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EAN : 9782070389070
256 pages
Gallimard (08/12/2002)
3.9/5   100 notes
Résumé :
Quoi de neuf sur la guerre ? En principe rien, puisqu'elle est finie.

Nous sommes en 1945-1946, dans un atelier de confection pour dames de la rue de Turenne, à Paris. Il y a là M. Albert, le patron, et sa femme, Léa. Leurs enfants, Raphaël et Betty. Léon, le presseur. Les mécaniciens, Maurice, rescapé d'Auschwitz et Charles dont la femme et les enfants ne sont pas revenus. Et les finisseuses, Mme Paulette, Mme Andrée, Jacqueline. Il y a l'histoire de... >Voir plus
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« Quoi de neuf sur la guerre ? » est un roman de Robert Bober. Écrit et primé en 1994, publié par son ami éditeur, Paul Otchakovsky-Laurens, cet ouvrage porte les signes indiscutables de l'histoire familiale de son auteur, une histoire ô combien tragique. Hanté par la Shoah, Robert Bober surmonte pour nous des nuits cousues d'insomnies pour mettre en scène -dans « Quoi de neuf sur la guerre ? »- des personnages ordinaires, de modestes artisans, pour la plupart tailleurs ou finisseuses, mais tous ou presque Juifs, ou suspectés de l'être, et rescapés de la barbarie nazie. Ces hommes et ces femmes ont survécu. La guerre étant finie, pourquoi faudrait-il remuer des vieux souvenirs ? Près de cinquante après, il ne leur reste plus qu'un stock de larmes, inépuisable. Alors Robert Bober a décidé de défier l'oubli et l'effacement des faits : il nous livre, sur le tard, à 60 ans, « Quoi de neuf sur la guerre ? », un ouvrage qui force le respect.

Faisant preuve d'une grande acuité, c'est avec une facilité déconcertante que l'auteur assemble ou rassemble des images, invente des situations, imagine et reconstruit des dialogues plus vrais que nature, dans le but de faire naitre le sens, de forcer notre écoute, de nous conduire à nous souvenir ou à nous imaginer des millions d'êtres humains, des adultes comme des enfants, des femmes comme des hommes, des jeunes comme des vieillards, tous innocents mais sacrifiés à cause de leur judéité, réelle ou suspectée. L'auteur sait de quoi il parle ; il a connu son arrière-grand-père, un patriarche à la longue barbe blanche et au charisme sévère, un aïeul issu d'un shtetl polonais dont était originaire la famille Bober, une famille décimée dans les camps.

Dans « Quoi de neuf sur la guerre ? », Robert Bober ne dénonce pas, ne fustige pas, n'incrimine personne : son ton volontairement intime s'attache aux faits et gestes de la vie ordinaire, sur fond d'introspection et de méditation sur la question de l'Holocauste. Dans « Quoi de neuf sur la guerre ? », l'auteur nous mène dans une sorte d'enquête, levant le voile sur les histoires personnelles de ces tailleurs ou finisseuses dont le quotidien d'après-guerre se déroule sous nos yeux, une enquête qui ressemble à s'y méprendre à une quête identitaire. Comment décrire, comment raconter ce qui fut, parler de ce qui n'existe plus ? C'est avec pudeur que Robert Bober présente et met en scène Albert et sa femme Léa, leurs enfants, Raphaël et Betty, Léon, le presseur, Maurice, rescapé d'Auschwitz, Charles dont la femme et les deux filles ne sont pas revenues, puis Paulette, Andrée et Jacqueline. Tous, qu'ils soient réels ou fictifs, continuent à vivre, hantés par leurs cauchemars mais décidés à s'accrocher à leur existence, une existence simple où entre rire et larmes l'équilibre reste précaire, surtout si une enfant se met à chanter (cf. ma citation) dans la langue de leur enfance. Car chanter, c'est tout ce qu'il reste à faire quand les mots sont malheureusement devenus inutiles.

