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Citations de Roland Dorgelès (178)


il ne voulait pas se battre, c'était tout, et la peur lui donnait toutes les audaces.
" C'est la guerre...Je vois la guerre" ...Il ne ressentait rien, qu'un peu de surprise....Et c'était bien elle pourtant : une rude et triste veille plutôt qu'une bataille.
Des choses noires barraient la route : deux chevaux aux longues pattes raides, une voiture culbutée et des cadavres, dont on devinait la forme douloureuse sous la toile de tente. Une odeur fade et chaude montait de cet amas.

un paquet de gosses monta....un fusant jaillit,,,Un corps, haché éclaboussa la sape.

Ils s'acharnèrent encore, escouade sur escouade, ne sachant plus, hagards. Mais à chaque effort, le feu les rejetait d'un coup, culbutés dans leur trou....

A chaque coup, le coeur décroché fait un bond ; la tête, les entrailles, tout saute.
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Ce n'est pas Hérodote qui a découvert l'Egypte, ni Diodore, ni Marc Aurèle, ni Strabon. C'est moi !
Planté à un carrefour, en plein remous de la rue Fouad, je contemple un agent en tarbouch, cacheté de rouge comme une bouteille, qui, pivotant sur place et raidissant les bras, distribue les autos avec des gestes mécaniques d'appareil à jetons.

(incipit)
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Les fleurs, à cette époque de l'année, étaient déjà rares; pourtant on en avait trouvé pour décorer tous les fusils du renfort et, la clique en tête, entre deux haies muettes de curieux, le bataillon, fleuri comme un grand cimetière, avait traversé la ville à la débandade. (incipit).
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Demachy s'arrêta aux premières tombes. Des cadavres avaient été amenés depuis la veille, et attendaient leur fosse, couchés entre les croix. L'un était enveloppé dans une toile de tente, linceul rigide que le sang durcissait encore. Les autres étaient restés comme ils s'étaient battus, la capote terreuse, le pantalon boueux, et sans rien pour cacher leurs visages bouffis ou cireux, leurs pauvres faces violacées, qu'on eût dit barbouillées avec la lie de vin. La tête d'un sergent, pourtant, était voilée. On l'avait enfoncée dans une musette, comme dans une cagoule, et l'on devinait l'horrible blessure, sous ce suaire de sang caillé. Il portait une alliance au doigt. Le bras d'un petit chasseur s'était détendu et semblait barrer l'allée, les ongles enfoncés dans la terre molle. S'étaient-ils traînés depuis les tranchées, pour venir mourir là ?
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...elles prenaient des mines importantes, se pavanaient dans la grand’rue, tortillaient de la croupe comme un paon fait la roue et acceptaient tous les hommages comme de la petite monnaie, convaincues que leurs charmes n’en méritaient pas moins.
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Personne ne pense à la guerre. Pas de grands mots :gloire, victoire, evanche… On dit simplement : « On va se battre » ; et pas un ne comprend tout ce que cela veut dire.
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La femme rend lâche. C'est elle qui conseille au gréviste de rentrer à l'usine, à l'artiste de faire du commerce, au soldat de plier le dos. Parce qu'elle ne pense qu'à la pâtée, qu'elle a un pot-au-feu dans le coeur.
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Si, en rapportant ces notes de voyage, j'ai pu faire comprendre à certains Français que nous ne trouverons pas le salut dans la contrainte et dans la haine, mais dans la concorde et la liberté, je ne regretterai rien de ma peine. Ni les menaces entendues. Ni les injures supportées.
Dans tous les pays que j'ai traversés, des multitudes asservies tournent vers nous des yeux d'espoir. Ne les décevons pas. C'est I'éternelle mission de la France de leur montrer le vrai chemin.
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Il faut faire un fameux effort pour se libérer de ses routines. J'essaie. Je n'y parviens pas. Ainsi, je me demande s'il ne vaut pas mieux supporter un concierge, même désagréable, comme dans les "pays bourgeois", que d'être surveillé par ces kommandants d'immeubles, choisis par le Parti et affiliés à la police.
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Cette tranchée toute neuve était ourlée de terre fraiche, comme, une fosse commune. C'était peut-être pour gagner du temps qu'on nous y avait mis vivants.
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« Oui, je sais bien, c’est la guerre. Alors, tout est permis, le marchand peut voler, la femme peut se laisser trousser, le Conseil de guerre peut faire fusiller de pauvres bougres. Rien ne compte plus. Allons-y, c’est la guerre. C’est avec ce mot-là que s’excusent toutes les lâchetés et tous les crimes. L’arrière qui godaille nous le jette à la figure quand nous serrons les poings. Il explique tout, c’est la défense des mufles.
« Les vainqueurs rentreront sur des béquilles, les foyers seront détruits, les bonheurs gâches. Qu’est-ce que ça fait, on aura bien rigolé tout de même : c’est la guerre… »
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[Jacques a retrouvé dans le secrétaire de sa femme les lettres que lui envoyait André, son premier époux, tué en ’17. Dans ces lignes, il se doute qu'elle ne l'aime plus, il se doute qu'elle qu'elle le trompe, et il sent sa fin proche.]

