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EAN : 9781235068867
28 pages
Rarebooksclub.com (08/04/2013)
2.75/5   4 notes
Résumé :
Le pédant joué est une comédie de Cyrano de Bergerac écrite vers 1645-1646 . Le pédant joué, pièce en cinq actes, est l'une des premières comédies en prose. De même que l'on a souvent parlé de l'influence de Molière pour Turcaret de Lesage, on a souvent parlé de l'influence du « Pédant joué » sur certaines scènes du théâtre de Molière.

Intrigue classique, inspirée du théâtre italien, et donc de la comédie de mœurs de Plaute : un vieillard s'oppose à l... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
À quoi s'attendre avec un titre pareil ? J'imaginais avant cette lecture une forme de mise en abîme, du théâtre dans le théâtre, sous couleur d'une grosse farce pas forcément hyper drôle. Je n'avais jamais rien lu auparavant de Cyrano de Bergerac et, la curiosité aidant, j'ai voulu savoir.
Je me suis alors rendue compte en cheminant dans cette pièce que le terme " joué " signifiait plutôt " trompé " que " mis en scène ". Puis, à l'extrême fin du cinquième acte, alors que je ne l'attendais plus, la mise en abîme pressentie a finalement montré le bout de son nez, timidement, par la fente du rideau.
Bon, je vais être franche, cette pièce m'a un peu barbée, voire beaucoup barbée et pourtant — pourtant ! — ne m'en déplaise, je lui trouve aussi de très grandes qualités. C'est confus ce que je vous dis, n'est-ce pas ? Oui, je trouve aussi. Il me faut clarifier tout ça.
Acte 1 : une pièce ennuyeuse.
Oui, cette comédie est barbante car Cyrano de Bergerac écrit le pire baroque qui soit avec une pléthore de déclinaisons sur un même thème, avec un mélange de termes ronflants et de latin entremêlés qui lasse énormément à la longue. Des tournures ampoulées à gogo, des références antiques et absconses à foison, bref, du lourd, du bien indigeste et au final, une impression d'ennui, due non pas à l'intrigue ni au manque de rythme mais à l'épaisseur visqueuse du langage employé.
Acte 2 : une pièce lumineuse prélude à des chefs-d'oeuvres majeurs.
Alors quoi ? Qu'y a-t-il au fond de cette mélasse qui puisse impressionner les siècles et produire une descendance florissante ?
Eh bien, mes chers, cette pièce n'est ni plus ni moins que le modèle de l'une des plus fameuses comédies de Molière, j'ai nommé Les Fourberies de Scapin. C'est presque indécent de voir à quel point Molière a pompé cette pièce pour façonner la sienne. le " que diable allait-il faire dans cette galère ? ", le personnage même de Scapin, copie exacte du Corbineli de ce Pédant Joué ainsi qu'une foule d'autres points.
Mais ce n'est pas tout. Il y a dans le Pédant Joué certaines saillies, certaines joutes verbales absolument savoureuses et qui ont immanquablement inspiré Edmond Rostand pour l'écriture, voire le scénario, de son célébrissime Cyrano de Bergerac. Tout y est en germe, on y trouve déjà la réplique du nez qui le précède d'un quart d'heure et la grandiloquence du personnage de Cyrano se retrouve chez beaucoup des personnages de la pièce, notamment Granger et Châteaufort, mais pas seulement. On devine Roxane en Genevote, Christian en Granger le Jeune, le comte de Guiche en La Tremblaye, etc.
Donc, voyez, ce n'est pas tous les jours qu'on a le sentiment de lire un mélange de Fourberies de Scapin et de Cyrano de Bregerac.
Qu'en est-il de l'histoire ? Granger est universitaire, un pédant, qui en oublie parfois de parler français tant les termes latins lui dégoulinent de la bouche. Il est père d'un charmant jeune homme, Granger le jeune, et d'une charmante jeune fille, Manon. Un certain nombre de prétendants désirent s'accoupler à ladite Manon.
De son côté, Granger s'est amouraché de Genevote, laquelle Genevote a donné son suffrage au fils, qui lui aussi voterait bien pour elle, s'il avait quelques écus en poche et le consentement paternel.
Ainsi, père et fils convoitent le même coeur et s'en trouvent bel et bien rivaux sur ce plan. Voilà pourquoi le père charge le fils d'une mission bidon en la lointaine Venise ayant pour seul but de l'éloigner de sa tendre aimée.
Les plans du père eussent été parfait sans le recours aux talents de roublardise de Corbineli, valet de Granger le jeune qui imagine une efficace machination pour rouler le vieux... et que diable allait-il faire dans cette galère !
Je ne vous en dis pas plus sur un scénario que je risquerais de trop fortement déflorer si j'en évoquais davantage.
En somme, une comédie intéressante d'un point de vue ontogénique sur deux pièces maîtresse du répertoire français, mais pas franchement captivante à lire de par l'exagération des fioritures verbales.
Mais bien entendu, ceci n'est qu'un avis et le mieux sera toujours que vous vous fassiez le vôtre par vous-même.
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Le nom de Cyrano de Bergerac évoque surtout actuellement la pièce d'Edmond Rostand, qui s'est inspiré librement de la vie du personnage réel pour écrire son oeuvre, devenu une des pièces françaises parmi les plus jouées. le vrai Cyrano et Bergerac et ses écrits sont un peu dans l'ombre de la création théâtrale de Rostand, dont la pièce transforme énormément la vie de son modèle, même si certains éléments sont vrais (par exemple sa haine du comédien Montfleury). On cite néanmoins assez souvent L'autre monde ou États et empires de la Lune, surtout dans les écrits pré-curseurs de la science fiction. Ce livre est un fait une sorte de conte philosophique, qui exprime des conceptions libertines (au sens de libre pensée, qui remet en cause les dogmes établis, en particulier religieux) du monde, un manifeste matérialiste. Mais Cyrano n'a pas écrit que cela, il est entre autres, aussi l'auteur de deux pièces de théâtre, dont ce Pédant joué.

