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Citations de Ron Rash (747)


J'ai écouté le temps égrener son tic-tac comme des sabots frappent la chaussée.
Mais on ne peut pas serrer la bride au temps.
Il avance sans jamais s'arrêter, nous emportant avec lui quel que soit notre désir qu'il en soit autrement.
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La mélodie avait la mélancolie des ballades que jouaient Slidell et les frères Clayton, sauf que des paroles n'étaient pas nécessaires pour qu'on en ressente la nostalgie. Ce qui rendait la musique d'autant plus triste, car elle ne racontait pas l'histoire d'un amour perdu, d'un enfant ou d'un parent disparus. On aurait dit qu'elle racontait tous les deuils qui n'avaient jamais existé.
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Il est évident que Freud n'a pas une seule fois massé la nuque d'une femme, sinon jamais il n'aurait demandé ce qu'une femme désire.
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« - Toi et moi. Je nous vois, nous aussi. Nous sommes sur le pont supérieur et tout autour de nous il y a l'eau bleue, le ciel bleu. »
Walter sourit.
« Tu vois ?
Oui », répondit-il.
Et il voyait.
Cette nuit-là, au moment où il sombrait dans le sommeil, la sensation d'être dans les profondeurs du puits le réveilla en sursaut, le cœur battant, couché dans le noir. Pense au moment où tu en es sorti, se dit-il, pense à Laurel, et que la première chose que tu as vue c'était elle, courant vers toi, tout environnée de lumière et les bras déjà tendus pour t'enlacer.
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Laurel replia l'article et le glissa dans la poche de sa robe. Le cœur malade de son père, le pouce infecté de sa mère, l'enrôlement de Hank. C'était arrivé et elle n'avait pas eu voix au chapitre. Mais elle avait choisi d'amener Walter à la maison et d'aller au lit avec lui, et maintenant c'était un nouveau choix. A l'enterrement de son père, le pasteur Goins avait affirmé que tout ce qui est humain avait été décidé avant que Dieu ne crée le monde, mais Laurel refusait d'y croire. Elle pouvait tourner les talons et sur l'heure repartir en ville. Ou feindre de ne pas savoir qui était vraiment Walter. Ou lui lancer à la figure qu'elle le savait. Mais qu'elle fasse le mauvais choix, et elle vivrait le reste de son existence en sachant que les choses auraient pu se passer autrement.
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La sensation d'être un fantôme qu'elle avait éprouvée en octobre de l'année précédente l'envahit de nouveau, elle rechercha alors tout ce qui pourrait l'ancrer au monde – le contact de ses pieds sur la route, la croule d'une bécasse, le peu d'ombre qu'elle projetait sur le sol, et surtout ce qui avait attendu jusque là pour exhiber son éclat, le sumac écarlate et les touffes d'herbe à éternuer, le galax rouge, ou bien, au moment où elle franchissait les flots d'une source, l'écorce argentée d'un hêtre.
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Une larme roula sur la joue de Laurel, puis une autre, et une autre encore, et malgré ses efforts pour les refouler en battant des paupières elle ne réussit pas à battre des paupières assez vite, elle reposa alors la brassée de petit bois et s'essuya les yeux. L'élan du cœur qu'elle avait ressenti sur le rocher, elle le ressentit encore, et ce n'était pas que de l'amour. Elle avait déjà éprouvé de l'amour, et connu ses profondeurs quand sa mère était morte.
Là, c'était quelque chose de plus rare. Le bonheur, songea-t-elle, ce doit être ça. Elle ramassa le petit bois et rentra. Walter, Hank et elle restèrent au coin du feu jusque passé minuit, personne ne parla et personne ne parut vouloir parler, comme si le moindre propos risquait de rompre le sortilège bienfaisant qui avait été jeté sur la petite maison.
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« Ca , dit Laurel en tirant sur sa robe pour mieux montrer la tache de naissance, ça te dérange de la regarder ? »
Walter secoua la tête.
« Certains disent que c'est pour montrer que je suis maudite. »
Walter s'approcha, repoussa le tissu suffisamment pour poser ses lèvres sur la tache et l'embrasser. Ils se rallongèrent.
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Chauncey effectua un bref salut, les garçons à la queue leu leu derrière lui tandis que les Claytons remontaient sur scène et entamaient « The False Knight », une balade que Laurel avait toujours aimée. Si Walter était venu, il aurait pu la lui rejouer, bien que la raison principale pour laquelle elle aurait voulu qu'il soit présent était simplement qu'il lui manquait.
