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Critiques de Russell Hoban (37)
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Enig Marcheur

Enig Marcheur est un roman pour le moins particulier. Je l'admets, la forme est intéressante : dans une civilisation effondrée qui a perdu l'écriture, le récit est réalisé par un jeune homme qui sera le premier à, justement, se mettre à écrire, à garder une trace de son histoire. Cependant l'exercice s'est révélé dur à la lecture, pour ne pas dire pénible. Par ailleurs j'ai eu du mal à accrocher à l'histoire en elle-même, à mi-chemin entre roman d'apprentissage et fable fantastique. J'en garde un sentiment très contradictoire.
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Enig Marcheur

Ce livre est une prouesse, bien entendu, mais avant tout ce livre est un miracle.



La chose la plus difficile à faire dans la création d'une mythologie est de lui donner du poids, la densité et le poids qui viennent des siècles. Quelque chose, je ne sais pas, qu'on pourrait qualifier "d'utile." Il n’est certainement pas surprenant de lire que Russell Hoban a écrit des centaines et des centaines de pages avant de tout réduire au texte final qu'on a sous les yeux aujourd'hui.



Ce roman est précédée, en France en l'occurrence, d'une réputation de difficulté quasi insurmontable. Bon, c'est quelque chose qu'on retrouve parfois à l'égard de bien d'autres romans en tout genre et qui semble au cœur même des craintes de certains lecteurs à plonger dans l'aventure. Cependant, je pense qu'il est utile à tout lecteur potentiel de ce chef d'œuvre d'avoir une idée de la facilité de lecture et de la rapidité avec laquelle on s'habitue à la phonétique.



Il faut encore prendre un instant pour souligner le travail absolument monumental de son traducteur, Nicolas Richard, qui a obtenu le prix Maurice-Edgar Coindreau de la Société des gens de lettres pour son époustouflante traduction (vous comprendrez qu'ici la syntaxe et toutes les règles connues de l'écriture ont été remaniées, aussi ce n'est pas qu'un travail de traduction qui a été nécessaire mais bien un travail de recréation de la langue) (si, si).



Le vieux cliché selon lequel il est plus difficile de simplifier des choses complexes est vrai, et Russell Hoban le fait avec une grâce et une légèreté de toucher impressionnante.



Ce livre est une prouesse, ce livre est un miracle, mais plus que tout ce livre existe. Pour de bon. Alors il ne vous reste plus qu'à le lire.
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Enig Marcheur

Abandon



Un bel ouvrage d edition, une couverture qui attire et un sujet qui vous accroche. Mais voulant vraiment'en'phasecavec ses personnages et leur époque, le livre est dans une écriture essentiellement phonétique mais pas que... du coup après 80 pages d efforts terribles j ai jeté l'éponge.
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Enig Marcheur

Oh boï, on pourrait écrire des heures sur Enig Marcheur mais j’vais essayer de le faire plus court, je jure.



Déjà ça trie sur le volet. C’est écrit dans une langue à mi-chemin entre le moyenâgeux et la phonétique, le tout saupoudré de néologismes à la Claude Ponti sur 300 pages. Autant dire que ça passe ou ça casse direct.



Tu t’en doutes minou.e, pour moi le feu a pris directement sans avoir besoin de plus de combustible !



En Anterre (en Angleterre donc), près de Cambry, le jeune Enig Marcheur essaye d’écrire tout gosse qu’il soit ce qui a pu se passer depuis le Grand Boum, ce qu’il s’est passé avant le Sale Temps, tout en relatant sa propre histoire à lui :



En Anterre, les croyances se sont construites sur la légende de St Eustache - devenu Eusa et Adam le premier homme Adome le petit homme, et dont les mythologies circulent grâce aux marionnettistes et aux comptines qu’on chante et dont certains se servent comme carburant pour vivre.



J’ai trouvé ce roman complètement dingo. Et si tout n’est pas forcément compris à la première lecture, l’exercice de relire à voix haute peut s’avérer très utile. S’en dégage alors une clairvoyance et l’impression de déceler le génie dans l’écriture.



