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Citations de Sarah Cohen-Scali (482)


A dix-huit ans, on est davantage un jeune adulte qu'un adolescent. Cependant pour moi, ce n'est pas tout à fait le cas. Physiquement, ça va beaucoup mieux, j'ai quitté ma peau d'enfant, je l'ai mise au rebut, elle traîne quelque part, prenant la poussière dans un coin. Et la nouvelle peau que j'ai enfilée s'avère être parfaitement à ma taille. Je ne fuis plus le miroir, il m'arrive même parfois de le trouver flatteur.
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Qu'est-ce que j'ai envie de faire plus tard ? Lire. C'est un métier ?
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On se reverra enfin !
L'invitation à cette soirée, elle venait de lui.
L'ogre, le croque-mitaine.
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Les enfants ne doivent pas payer pour les fautes de leurs parents.
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Je crois que maman a eu mal, lorsqu'elle s'est unie à mon père.
Je crois qu'elle ne connaissait pas la signification du mot codé schwester.
Je crois qu'elle a failli renoncer et s'enfuir, elle aussi. Mais mon futur père et moi, nous avons encouragé. Mon père, en lui faisant boire une bonne rasade de schnaps, pour la réchauffer, pour qu'elle se détendre et se prête à son devoir. Quant à moi, moi qui n'étais alors qu'une vague idée dans l'esprit de maman, juste une voix intérieure, je n'ai cessé aussi de la stimuler en lui répétant : « Il faut le faire, maman ! Il le faut ! Pour le mouvement national-socialiste ! Pour le Reich ! Pour ses mille ans de règne ! Pour le futur ! » Alors elle a gardé les yeux rivés sur le portrait du Führer, accroché au mur dans la chambre claire et froide. Elle a serré les dents et elle a tenu bon.
Elle l'a fait.
Et je suis là.
Et maintenant il est minuit passé, j'y vais.
Je sors !
Vite ! le plus vite possible ! Je veux être le premier de notre Heim à naître le 20 avril. Dans les salles d'accouchement, j'ai déjà plusieurs rivaux potentiels. Il me faut les devancer, ne serait-ce que d'une seconde.
Encouragez-moi !
Pensez à ce que je vous ai dit : je DOIS être blond. Je DOIS avoir les yeux bleus. Je DOIS être vif.
Élancé.
Dur.
Coriace.
De l'acier de Krupp.
Je suis l'enfant du futur. L'enfant conçu sans amour. Sans Dieu. Sans loi. Sans rien d'autre que la force et la rage.
Heil Hitler !
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Quand je lis, les heures filent, filent… Ce qui est bien avec les livres, c’est qu’ils vous permettent de voyager sans visa, sans autorisation, sans restriction d’âge, sans prendre un avion ou un train. Ils vous permettent même de quitter votre peau. On se glisse dans celle du personnage et hop ! On change d’identité sans avoir à fabriquer de faux papiers. Tarzan. Si j’avais été grand, fort et musclé comme lui, j’aurais pu tuer Bruhns. Le réduire en charpie. Le temps de la lecture, j’y crois dur comme fer : Tarzan et moi ne faisons plus qu’un.
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Lukas avait pleuré lui aussi, le jour où, à l’infirmerie de Kalish, je lui avais raconté mon histoire. La première partie, celle que j’avais vécue avant de le connaître. Ce jour-là, il m’avait dit : « Il faudra qu’on témoigne, tous les deux. Moi, pour ce qu’ils font aux Polonais et aux Juifs ; toi, pour ce qu’ils t’ont fait. »
J’ai tenu ma promesse.
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"C'est quoi, le mot de Cambronne ?... "Merde" ? C'est ça ? Hugo a écrit "merde" ! Mais comme il a raison, bon sang, le vieux poète, de dire merde à Napoléon, merde à l'Empire ! Tu as peur du mot "merde", toi, une paysanne d'origine ? Pourtant, c'est leur lot, la merde, aux paysans ! C'est bien ça que tu brigues pour Frédéric, une place dans la merde, et pour moi, une place de notable à la campagne ? Quelle chierie ! Moi aussi, je dis merde à tout ça, tu m'entends ? Merde !
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Ça te suffisait pas d'être juif et meurtrier ? Tu veux que, en plus de l'étoile jaune et du triangle vert, on te colle un triangle rose ? T'as l'intention de collectionner toutes les figures géométriques ?
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Et je crois bien qu'en temps de guerre, pour un enfant, les années comptent double.
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Notre Führer bien-aimé a dit : 'Nous devons construire un monde nouveau ! Le jeune Allemand du futur doit être souple et élancé, vif comme un lévrier, coriace comme du cuir et dur comme de l'acier de Krupp !'
Voilà. C'est exactement ce que je veux : être souple. Elancé. Vif. Dur. Coriace. Je mordrai au lieu de téter. Je hurlerai au lieu de gazouiller. Je haïrai au lieu d'aimer. Je combattrai au lieu de prier. (p. 9)
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A force de ravaler, ravaler, sans jamais rien dire, à force de garder les lèvres verrouillées, j'ai fini par m'automutiler. Une sorte d'anorexie des sentiments.
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À Auschwitz, on ne travaille pas, on crève. Ou bien on crève à force de travailler.