Attentif aux relations humaines, soucieux de décrire avec précision les activités des artisans dans leurs ateliers, l'auteur -qui dans son travail d'écriture a gardé cette idée du travail bien fait, du vêtement sur mesure dont on ne voit pas les coutures même si on le retourne- ne nous tient pas la main pour nous faire découvrir des objets poussiéreux derrière les vitrines d'un musée ennuyeux. Non, il nous laisse nous imprégner à notre rythme des souvenirs de chacun des protagonistes, nous les présentant sous un dehors tout à la fois vivant et émotionnellement chargé. Il y a chez Robert Bober une intention manifeste de transmettre un message aux jeunes générations, dans un souci bien légitime de faire en sorte que soit conservée une trace de ce qui fut -mais pas seulement de l'horreur- et qui ne sera plus. Dans ce récit personnel mais fictif (?), il n'y a pas de volonté délibérée de forcer l'apitoiement mais de montrer des images d'un passé dont les survivants savent ne jamais pouvoir guérir. « Plonger dans le passé des autres pour être accepté par les autres et avoir ensuite accès à son propre passé », voilà sa démarche : accrochant sa propre mémoire à la mémoire collective, il nous livre avec sensibilité, pudeur et sens du partage un ouvrage délicat, poignant, simple, précis et bouleversant. Je mets cinq étoiles et recommande la lecture aux jeunes de 7 à 77 ans.
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Ca commence en douceur par la vie dans l'atelier de tailleur où les personnages se retrouvent au quotidien. En douceur, avec une sorte de naïveté dans la description de chacun de ceux qui travaillent, et l'expression au premier degré, anecdotique, de dialogues simples, sans prétention. Et puis, on achoppe d'un coup sur un silence, un regard qui fuit, des yeux qui se mouillent, ou au contraire sur cet humour juif qui n'a pas son pareil.
Tous ceux rassemblés dans l'atelier ont eu à souffrir de la guerre parce qu'ils sont juifs.
Certains savent les histoires des autres, d'autres les devinent. Rien n'est raconté frontalement, mais la souffrance est sous-jacente, prête à faire irruption pour un mot, une allusion dont le double-sens peut devenir tragique. Monsieur Albert, le patron, sait, lui, le passé de chacun de ses ouvriers. Parfois il le raconte à certains pour expliquer des comportements mutiques ou exaspérants. Monsieur Albert dont la bonté est bouleversée par tout ce malheur, tente avec ses pauvres moyens de faciliter le retour à la vie « normale » de ces fracassés de la guerre.
Avec l'histoire de chacun, on sort de l'atelier, et il n'y a plus de douceur possible. Dans ses remerciements en fin d'ouvrage, Robert Bober indique : « Ce livre n'aurait probablement pas vu le jour si, entre 1947 et 1953, comme apprenti tout d'abord, puis comme mécanicien et enfin comme coupeur, je n'avais pas travaillé dans de nombreux ateliers ».
Je pense que Robert Bober n'a donc rien inventé ; ce qu'il rapporte, ce sont des témoignages authentiques. Des phrases d'une extrême sobriété, juste les faits. Et c'est déchirant, insupportable.
« J'ai vu quand le père de David lui a donné la montre. Il était assis par terre et il a pris David sur ses genoux. David était encore presque un bébé. Son père l'entourait de ses bras comme pour le protéger. Je ne sais pas ce qu'il lui a dit, mais je l'ai vu sortir la montre de sa poche, puis il a pris le pouce et l'index de David entre ses doigts et ensemble, doucement, ils ont remonté le mécanisme de la montre. Et puis, il a approché la montre de l'oreille de David… Et j'ai vu le sourire de David… »
David a été sauvé par l'OSE. Ses parents, eux, ont été déportés. Et David, dans le foyer où il était recueilli, ne se séparait jamais de cette montre que son père lui avait donnée avant leur séparation. « Ce qui est important, ce n'est pas que cette montre donne l'heure exacte, c'est qu'elle ne s'arrête jamais ».