On pense beaucoup à la naïveté de Charlie Gordon dans le roman Des fleurs pour Algernon de Daniel Keyes. C’est impossible aussi de ne pas voir le parallèle avec ce formidable livre qu’est Niourk de Stefan Wul, où après s’être fait exploser la gueule à grands coups de concours de bites technologiques, les hommes ont régressé et bâti leurs croyances sur des vestiges qui ont conduit à la perte de leurs ancêtres.



C’était tellement chic pétard, mais vas-y comment c’est chaud à conseiller à cause de la langue dans laquelle tout est écrit. Je comprends que ça foute les jetons, mais mon cochon comment c’est bon quand tu t’en donnes la peine !



Booyah !
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Au lit Frances

Cet album est une réédition et nous apprécions de le découvrir, nous ne nous douterions pas qu'il date de 1960.



Un petit personnage que l'on trouvera craquant grâce à la stylisation de Garth Williams.

Mais l'auteur Russel Hoban nous le confiera tout de même, son personnage est un peu casse-pied, surtout si elle lutte pour ne pas rester au lit.



Nous aurons une évolution d'humeur intéressante : mise au lit, Frances fera reculer l'heure d'éteindre la lumière puis se trouvera prise à son propre piège de ne pas laisser venir le sommeil comme il se doit, ne pouvant plus dormir et s'inventant 10 000 choses dans la pièce de sa chambre.



Les parents des jeunes lecteurs se retrouveront sans doute dans cette situation, avec une enfant qui viendra quémander de dormir avec les parents plusieurs fois à point où il sera difficile de savoir si oui ou non cet enfant a vraiment peur.



La psychologie du personnage est intéressante, avec un petit opossum coquin sur le début et puis qui aura finalement besoin d'être rassurée prise au piège par son imagination.



Frances sera un peu trop grande pour dormir avec les parents, mais encore un peu petite pour faire face seule à ses petites trouilles nocturnes.

Le papa opossum se montrera patient, à l'écoute (même au fon du lit, un oeil unique ouvert pour la permanence) et trouvera les mots qui poseront un peu l'imagination de Frances.

Un album aussi plaisant qu'utile.

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Enig Marcheur

Enig Marcheur vit dans un monde post-apocalyptique, on imagine après une catastrophe nucléaire mal définie. L’humanité semble avoir largement régressé jusqu’au début de l’humanité, vivant en bandes de chasseurs-cueilleurs ou de fermiers.



Impossible de parler de ce livre sans aborder son écriture : tout le récit est écrit en « parlénigme ». Très déstructurée grammaticalement, elle est essentiellement phonétique (« Erny tu cass tant lent biance qu’1 jour on pourras plus la rcoll »). À plusieurs reprises d’ailleurs, j’ai lu à voix haute, comme un enfant de six ans qui découvre la lecture en suivant le texte du doigt, buttant sur les sons les plus compliqués au beau milieu d’un mot.



Ce style ne rend pas la lecture facile, mais colle parfaitement à l’ambiance. Les habitants ne sont pas devenus anti-science. Au contraire, ils sont obsédés par les connaissances de l’ancien monde, avec le sentiment très fort de ne pas être au niveau. Effondrement total de la civilisation ou mutations génétiques dues aux accidents nucléaires qui limitent l’intellect, difficile de dire pourquoi. Néanmoins, le monde ancien et ses « Nergies » est décrit dans un mélange de conte, de religion et de spectacles de marionnettes. Les moindres bribes de connaissance sont vénérées à un point absurde, mon passage préféré restant l’exégèse de la sagesse ancienne en se servant d’un prospectus touristique. Mais du coup, ce déchiffrage difficile du texte nous met au diapason des habitants, qui déchiffrent tout aussi difficilement leur propre monde.



L’exercice de traduction en français a dû être particulièrement compliqué. Le travail me semble réussi, même si de nombreux jeux de mots ont été perdus. Je me demandais ce qui était passé par la tête de l’auteur pour que les villes se nomment « Gars en Rut » ou « Jambon du Père » : il s’agit de déformations de noms de villes anglaises : « Herne Bay » → « Horny Boy » et « Faversham » → « Father’s Ham », intraduisibles. Je n’ai cependant pas le niveau d’anglais suffisant pour lire ce roman dans la langue originale.



