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3.99/5 (sur 1728 notes)

Nationalité : Chili
Né(e) à : Santiago , le 28/04/1953
Mort(e) à : Barcelone , le 14/07/2003
Biographie :

Roberto Bolaño est un poète et romancier chilien.

Il passe son enfance et son adolescence loin de la capitale chilienne, puis, après avoir vécu au Mexique (depuis 1968) il retourne dans son pays d'origine au moment du coup d'État d'Augusto Pinochet (en 1973). Il y sera brièvement incarcéré.
Dès sa libération, il repart au Mexique en 1974, il fonde "l'infraréalisme", groupe littéraire d'avant-garde héritier de Dada et de la Beat Generation, entre autres.

Vers la fin des années 70, il s'installe à Blanès, un village situé près de Barcelone, avec son épouse catalane et ses enfants, et exerce divers métiers, tels que vendeur de bijoux ou veilleur de nuit dans un camping.

Il faut attendre le milieu des années 90 pour que son œuvre soit reconnue et qu'il soit perçu comme l'une des figures les plus importantes de la littérature hispano-américaine.

« Héritier hétérodoxe de Borges, de Cortazar, de Artl, d’Onetti, à la fois poète et romancier, il saisit à bras le corps la littérature et l’histoire de sa génération, et est passé maître du brassage des registres, situations et personnages. » (Christian Bourgois)

Il a reçu en 1997 le prix le plus important de son pays, le Prix Herralde en 1998, et le Prix Romulo Gallegos, le plus prestigieux d’Amérique latine, en 1999.

Malade et en attente d'une greffe du foie, Roberto Bolaño consacre les dernières années de sa vie à écrire "2666", son roman inachevé.
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Source : /livres.fluctuat.net/
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Roberto Bolano - Entre parenthèses .
Ignacio Echevarria vous présente l'ouvrage de Roberto Bolano "Entre parenthèses" aux éditions Bourgois.http://www.mollat.com/livres/roberto-bolano-entre-parentheses-9782267021455.html

Citations et extraits (251) Voir plus Ajouter une citation
Parfois, les soirs où je n'allais pas voir Maciste, j'ouvrais la porte à l'un des amis de mon frère, avec la lumière éteinte et les yeux fermés, parce que je ne voulais en aucun cas savoir qui c'était, et je faisais l'amour mécaniquement, et parfois je jouissais de nombreuses fois, ce qui en certaines occasions produisait en moi de violentes et inattendues crises de colère, qui me faisaient pleurer amèrement.
L'ami de mon frère me demandait alors si je me sentais mal, s'il m'arrivait quelque chose, si j'étais souffrante et, avant qu'il continue à parler, ce qui finirait par trahir son identité, je lui demandais de ne pas ouvrir la bouche ou je faisais chut, et il se taisait et continuait à baiser sans dire un mot, si grand était le pouvoir de suggestion ou de conviction ou de dissuasion que mes moindres gestes avaient acquis.
Un pouvoir quasiment surnaturel, suis-je arrivée à penser quelquefois (même si immédiatement après je me moquais de ces pensées), qui obligeait des êtres d'ordinaire bavards, comme le Bolognais, à se taire, ou des êtres silencieux, comme le Libyen, à se transformer en tombeau, un pouvoir qui laissait d'un coup sans questions des êtres rongés par la curiosité, qui instaurait un espace de silence et d'obscurité artificiels, où je pouvais pleurer et me tordre de douleur, parce que je n'aimais pas ce que je faisais, mais où je pouvais jouir toutes les fois que je voulais et où je pouvais marcher (ou palper la surface de la réalité du bout des doigts) sans me faire aucune illusion, sans me leurrer, sans connaître la signification de tout, mais bien le résultat final de tout, sachant pourquoi les choses sont où elles sont, avec un degré de lucidité que je n'ai plus eu, même si, parfois, je devine cette lucidité, là, tapie au-dedans de moi, réduite, démembrée, par chance pour moi, mais encore au-dedans de moi.
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En d'autres occasions, sans penser aux conséquences, je louais deux films à la fois. J'étais omnivore : j'aimais les films d'amour (qui me faisaient presque toujours rire), les films d'horreur classique, le cinéma gore, des thrillers psychologiques, des thrillers policiers, des thrillers de guerre. Quelquefois, je restais un long moment assise sur le pont Garibaldi, ou sur un banc de l'île Tibérine, pas loin de l'ancien hôpital, et j'examinais les jaquettes des films comme si c'étaient des livres.
Quelques voitures ralentissaient en passant à côté de moi. J'entendais des murmures auxquels je ne prêtais pas attention. En général, on baissait la vitre et on disait quelque chose, une promesse, puis les véhicules poursuivaient leur route. Il y avait des voitures qui passaient et ne s'arrêtaient pas. Il y avait des voitures qui passaient les vitres déjà baissées, avec des jeunes à l'intérieur qui criaient "fascisme ou barbarie" et qui, eux aussi, poursuivaient leur route. Moi, je ne les regardais pas. Je regardais les eaux du fleuve et les jaquettes de mes films et j'essayais d'oublier le peu de chose que je savais.
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Roberto Bolaño
On ne finit jamais de lire, même si les livres s'achèvent, de la même manière qu'on ne finit jamais de vivre, même si la mort est un fait certain.
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J'ai cherché du travail. Tous les matins, j'achetais le journal, je lisais dans la cour du lycée la rubrique d'offres d'emplois et je soulignais ce qui m'intéressait. L'après-midi, après avoir déjeuné de n'importe quoi, je quittais la maison et je ne revenais pas avant d'avoir fait le tour des adresses. La plupart des offres d'emploi concernaient des boulots de pute, de manière dissimulée ou pas, mais je ne suis pas une pute, j'ai été une délinquante, mais pas une pute.

