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Citations de Ruth L. Ozeki (116)


J'étais dans la chambre, en culotte et maillot de corps, une lampe halogène braquée sur moi, et je sentais dans mon ventre un poids comme un gros poisson glacé en train d'agoniser juste là, sous mon cœur. [...] Je ne crois pas que je ne m'étais jamais sentie aussi nue, aussi seule. Mes genoux se sont dérobés, je me suis effondrée, recroquevillée sur moi-même, berçant mon gros poisson. Il a frétillé une dernière fois dans mon estomac, si fort qu'il a failli remonter dans ma gorge, puis il s'est immobilisé là, à court d'oxygène. Je l'ai tenu. Il était en train de mourir dans mes bras.
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Je me sens plus attiré par la littérature qu' autrefois; pas tant par des oeuvres particulières que par l'idée de la littérature - cet effort héroïque, cette noblesse du désir humain à vouloir sublimer notre esprit (...).
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I have a pretty good memory, but memories are time beings, too, like cherry blossoms and gingko leaves; for a while they are beautiful, and then they fade and die.
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Je me suis mise à pleurer.
Je vous jure, je ne plaisante pas. Auparavant, rien ne pouvait me faire pleurer, pas même que mes parents aient tout perdu, qu'on ait troqué notre vie de rêve à Sunnyvale contre un appart miteux au Japon, que ma mère soit folle, mon père suicidaire, que ma meilleure amie m'ait tourné le dos, rien, pas même des mois et des mois d'ijime. Je n'avais jamais pleuré.

I started to cry.
I'm not kidding. Until then nothing could make me cry, not losing all our money, not moving from my wonderful life in Sunnyvale to a crappy dump in Japan, not my crazy mother, or my suicidal father, or my best friend dumping me, or even all those months of ijime. I never cried.
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Dans la pénombre de la cabine, quand on regarde ce corps rabougri sortir de la vapeur, on dirait une apparition — un peu fantôme, un peu enfant, un peu jeune fille, un peu femme fatale, un peu yamamba, tout ça à la fois. Tous ces âges, tous ces stades de la vie combinés en un seul et même être-temps.

In the shadows of the bathhouse, watching her pale, crooked body rise from the steam in the dark wooden tub, I thought she looked ghostly—part ghost, part child, part young girl, part sexy woman, and part yamamba, all at once. All the ages and stages, combined into a single female time being.
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Sur tout le littoral japonais, des gravures ont été retrouvées sur les falaises, porteuses d'avertissements ancestraux ! passé cette limite, interdiction de construire !
Certaines dataient de plus de six cents ans. La plupart avaient résisté au tsunami.
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Pendant les 2 semaines qui suivirent le tsunami, la Toile fut inondée de nouvelles du Japon. Tout le monde était soudain devenu expert en radiations, microsieverts, plaques tectoniques et subduction.
Puis le soulèvement en Libye et la tornade du Missouri remplacèrent le tsunami. Dans les nuages de tags des sites web, les mots-clés qui ressortaient désormais étaient "révolution", "sécheresse", "masses d'air instables". La vague d'informations japonaises se retirait lentement.....
Combien de temps une information reste-t-elle pertinente ? Décline-t-elle plus vite selon le média qui l'héberge ?
Sur tout le littoral japonais, des gravures ont été retrouvées sur les falaises, porteuses d'avertissements ancestraux : passé cette limite, interdiction de construire !
Certaines dataient de plus de six cents ans. L
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L'été, tandis sur les ailes poudreuses des gros papillons de nuit battaient contre la moustiquaire, il lui décrivait son île, les buissons qui ployaient sous les baies, les coins où l'on trouvait les huîtres les plus exquises, la bioluminescence qui éclairait l'onde des vagues, emplissant l'océan de formes pélagiques miroitantes comme un reflet d'étoiles dans un ciel mouvant. Oliver traduisait l'immensité, l'abondance de l'écosystème des pays riverains à Ruth, laquelle à Manhattan, attendait collée à son écran, s'empressant de lire chaque mot...
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Et quand viendra l'ultime instant, de quel coté m'orienterai-je? Maintiendrai-je courageusement la trajectoire de mon avion tout en sachant qu'au bout de l'impact mon corps explosera dans une boule de feu géante qui tuera un si grand nombre de ces prétendus ennemis que je ne connais pas et ne puis haïr?
Ou bien ma lâcheté (ou bien ma nature humaine) ma rattrapera-t-elle une dernière fois, juste assez longtemps pour pousser légèrement ma main sur la manette de contrôle et détourner mon avion de sa trajectoire, si bien qu'en finissant ma vie noyé dans la disgrâce plutôt que brulé en héros, je transformerai en cet instant précis et à jamais le destin des troupes ennemies sur leur navire de guerre, tout comme celui de leurs mères, soeurs, frères, femmes et enfants?
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Hello ! Je m’appelle Nao, et je suis un être-temps. Vous savez ce qu’est un être-temps ? Non ? Eh bien, si vous avez un moment, je vais vous le dire. Un être temps, c’est quelqu’un comme vous et moi, comme chacun de nous qui est, a été ou sera un jour. Quelqu’un qui vit dans le temps. Moi par exemple, je suis en ce moment à Akihabara Electric Town, dans un maid café français. J’écoute une chanson triste, une chanson que vous avez déjà entendue par le passé, qui est également mon présent, où j’écris ces mots, où je m’interroge sur vous qui faites partie de mon futur. Et si vous lisez ces lignes, peut-être que vous aussi vous vous posez des questions sur moi…
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Je vous ai dit que mon père s’était retiré du monde et qu’il était devenu un hikikomori, mais je dois éclaircir un point : papa m’aimait, et il voulait que je sois en sécurité. Il n’aurait jamais pété les plombs, n’aurait jamais essayé de m’enfoncer la tête dans le four allumé ou je ne sais trop quoi. La plupart des hikikomori passent d’ailleurs leurs journées enfermés à lire des mangas pornos ou à mater des sites fétichistes, enfin, heureusement, papa n’était pas tombé aussi bas. Il faisait de la peine, oui, mais d’une autre manière. Il n’allait quasiment jamais sur internet. A la place, il passait tout son temps à lire de la philosophie occidentale et à fabriquer des insectes en origami.
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Jamais je ne t'ai été aussi reconnaissant de nous avoir élevés comme tu l'as fait, de nous avoir appris combien la bonté, l'éducation, la liberté de pensée et de croire en ses idéaux étaient choses précieuses, au regard du vent fascisme qui balaie notre pays.
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Je lui ai dit de ne pas trop s'enflammer non plus, parce que, d'une, je m'en balance complètement du jugement de la société, et de deux, je n'ai même pas les capacités suffisantes pour avoir à me préoccuper de ce problème. Par contre, il n'a pas tort pour ce qui est de tomber malade ou de se faire tirer dessus. Je suis en bonne santé et l'idée de mourir ne me dérange pas, mais me faire descendre dans les couloirs du lycée par un cas soc' shooté au Zoloft qui aurait troqué sa Xbox contre un semi-automatique,ça, non merci.
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Les mots de Nao lui revinrent à l’esprit. Ou étaient-ce ceux de Jiko ? Etudier la Voie, c’est s’étudier soi-même. Non, c’était Haruki qui avait dit ça. En citant le maître Dogen qui parlait du zazen. D’une certaine manière, Ruth comprenait cette phrase. A ses yeux, le zazen se définissait comme une sorte d’observation de soi « moment par moment » censée conduire vers l’éveil. Mais ça voulait dire quoi au juste ?

