Citations de Sarah Cohen-Scali (481)
"Pour qu'un mensonge soit crédible, j'ai découvert qu'il fallait l'agrémenter de quelques éléments de vérité."
À Auschwitz, on ne travaille pas, on crève. Ou bien on crève à force de travailler.
Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.
Heil Hitler !
Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans Loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.
Heil Hitler !
En calcul, on doit résoudre des problèmes, comme, par exemple : « Pour son anniversaire, la mère de Helmut a commandé un gâteau. Sachant que, pendant la nuit, la pâtisserie est pillée par les Juifs qui volent les trois quarts du gâteau, combien restera-t-il du gâteau pour la fête de Helmut ? »
Pourquoi elle ne dit pas la vérité ? Que le Père Noël, cette année, va être encore plus rouge que d'habitude, rouge bolchevique, rouge sang. Qu'il va débarquer non pas sur un traîneau, mais sur un char, qu'il aura des armes plein sa hotte et qu'il va tirer sur tout ce qui bouge ?
Nos futurs parents adoptifs, des couples formés par des officiers SS et leurs épouses, ont des exigences bien précises : certains veulent un nouveau-né fraîchement débarqué, d'autres un bébé de trois à six mois, qu'il n'est plus nécessaire de nourrir au sein, ceux-ci veulent un garçon, ceux-là une fille. (Heureusement que nous sommes tous grands et blonds aux yeux bleus, cela réduit un peu le champ des critères de choix.)
"Plus je grandis, plus je me rends compte à quel point les adultes sont bizarres, bourrés de contradictions."
Difficile de savoir s'il faut avoir peur de mourir ou se réjouir de combattre. Ou avoir peur de combattre en se réjouissant de mourir.
En d'autres termes, nous, bébés de pure race aryenne, après avoir été conçus avec la plus grande rigueur scientifique, après avoir passé haut la main la sélection à la naissance et échappé à la livraison en tant que "lapins", nous allons être envoyés aux quatre coins de l'Allemagne.
Ce qui est bien avec les livres, c'est qu'ils vous permettent de voyager sans visa, sans autorisation, sans restriction d'âge, sans prendre un avion ou un train. Ils vous permettent même de quitter votre peau. On se glisse dans celle du personnage et hop ! On change d'identité sans avoir à fabriquer de faux papiers.
Elle recommence à sillonner la pièce. Fait une pause devant les devises inscrites en lettres d'or et encadrées au-dessus du piano, la liste des principes auxquels toutes les Frauen doivent se soumettre pour servir la patrie :
1) Il n'est pas de métier plus noble pour une fille que celui d'épouse ou de mère.
2) La femme ne doit être ni intellectuelle ni indépendante.
3) La position sociale d'une femme est fonction du nombre d'enfants qu'elle aura mis au monde.
4) La femme ne travaillera pas en dehors du foyer.
Cette inconnue n’avait pas d’odeur ! Elle ne dégageait aucune tension ! Rien. Forcément, il n’y avait pas de corde magique entre elle et moi. La corde magique ne pouvait fonctionner qu’avec maman. Qui était partie la nuit dernière. Partie définitivement, j’en ai pris conscience à ce moment-là. (pages 77-78)
Mais sans rêves, sans poésie, sans lecture, sans images, il n'est plus rien.
Parce que notre Führer adore s'adresser à la foule. Il n'aime pas parler à un petit groupe restreint. Il lui faut la foule pour transmettre sa fougue, pour trouver les mots qui galvanisent, qui vont droit au cœur, qui vous font vous lever et tendre le bras comme un automate ! Chaque ovation à la fin d'une phrase l'inspire pour la suivante. Et toute l'assistance vibre alors aux accents de sa voix, les hommes voudraient prendre là, maintenant, tout de suite, les armes nécessaires à accomplir les grands projets d'avenir qu'il décrit. Les femmes sont prêtes, elles, à tout lui offrir, tout, leur corps, leur vie, leur âme. Certaines, d'ailleurs, ne résistent pas au choc émotionnel et s'évanouissent.
"C'est drôle comme on s'habitue à tout. Avant l'arrivée des Russes, on tremblait. On se les figurait comme des monstres. Or, ce sont juste des hommes."
- Je sais qui sont ces bébés. Je sais comment ils ont été fabriqués. Je sais qui les a fabriqués, qui a demandé qu'on les fabriques, qui les a triés pour ne garder que les plus réussis. Je sais où vos soldats peuvent en trouver d'autres. Je sais tout. J'ai été le premier de ces bébés.
J'ai compris, pendant les deux nuits où le lit à côté du mien est resté vide, que les souvenirs ne sont pas si faciles que ça à effacer.
Je suis bien content de ne pas être une fille ! Parce que les filles, quand elles deviennent femmes, elles sont soumises à la loi des trois K : Kinder, Küche, Kirche (Enfants, cuisine, église). Alors que moi, je préfère le K de Krupp : chars, canons, fusils, guerre… (page 13)
(...) la liste des principes auxquels toutes les 'Frauen' doivent se soumettre pour servir la patrie :
1) Il n'est pas de métier plus noble pour une fille que celui d'épouse ou de mère.
2) La femme ne doit être ni intellectuelle ni indépendante.
3) La position sociale d'une femme est fonction du nombre d'enfants qu'elle aura mis au monde.
4) La femme ne travaillera pas en dehors du foyer.
(p. 56)