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Citations de Savinien de Cyrano de Bergerac (92)


Châteaufort
Il est vrai ; et dès lors ma complexion prenant part à ce salmigondis de Rois et de Dieux, mes actions ont été toutes héroïques ou divines, car si je regarde, c'est en Basilic ; si j'engendre, c'est en Deucalion ; si je pleure, c'est en Héraclite ; si je ris, c'est en Démocrite ; si je vomis, c'est en Mont-Etna ; si j'écume, c'est en Cerbère ; si je dors, c'est en Morphée ; si je veille, c'est en Argus ; si je marche, c'est en Juif-Errant ; si je cours, c'est en Pacolet ; si je vole, c'est en financier ; si je m'arrête, c'est en Dieu Terme ; si je mange, c est en gangrène ; si je bois, c'est en éponge ; si j'ordonne, c'est en Destin ; si je baise, c'est en Judas. Enfin vous voyez celui qui fait que l'Histoire du Phoenix n'est pas un conte.
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Mais as-tu de la mort contemplé le visage ?
Conçois-tu bien l'horreur de cet affreux passage ?
Connais-tu le désordre où tombent leurs accords,
Quand l'âme se déprend des attaches du corps ?
L'image du tombeau qui nous tient compagnie,
Qui trouble de nos sens la paisible harmonie,
Et ces derniers sanglots dont avec tant de bruit
La Nature épouvante une âme qui s'enfuit ?
Voilà de ton destin le terme épouvantable.
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Agrippine
Germanicus y fit ce qu'un dieu pouvait faire, et Mars le suivant crut être téméraire. Ayant fait du Germain la sanglante moisson, il prit leurs autels leurs dieux même à rançon, afin qu'on sut un jour par des exploits si braves, qu'un Romain dans le ciel peut avoir des esclaves.
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Savinien de Cyrano de Bergerac
Celui des grands n’est autre chose qu’une différence de tons non articulés, à peu près semblables à notre musique, quand on n’a pas ajouté les paroles à l’air, et certes c’est une invention tout ensemble bien utile et bien agréable ; car, quand ils sont las de parler, ou quand ils dédaignent de prostituer leur gorge à cet usage, ils prennent ou un luth, ou un autre instrument, dont ils se servent aussi bien que de la voix pour se communiquer leurs pensées ; de sorte que quelquefois ils se rencontreront jusqu’à quinze ou vingt de compagnie, qui agiteront un point de théologie, ou les difficultés d’un procès, par un concert, le plus harmonieux dont on puisse chatouiller l’oreille
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N'en doutez point, lui répliquai-je ; comme Dieu a pu faire l'âme immortelle, il a pu faire le monde infini, s'il est vrai que l'éternité n'est rien autre chose qu'une durée sans bornes, et l'infini une étendue sans limites. Et puis Dieu serait fini lui-même, supposé que le monde ne fût pas infini, puisqu'il ne pourrait pas être où il n'y aurait rien, et qu'il ne pourrait accroître la grandeur du monde qu'il n'ajoutât quelque-chose à sa propre étendue, commençant d'être où il n'était pas auparavant. Il faut donc croire que comme nous voyons d'ici Saturne et Jupiter, si nous étions dans l'un ou l'autre, nous découvririons beaucoup de mondes que nous n'apercevons pas, et que l'univers est éternellement construit de cette sorte.
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[...] le merveilleux, c'est lorsque, par son ministère, nous sommes émus tantôt à la joie, tantôt à la rage, tantôt à la pitié, tantôt à la rêverie, tantôt à la douleur.
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Que peut donc estre devenue cette union, ou plutôt cette unité de la clémence des souverains et de l’amour des sujets ?
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« Joignant la plume à l’épée », en faveur de la Fronde, Cyrano se fait porte-parole d’un discours politiquement issu de la noblesse, centré sur quelques-uns des lieux communs de la propagande.
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Périsse l'Univers, pourvu que je me venge !
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GENEVOTE : Figurez-vous un rejeton de ce fameux arbre coco, qui, seul, fournit un pays entier des choses nécessaires à la vie : premièrement, en ses cheveux on trouve de l'huile, de la graisse et des cordes de luth ; sa tête peut fournir de corne les couteliers, et son front les nécromanciens de grimoire à invoquer le diable ; son cerveau, d'enclume ; ses yeux, de cire, de vernis et d'écarlate ; son visage, de rubis ; sa gorge, de clous ; sa barbe, de décrottoirs ; ses doigts, de fuseaux, sa peau, de lime ; son haleine, de vomitif ; sa parole, de ris ; ses cautères, de pois ; ses dartres, de farine ; ses oreilles, d'ailes à moulin ; son derrière, de vent à le faire tourner ; sa bouche, de four à ban ; et sa personne, d'âne à porter la mounée. Pour son nez, il mérite bien une égratignure particulière. Cet authentique nez arrive partout un quart d'heure auparavant son maître : dix savetiers, de raisonnable rondeur, vont travailler dessous à couvert de la pluie. Hé bien, monsieur, ne voilà pas un joli Ganymède ? Et c'est pourtant le héros de l'histoire que je veux conter.