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Ce petit livre, simple et généreux à l'image de son auteur, est un morceau de musique klezmer. Ça vibre, s'emballe, rythme joyeux et un peu dissonant et soudain la phrase musicale s'allonge, devient un peu plaintive, vibrante comme une larme, plonge, s'adoucit, ralentit.... Puis le tempo s'accélère, la gaité revient, pour un peu on risquerait des vitsns. Robert Bober a sa manière s'y risque lui, avec tendresse et dérision. L'histoire d'un atelier après la guerre rue de Turenne, le patron Albert, la patronne Léa, leurs jeunes enfants Raphael et Betty. Les employés Maurice, Charles, Léon, Mme Andrée, Mme Paulette, et les autres. Juifs et non juifs. L'histoire de chacun vu par le petit bout de la lorgnette. le quotidien dans l'atmosphère légèrement chauffée par les machines et les fers à repasser, la poussière de tissu, les peluches, les bouts de fils qui s'accrochent un peu partout ou en pelote par terre, la craie pour dessiner le patron d'un vêtement, un petit microcosme en somme. On n'y parle jamais de la guerre, elle est finie depuis un an ou deux. On lui tourne le dos, parce qu'il faut vivre et pour certains reconstruire. Raphael le fils du patron, écrit son journal, ses séjours à la CCE avec son copain Georges qui a déjà la manie des listes, des classements, des énumérations, passionné de cinéma. Robert Bober connait son sujet, il a été tailleur pendant 7 ans dans sa jeunesse. Il y a surement de lui dans le personnage de Joseph, plus doué pour l'écriture et le reste que pour coudre des boutonnières au bon endroit.
Quelques mots de Georges Perec pour finir :
"Mes espaces sont fragiles : le temps va les user, va les détruire : rien ne ressemblera plus à ce qui était, mes souvenirs me trahiront, l'oubli s'infiltrera dans ma mémoire, je regarderai sans les reconnaître quelques photos jaunies aux bords tout cassés"
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« Quoi de neuf sur la guerre ? » C'est la question récurrente de Léon le presseur, ouvrier dans un atelier de confection, en 1947, à Paris. Quoi de neuf sur la guerre ? Eh bien la France se remet de la guerre, panse ses plaies, essaie de se rappeler ce que c'était que de vivre ensemble, avant. Les enfants apprennent à vivre seuls. On commence à faire des blagues. La vie reprend, mais les larmes ne sont jamais loin. Et « Les larmes, c'est le seul stock qui ne s'épuise jamais ».


Dans ce magistral – mais peu connu – roman des années 1990, Robert Bober – cinéaste renommé, ami de Truffaut, Perec et tant d'autres – reprend des éléments de sa propre vie pour dépeindre celle d'un microcosme particulier : un atelier de confection. le patron est juif, les ouvriers sont juifs, les clients sont juifs. Tous ont quelque chose à dire sur la guerre, tous ne veulent pourtant pas en parler. La blessure est trop récente, et à l'heure des ragots, on apprend à ne pas attiser la douleur.

Au milieu de tous ces écorchés, évoluent les enfants : Raphaël, double de l'auteur, George (Perec ?) son ami, et Betty sa soeur. Assez grands pour avoir vécu la guerre, avoir subi des pertes, avoir souffert, et pourtant … Les scènes les plus dures sont celles de la colonie de vacances où Raphaël rencontre des enfants juifs orphelins, qui ont été regroupés en attendant de leur trouver un nouveau foyer : Maurice qui ne supporte pas la douleur et finira par accomplir le geste fatal; David qui pour survivre remonte tous les soirs la montre que son père lui a donné avant d'être emmené. Des douleurs que Raphaël va vouloir ressentir aussi, pour comprendre …

La richesse du roman se fonde en particulier sur la diversité des points de vue – qui peut a priori paraître déroutante – même si on finit par s'habituer. Mais cette introspection différente permet d'avoir un échantillon des réactions face à la fin de la guerre, et des comportements de chacun. Charles par exemple, qui a perdu ses deux filles et sa femme, mais ne veut pas en parler : « Qu'est-ce que c'est que cette guerre dont elle parle ? J'ai pas eu assez de ma guerre, il faut qu'on me parle de la guerre des autres maintenant ? »

« Quoi de neuf sur la guerre », cette formulation a un côté désinvolte qui en dit beaucoup sur le projet de Robert Bober : parler de la suite de cette guerre, la suite directe, dont on ne parle pas tant que ça : on a l'impression parfois que tout le monde était résistant, tout le monde était heureux de la fin de cette guerre. Mais Bober montre les difficultés d'un juif à obtenir la nationalité française, alors qu'il se retrouve dans le bureau du même commissaire qui a arrêté ses parents, durant la guerre ; ou encore des profanations de tombes juives, et de l'antisémitisme qui règne encore et toujours. Et face à cela, une réponse : l'écriture.

