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Citations de Robert Lalonde (247)


Je vais écrire. J'aime vouloir écrire, attendre, désirer m'y mettre, tourner autour de la table où tout est à la fois pêle-mêle et ordonné, mes livres, les pages, le bol de café froid, le tabac, le briquet, les crayons taillés au couteau de cuisine, les dictionnaires qui m'intimident toujours autant, comme la Bible j'imagine, en impose aux apprentis théologiens. Je réchauffe le café, savoure mon envie inquiète, comme on se régale un peu amèrement du commencement d'un amour. Les plus beaux fruits, les plus mûrs, relâchent une certaine âpreté avec leur saveur. C'est que, comme l'écrit Giono, certaines odeurs donnent de merveilleuses et terribles illusions.
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Tout à coup, un magnolia, toutes fleurs dehors, opalescentes et rosées comme des mouchoirs ensanglantés qu'on a mis à tremper dans l'eau claire d'un bol, m'arrête et m'éblouit un long moment, me plonge dans l'une de ces extases orientales et peu ordinaires, où l'on croit déceler, et même ressentir, la présence vibrante et solennelle d'une vérité. On sent alors que quelque chose en nous lutte avec détermination pour pactiser avec l'existence. Il n'y a pas de sens, il n'y a qu'un déroulement, alternativement terne et scintillant, hivernal, printanier, une passion qui cherche à mettre au moins la moitié du monde entre notre cœur et sa honte.
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D'où me vient cette rage de vivre, rage à vivre ? Rage contre le monde tel qu'il est, tel qu'on le laisse devenir, tel qu'on l'endure ? Rage contre la publicité, l'argent, l'indifférence du cœur, la disparition de la compassion ? Rage de l'adolescent de cinquante-six ans qui perd son souffle à clamer l'inachèvement de l'homme et de la nature, la nécessité du regard lucide, cordial ? Rage de l'homme qui s'essaie à la sagesse, dans un monde qui méprise les livres et se pâme devant la télévision, tolère la violence, la bêtise et traite les sages d'illuminés ? Rage de survivre à ma rage, de ne pas savoir frapper, pour défendre les faibles et remettre les prétentieux, les imbéciles et les profiteurs à leur place ? Rage de tolérer l'intolérable ?
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J'ai humé l'air sapineux des hauteurs, la gentiane de roche et le sable mouillé où la pluie a encore le goût du ciel, de la foudre et du jonc frais. J'ai ri pour mourir, de nos maladresses, à Claude et moi, de nos sortilèges de fous lâchés dans le bois. Nous avons passé huit heures d'affilé sur un radeau qui glissait lentement sur une huile d'argent où les arbres à l'envers étaient plus immobiles encore que nous deux.
Ces contentements là se racontent mal. Nous étions dans un grand rêve furieux et doux, au fond duquel se débat peut-être une imagination de gens qui lui refusent un essor quotidien ? ...Lumière des lacs, des ciels tombés dans leurs miroirs, reptations dans l'herbe mouillée, longs ébats d'une joie violente où l'on retrouve l'ancien guerrier, l'ancien chasseur, le néolithique névralgique, le doux monstre sorti du dédale. Ce fut une exceptionnelle félicité d'air et d'eau, de soleil et de mouches féroces, de rires et de quelques truites molles, qui pesaient comme des roches au bout du fil, et qu'on a mangées sans leur ôter la tête, dans des jus savoureux.
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Il tombe une pluie si fine qu'on ne la voit pas, à moins de lancer le regard vers les pins, au fond de l'horizon, ou sur le mur du hangar, et alors on aperçoit comme une neige de fines perles, oblique et continue, un voilage qui glisse, luisant, tout ajouré et que promène à son gré le vent qui ne nous quitte plus. Il décoche, sur l'eau du lac, tranquille et noire comme du thé, des rafales de flèches invisibles, qui font frissonner le miroir où les herbes réfléchies s'embrouillent, se mêlent aux nuages et aux sapins, et ce n'est plus qu'une simagrée remuante de vert, de paille et d'argent, semblable à ce grouillement chamarré, à cette bouillie de couleurs et de lumière qu'aperçoivent tout d'abord, parait-il, les aveugles qui recouvrent la vue.
