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Citations de Roland Dorgelès (178)


Alors on se rassied, le dos au mur, et on attend. Faire la guerre n’est plus que cela : attendre. Attendre la relève, attendre les lettres, attendre la soupe, attendre le jour, attendre la mort… Et tout cela arrive, à son heure : il suffit d’attendre…
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C'était Pierre Mac Orlan, ce joyeux flâneur en chandail qui nous sonnait le réveil en jouant du clairon ? C'était Francis Carco, ce maigre adolescent pâle comme un pierrot qui, debout sur une table, chantait des refrains de Marseille ? C'était Van Dongen, ce bohème à barbe blonde qu'on voyait, le matin, aller faire ses emplettes, nu-pieds dans des sandales et brimbalant sa boîte à lait ?
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Malgré la mort qui nous suit et prend quand elle veut ceux qu'elle veut, une confiance incensée nous reste. Ce n'est pas vrai, on ne meurt pas ! Est-ce qu'on peut mourir, quand on rit sous la lampe, penchés sur le plat d'où monte un parfum vert de pimprenelle et d'échalote ?
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[...] Bouffioux se laissait injurier, mais n'y montait pas. Depuis la guerre, il avait fait tous les métiers ; un seul le répugnait vraiment : le nôtre.
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Tu parles d'une guerre à la noix. Ils se battaient une journée tous les mois et ils croyaient avoir tout bouffé...ça me fait marrer moi, des guerres comme ça.
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Il me semble que ma vie entière sera éclaboussée de ces mornes horreurs, que ma mémoire salie ne pourra jamais oublier.
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Elle a reconnu le jeune officier en veste blanche qui l’a surprise, comme elle se baignait, pudique, derrière les rochers, et ses joues se sont empourprées, sous leur safran. Maintenant, assis l’un près de l’autre au pied d’un flamboyant en fleurs, ils s’apprennent des mots charmants, en se pressant les mains.
Ils seront heureux, loin du monde, fuyant les fêtes de l’escadre. Le soir, à l’heure où s’éveillent les lourds papillons de velours, elle lui chantera des airs anciens, s’accompagnant sur la cithare. Elle l’embrassera à la manière des filles d’Annam, en approchant son petit nez de son visage et en aspirant très fort, comme si elle respirait une fleur, et elle lui donnera un joli nom pour elle seule, Minh, par exemple, ce qui veut dire Mon mien, Ma chose... Rien ne marquerait la marche du temps, que parfois la chute d’une mangue trop mûre...
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Incipit.

Les plus belles heures de mon enfance, je les ai passées avec des livres, le front posé sur mes petits poing brûlants. La dernière page tournée, je ne voulais pas que le roman fût fini et, tout fiévreux encore, je le continuais dans mon esprit, entraînant ses personnages dans de nouvelles aventures où je tenais enfin mon rôle.
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on oubliera. les voiles de deuil, comme des feuilles mortes, tomberont. l'image du soldat disparu s'effacera lentement dans le coeur consolé de ceux qu'ils aimaient tant. et tous les morts mourront pour la deuxième fois.
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La relève serpentait, silencieusement. Des compagnies , en file obscure, nous croisaient, si clairsemées qu'elles faisaient peur à voir. Une odeur de poudre, d'acide et de cadavres s'exhalait ce cette terre rongée. De loin en loin on distinguait, coupant la plaine, les silhouettes penchées de brancardiers au joug.
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La grille de la douane franchie, et débarrassé des changeurs qui font tinter les piastres dans leur sacoche, on s'engage dans la grande rue où tout le paquebot s'écoule, classes mêlées. Personne ne manque.
L'escale, en mer, c'est le dimanche.
Dès le premier Arabe, les dames s'extasient. "Ce que c'est drôle !" Drôle, oui mais pas plus...Port-Saïd, ce n'est pas une ville, ce n'est ni l'Europe, ni l'Asie, ni l'Afrique : c'est une terre de transition, le bouchon du canal entre trois continents, le bazar intermédiaire, pour que le voyageur s'habitue. Supposez un filtre entre deux océans, c'est Port-Saïd. Les immondices s'y collent.
Autant de boutiques que de maisons bijouteries, confiseurs, librairies, marchands de tabac d'Orient, étalages de melons et de fruits, baraques de changeurs. Mais le plus beau, ce sont ces larges vitrines où sont exposés tous les fléaux de l’Égypte : vases de cuivre, tapis, armes damasquinées, lampes, tulles pailleté d'argent, horreur dont personne ne voudrait à Paris, mais qu'on se dispute ici parce que "c'est du pays".
Arrivées là, les voyageuses s'arrêtent éblouies l'Orient de leurs rêves est à vendre...
(extrait du chapitre IV "A Port-Saïd")
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Roland Dorgelès
L'expérience ressemble aux cure-dents: personne ne veut s'en servir après-vous.