« J'écrirai pour dire le scandale de votre présence ici, dans ce commissariat, et pour dire que vous n'avez pas réussi à tout anéantir puisque je suis vivant, là, devant vous avec mon projet d'écriture. » C'est aussi pour cela que Raphaël se met à faire des photos, par exemple en Pologne où les tombes sont vides. « Ce qui était contenu dans ces vides, et que la photographie mettait au jour, c'est ce qu'avait été la vie des Juifs de Pologne. »

Quoi de neuf sur la guerre, donc ? eh bien, même s'il n'est pas neuf, je répondrai quand même : ce roman. Parce qu'il m'a touché, que j'ai aimé la manière tendre et décalée qu'utilise Robert Bober pour sa chronique, sur fond d'humour noir. Parce qu'il renouvelle le genre, et que c'est le genre de littérature qui me semble toujours indispensable, et qui montre qu'on n'a pas encore tout dit sur la guerre …
Lien : http://missbouquinaix.com/20..
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Chacun connaît ce mot de Clémenceau au jour de l'armistice de la première guerre mondiale : « maintenant il va falloir gagner la paix ». C'est l'immense défi qui se pose non seulement aux nations, mais tout autant aux femmes et aux hommes qui ont traversé la seconde guerre mondiale : gagner ou trouver la paix lorsque la guerre vous a atrocement mutilé du meilleur de vous-même, vous a injustement privé des êtres aimés, vous a scandaleusement détroussé de toute raison de vivre, vous a ignoblement rabaissé au rang de jouet de l'absurde… Et pourtant, quel autre choix ont-ils les personnages de Bober : vivre n'est-ce pas, toujours, malgré tout, en dépit du pire... vivre n'est-ce pas sans cesse « essayer » ?
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
page 81 [...] Un jour, Betty trainait un peu à l'atelier avec une tartine de pain, comme elle fait souvent après l'école et comme c'est juste après la colonie de vacances, Jacqueline lui avait demandé de chanter une chanson de la colonie. Bien entendu, à la CCE (Commission Centrale de l'Enfance. Organisme créé avant la Libération par l'Union des Juifs pour la Résistance et l'Entraide dont la tâche était essentiellement la sauvegarde des enfants juifs) on ne leur avait pas appris, aux enfants, à chanter les chansons de Tino Rossi, aussi Betty a chanté une chanson en yiddish :

"Es hot di kleyne Tsipelè
Farbisn zich a lipelè
- Tsipelè, vos veynstu ?
An apelè, dos meynstu ?
- Neyn, neyn, neyn,
Ver zogt dos, az ich veyn (1) ?"

(1) C'est la petite Tsipelè
qui mord sa petite lèvre.
- Tsipelè, pourquoi pleures-tu ?
Est-ce une pomme que tu veux ?
- Non, non, non,
Qui ose dire que je pleure ?

Pour chanter, Betty s'était appuyée sur la machine de son père, pas très loin de Charles qui comme Maurice s'était arrêté de piquer à la machine pour ne pas faire de bruit. D'ailleurs, à part Mme Paulette, bien sur, tout l'atelier s'était arrêter de travailler. M. Albert, lui, essayait de tracer un vêtement sur un matelas de tissus, mais c'était surtout pour occuper ses mains et il suffisait de les voir trembler pour savoir que le petit bout qui chantait était la prunelle de ses yeux.
A la fin de la chanson, Charles, comme il fait souvent, a essuyé ses lunettes puis il a avancé sa main vers Betty. Il a caressé -non, pas caressé-, il a seulement touché du bout des doigts la tresse blonde qui reposait sur l'épaule de Betty. C'est à ce moment que le visage de Mme Andrée est devenu aussi blanc que la neige en Pologne. Alors j'ai applaudi. J'ai applaudi parce que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Les autres aussi ont applaudi parce que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. [...]
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Mme Sarah le suppliait de quitter son caftan et de se faire couper la barbe :
- Mieux vaut un Juif sans barbe, qu'une barbe sans Juif !".
Lui ne s'en remettait qu'à la justice divine jusqu'au matin où une autre justice l'a expédié à Drancy. avec dans sa poche la clef de la synagogue.
(p. 46)

