AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Saša Stanišic (50)


La réponse m'arrive ,étouffée,d'ailleurs,est-ce seulement une réponse : Aleksandar.Qui est à l'appareil? M'a voix ,sifflante,revient en écho : Qui est à l'appareil? Je suis obligé de m'asseoir,j'ai mangé et bu énormément et par deux fois ,je n'en peux plus ,je me laisse tomber à terre,je suis allongé,au coeur d'une pluie douce et murmurant de voix ,des millions de fois où ? J'ai mal au coeur,je n'en peux plus,au -dessus de moi,à peut -être un ou deux mètres--les nuages .La pluie m'emplit la bouche ,les voix sont des mouches à mon oreille .Je réponds : Oui,je suis là.Aleksander?demande la voix de femme ,et c'est un fleuve qui me baigne,j'ai trouvé ma Drina à moi,ma Drina de pluie ,et je dis: Je suis là, je suis là.( Page 376).
Commenter  J’apprécie          10
Mon arrière grand-mère ne me parle pas de mon grand-père Slavko.Vous êtes tous mes enfants ,et ça n'est pas facile pour moi,avait -elle dit à papa quand nous étions arrivés à Veletovo. On n'a pas envie de porter en terre celui qu'on a mis au monde.C'est ma joie que j'enterre.
Papa n'avait rien répondu.
Mon arrière grand-père avait répondu en cherchant ses mots.
Moi aussi,il me manque.Je dis cela doucement ,et je pose le chiffon.Mon arrière grand-mère retire sa visière. Ses grands yeux bruns .Un poil qui sort de la tâche de naissance qu'elle a sur la joue.Le tablier à fleurs par-dessus sa robe noire.Je me faufile pour échapper à son humeur.Le soleil brille.Je grimpe sur un prunier. Papa chante sans penser à rien.Maman rit.Nena Fatima retire ses chaussures.Tante Typhon remplit les seaux l'un après l'autre,et caresse son gros ventre.L'oncle Mini a attrapé une poule qu'il traîne vers les bâtiments de ferme.(Pages 50/51).
Commenter  J’apprécie          30
OÙ L'ON VOIT UN COEUR FAIRE LA COURSE AVEC LE CHAMPION DU MONDE DU CENT MÈTRES, QUE PÈSE UNE VIE D'ARAIGNÉE, POURQUOI CELUI QUI N'ÉTAIT QUE TRISTESSE ÉCRIT ,AU FLEUVE CRUEL,LES COMPÉTENCES DU CAMARADE SUPRÊME DE L'INACHEVÉ EN MATIÈRE DE MAGIE.
Commenter  J’apprécie          30
L'origine ethnique cependant, à cause de son nom à consonance arabe, lui collait à la peau comme une rumeur tenace. Elle était souillée aux yeux des nouveaux décideurs, une souillure que ni l'ambition ni l'éducation ni l'habileté ne pouvaient corriger. La religion est le soupir de la créature accablée par le malheur, de même qu'elle est l'esprit d'une époque sans esprit.
Commenter  J’apprécie          90
Le pays natal, je l'affirme, c'est précisément le sujet de mon écriture. Les grands- mères. Quand ma grand-mère Kristina à commencé à perdre les souvenirs, je me suis mis à les rassembler.
Commenter  J’apprécie          170
Les faits, les voici: le pays où je suis né n'existe plus aujourd'hui. Tant qu'il a existé, je me considérais comme Yougoslave. Comme mes parents, issus d'une famille serbe( mon père) ou bosnio-musulmane (ma mère). J'étais un enfant de cet État plurinationnal, résultat et affirmation de l'inclination mutuelle de deux êtres que le melting-pot yougoslave avaient libérés de leurs différences d'origine et de religion.
Commenter  J’apprécie          140
La Yougoslavie. Mais plus pour très longtemps. Le socialisme était fatigué, le nationalisme aux aguets. Des drapeaux, à chacun le sien, flottant au vent, et dans les têtes, la question : Tu es quoi ?
Commenter  J’apprécie          71
En revenant, près du vieux pont, je descends sur la rive. Sous la première arche, des gens sont assis autour d’un feu. Je m’approche, deux types se lèvent. Je comprends. Je lève les mains et m’écrie : « A friend, just a friend. » Je me nomme. Ils se rasseyent, ne me quittent pas des yeux.
D’où viennent-ils ?
D’Afghanistan. Et moi ?
D’ici.
Tu peux nous aider ?
Ils veulent aller plus au nord. Me montrent des photos de leurs familles devant des ruines, des cendres. Je réfléchis, je me demande si Stevo pourrait les emmener en voiture. Je leur propose bêtement un peu d’argent, ils ne l’acceptent pas. Le pont au-dessus de leurs têtes a quatre cent quarante ans.
Le pire de ce qui leur est arrivé pendant leur voyage ? L’un rit. Un autre dit : « Always be nobody. »
Commenter  J’apprécie          250
Environ quinze ans plus tard, en 2010, j’étais moi-même au MIT*. J’enseignais la littérature allemande et l’écriture créative. J’habitais à proximité de la Charles River. Quand on m’interrogeait sur mes origines, je répondais tantôt « Je viens de Višegrad », tantôt « je viens d’Europe » ou « du Palatinat du Rhin ». C’est cette dernière réponse qui marchait le mieux. Quand tu dis à l’étranger « Palatinat du Rhin », il est à peu près certain que ton interlocuteur ignore s’il s’agit d’une ville ou d’une erreur de prononciation.

