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EAN : 9782020859967
160 pages
Seuil (07/09/2006)
3.64/5   18 notes
Résumé :
"J'avais treize ans, ce que je voulais, ce que désespérément je voulais, était impossible." Robert Lalonde s'empare ici à bras-le-corps d'un sujet universel, un des grands classiques de la littérature : l’adolescence malheureuse. Pensionnaire dans un collège religieux - le catholicisme tel qu'il existait il n'y a pas si longtemps au Canada : obtus, obscur, archaïque -, expédié là par un père auquel le lie un secret innommable, le narrateur se pose très tôt les premi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Découvert tout récemment cet auteur québécois [grâce, entre autres, à deux billets de l'amie-babéliote, nuala… ]

Edité par les éditions Boréal, seule une petite partie est diffusée dans l'hexagone… J'ai donc pris contact , été fouiner à la Librairie du Québec [rue Gay-Lussac, près du Jardin du Luxembourg], malheureusement, plus un seul livre de cet écrivain ; j'ai dû passer commande de trois ouvrages… Je prends donc PATIENCE ; ma curiosité la plus vive va à son dernier ouvrage : « La Reconstruction du paradis »…que j'ai hâte de lire !

Dans ce roman où l'on croit ressentir quelques échos de la propre adolescence de l' auteur.
Robert Lalonde exprime sa colère envers une adolescence d'enfermement , de poisons par la religion catholique…de surcroît, un secret honteux familial est évoqué....au fil de ce récit rageur !

« Là-bas, dans notre maison, on m'attendait sans m'espérer. J'étais fils, neveu, cousin, et pourtant j'étais seul. J'étais seul chez nous comme j'étais seul au collège (...)
Les miens allaient de nouveau me reconnaître, moi qui ne me connaissais pas. Ils allaient exiger de moi que je bouge comme ci, parle comme ça, et docilement j'imiterais l'enfant qu'ils savaient par coeur, leur grand, en congé, cet enfermé que sa permission agitait comme la bourrasque l'arbrisseau. (...)
Je me roulai en boule sur la banquette. Je m'assoupis et le rêve recommença. Dans le vent fou rempli d'oiseaux, j'étire les bras, je vole, je quitte pour toujours le village, le collège, cette terre, leur cosmos. Je disparais sans avoir à mourir. “(p. 11)

L'auteur nous raconte une enfance et une adolescence douloureuse chez les curés ! Ces curés hypocrites et « tourmenteurs »… le récit de mauvais traitement subis : les plus forts sur les plus faibles ou les élèves différents, le côté permanent punitif et écrasant des « curetons »…

Une adolescence de mal-être, de colère… Heureusement, notre adolescent, pour se sentir moins seul et se donner du courage songe à son grand-père, l'écrivain d'un seul livre, qui était, bien avant lui, contre les curés… et qui aurait empêché, si il n'était pas décédé trop tôt, que son petit fils aille en institution catholique !!... Cela me fait songer à d'autres propos de révolte de Denise Bombardier contre ces milieux catholiques , dans les années 60-70. Des institutions très oppressantes , obsédées de censure , nourries d'interdictions et d'hypocrisie !!

On sent vraiment très intensément la douleur, le chagrin, la violence du quotidien de « notre adolescent »…Les révoltes, la rage difficiles à contenir… C'est un récit de résilience absolue… Achevons sur du positif… cette jeunesse mal vécue, mal acceptée sera la force ultérieure de « notre » future écrivain, devenu un auteur prolifique et un homme de théâtre reconnu :
« Et puis, quoi qu'on dise, quoi qu'on fasse, on se console pas. Il faut pas se consoler. On construit du solide avec le chagrin, quand on lui survit.
(p. 111)”