Enig Marcheur n’a pas été une partie de plaisir, sa langue le rendant fatiguant et fastidieux à lire. Certains lecteurs ont visiblement assimilé la langue au fur et à mesure, mais ça n’a pas été mon cas, et c’était toujours aussi compliqué à la dernière page qu’à la première. Paradoxalement, je pense qu’il n’aurait pas pu être mieux écrit, et qu’une langue « normale » aurait fait perdre tout son intérêt au roman. J’en conseillerai la lecture, avec un avertissement : il vaut mieux être en forme, et ne pas l’ouvrir pour se délasser après une journée fatigante !
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Enig Marcheur

ENIG MARCHEUR de RUSSELL HOBAN

ENIG a une douzaine d’années, il est un des survivants du Grand Boom et un des rares qui peut écrire. Un langage curieux que le Parlenigme qu’il transcrit péniblement. Quand le récit commence, ENIG vient de perdre son père, écrasé par une pierre( très grosse!). C’est un garçon curieux, il veut comprendre le Grand Boom, ce qu’il y avait avant, pourquoi les différents clans qui survivent ont érigé des barrières , pourquoi ils se battent et pourquoi tous ces chiens jaunes qui tuent et mangent les hommes. Il veut comprendre le livre d’Eusa, ceux qui racontent l’histoire du Sale Temps et ce qu’il y avait avant avec des sortes de marionnettes. Alors il décide de partir pour chercher la Vérité et en chemin il est suivi par un chien, noir, le seul de cette couleur qui semble le chef et qui va le guider vers une trappe, début d’une longue aventure dans laquelle ENIG tentera de recoller des bribes de connaissances. Mais comment interpréter le texte de la tapisserie de St Eustache quand on ne sait pas lire! Car il est dans le Kent, dans ce qui fut l’Angleterre, à côté de Canterbury, où il y avait, sûrement, un réacteur atomique, des Anneaux d’Energie comme les survivants le nomment.

C’est un voyage dur et émouvant, pour reconstituer la mémoire de ces Tribus survivantes que celui d’Enig, mais l’intérêt de ce livre n’est pas du tout dans l’histoire mais dans la façon dont le texte est intégralement écrit, le Parlenigme, mélange de phonétique, d’abréviations, de patois local et autres altérations de la langue. Il m’a fallu une bonne vingtaine de pages pour comprendre (à peu près)le texte et donc recommencer au départ! C’est une aventure littéraire assez passionnante mais difficile à recommander tant cela demande d’efforts!

Extraits

« J’ai rien d’aurt que des mots à mett sul papier. C’est si dur. Par fois y a plus sur le papier vyde qu’il y a quand l’ecrit couche dssus. Tu sayes de sprimer les ganrr choses et elles te tournn le dos. Pour tant tu verras des vestij en pyer et leurs dos te parle rond »

Le traducteur est Nicholas Richard, il a mis plus de 5 ans pour venir à bout du texte de HOBAN qui en a mis 7 pour l’écrire. Nicholas Richard a traduit entre autres Thomas PYNCHON et Richard BRAUTIGAN, pas les plus simples à déchiffrer.

Bon courage aux lecteurs qui se lanceront dans cette aventure Unique!!

L’originalité est décidément la marque de fabrique de Monsieur Toussaint Louverture.
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Au lit Frances

Le texte de Russell Hoban, élégamment traduit, joue avec musicalité sur le rythme des répétitions et l’illustration de Garth Williams traduit d’un trait au crayon d’une légèreté aérienne le décor de la maison et les expressions merveilleusement suggestives du trio des personnages.
Lien : https://cnlj.bnf.fr/fr/conte..
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Enig Marcheur

Lorsque Jack London écrit la Peste écarlate, il imagine que le langage s'appauvrit à la suite de la catastrophe sanitaire. On pouvait regretter d'ailleurs que London j'explore pas davantage ce point, les personnages s'exprimant dans un langage certes moins riche que le nôtre, quoique certains mots restent assez soutenus.