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Qu'est-ce au juste que l'identité? L'hérédité, la passion et l'expérience emmêlées. C'est avoir non pas son âge, mais tous les âges en même temps
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Nous ne regardons pas, n'écoutons pas assez. C'est-à-dire pas assez longtemps. Je me lève et marche sous la pluie douce, tranquille, le coeur cognant comme après une course que j'aurais faite en rêve.
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- L'amour fou n'est-il pas le seul amour sage?
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Le temps perdu, le temps retrouvé. La fameuse madeleine de Proust. Il n'y a peut-être pas de vrai mystère là-dessous. Il s'agit plutôt d'un chemin - un sentier de traverse, une sorte d'échappée belle.
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C'est un soir calme, doux, qui me donne envie de réciter tout haut ce petit quatrain d'Emily Dickinson, qui dit le mystère et la simplicité de la tendresse :

"Je suis personne ! Qui es-tu ?
Es-tu personne, toi aussi ?
Nous sommes donc deux - n'en dis rien !
On nous chasserait , tu le sais !"
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Le coeur n'est-il pas d'abord un muscle? Et un muscle, ça se tend, se détend, se retend. Ce muscle-là doit être bien assez futé pour tenir ses promesses.
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- Je m'adonne tellement mieux avec ton père depuis qu'y est parti.
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- Ma mère disait : "Comment savoir s'il s'agit d'un miracle, quand nous faisons tellement tout pour qu'arrive ce que l'on désire?"
- Très perspicace, madame votre mère!
- Mais chipie à ses heures, il faut bien le dire!
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Tu sais, je ne m'explique toujours pas pourquoi chacun doit absolument le chercher et le trouve,r ce maudit bonheur, au risque de se rendre malheureux comme les pierres. Il me semble que c'est quand on ne la cherche pas, précisément, que la joie surgit.
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- Les Français souffrent trop fièrement!
- Eh oui! C'est comme s'ils devaient au jour le jour expirer les pêchés de l'univers entier!
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"Le bonheur est une hypnose, le malheur un excitant, et moi, je m'ennuie, ce qui n'est bon à rien..."
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Robert Lalonde
Les ténèbres de l'oubli , ça n'existe pas : tant que le coeur continue de battre, le retour du passé, même effrayant, passionne comme un songe en couleurs. Le passé, le nôtre, même effrayant ravive le feu d'exister, éloigne la mort, nous fait trembler d'impatience, non pas de tout recommencer, mais de commencer pour de bon.
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Et puis, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, on se console pas. Il faut pas se consoler. On construit du solide avec le chagrin, quand on lui survit. (p. 111)
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Ce que j'aimerais qu'on dise, c'est que les étoiles parlent, comme les dauphins, c'est que les astres écrivent, comme les pluviers sur la grève. C'est qu'il y a mille langages --- beaucoup trop pour nos deux oreilles ! ----, que nous ne sommes pas les rois de l'univers mais des fourmis sur le rocher. Ce que j'aimerais qu'on avoue, c'est qu'Homère, Shakespeare et les autres sont des mystères pareils à la salamandre qui éclaire dans le noir, au pluvier mâle qui mime la perte d'une aile pour éloigner les prédateurs du nid où couve sa femelle. Ce que j'aimerais que la nuit m'enseigne enfin, c'est qu'il n'est pas seulement question d'aimer, d'être heureux et de sortir de soi-même, mais bien d'être, d'exister entièrement. La nuit, cette nuit, me rappelle que je méconnais le creux du monde où flamboient des évidences que je n'apercevrai jamais, que je manque de perspectives, que je ne vois les choses que de mon coin, du petit bout de la lorgnette, en quelque sorte.
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La nature ne discute pas, ne crie pas,
ne se hâte pas, n'essai pas de persuader,
ne s'offre pas en spectacle, ne se dérobe
pas non plus, elle est un Eden qui ne ferme
jamais ses portes et ne chasse jamais
personne...
[Walt Whitman ]
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