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Veux-tu bien me serrer contre toi un instant ? Pour m'aider à me souvenir que tu étais vrai, parce qu'une fois que tu seras parti, ce sera trop facile de croire le contraire.
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« Ce serait bien si tu pouvais parler, mais c'est déjà tellement bon d'avoir quelqu'un qui écoute. Ce que tu dis avec tes hochements de tête, ça me suffit. » La voix de Laurel se fit plus douce. « Je n'en voudrais jamais davantage. »
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Ils sortirent sur la galerie et Laurel s'assit à côté de Walter. Il porta la flûte à ses lèvres. D'abord Laurel crut qu'il s'entraînait, car les mêmes quelques notes par lesquelles il avait commencé ne cessaient de se répéter en dépit de changements minimes. Puis il devint clair que c'était un chant, le chant le plus désolé qui existait au monde, parce que les notes changeaient si peu, on aurait dit un oiseau lançant un appel et attendant qu'un autre lui réponde. C'était un son désolé comme elle n'en avait jamais entendu. Enfin, Walter détacha la flûte de ses lèvres, la tint devant lui comme pour montrer que, libérée de son souffle, elle était aussi silencieuse que lui.
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Laurel se laissa aller à imaginer que Walter resterait une autre semaine, et puis encore une autre. Peut être que le philtre d'amour à la lobélie cardinale serait vraiment efficace. Si Walter restait, il viendrait peut être un moment où ils seraient seuls tous les deux, où il se pencherait pour lui bécoter la joue, et ensuite, au fil des jours, les baisers deviendrait plus longs et elle commencerait à cueillir la carotte sauvage pour préparer un cordial, ou même la clématite de Virginie pour la tresser dans ses cheveux.
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Et pourquoi ne pas cacher la flûte ? Un homme tout plein de détours. Qui cachait une chose mais pas l'autre, crasseux comme n'importe quel trimardeur mais qui avait des sous, de l'argent et de l'or, ne savait ni parler ni écrire mais jouait si bien de la flûte que votre cœur émerveillé n'était pas loin d'en éclater, un homme capable de remarquer une plume verte. Tout ce que Laurel savait, c'était qu'elle voulait en apprendre davantage sur lui, et qu'elle se réjouissait qu'il ne soit pas parti.
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Laurel se réveillait en entendant des bruits et des silences jamais remarqués lorsque Hank ou son père étaient présents - le vide d'une pièce sur deux, le grincement de la corde et de la poulie du puits, la maison remettant en place une partie d'elle-même-, les bruits et les silences les plus solitaires au monde.
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Le tonneau s’arrêta.
- "Je le renvoie ! "cria Hank.
Le tonneau redescendit, se déplaçant toujours à travers une épaisseur d’ambre mais se déplaçant tout de même. Tu entendrais l’eau si elle était si près, se dit Walter, pour se rassurer. Mais pas si l’eau remplissait la grotte jusqu’au plafond. Il n’y aurait pas un son maintenant, et aucun quand il se retrouverait immergé. Il serait dans une obscurité dont on ne pouvait pas s’échapper et, pire encore, dans un lieu infini de silence. Pour toujours. Walter tendit les bras et enfonça ses mains ouvertes dans la terre humide. Il les maintint là et regarda le tonneau sombrer dans sa direction.
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J'ai fini mon service, mais je ne lâche pas ma guitare et ne débranche pas l'ampli. Non, je joue les premiers accords de "Waiting for the end of the wold". Ces temps-ci, Elvis Costello s'efforce d'être le second avènement de Perry Como, mais ses deux premiers albums étaient de la colère et de la douleur à l'état pur. Les premières nuits qui ont suivi le départ de ma femme et de mon gamin, j'ai écouté Costello et ça m'a aidé. Pas beaucoup, mais au moins un petit peu.
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Tous les dimanches, après la messe et le déjeuner chez notre grand-père, Bill, mon grand frère, et moi, nous enfilions un T-shirt et un jean coupé, jetions notre matériel de pêche dans le pick-up Ford 1962 que nous avait acheté Grand-père, et partions vers l'ouest en sortant de Sylva...
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Pendant quelques instants, il n'y a plus eu un son. Ni paroles, ni sirènes au loin, puis un silence toujours plus profond lorsque le climatiseur s'arrête. Le silence peut être un lieu. Ce sont les mots qui me viennent. C'est là d'ailleurs qu'une si grande part de ma vie a été vécue, que des heures vaines se sont écoulées, le bruit le plus fort, le tintement des glaçons dans un verre.
- Grand-père, c'était un monstre, pas vrai ?
- Oui, répond mon frère. Absolument.
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