Un jour, j'ai trouvé du travail dans un salon de coiffure. Je shampooinais des têtes. Je ne coupais pas, mais j'observais comment les autres s'y prenaient et je me préparais pour le futur. Mon frère a dit que c'était stupide de se mettre à travailler, qu'avec la pension d'orphelinat on pouvait vivre heureux. Orphelinat, le mot faisait rire. Nous nous sommes mis à faire des comptes. En effet, nous pouvions vivre, mais en nous privant de presque tout. Mon frère a dit qu'il pouvait renoncer à trois repas par jour. Je l'ai regardé et je n'ai pas saisi s'il parlait sérieusement ou pour rire.
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- Tu es en train de devenir folle, a-t-il dit.
Je lui ai demandé s'il croyait que c'était bon ou mauvais. Il a dit que c'était toujours mauvais, sauf dans des cas extrêmes, lorsque devenir fou était une manière d'échapper à une douleur insupportable. Alors je lui ai dit que peut-être que j'étais en train de souffrir de façon insupportable, mais avant qu'il me réponde, je me suis rétractée :
- Je vais bien. Y a aucune douleur qui soit insupportable. Je suis pas devenue folle.
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Roberto Bolaño
En ces temps-là j'avais vingt ans
et j'étais fou.
J'avais perdu un pays
mais j'avais gagné un rêve.
Et si j'avais ce rêve
le reste était sans importance.
Travailler ou prier
ou étudier à l'aube
auprès des chiens romantiques.
Et le rêve vivait dans le vide de mon esprit.
Une chambre en bois,
dans la pénombre,
dans l'un des poumons du tropique.
Et parfois je retournais en moi
et je rendais visite au rêve : statue qui s'éternise
en des pensées liquides,
un ver blanc qui se tord
dans l'amour.
Un amour le mors aux dents.
Un rêve dans un autre rêve.
Et le cauchemar me disait : tu grandiras.
Tu t'éloigneras des images de la douleur et du labyrinthe
et tu oublieras.
Mais en ce temps-là grandir aurait été un crime.
Je suis ici, ai-je dit, avec les chiens romantiques
et c'est ici que je vais rester.

"Les chiens romantiques"
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Un temps la Critique accompagne l’Œuvre, ensuite la Critique s’evanouit et ce sont les Lecteurs qui l’accompagnent. Le voyage peut etre long ou court. Ensuite les Lecteurs meurent un par un et l’Œuvre poursuit sa route seule, meme si une autre Critique et d’autres Lecteurs peu à peu s’adaptent a l’allure de son cinglage. Ensuite la Critique meurt encore une fois et les Lecteurs meurent encore une fois et sur cette piste d’ossements l’Œuvre poursuit son voyage vers la solitude. S’approcher d’elle, naviguer dans son sillage est signe indiscutable de mort certaine, mais une autre Critique et d’autres Lecteurs s’en approchent, infatigables et implacables et le temps et la vitesse les devorent. Finalement l’Œuvre voyage irremediablement seule dans l’Immensite. Et un jour l’Œuvre meurt, comme meurent toutes les choses, comme le Soleil s’eteindra, et la Terre, le Systeme solaire et la Galaxie et la plus secrete memoire des hommes. Tout ce qui commence en comedie s’acheve en tragedie.
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Les Latino-Américaines, que je sache, nous ne faisons qu'une bise. Une bise sur une joue. Les Espagnoles en donnent deux, les Françaises, trois. Quand j'étais petite, je pensais que les trois bises que donnaient les Françaises voulaient dire : liberté, égalité, fraternité. Maintenant je sais que çe n'es pas le cas, mais j'aime continuer à le penser.
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La relation entre le maître et le disciple est comme ça : le disciple apprend et le maître apprend aussi.
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Et alors les jeunes poetes du Mexique se mettaient à declamer de leur voix profonde mais immanquablement juvenile, et les vers qu’ils recitaient s’en allaient avec le vent dans les rues du DF, et je me mettais à pleurer, et eux, ils disaient Auxilio est soule, les nigauds, il faut beaucoup d’alcool pour m’enivrer, ils disaient elle pleure parce qu’un tel l’a abandonnee, et moi je les laissais dire ce qu’ils voulaient. Ou bien je me disputais avec eux. Ou je les insultais. Ou je me levais de ma chaise et je partais sans payer, parce que je ne payais jamais, ou presque. J’étais celle qui voyait le passe et quand on voit le passe, on ne paie pas. Je voyais aussi le futur et quand on voit le futur, on paie un prix eleve, parfois le prix est la vie ou la sante mentale, et quant a moi, durant ces nuits oubliees, je payais sans que personne s’en rende compte les tournees de tout le monde, de ceux qui allaient être poetes et de ceux qui n’allaient jamais l’etre.
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