Acte III, Scène 2.
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GRANGER : Il serait bon, ce me semble, d'avoir tout prêts des lieux communs pour chaque passion que je voudrai vêtir. Il faudra faire éclater, selon que je serai bien ou mal reçu, le dédain, la colère ou l'amour.
Ça donc, pour le dédain :
" Quoi, tu penserais que tes yeux eussent féru ma poitrine au défaut de la cuirasse ? Non, non, tes traits sont si doux qu'ils ne blessent personne. Quoi, je t'aurais aimé, chétif égout de concupiscence, vase de nécessité, pot de chambre des affamés ! Hélas, petite gueuse, regarde-moi seulement, adore et te tais. "
Pour la colère :
" Ô trois et quatre fois Mégère impitoyable, puisse le Ciel en courroux ébouler sur ton vertical des hallebardes au lieu de pluie ! Puisses-tu boire autant d'encre que ton amour m'a fait verser de larmes ! Puisses-tu cent fois le jour servir aux chiens de muraille pour pisser ! Enfin, puisse la destinée tisser la trame de tes jours avec du crin, des charbons et des étoupes ! "
Pour l'amour :
" Soleil, principe de ma vie, vous me donnez la mort, et déjà je ne serais qu'une ombre vaine et gémissante qui marquerait de ses pas la rive blême de l'Achéron, si je n'eusse redouté de faire périr en moi votre amour, qui ne doit pas moins vivre que sa cause. Peut-être, ô belle tigresse, que mon chef neigeux vous fait peur. Je sais bien aussi que les jeunes ont dans les yeux plus de feu et moins de rouge que nous ; que vous aimez mieux notre bourse au singulier qu'au plurier. [...] Mais sachez qu'un jour l'âge, ayant promené sa charrue sur les lis et les roses de votre teint, fera de votre front un grimoire en arabe. "

Acte III, Scène 1.
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GRANGER LE JEUNE : Voyez un peu comme on devient riche à force de boire : je pensais n'avoir qu'une maison tantôt, j'en vois deux maintenant.

Acte IV, Scène 8.
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PAQUIER : Je trouve pourtant bien du distinguo entre les femmes et les choux ; car des choux la tête seule est bonne, et des femmes c'est ce qui ne vaut rien.

Acte III, Scène IV.
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GRANGER (devant son miroir) : Quand je ris, ma mâchoire, ainsi que la muraille d'une ville battue en ruine, découvre à côté droit une brèche à passer vingt hommes. C'est pourquoi mon visage, il vous faut styler à ne plus rire qu'à gauche.

Acte III, Scène 1.
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CHÂTEAUFORT : Des lettres ! Ah ! que me dites-vous ? Des âmes de terre et de boue pourraient s'amuser à ces vétilles ; mais, pour moi, je n'écris que sur les corps humains.
GRANGER : Je le vois bien. C'est peut-être ce qui vous donne envie d'appuyer votre plume charnelle sur le parchemin vierge de ma fille. Elle n'en serait pas contristée, la pauvrette.

Acte I, Scène 1.
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CORBINELI : Vous n'y êtes pas. Il faut tout au moins cent pistoles pour la rançon.
GRANGER : Cent pistoles ! Ha ! mon fils, ne tient-il qu'à ma vie pour conserver la tienne ? Mais cent pistoles !... Corbineli, va donc lui dire qu'il se laisse pendre sans dire mot ; cependant qu'il ne s'afflige point, car je les en ferai bien repentir.

Acte II, Scène 4.
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CHÂTEAUFORT : Il est vrai, Dieu me damne, que votre fille est folle de mon amour. Mais quoi ! c'est mon faible de n'avoir jamais pu regarder une femme sans la blesser. La petite gueuse toutefois a si bien su friponner mon cœur, ses yeux ont si bien su paillarder ma pensée, que je lui pardonne quasi la hardiesse qu'elle a prise de me donner de l'amour.

Acte I, Scène 1.
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GRANGER : Il est vrai qu'à l'âge où vous êtes n'avoir point de barbe, vous me portez la mine d'être, de même que le phénix, incapable d'engendrer. Vous n'êtes ni masculin, ni féminin, mais neutre.

Acte I, Scène 1.
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GRANGER : Votre bourse est malade d'un flux de ventre, dont la mienne appréhende la contagion.

Acte I, Scène 1.
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GRANGER : Je vous conseille de ne plus approcher ma fille en roi d'Égypte, c'est-à-dire qu'on ne vous voie point auprès d'elle dresser la pyramide à son intention.

Acte I, Scène 1.
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