Enig marcheur ne reproduit pas cette "erreur" de la Peste écarlate. Au contraire! Ce roman réinvente un langage (et c'est là que réside le problème) à peine compréhensible pour nous lecteurs.

Enig marcheur n'est pas traduit en français, mais dans une langue qui nous est étrangère, composée de mots valises ou mots tiroirs et j'en passe.

C'est un roman extrêmement complexe à lire, voire absolument incompréhensible, qui demande une attention permanente, voire une retraduction personnelle pour pouvoir deviner le sens de chacune des phrases.



C'est le deuxième roman édité par Toussaint Louverture que je referme avant sa 100eme page (alors même que la thématique post-apocalyptique m'intéresse vraiment). L'aurai je acheté si la couverture n'était pas splendide et la quatrième de couverture si aguicheuse? Que ceux qui ont apprécié le pardonne mais je me demande même si le succès relatif de ces livres n'était pas la manifestation d'un certain snobisme...

C'est la force (et la faiblesse) de cette édition: proposer des traductions de romans méconnus en espérant que le travail éditorial fasse oublier pourquoi ceux ci n'ont pas eu de succès lors de leurs premières parution.
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Enig Marcheur

L'édition de cet ouvrage offerte par Monsieur Toussaint Louverture est une petite merveille artistique. La jaquette en fait toute la beauté. D'habitude, avec cette maison d'édition, l'intérieur est aussi prometteur que l'extérieur. Le lecteur ne se méfie donc pas et plonge en toute confiance dans la lecture de ce roman. Et là, il est déstabilisé en découvrant une écriture déconcertante qu'il lui faudra dompter pour lire l'entièreté du récit. Les débuts sont difficiles, le liseur a envie de baisser les bras. Il persiste pourtant et se rend compte, au fur et à mesure, qu'il s'habitue à ce drôle de langage et que la découverte devient plus fluide (malgré quelques mots qui restent incompris). Il découvre ainsi des termes revenant régulièrement comme "main tenant", "mort sot", "pyèr". Il se surprend même à apprécier certains d'entre eux tel "seulitaire". Cependant, la trame reste énigmatique, laborieuse. Elle est ponctuée de dialogues pesants construits de la manière suivante :

- je dis : …

- il dit : …

- je dis : …

- il dit : …

C'est une lecture qui fatigue et demande persévérance et courage. Au début, elle déroute. Ensuite, elle amuse. Mais elle finit par lasser.

Seront salués toutefois le travail effectué par l'auteur pour la création de ce roman et celui du traducteur qui a d'ailleurs reçu le Prix Maurice-Edgar Coindreau de la traduction.
Lien : https://livresratures.wordpr..
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Enig Marcheur

Bon 100 de boue Ah ! Je cherchais une lecture originale quand je suis tombée sur ce livre édité par Monsieur Toussaint-Louverture. Je me suis dit que c'était forcément une valeur sûre… Eh bien quelle migraine, mes amis ! Il a fallu s'y mettre à deux, avec mon mari, pour en voir le bout. En gros, on est dans un monde post-apocalyptique depuis tellement longtemps qu'on a oublié ce qui s'est réellement passé. Les peuplades semblent quasi primitives : Par incapacité à progresser de nouveau ou par peur de reproduire le passé ? Et cette peur, serait-elle entretenue par quelques-uns qui détiennent la mémoire, pour maintenir le nouveau monde tel qu'il est ? Comment font-ils pour dissuader la population de rechercher la vieille vérité enfouie ? Pourtant l'homme étant ce qu'il est, des rumeurs circulent encore sur le temps d'avant ; et si des spectacles « officiels » propagent la bonne parole, des légendes populaires se forment comme pour conserver l'amer moir… Seulement voilà, lorsqu'une civilisation périclite, le langage aussi, alors les concepts sont plus difficiles à appréhender, pour les personnages comme pour le lecteur… Car le narrateur est un enfant de 12 ans en quête de vérité et pour l'amer moir, il écrit son histoire… dans son jus.