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" Pourquoi donc veulent-ils que je retrouve la mémoire? Les images de mes cauchemars auraient alors un sens et elles seraient encore plus épouvantables. Alors que là, elles passent directement à la trappe de l'oubli. Fini! Poubelle! "
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"Je n'avais pas compris pourquoi Lukas avait pleuré en écoutant mon histoire. Je n'avais pas non plus compris la signification du mot témoigner. Maintenant, si. Normal. J'ai grandi. J'ai neuf ans et demi. Et je crois bien qu'en temps de guerre, pour un enfant, les années comptent double."
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10 septembre, minuit
Je n'arrive pas à dormir. C'est à cause de la lettre du tribunal. J'ai fini par l'apprendre par cœur. Y a un truc qui cloche.
Et F. là-dedans ?... Rien. Elle s'en tire à bon compte. Elle a joué les mères éplorées et tout le monde est tombé dans le panneau.
C'est de ma faute, j'aurai dû parler. Mais si j'avais dit, au procès, que ma mère savait tout depuis le début, on m'aurait placée dans un foyer ou une famille d'accueil.
Et forcément, on m'aurait séparée de Maggy. [son cheval]
JE NE VEUX PAS QU'ON ME SÉPARE DE MAGGY.
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10 septembre, minuit
L'enveloppe en provenance du tribunal est arrivée.
F. - je n'arrive même plus à écrire Florence maintenant, tant elle m'est devenue étrangère - l'a mise en évidence sur mon bureau [F = Florence = sa mère = maman]
Le divorce a été prononcé officiellement.
Le jugement est tombé : coupable.
Il est en prison.
Il ne remettra plus les pieds à la maison.
Jamais.
Je devrais être soulagée.
Bizarre, je n'arrive pas à savoir ce que je ressens. Ce bout de papier que je tripote depuis près d'une heure maintenant, c'est la loi. Ce bout de papier a puni. Ce bout de papier dit que c'est fini. Que ça ne recommencera plus.
Ça.
Il n'y aura plus de Ça.
Mais Ça a fait mal.
Mais Ça fait encore mal.
Dites, messieurs les jurés, vous avez oublié de me dire comment faire pour oublier. Ça. Comment faire pour ne plus penser à Ça. Pour rayer Ça de mon esprit. Pour retirer Ça de mon corps. Pour l'extraire, comme une maladie, comme un cancer, comme un "Alien".
Mon corps dégueulasse. Mon corps souillé. Mon corps qui pue. Mon corps qui ne se réduit à rien d'autre qu'à Ça.
[journal d'Audrey]
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« Qui tu as été ne compte pas, seul compte qui tu seras. »
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Elles (les Berlinoises) remplacent les hommes. Avec arrogance, détermination, énergie, efficacité. Elles ne sont pas blondes et grandes, comme on nous l’a enseigné en cours de biologie, à la Napola. La plupart, à quelques exceptions près, sont brunes, petites, râblées. Musclées à force de transporter des sacs de charbon et de grosses valises dans lesquelles elles ont entassé tous leurs biens, avant de descendre aux abris. Et elles sont courageuses. Quand il n’y a plus d’eau, ce sont elles qui se risquent dehors devant les pompes à eau. Elles n’ont pas peur des bombes. Elles font la queue pendant des heures devant les magasins pour quelques grammes de margarine. (page 384)
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Je suis en train d'assister à l'un des enlèvements d'enfants polonais orchestrés par la Gestapo et les "Braune Schwester". [...]
Les deux soldats SS se précipitent dehors, tenant chacun un garçon par la main, tandis que la Schwester, elle, porte une petite fille dans ses bras. Elle l'a calée sur sa hanche comme un paquet, si bien que la fillette se trouve en position horizontale, la tête plus bas que les pieds. La mère, qui ne cesse de hurler, se rue dehors à son tour, elle court d'un côté puis de l'autre, essayant de récupérer un de ses enfants. Elle accroche la main de l'un, les cheveux de l'autre, mais à peine les effleure-t-elle qu'ils lui échappent, elle ne peut lutter contre la force des soldats qui la repoussent avec brutalité. Elle tente alors de sauver sa petite fille qui lui tend les bras en pleurant. Elle parvient à rattraper la Schwester, dont la course est moins rapide que celle des soldats, néanmoins, celle-ci se débarrasse d'elle en la giflant violemment. La femme s'écroule à terre.
Les soldats, arrivés à la fourgonnette, soulèvent la bâche et hissent les garçons à côté de moi − je veille à me cacher au fond pour qu'ils ne me voient pas. La Schwester, elle, garde la petite dans ses bras, lui plaquant la main sur la bouche pour atténuer ses hurlements. Dans la précipitation, personne ne remarque ma présence. Il s'en est fallu de peu. C'est grâce à la mère des enfants. Elle s'est relevée et, bien que groggy par la gifle de la Schwester, elle a réussi à se traîner jusqu'à la fourgonnette, dont elle agrippe le rebord de la main. L'un des soldats frappe alors sa main avec la crosse de son fusil pour qu'elle lâche prise. Elle ne cède pas, bien que sa main soit rapidement en sang. Il continue de frapper, frapper jusqu'à lui briser les os. L'autre soldat, lui, est occupé à repousser les enfants qui veulent aider leur mère à monter dans la fourgonnette, au risque de se prendre un coup de crosse.
La mère s'écroule à terre pour la seconde fois.
La bâche se rabat sur nous. La fourgonnette démarre.
La mère continue de hurler. Hurler. Quand on est suffisamment loin, on ne l'entend plus.
Tout ça s'est déroulé en quelques minutes à peine.
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