"Votre liste de gens à marier sent le savon, madame Sarah." Ce qui d'ailleurs était vrai.
"Vous préfériez peut-être l'époque où c'était le savon qui sentait les gens à marier, monsieur Léon ?"
Pour une fois j'ai pas eu la réplique parce que tout le monde à l'atelier vous dira que personne, même moi, n'a jamais osé faire une plaisanterie avec le savon.
(p 47)
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page 120 [...] Quelques jours après encore, d'autres phrases de Louba me sont revenues en mémoire et à nouveau j'ai écrit : "Les enfants, entre eux, s'amusent à se faire écouter leur cœur. C'est un peu le cœur de ses parents que David écoute chaque matin. Il a compris que ses parents couraient un danger, que leur cœur ne pouvait plus battre naturellement comme le sien et qu'il lui faut absolument veiller à la bonne marche de sa si précieuse montre. C'est une responsabilité terriblement lourde pour un si petit enfant de tenir entre ses mains deux vies aussi chères. C'est pourquoi il y a toujours un peu de tristesse dans le sourire de David. Je n'ose pas imaginer la cassure qu'il y aurait en lui si la montre se perdait ou si simplement elle s'arrêtait. Ce jour-là, j'aurais très peur pour lui. Pourtant, malgré le poids de cette responsabilité, je me dis que cette montre c'est la grande chance de David. Lorsque je cherche à savoir ce que peut être l'image du bonheur, malgré la tristesse qui s'en dégage, c'est dans le sourire de David, l'oreille collée à sa montre, que je le trouve, même si je sais que ce bonheur est fragile et menacé."

NB : David avait trois ans quand il a vu ses parents pour la dernière fois ; ils ont été emmenés en août 42 par la milice puis convoyés à Drancy, et acheminés par wagons vers les camps d'extermination. David est resté pendant 2 jours tapi au fond de l'armoire dans laquelle son père l'avait caché après avoir entendu les miliciens frapper à la porte de leur appartement. Après avoir serré son bébé dans ses bras, il lui avait fait écouter le tic-tac de sa montre gousset, montre qu'il avait ensuite enfouie dans la menotte de l'enfant en glissant quelques mots à son oreille ...
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- Avec l'accent qu'il a, Raimu, il ne peut pas être un bon comédien, a encore dit Mme Paulette
- Madame Paulette, a encore répondu Léon, est-ce que je vous dis qu'avec l'accent que vous avez, vous ne pouvez pas être une bonne finisseuse ? Ne vous fâchez pas, je l'ai pas dit. Je l'ai pas dit parce que ça n'a rien à voir. Mais avec Raimu justement ça a à voir. Ca a à voir parce que son accent, c'est la vérité et un comédien qui n'a pas la vérité, il aura beau marcher sur les mains ou grimper au plafond, ça ne sera jamais un grand comédien.
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Mais elle ne m'énervait pas comme les assimilés qui, eux, avaient pourtant cessé de m'énerver le jour où j'ai compris qu'ils ne se sentaient pas vraiment juifs. Encore que, depuis qu'ils ont eu leur part de surprises entre l'étoile jaune, Drancy et la route vers l'Europe de l'Est qu'ils méprisaient tant, ils me sont devenus plus fraternels ou, plutôt, je leur suis devenu plus fraternel puisque ceux qui en sont revenus vont sûrement rester juifs jusqu'à la fin de leurs jours.
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Robert Bober lit (les trois dernières pages de) "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" - éditions P.O.L -
Robert Bober lit les trois dernières pages de "Il y a quand même dans la rue des gens qui passent" à l'occasion de sa parution aux éditions P.O.L, à Paris le 10 janvier 2024
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