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« A quoi bon la nuit c'est just du noir ça sert à rien quaux voyous qui voull nous taquet par sur prise et pillé nos prop piétés. Ils perdir l'amer moir de ce quété la nuit. Ils voulur just le jour toul tant et ils allé le fer avec les Chants Bardes. Ils avaient les N° du soleil et de la lune tout fracté et les fir gloutir par les machines. Ils dir : On vamettr tous les N° dans 1 Grand Boum et ce sera le N° des Chants Bardes. Ils bâtir l'Anneau des Nergies cest là où on voit le Cra Terre au jour d'hui. Ils déclenchèrent le Grand Boum et zoom parut un ganrr éclair de lumyer plus ganrr que le monde en tié et la nuit devint le jour. En suite tout dev nu noir. Rien que la nuit des années durant. Des pidémies oxir les genss ».

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Alors comme je suis une fille sympa, je vous la finis en bon François, mais si vous lisez ce livre vous n'aurez pas cette chance : il faudra lire en Parlenigme dans le texte (remerciez-moi, au départ j'avais écrit cette critique intégralement en Parlenigme) ! Un langage entre un babille d'enfant et un patois primitif. Faux couté tentif pour con prendre ce langage qui, pour reconstituer l'histoire, nous raconte des faits et légendes apparemment sans queue ni tête. Les personnages les analysent avec leurs moyens comme on tente d'interpréter la bible ou des textes anciens - et l'on voit à quel point on peut leur faire dire n'importe quoi, tout cela mêlé à la version officielle véhiculée par les spectacles de rue, la censure, et la transformation inhérente aux histoires transmises oralement durant des générations - autant dire le téléphone arabe.

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C'est une lecture pour ceux qui aiment les expériences, et dont l'esprit parvient à reformer rapidement les mots déformés. Ce n'est clairement pas mon cas : je butais à tous les mots, j'avais l'impression de ne pas avancer alors j'ai demandé à mon mari si je pouvais lire à voix haute : ça m'aidait à comprendre des associations phonétiques moins évidentes, mais l'Enigme Marchait toujours au ralenti. Alors Chou a proposé d'essayer à son tour, et finalement on a fini le livre comme ça : en lisant à voix haute à tour de rôle ! Mais le chemin de 300 pages vers la vérité est très long et tortueux ! D'un autre côté, lire trop vite en reconstituant les mots sans prendre le temps de regarder et d'analyser les mots qui les remplacent, c'est je pense amputer cette lecture d'une partie de son intérêt - et gâcher une grosse partie du travail du traducteur. En effet, les mots qui servent à en exprimer d'autres ne sont pas choisis au hasard, qu'il s'agisse de leur sens ou de leur sonorité. Il est donc intéressant parfois de ralentir et d'y prêter attention. Certaines associations phonétiques ou trouvailles lexicales sont particulièrement savoureuses.

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Le plus intéressant demeure que la forme sert évidemment le fond de l'histoire, c'est ce qui donne son sens au texte, et du sens à notre effort de lecture, sans quoi ce ne serait que pur masochisme.

En cela, Enig Marcheur est une oeuvre novatrice. Certains diront sans doute brillante. Mais sur le fond j'ai trouvé lassant que, ajouté au rythme de lecture ralenti par le langage, l'histoire tourne un peu en rond, sans aboutir à de grandes révélations. Et sur la forme, attention aux maux de tête : cela demande une énorme concentration car, même reconstitués, les mots racontent une histoire parfois obscure : ce sont des échanges entre gens issus de peuples revenus à l'âge de fer. J'ai pourtant l'expérience de ce genre de textes, moi qui ai adoré le bruit et la fureur (dont le récit débute dans la tête d'un handicapé mental), Des fleurs pour Algernon (où le récit débutait avec les mots et fautes d'une personne de faible QI), Acid Test (récit entièrement sous acide d'une série de very bad trip), etc… Mais là, vraiment, l'aventure est rude. Chou, m'a fait promettre de ne plus jamais acheter « ce genre de livre bizarre » - et sur le moment j'ai promis sans me faire prier ! Bon courage aux aventuriers du verbe !