**Ouvrage commandé à Caractères- Librairie- Issy
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Que vais-je devenir jusqu'à ce que je meure ? Ce vers de Victor Hugo, emprunté, fait une apparition tardive dans le roman de Robert Lalonde et lui sert également de titre. Il s'y prête merveuillesement bien, décrivant l'indescriptible état d'âme du narrateur, ce jeune garçon, cet adolescent malheureux. Quelque part au milieu du 20e siècle, prisonnier dans un pensionnat, il s'applique peu à l'école, ne fournit pas autant d'efforts qu'il le devrait et ses résultats en pâtissent. Mais il n'est pas plus heureux les rares fins de semaine où il rentre à la maison. Incompris, son mal de vivre est tout de même communicatif et je le ressentais pendant ma lecture du roman. de rares camarades soupçonnent quelque chose, mais quoi ? Devant son mutisme, ils passeront à autre chose, laissant le garçon à sa solitude. Mais ce n'est pas si mal, il trouvera un réconfort dans les livres, entre autres. La littérature exaltera un peu son imagination mais, plus tard, se révèlera importante, voire utile.

Robert Lalonde nous présente un portrait touchant, juste d'un jeune homme d'une autre époque, d'un Québec profond. À cette période, les quelques garçons doués étaient pris en charge par un système d'éducation catholique, rigide et dépassé (le latin et la versification, aussi intéressants que je les trouve, ne menaient pas à une situation une fois dans le vrai monde). C'est assez loin des personnages d'adolescents que nous proposents les auteurs contemporains. Mais en même temps je m'y retrouvais. Je me suis demandé si le roman était autobiographique, ne serait-ce qu'en partie. Dans tous les cas, ça m'a plu. Pendant ma lecture, il me revenait de vagues réminescences de jeunes tourmentés comme ceux que proposaient les grands auteurs du siècle dernier (comme dans le désarrois de l'élève Törless, de Robert Musil, ou bien Demian, de Hermann Hesse). C'est le genre de livre que j'apprécierais relire éventuellement.
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Ôtez-moi la vie, Ô Dieu! Reprenez-moi
N'attendez pas un jour, n'attendez pas une heure
Que vais-je devenir jusqu'à ce que je meure? 
VICTOR HUGO

Ce roman est comme la genèse de la prose et de la poésie de Robert Lalonde, âme tourmentée s'il en est une. L'auteur se livre sur une page de son histoire, ses années de collège et sa relation tendue avec ses parents. Il a une relation ambiguë avec son père, relation amour/ haine qui sous entend une grande noirceur.

« Papa est impatient avec moi, mais avec du fil, de la corde, une porte qui ferme mal, un clou qui plie, une carabine enrayée, il prend son temps. Il besogne en sifflotant et ça peut durer des heures. Il a même l'air content de s'acharner comme ça, sur ce qui lui résiste. Alors qu'avec moi… »

Sa famille est présente dans ce livre malgré le temps que l'auteur passe au collège. On le sent proche de la nature mais éloigné de la vie familiale de par son passage à l'adolescence, territoire angoissant pour un jeune poète et futur écrivain. Robert s'éloigne pour mieux mourir.

« Ils avaient tant à dire, à faire, à penser, tandis que je travaillais à tout oublier, à tout désapprendre. Ils me fatiguaient. »

« Les animaux, les plantes ne connaissaient pas la mort, ne cultivaient pas l'ennui, ne se vengeaient pas, ne se souciaient pas du temps. »

Robert est malheureux de devoir quitter sa famille pour le collège. Il est malheureux au collège et tout autant malheureux de devoir retourner dans sa famille les fins de semaine. C'est donc à cette période charnière de sa vie que l'auteur consacre ce roman, l'année de ses 13 ans. Il nous transporte dans l'univers religieux de l'éducation, obscur et archaïque, où le jeune un peu sensible, n'a pas à place si ce n'est au club de botanique à l'enseigne du frère Marie-Victorin.

