Citations de Roopa Farooki (63)
Il est un homme ordinaire, mais au moins, on a besoin de lui. Pour assurer protection et provisions. Pour réparer ce qui est cassé. Il a une femme et un enfant pour qui le faire. Il a une identité, une place sur cette planète. Il devrait être heureux de ce qu’il possède déjà et s’en contenter.
Dormir et manger ne suffisent plus à me maintenir en vie. Sans cachets, poudres et injections administrés au bon moment et dans le bon ordre, je cesserais tout simplement de fonctionner. Je tomberais tout simplement raide mort. Je n’ai jamais été tenté d’oublier un cachet ou un sachet de poudre. Je n’ai jamais été tenté d’en prendre plus que nécessaire. Pas une fois.
La mort n’est qu’une aventure comme les autres. Il ne sait pas si ce sera la lumière ou les ténèbres de l’autre côté. Rouge ou noir. Faites vos jeux.
Le mariage, c’est comme la grossesse ; une fois, très franchement, ça suffit.
À l’entendre, on pourrait croire que le temps peut être cause d’overdoses et qu’il vaut mieux limiter, comme le sel, le sucre et la graisse.
Le soupir d’une épouse patiente qui s’accommode d’un mari irascible qu’elle doit conduire à travers les marécages confus de la vie, en le guidant avec douceur par mille petites attentions quotidiennes lorsqu’elle va faire les courses à l’épicerie, paie les factures et remplit leurs obligations mondaines. Leur vie ensemble est foncièrement ordinaire, exempte de tout drame et de toute tragédie ; elle n’est pas sa Cléopâtre, il n’est pas son César ; elle n’est pas Aliénor d’Aquitaine ni lui Henri II. Elle est Bernadette Finnegan Lee, manifestement dépourvue de cette agressive vitalité, et même du côté garce/mijaurée/pimbêche que les hommes comme Richie prétendaient admirer chez les héroïnes romantiques, et elle s’efforce de ne pas laisser paraître son impatience lorsqu’elle demande à son mari bien plus âgé qu’elle :
« Alors, tu es prêt ? »
Il n’y a aucun mal à être grosse à Hong Kong. Tout le monde est tellement maigre. L’embonpoint est une marque de prospérité.
L’art demande du temps. Et la contrefaçon est tout aussi artistique que n’importe quelle forme d’imitation.
Elle apprit à aimer ses enfants à la manière dont une femme ayant contracté un mariage de convenance apprend à aimer son compagnon, ou dont un employé de bureau apprend à aimer un travail ingrat.
Ce que tu gagnes, tu le perdras demain. Et si tu perds, tu gagneras la prochaine fois.
Il arrive parfois, qu’après avoir fait un pas en avant, il en fasse deux en arrière et retrouve une vieille identité dont il s’était autrefois débarrassé comme d’une mue. Un pas en avant, deux pas en arrière. Une danse.
Ils ont besoin de gens comme lui ; ils ont besoin d’un gros gagnant de temps en temps pour donner de l’espoir à tous les perdants de la salle, pour les garder autour des tables, à s’imaginer qu’au prochain lancer, au prochain tour ou à la prochaine donne, la chance pourrait bien tomber sur eux, que ce pourrait bien être leur tour de se trouver dans la lumière. Les casinos ont besoin que les gens croient en la démocratie de la chance, accessible à tous, à un moment ou à un autre.
Une révolution, ça réclame un sacré boulot.
Les filles n’ont pas besoin de certificat d’études pour se marier.
Avec les grosses, on peut voir beaucoup plus de seins que chez les maigrichonnes. La quantité avant la qualité. Une promo sur les gros volumes, en somme.
Un enfant mort-né n’était à l’époque pas tant vécu comme une tragédie que comme un risque du métier d’épouse et de mère ; les bébés étaient remplaçables, et la plupart des familles en comptaient de toute façon déjà trop. En leur for intérieur, les sages-femmes pensaient que c’était une bonne chose que l’avorton fragile soit mort-né, vu qu’il n’aurait probablement pas passé la semaine.
Les lettres ont toujours une certaine gravité. On peut les garder comme preuve, les ranger pour la postérité, les lire et les relire. Quant à moi, je suis plus doué pour détruire des preuves que pour en laisser. Mais j’aime raconter des histoires. Elles sont plus légères, ne sont là que pour divertir. Je change parfois les noms, pas pour protéger l’innocent, mais pour permettre au coupable de prendre une longueur d’avance.
Il a toujours remis ses promesses au surlendemain ; après tout, le lendemain arrive trop vite pour décourager les fâcheux (qu’il s’agisse de ses anciens associés, de sa dernière épouse, de ses enfants, ses créanciers, ses médecins, la Mort), tandis que le surlendemain n’est ni assez proche pour l’obliger à tenir parole, ni suffisamment éloigné pour que les gens soupçonnent qu’il ne lèvera pas le petit doigt.
Ça me fait bizarre à moi aussi, tu sais, dit-elle d'un air songeur. Peut-être que les meilleurs amis ne sont pas faits pour sortir ensemble. Comment est-ce qu'on peut coucher avec quelqu'un après avoir fait des concours de pets avec lui ?
11 - Je vais le quitter, insiste-t-elle. J'ai besoin de trouver le bon moment, c'est tout. Parce que je ne veux pas lui faire de mal." Légèrement tremblante sous le regard tendu de Zaki, qui l'observe le visage crispé et immobile comme s'il ne la croyait pas vraiment, elle ajoute : "Bien sûr que je tiens à Jinan ; nous avons élevé Lucky ensemble, et il m'aime. Mais tu ne crois pas qu'il est temps pour moi de vivre avec quelqu'un que j'aime, moi, pour changer ?
Je pense que nous savons tous les deux qui aurait dû être le véritable amour de ma vie..." 11