entre tes jambes

Et les insultes sont plus faciles

A avaler

Que les gravats

Que les morceaux d’os

Que ton corps d’enfant

Mis en pièces.

 

Je veux rentrer à la maison

Mais ma maison est la gueule d’un requin

Ma maison est le canon d’un fusil

Et personne ne voudrait quitter sa maison

A moins d’en être chassé jusqu’au rivage

A moins que ta propre maison te dise

Cours plus vite

Laisse tes vêtements derrière toi

Rampe dans le désert

Patauge dans les océans

 

Noie-toi

Sauve-toi

Meurs de faim

Mendie

Oublie ta fierté

Ta survie importe plus que tout.

Personne ne quitte sa maison

A moins que ta maison ne chuchote grassement à ton oreille

Pars

Fuis moi

Je ne sais pas ce que je suis devenue

Mais je sais que n’importe où

Vaut mieux qu’ici.

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Quoi de neuf sur la guerre ?

Ca commence en douceur par la vie dans l'atelier de tailleur où les personnages se retrouvent au quotidien. En douceur, avec une sorte de naïveté dans la description de chacun de ceux qui travaillent, et l'expression au premier degré, anecdotique, de dialogues simples, sans prétention. Et puis, on achoppe d'un coup sur un silence, un regard qui fuit, des yeux qui se mouillent, ou au contraire sur cet humour juif qui n'a pas son pareil.

Tous ceux rassemblés dans l'atelier ont eu à souffrir de la guerre parce qu'ils sont juifs.

Certains savent les histoires des autres, d'autres les devinent. Rien n'est raconté frontalement, mais la souffrance est sous-jacente, prête à faire irruption pour un mot, une allusion dont le double-sens peut devenir tragique. Monsieur Albert, le patron, sait, lui, le passé de chacun de ses ouvriers. Parfois il le raconte à certains pour expliquer des comportements mutiques ou exaspérants. Monsieur Albert dont la bonté est bouleversée par tout ce malheur, tente avec ses pauvres moyens de faciliter le retour à la vie « normale » de ces fracassés de la guerre.

Avec l'histoire de chacun, on sort de l'atelier, et il n'y a plus de douceur possible. Dans ses remerciements en fin d'ouvrage, Robert Bober indique : « Ce livre n'aurait probablement pas vu le jour si, entre 1947 et 1953, comme apprenti tout d'abord, puis comme mécanicien et enfin comme coupeur, je n'avais pas travaillé dans de nombreux ateliers ».

Je pense que Robert Bober n'a donc rien inventé ; ce qu'il rapporte, ce sont des témoignages authentiques. Des phrases d'une extrême sobriété, juste les faits. Et c'est déchirant, insupportable.

« J'ai vu quand le père de David lui a donné la montre. Il était assis par terre et il a pris David sur ses genoux. David était encore presque un bébé. Son père l'entourait de ses bras comme pour le protéger. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais je l'ai vu sortir la montre de sa poche, puis il a pris le pouce et l'index de David entre ses doigts et ensemble, doucement, ils ont remonté le mécanisme de la montre. Et puis, il a approché la montre de l'oreille de David… Et j'ai vu le sourire de David… »

David a été sauvé par l'OSE. Ses parents, eux, ont été déportés. Et David, dans le foyer où il était recueilli, ne se séparait jamais de cette montre que son père lui avait donnée avant leur séparation. « Ce qui est important, ce n'est pas que cette montre donne l'heure exacte, c'est qu'elle ne s'arrête jamais ».



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Ellis Island

Un très beau texte de Georges Perec, rapidement lu, mais à fort impact!



Associé à un film réalisé il y a pas mal d'années, ce livre n'a rien perdu de son actualité! Sa lecture est indispensable pour toute personne ayant l'intention d'aller visiter (et découvrir) New York.



Je recommande fortement de commencer tout séjour "découverte" de New York par la visite d'Ellis Island. C'est ce que j'ai fait, bien sûr et j'en ai gardé un souvenir inoubliable et profond.



Ce texte est très fidèle à ce que l'on ressent quand on parcourt ces lieux chargés d'histoire, d'espoir de millions de personnes, de craintes et d'angoisse jusqu'à l'obtention du permis d'entrer dans "le rêve américain" qui n'en n'est pas vraiment un, et pour une faible minorité le désespoir de devoir attendre des semaines ou des mois, et surtout de devoir repartir en quittant ses proches!



Aujourd'hui le contexte a évolué, mais les US ont construit un mur sur la frontière mexicaine et mis en place une législation de plus en plus restrictive (voir les derniers accords avec le Canada), il n'en demeure pas moins que le flux migratoire continue d'être très important, et n'est pas près de disparaître!