S’étudier soi-même, c’est s’oublier soi-même. Peut-être qu’en pratiquant le zazen, l’impression que nous avons d’incarner un être solide, singulier, se dissout et qu’on finit par l’oublier. Quel soulagement, de savoir que l’on est libre de déambuler joyeusement dans l’éventail quantique de tous les possibles.

S’oublier soi-même, c’est être éveillé par toutes les existences. Les montagnes et les rivières, l’herbe et les arbres, les corbeaux, les chats, les loups et les méduses.
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Des sons fusionnent, se divisent, s’unissent, se dissolvent. Les mots miroitent, un nuage de fretin file et froisse la surface de l’eau. Insaisissable. Dans notre granddortoir les soldatsetmoi nous ressemblonà des poissons qui sèchentsurunétendoir…

Ce n’est pas normal, les mots sont décalés – les syllabes traînent, refusent de se dissiper, de se rendre au silence -, ils ne sont plus qu’un amas de sons, telles des voitures embouties sur l’autoroute, qui transforme leur sens en cacophonie, et sans même s’en rendre compte, elle se joint au tumulte, sans un mot, sans un bruit, d’un cri qui s’élève de sa gorge et résonne à l’infini. Le temps chancelle, la submerge. Ne pas paniquer. Tâcher de se détendre, de se décrisper, de résister à l’envie de se tendre, de s’enfuir. Mais pour aller où ?
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Tous les superhéros ont des pouvoirs différents, il y en a qui se remarquent beaucoup, comme avoir une force surhumaine, courir à la vitesse de l'éclair, pouvoir s'autorégénerer ou créér des champs magnétiques. Mais finalement, c'est pas si différent des superpouvoirs qu'avait ma Jiko, comme bouger hyperlentement, lire dans les pensées des gens, apparaître à une porte ou faire que quelqu'un aille mieux simplement par sa présence.
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J'ai bonne mémoire mais la mémoire est elle aussi un être-temps, comme les fleurs des cerisiers et les feuilles des ginkos; leur beauté dur un temps, puis elle se fane et meurt.
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J'ai toujours considéré l'écriture comme l'inverse du suicide. Qu'écrire, c'était comme devenir immortel. Défier la mort, ou en tout cas la devancer.
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Toute chose a un esprit, même vieille et cassée, voilà ce que disait Jiko. Nous devons honorer les choses qui nous ont bien servi et en prendre soin.
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Tout dans l'univers change constamment, rien ne demeure jamais dans le même état, et nous devons comprendre à quelle vitesse les moments et les instants s'écoulent si nous désirons nous éveiller à nous-même et vivre notre vie.
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