« Je t’en prie, s’il m’arrive malheur, n’abandonne pas maman… Elle n’aura plus personne au monde, promets-le-moi, ne la laisse pas. C’est trop affreux pour ceux qui se battent de penser que l’obus qui les tuera tuera du même coup tous ceux qu’ils aiment. […]
« Ne m’oublie pas non plus trop vite, ma grande. Il me semble que c’est surtout après qu’on doit avoir besoin d’amour. Les vivants ont les mots, les caresses : qu’ils laissent au moins aux morts le souvenir. »
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- Ah ! quelle saleté que la guerre ! murmura Jacques, remué jusqu'aux entrailles. Et dire que nous y avons cru, que nous avons acclamé l'égorgement de ces pauvres bougres !
Didier Roger, lui, était resté très calme.
- Oui, ce n'était pas très joli, répliqua-t-il de sa même voix voilée. Mais quoi, si les hommes exécraient tellement la guerre, il y a longtemps que le sang ne coulerait plus. On fait combattre les taureaux, pas les moutons.
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La vie va reprendre son cours heureux. Les souvenirs atroces qui nous tourmentent encore s'apaiseront, on oubliera, et le temps viendra peut-être où, confondant la guerre et notre jeunesse passée, nous aurons un soupir de regret en pensant à ces années-là.
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Alors on se rassied, le dos au mur, et on attend. Faire la guerre n'est plus que cela : attendre. Attendre la relève, attendre les lettres, attendre la soupe, attendre le jour, attendre la mort… Et tout cela arrive, à son heure : il suffit d'attendre.
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L'odeur fade des cadavres s'efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes à eau. Mais, moi, c'est dans ma tête, c'est dans ma peau que j'emporte l'horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour toujours : je connais maintenant l'odeur de la pitié.
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Il a fallu tenir dix jours sur ce morne chantier, se faire hacher par bataillons pour ajouter un bout de champ à notre victoire, un boyau éboulé, une ruine de bicoque. Mais je puis chercher, je ne reconnais plus rien. Les lieux où l'on a tant souffert sont tout pareils aux autres, perdus dans la grisaille comme s'il ne pouvait y avoir qu'un même aspect pour un même martyre. C'est là, quelque part... L'odeur fade des cadavres s'efface, on ne sent plus que le chlore, répandu autour des tonnes à eau. Mais moi,c'est dans ma tête, dans ma peau que j'emporte l'horrible haleine des morts. Elle est en moi, pour toujours : je connais maintenant l'odeur de la pitié.
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Tout le long de la berge, des croix de bois, grêles et nues, faites de planches ou de branches croisées, regardaient l'eau couler. On en voyait partout, et jusque dans la plaine inondée, où les képis rouges flottaient, comme d'étranges nénuphars.
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Il ne fallait pas dormir, il ne fallait pas mourir
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- L'égalité, c'est un mot, l'égalité...Qu'est-ce que c'est l'égalité ?
Sulphart réfléchit un instant. Puis il répond sans vouloir rire :
- L'égalité, c'est de pouvoir dire m... à tout le monde.
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