Le narrateur, qu'on s'imagine être l'auteur, nous fait vivre l'univers sombre de la solitude parmi les autres, la certitude que tout est fini avant de commencer mais également la chaleur du soleil et la beauté d'un lac et de ses nuages où l'on peut compter les moutons.
La portion véridique de l'oeuvre importe peu car Robert Lalonde transforme sa vie en mots et rend compte d'un état d'âme qui rejoint ses lecteurs. On sent la souffrance d'un passage à l'âge adulte et l'espérance d'une vie meilleure et différente. L'importance des amitiés est primordiale dans le contexte de promiscuité des collèges et l'attraction d'un plongeon dans la folie.
Une oeuvre sombre mais tellement nécessaire dans la compréhension d'un auteur et d'une époque charnière du Québec.
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
On ne naissait pas le jour où l’on venait au monde. On naissait le jour où l’on s’adoptait soi-même. À l’heure, à la minute, à la seconde où l’on se préférait, où l’on penchait subitement en faveur de soi, on naissait. C’était simple. C’était peut-être trop simple.
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Je suis déjà enfermé. Et puis j’ai toujours, au fond de ma poche, mon crayon et mes petits carrés de papier. Encagez-moi n’importe où, je pourrai toujours tracer mes mots, tirer sur mon fil, faire coulisser lentement mon décor. Je pourrai toujours faire, moi aussi, du théâtre.
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Là-bas, dans notre maison, on m'attendait sans m'espérer. J'étais fils, neveu, cousin, et pourtant j'étais seul. J'étais seul chez nous comme j'étais seul au collège (...)
Les miens allaient de nouveau me reconnaître, moi qui ne me connaissais pas. Ils allaient exiger de moi que je bouge comme ci, parle comme ça, et docilement j'imiterais l'enfant qu'ils savaient par coeur, leur grand, en congé, cet enfermé que sa permission agitait comme la bourrasque l'arbrisseau. (...)
Je me roulai en boule sur la banquette. Je m'assoupis et le rêve recommença. Dans le vent fou rempli d'oiseaux, j'étire les bras, je vole, je quitte pour toujours le village, le collège, cette terre, leur cosmos. Je disparais sans avoir à mourir. (p. 11)
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Je marche dans vos rêves brisés, à tout bout de champ attrapé par une de vos balles perdues. Vous ne voyez pas le dégoût qui ruisselle sur ma face? Vous ne voyez pas ma honte d'avoir à devenir ce que vous n'êtes jamais devenus? Et qui dit que lorsque le jour sera venu j'y serai encore, qu'un reste de moi sera toujours là pour marmonner "présent", quand il s'agira de commencer à vivre?
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Je m'arrêtai, le coeur tombé au fond du ventre. Non seulement grand-père avait, soixante ans avant moi, tiré au clair les noires intentions des curés qui dirigeaient le collège, mais il avait su, contrairement à moi, trouver les mots, les bons mots, les justes mots pour le dire. Grand-Père était écrivain, l'auteur d'un seul livre, que sans aucun doute personne chez nous n'avait lu et ne lirait jamais. Je connaissais l'existence de ce cahier. On en parlait parfois, entre deux portes. Pour qui donc grand-père l'avait-il écrit, sinon pour moi ? Je me sentis à la fois trahi et sauvé.
Je fis tourner les pages et lus encore :

" N'oublions pas que nos imbéciles de meneurs sont tous sortis des collèges. Sans ces institutions, il n'y aurait, voudrait-on nous faire croire, que la nuit. Bêtises ! Pourtant, que serions-nous sans eux ? Des habitants brûlant leurs maisons pour ne pas avoir à payer des taxes ? Les collèges seraient donc indispensables à la bonne conduite d'un peuple ? (...) (p. 107)
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Videos de Robert Lalonde (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Lalonde
La lec­ture s'est avérée être un refuge essen­tiel en temps de pandémie. La lit­téra­ture, art par­mi tant d'autres, est thérapeu­tique. C'est un out­il pour notre san­té men­tale. Dans son essai Ser­vice essen­tiel, Émi­lie Per­reault plaide pour une plus grande place des arts et de la cul­ture dans nos vies en adop­tant «de saines habi­tudes de vie cul­turelle». L'animatrice s'entoure des écrivain·e·s Émi­lie Mon­net, Sophie Fauch­er et Robert Lalonde lors d'une table ronde pour dis­cuter de la fonc­tion sociale de l'art et de l'accès à la cul­ture, entre autres.
Avec: Émilie Monnet, Auteur·rice Sophie Faucher, Auteur·rice Robert Lalonde, Auteur·rice Émilie Perreault, Animateurrice
Livres: Okinum La vie, ma Muse SERVICE ESSENTIEL Pas un jour sans un train
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