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« J'étais bon en orthographe avant d'écrire ce livre ; ce n'est plus le cas maintenant ». (Russel HOBAN)
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Enig Marcheur

"Cest juste une histoire et cest ça les histoires."



Enig Marcheur, vit dans un monde de l’après. L’après du « Grand Boum », moment destructeur (guerre chimique?, évènement destructeur?). L’après du décès de son père, mort écrasé sous une pierre. Et cet après, Enig décide d’en coucher par écrit son expérience.



"C’est pour ça que final ment j’en suis venu à écrire tout ça. Pour penser à ce que l’ydée de nous purait être. Pour penser à cette chose qu’est en nous ban donnée et seulitaire et ivrée à elle même."



Dans ce monde où tout est boue, peur (preuh), ignorance (gnorance), où des chiens noirs rôdent et attaquent tout qui s’aventure en dehors des villages, dans ce monde qui a perdu jusqu’à ce qui le situe dans le temps, dans ce monde uchronique et clanique où seul survivre compte, Enig Marcheur, du haut de ses douze ans, par ses actes et par le fait d’en rendre compte en les écrivant, se lance dans une fabuleuse quête de la « Vrérité » . Et il découvre un monde fondé sur l’apparence, où tout le système politique repose sur des spectacles de marionnettes presque doctrinaux.



Mais le tour de force de Russel Hoban (et de son traducteur Nicolas Richard) est d’arriver à nous faire découvrir ce que découvre Enig Marcheur dans le même temps. Car la langue de cet après est elle aussi comme revenue à une forme de préhistoire où toute tradition se veut orale. La langue dans laquelle Enig Marcheur rend compte de son expérience est donc comme bâtarde, écrite mais phonétique, décomposée à l’extrême. Et cette langue éclatée, qui fait déborder la signification et qui ne se recompose que dans la voix, cette langue ralentit la lecture. Et donc elle permet de calquer le temps de la lecture sur le rythme de compréhension du héros.



"J’avé dans l’ydée d’y aller mollo et de fer du solide. Une pansée à près l’aurt chac chose en son tant d’abord les picqué en rond dans la fauss en suite les picqué porteurs en suite les chevrons sur les pixqué porteurs et la rêvel dssus le tout comme le chaume. Donc on pourè tout jour fer le trajet à l’en vers à partir de la rêvel et bien voir comment toul truc été bâti et voilà ce quallè être le style de Enig Marcheur."



La langue ainsi créée pour ralentir la lecture peut alors regorger de sens. Elle est mise en scène de son propre éclatement. Elle est trace et moyen de recomposer ce dont elle est issue. Le génie tient ici à accoler à la recomposition phonétique qui permet au lecteur de s’y « retrouver », un découpage qui l’entraîne vers une abondance de signes qui forment un ailleurs autre et inconnu. Ainsi la lecture recompose t’elle dans la voix les termes âme mi en « ami », ou l’amer moi en « mémoire », sans que les deux termes connus et rassurants ne viennent épuiser ni recouper pleinement les premiers. La page est alors le lieu véritable de la création.



"J’ai rien d’aurt que des mots à mtt sul papier. C’est si dur. Par fois y a plus sur le papier vyde qu’il y a quand l’écrit couche dessus. Tes sayes des sprimer les ganrr choses et elle te tournent le dos."



Dans la lenteur de la lecture, qui recrée aussi un temps autre, on découvre un enfant qui découvre ce qui l’entoure et lui-même. Mais aussi que cette découverte reste toujours limitée, car nous sommes parties de cette Vrérité à découvrir.



"On verra jamais le tout de couac ce soit on est tout jour en son mi lieu à vivre de dans ou en meuve ment à le traverss."



Un chef d’oeuvre!
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Enig Marcheur

C’est un ovni dans lequel je me suis plongé sans réellement réfléchir aux conséquences.

C’est un texte abrupte qui remet en question de nombreux fondements dans nos sociétés.