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Prenez un compas, piquez-en la pointe sur une carte de Paris, entre le Sacré-Coeur et le Moulin de la Galette, et décrivez un cercle qui ira de la place Ravignan à la rue Lamarck, du square Saint-Pierre à la rue Caulaincourt, vous aurez les frontières d'un tout petit pays dévasté par la guerre : Montmartre, où se déroule ce récit. La tourmente a sans doute emporté des Etats plus fameux ; elle n'en a pas détruit de plus charmant.
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C'était le bon temps... Oui, malgré tout, c'était le bon temps, puisqu'il vous voyait vivants... On a bien ri, au repos, entre deux marches accablantes, on a bien ri pour un peu de paille trouvée, une soupe chaude, on a bien ri pour un gourbi solide, on a bien ri pour une nuit de répit, une blague lancée, un brin de chanson...
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Peu de gens l’ont réellement connu, ce coin disparu du Vieux Paris. On le confond toujours avec le Montmartre d’en bas, celui des boîtes de nuit et des coiffeurs pour dames : c’est lui faire peu d’honneur. Chez nous, on se serait cru à la campagne. Pas d’autobus, pas de grands immeubles, pas de trottoirs encombrés. Chaque carrefour avait sa borne fontaine, chaque maison son bout de jardin, et les cafetiers vous offraient au lieu de moleskine, de rustique bancs de bois.
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Les paysans du front ont le cœur endurci et ne s'émeuvent plus guère, après tant d'horreurs; pourtant, quand ils virent déboucher la première compagnie de ce régiment d'outre-tombe, leur visage changea.
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Et maintenant, arrivé à la dernière étape, il me vient un remords d'avoir osé rire de vos peines, comme si j'avais taillé un pipeau dans le bois de vos croix. ( excipit).
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- L'égalité, c'est un mot, l'égalité...Qu'est-ce que c'est l'égalité ?
Sulphart réfléchit un instant. Puis il répond sans vouloir rire :
- L'égalité, c'est de pouvoir dire m... à tout le monde.
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On s'était battu en septembre dans ce pays, et, tout le long de la route, les croix au garde-à-vous s'alignaient, pour nous voir défiler.
Près d'un ruisseau, tout un cimetière était groupé ; sur chaque croix flottait un petit drapeau, de ces drapeaux d'enfant qu'on achète au bazar, et cela tout claquant donnait à ce champ de morts un air joyeux d'escadre en fête.
Sur le bord des fossés, leur file s'allongeait, croix de hasard, faites avec deux planches ou deux bâtons croisés. Parfois toute une section de morts sans nom, avec une seule croix pour les garder tous. "Soldats français tués au champ d'honneur", épelait le régiment. Autour des fermes, au milieu des champs, on en voyait partout : un régiment entier avait dû tomber là. Du haut du talus encore vert, ils nous regardaient passer, et l'on eût dit que leurs croix se penchaient, pour choisir dans nos rangs ceux qui, demain, les rejoindraient.
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[...]: je devais bien avoir huit ans...
En ce temps là, j'étais contre les Peaux-Rouges, on n'en tuait jamais assez dans mes livres. Mais, peu à peu, je changeai de camp.
- Si les Yankees massacrent tous les Indiens, raisonnai-je avec une précoce logique, il ne pourra plus y avoir d'histoires de sauvages...
Et c'est en somme, l'amour du roman d'aventures qui m'a conduit à l'amour des humains.
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