Ellis Island demeure, proche de la statue de la Liberté. Lieu de mémoire à visiter et texte à lire.
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Ellis Island

Très beau texte de Georges Perec qui pour répondre à une commande de l'INA se rend en 1978 avec Robert Bober à Ellis Island. le livre est court mais Georges Perec condense avec art ce que furent ces décennies de migration, pointant une atmosphère, sans s'apitoyer.

Le problème pour l'auteur quand il est sur place c'est la lecture des traces,

Perec fait un historique de l'immigration en Amérique.Des raisons économiques et politiques poussent à partir du début du XIX Eme siècle des millions d'Europeens à rejoindre l'eldorado et l'émigration est pratiquement libre jusqu'en

1892 . le centre d'accueil d'Ellis Island fonctionne de 1892 à 1924 et 16 millions de personnes passent avec espoir ou crainte par cette usine à fabriquer des Américains,La réglementation devient de plus en plus stricte et à partir de 1924 Ellis Island devient un centre de détention,

Perec vient y chercher quelque chose d'informe, en lien avec le fait d'être juif, il cherche à comprendre ce qui est au coeur de cette aventure d'exil,

l'errance et l'espoir,

D'autres juifs ont le sentiment d'être insérés dans une tradition, une langue, une communauté, ils ont donc des racines partageables , ce qui n’est pas le cas de Perec.
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Quoi de neuf sur la guerre ?

Chacun connaît ce mot de Clémenceau au jour de l’armistice de la première guerre mondiale : « maintenant il va falloir gagner la paix ». C’est l’immense défi qui se pose non seulement aux nations, mais tout autant aux femmes et aux hommes qui ont traversé la seconde guerre mondiale : gagner ou trouver la paix lorsque la guerre vous a atrocement mutilé du meilleur de vous-même, vous a injustement privé des êtres aimés, vous a scandaleusement détroussé de toute raison de vivre, vous a ignoblement rabaissé au rang de jouet de l’absurde… Et pourtant, quel autre choix ont-ils les personnages de Bober : vivre n’est-ce pas, toujours, malgré tout, en dépit du pire... vivre n’est-ce pas sans cesse « essayer » ?
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Ellis Island

Ces 75 pages sont la dernière édition du texte écrit par Georges Perec pour illustrer un film réservé à la télévision en 1980 sur Ellis Island : « histoire d’errance et d’espoir » qu’il a réalisé avec Robert Bober (1931).

C’est court, mais extrêmement précis dans la description des lieux, dans l’analyse politique et sociale des grandes années d’émigration, et surtout dans la transmission émotionnelle. Perec sait trouver les mots justes, sans ambages et sans fioriture pour nous fournir de la matière à réflexion. 16 millions d’êtres humains émigrants, femmes, hommes, enfants, dont il précise l’origine du pays de départ et le chiffre, ont transités sur ce bout d’îlot de 16 hectares pour un « eldorado » venté par les vendeurs d’espoir, avant d’être tamponnés immigrants américains. Dans cette masse d’individus, cet agglomérat de créatures si dissemblables de culture, de religion, d’origine, de langue, seul le désir d’une vie meilleure les unissaient. Perec ne peut gommer sa propre expérience d’exil, celui du juif errant où n’existent plus les souvenirs communs du groupe, quand la diaspora et la dispersion ont désarticulé et défait le socle d’appartenance, quand le constat sans fin vous hante, celui d’être un étranger, sans histoire, sans souvenirs. P63 « je n’ai pas le sentiment d’avoir oublié, mais celui de n’avoir jamais pu apprendre ».

Très beau texte.

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Ellis Island

Quand on revient d’un voyage à New-York on en a eu plein les yeux. Personnellement j’ai été très touchée par Ellis Island parce qu’elle symbolisait.



Rien de mieux que la voix d’un écrivain pour revenir sur les lieux sans trop approfondir.



Georges Perec a su trouver les mots simples et les mots justes.



Aujourd’hui il y a de plus en plus d’immigrants… mais il n’y a plus vraiment d’Ellis Island… C’est terrifiant cette impuissance mise à nue…











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Les troupes une fois campées, il faut tourner ses vues du côté du près et du loin, des avantages et des pertes, du travail et du repos, de la diligence et de la lenteur ; c’est-à-dire qu’il faut rendre près ce qui est loin, tirer profit de ses pertes même, substituer un utile travail à un honteux repos, convertir la lenteur en diligence ; il faut que vous soyez près lorsque l’ennemi vous croit bien loin ; que vous ayez un avantage réel lorsque l’ennemi croit vous avoir occasionné quelques pertes ; que vous soyez occupé de quelque utile travail lorsqu’il vous croit enseveli dans le repos, et que vous usiez de toute sorte de diligence lorsqu’il ne croit apercevoir dans vous que de la lenteur : c’est ainsi qu’en lui donnant le change, vous l’endormirez lui-même pour pouvoir l’attaquer lorsqu’il y pensera le moins, et sans qu’il ait le temps de se reconnaître.

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