C’est un chemin périlleux et sublime.

La place du langage est primordiale, ainsi que celle des histoires et des légendes.

Enig pose trop de questions auxquelles les habitants ne souhaitent pas toujours y réfléchir.



Un choc verbal intense



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Enig Marcheur

Monsieur Toussaint Louverture m’avait pourtant averti :



« Cette œuvre est l’essence même de la littérature, pleine de défis et d’audace, elle se révèle touche par touche et ce qu’elle a à offrir est immense ; ne vous laissez pas décourager, prenez le temps, lisez à haute voix, mais n’abandonnez pas, bataillez comme Enig bataille dans la nuit. C’est un livre précieux, intense et unique ».



Mais – et c’est rarissime chez moi – je n’ai pas pu aller au bout. Paradoxalement, cela n’est pas la langue si particulière qui a été un frein. Passée la surprise, je me suis au contraire pris au jeu de ce décodage original et particulier. Et ce sont d’ailleurs ces effets de styles qui m’avaient attiré.



Mais l’univers post-apocalyptique et fantastique de ce conte est définitivement trop éloigné des limites de ma zone de confort littéraire et mon intérêt allait trop décroissant au fil de ma lecture.



Pas grave : il plaît à tant d’autres !
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Enig Marcheur

Plus qu'une lecture, c'est une expérience. Une expérience déroutante, parfois difficile, mais singulièrement gratifiante et originale. En inventant un nouveau langage, le Parlénigm, version appauvrie du nôtre, dont il est une sorte d'adaptation phonétique, Russell Hoban nous immerge dans un univers original et prégnant, en 2347 N.C.C.



Une guerre nucléaire (le "Grand Boum") a ravagé le monde, et fait régresser les hommes à l'âge de fer. Ils ont hérité d'une nature dévastée, et, oublieux de la civilisation pré apocalyptique, se sont bâtis, de bric et de broc, une mythologie collective empruntant à de vieilles bribes de religion auxquelles se mêlent des références à une technologie disparue. Incapables de déchiffrer le sens des rares écrits sauvés du passé, ou de comprendre l'utilité des objets d'antan qui jonchent le sol de la campagne du Kent où se déroule l'action, ils ont de leur Histoire une interprétation simpliste et erronée. La figure centrale en est le légendaire Eusa, qui, à la demande de M.Mallin, extorqua le secret de la bombe au Ptitome bryllant, déclenchant ainsi "le Sale Temps".



Enig, douze ans, vient de perdre son père, "oxi dans la creuz où il jobbait". Il hérite de son statut de passeur d'histoires. A ce titre, il prend la route, à la recherche d'une improbable "Vrérité", et conte ses aventures dans le carnet de bord qui compose le récit. Car Enig, contrairement à nombre de ses contemporains, sait écrire...



"Le jour de mon nommage pour mes 12 ans je suis passé lance avant et j'ai oxi un sayn glier il a été probab le dernyé sayn glier du Bas Luchon".



"Enig Marcheur" est un conte grisâtre et pessimiste, dans lequel l'auteur imagine les conséquences de l'utilisation, à des fins guerrières, de la puissance technologique mise à disposition de l'homme. On s'interroge au cours de la lecture sur le sens de la survie humaine dans une société devenue amnésique de ses erreurs, et incapable de se réinscrire dans une dynamique de progrès. La communauté dépeinte dans "Enig Marcheur" laisse une impression de médiocrité, d'appauvrissement intellectuel, et de perméabilité à la superstition. La violence et la "preuh" sont omniprésentes, notamment sous les traits de chiens aux yeux jaunes, qui, revenus à l'état sauvage, dévorent les hommes. Les êtres humains ne sont pas en reste : séparés en deux communautés distinctes qui s'opposent -les fermiers et les nomades-, ils font parfois preuve d'une barbarie primitive.



"Oxi avec sa bite et ses couilles rachées et sa tête presq aussi et son visaj viré au gris et les feuilles mouillées foulées au pieds et ses yeux fixés sur le ciel gris au dssus de lui."