* Boston ( États Unis)
Commenter  J’apprécie          396
Quand je* rencontrais des gens pour la première fois, il m’arrivait de dire que je venais de Slovénie. La république alpine était celle qui avait le moins fait les gros titres, on me prendrait, espérais-je, davantage pour un skieur que pour une victime.
On me demandait pourquoi j’étais en Allemagne, je répondais quelque chose comme :" Mon père a eu une proposition exceptionnelle de la part de BASF, pas question de refuser."
Je poussais un soupir et ajoutais : « Les Alpes me manquent. »
Que les Alpes manquent à quelqu’un, je l’avais appris, c’était très bien vu en Allemagne.

*C'est l'auteur père serbe, mère bosniaque, réfugié en Allemagne, ayant fuit l'enfer de la guerre en ex-Yougoslavie.
Commenter  J’apprécie          352
Depuis qu’elle* a du mal à marcher, les voisins lui font ses courses. Elle aime surtout y envoyer Andrej, le policier d’en face aux cheveux bien peignés. Il n’est pas, dit-elle, corrompu comme le sont les autres policiers, un jour, il a arrêté Emir Kusturica et à la question que lui posait ce dernier : « Au fait, est-ce que tu sais seulement qui je suis ? », il a répondu : « Votre permis, les papiers de la voiture, s’il vous plaît. Ça y sera marqué. »
* Toujours la fameuse grand-mère :).
Commenter  J’apprécie          371
Si la mafia a jamais eu une filiale à Višegrad, la marraine, c’était ma grand-mère. Enfant, j’avais entendu parler de trois petits gangsters connus dans toute la ville qui la craignaient et s’occupaient de ses courses. Quand elle se faisait teindre les cheveux en violet chez le coiffeur, il y en avait toujours comme par hasard un posté devant le salon, en train de grignoter des graines de courge. La grand-mère fraîchement ondulée sortait dans la rue, murmurait à son oreille, et il disparaissait docilement dans les ruelles pour remplir Dieu sait quelle mission.
Commenter  J’apprécie          310
Grand-mère m’avait versé de l’eau, boire beaucoup, avait-elle dit en 1984, et elle le répétait en 2009 avec tout autant de conviction, c’est important. Le verre lui aussi était le même, un peu ébréché, je le reconnaissais au petit éclat.
« Grand-mère, ce verre-là, on devrait tout de même le réformer. »
« Tu as des yeux, non ? Bois de l’autre côté. »
Commenter  J’apprécie          510
La ville d'Essen tout entière n'est en fait rien d'autre qu'un énorme garage et on aurait presque envie de remercier les mauvaises herbes qui poussent entre les pavés de tenir le coup.
Commenter  J’apprécie          404
Nous nous étions fait une promesse d’histoires, maman, avait acquiescé le fils d’un air résolu en fermant les yeux comme pour faire de la magie sans baguette ni chapeau, une promesse toute simple : ne jamais arrêter de raconter.
Commenter  J’apprécie          20
Où l’on voit un cœur faire la course avec le champion du monde du cent mètres, que pèse une vie d’araignée, pourquoi celui qui n’était que tristesse écrit au fleuve cruel, les compétences du camarade suprême de l’inachevé en matière de magie
Commenter  J’apprécie          10
Il y a eu une fête, il y a eu une bagarre, un coup a été tiré, c’est peut-être toujours comme ça quand quelqu’un part pour l’armée, on n’y est pas encore vraiment, et voilà que la guerre arrive déjà ici. Il y a le souci de voir Miki envoyé là où on ne tire pas seulement sur les tas de fumier, il y a des adieux douloureux, il y a des larmes pour Miki et une gifle aussi, insolent gamin ! La gifle, c’est parce que le soldat de demain a dit : Kamenko a quand même raison, nous ne devons pas accepter tout et n’importe quoi, il est temps pour nous de faire face aux Oustachis et aux Moudjahidin […] Il y a être avec les siens et ne pas l’être. D’un seul coup, la véranda ressemble à la cour de l’école, où Vukoje Ver-de-Terre m’avait demandé : T’es quoi, en fait, toi ?
Commenter  J’apprécie          10
Grand-père Slavko est mort en 9 secondes 86, son cœur a couru au coude à coude avec Carl Lewis – le cœur s’est arrêté pendant que Carl fonçait comme un fou. Grand-père cherchait à reprendre son souffle, Carl levait les bras en l’air, avant de se jeter sur les épaules un drapeau américain.
Commenter  J’apprécie          20
Le chapeau et la baguette possèdent un pouvoir magique. En portant le chapeau et en brandissant ta baguette, tu seras le plus puissant magicien du possible et de l’impossible dans l’ensemble des États non alignés. Ton pouvoir aura une portée révolutionnaire particulière tant qu’il s’exercera en conformité avec les idées de Tito et en accord avec les statuts du Parti communiste yougoslave.
Commenter  J’apprécie          10
Pour l’inauguration des nouveaux cabinets, on a fait une fête. […] L’arrière-grand-père avait eu l’honneur d’être le premier. […] Nous avons été quelques-uns à l’accompagner en tapant des mains. Ambiance parfaite devant les cabinets d’intérieur, un public de seize spectateurs, un orchestre de cinq musiciens, un temps idéal pour la circonstance.
Commenter  J’apprécie          10



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Saša Stanišic (177)Voir plus

Quiz Voir plus

Quel est le bon titre des livres de Maurice Druon ?

Le Roi de ... ?

Fonte
Fer
Métal
Bronze

10 questions
43 lecteurs ont répondu
Thème : Maurice DruonCréer un quiz sur cet auteur

{* *}