C'est également une évocation puissante de la subjectivité historique, et des dangers liés à l'illusion du progrès... Peut-être le monde dépeint par Russell Hoban est-il finalement celui d'une deuxième chance pour l'homme qui, libéré des valeurs qui ont conduit à sa perte, se voit offert la possibilité de créer une société nouvelle, et que l'époque d'Enig n'est que celle d'une transition vers quelque chose de meilleur ?



Un roman à découvrir, donc, à condition d'être prêt à quelques efforts, surtout en début de lecture. Il se produit ensuite un phénomène d'accoutumance assez étrange, dans la mesure où il rend d'autant plus vivants l'environnement d'Enig et les curieux personnages qui croisent sa route. Et bien que rendue abrupte par cette langue atypique -il faut d'ailleurs saluer le travail de traduction auquel s'est attelé Nicoles Richard, ce que personne n'avait osé faire depuis la parution de ce roman en 1980-, le texte offre malgré tout des moments de divertissement, paradoxalement grâce à la dite langue, qui est en effet l'occasion de jeux de mots parfois grivois, délivrés comme incidemment, avec une sorte de fausse innocence.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le lion de Jacob

Un récit graphique bouleversant et fascinant sur une immersion dans la psyché humaine, théâtre ici d'un choix crucial entre la vie et la mort. A lire dès 8 ans, de préférence accompagné d'un adulte.
Lien : https://www.ricochet-jeunes...
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Enig Marcheur

Je suis triste ce soir, triste parce que j'ai laissé tomber Enig Marcheur alors que ça faisait si longtemps que j'avais envie de le découvrir.

J'abandonne non pas parce que l'écriture est spéciale, déroutante et compliquée : au bout de quelques pages on s'y fait à ce "massacre" de l'écriture telle qu'on la connait. Il suffit finalement de l'oraliser et tout est déjà plus compréhensible. Il y a même de la poésie dans cette façon de déstructurer les mots.

Non j'abandonne parce que l'histoire ne m'intéresse pas, je n'ai pas envie de connaitre la suite, de savoir ce qui arrive à ce jeune garçon...



J'aime les livres atypiques, les expérimentations mais encore faut-il que l'histoire en vaille la peine.

Tant pis pour moi... au moins j'aurais essayé...



PS : chapeau bas à Nicolas Richard le traducteur !
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Enig Marcheur

Effectivement, ceux qui voient le langage ou une œuvre comme un monolithe, quelque chose d’incorruptible, pourraient bien voir leurs certitudes s’ébranler à la lecture de ce livre. S’ils ne le rangent pas trop vite dans la case "un truc bizarre / mal écrit parce qu’expérimental". Qu'est-ce qu'on tente ici ? On peut s'apercevoir que l'histoire – des personnages qui deux mille cinq cent ans après une guerre nucléaire dans les années 90, tentent une reconstitution d'un passé mythique (notre époque) et du grand boum, un complot s'en mêle – se ramasse à l'intérieur d'un texte où les mots se sont transformés et créent plusieurs entrées de sens. Le livre de Russell Hoban est un gigantesque trou noir dans lequel Canterbury (Cambry à l'époque du livre), magnifique ville au charme vétuste, s'est transformé en fange malfamée.



Le texte commence par nous résister – quoi de plus naturel, quand on est confronté à une autre époque de cette façon – en lisant, on entre plus que jamais dans la posture d'un traducteur. On peut le lire à voix haute ou repasser par la tête, il y a toujours plusieurs pistes ; le jeu est de les déchiffrer, disons aussi de défricher un chemin. On peut d'ailleurs constater la prouesse du vrai traducteur, Nicolas Richard, et le travail d'édition toujours très chic, de Monsieur Toussaint Louverture.
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Enig Marcheur

Attention, chez d’œuvre.
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Le cheval magique

Un album amusant et joliment illustré. J'aime beaucoup le début qui commence quand même avec une histoire de bâtonnets de glace ! Ce livre ne met pas ce limites claires entre l'imaginaire et le réel. Il nous fait voyager dans le rêve de la petite fille.
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