Cette pièce ne semble pas avoir été jouée du vivant de l'auteur, en tous les cas pas dans un théâtre public, l'allusion au mariage de Marie de Gonzague avec le roi de Pologne semblent situer sa rédaction en 1645 ou 1646. Elle a été publiée en 1654, mais des versions manuscrites circulaient précédemment, comme c'était souvent le cas pour les textes libertins, et elle semble avoir été très lues dans ces milieux. La première version imprimée a été quelque peu expurgée de certains éléments sulfureux, en particulier sur le plan religieux. Ces éléments sont une des raisons pour lesquelles elle était injouable à l'époque, le théâtre contre lequel une partie du clergé se déchaînait, et condamnait le caractère immoral, était particulièrement surveillé. La plupart de ces éléments nous sont difficilement compréhensibles aujourd'hui, comme le fait de faire des rapprochements entre des éléments bibliques et mythologiques (par exemple Thyeste et Josué); j'ai plus été frappée par l'affirmation « Copernic a dit vrai, ce n'est pas le ciel, en effet, c'est la terre qui tourne » (acte IV, scène VIII)  alors que la condamnation de Galilée est toute récente (1633). Donc malgré l'aspect comédie, voire farce de l'oeuvre, une dimension philosophique n'en est pas absente, même si elle peut nous échapper en partie.

La pièce reprend une intrigue des plus classique à l'époque, venue de la comédie italienne, qui elle-même s'est inspirée de la comédie antique : il s'agit d'amours contrariés de jeunes gens, qui grâce à un valet ingénieux vont surmonter les obstacles et épouser celles qu'ils aiment et qui les aiment, tout en tournant en ridicule un vieillard, il ne manque même pas un Capitan, un fanfaron ridicule. Mais le vieillard (le pédant du titre) a eu dans ce cas un modèle, Jean Grangier, principal du collège de Beauvais ou Cyrano a fait ses études. Il s'agit donc de la satire de ce personnage réel (mort lorsque Cyrano écrit son texte), avec qui Cyrano devait avoir des comptes à régler.

Ce qui fait l'originalité de la pièce, mais aussi sa plus grande difficulté de lecture, tout au moins pour le lecteur moderne, c'est la langage. Les propos de Grangier, mais aussi d'autres personnages plus ou moins instruits, sont truffés de citations latines, de « latinismes » d'allusions mythologiques ou bibliques, les tournures de phrases sont pour le moins complexes. Il y a aussi un personnage de paysan qui utilise à outrance du patois. le langage de Cyrano semble faire depuis le milieu du XXe siècle l'objet d'attentions particulières de la part de chercheurs en littérature, certains n'ont pas hésité à y voir un précurseur de jeux sur le langage du XXe siècle, et prêter à Cyrano l'intention de démontrer la puissance d'aliénation du langage, la maîtrise que l'on s'assure sur les autres par le langage, donc une dimension politique. J'avoue que j'ai trouvé cela surtout très difficile à lire, beaucoup de choses m'ont sans doute échappé, mais ce ne fut vraiment pas une partie de plaisir. J'avais eu beaucoup moins de difficultés à entrer dans les États et empires de la Lune. Ce texte est donc avant tout une curiosité, plus réservé aux spécialistes qu'au lecteur lambda.

Néanmoins, il a visiblement été lu à son époque par un certain nombre de gens, et pas des moindres : Molière a repris un certain nombre d'éléments, en particulier dans Les fourberies de Scapin. le plus visible est « Mais qu'allait-il faire dans cette galère » que tout le monde ou presque connaît. Au XVIIe siècle reprendre des choses chez d'autres écrivains était tout simplement une pratique courante, et il pouvait s'agir d'hommage, d'une forme de reconnaissance, cela montrait le rayonnement d'un auteur et de ses écrits.

On peut aussi évoquer Edmond Rostand : la fameuse tirade du nez trouve un précédent dans la pièce de Cyrano (ce qui montre que Rostand connaissait bien son oeuvre).

Je suis contente d'être venue à bout de ce texte, mais il n'y aucune chance que je le reprenne, cela m'a demandé trop d'efforts.
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Ou quand le personnage de fiction – le Cyrano de Rostand – est un plus grand poète que son modèle historique du XVII ème siècle, l'auteur de cette pièce... Cyrano est tellement une pièce que j'admire, qui me fait rire et pleurer à chaque fois, qu'il fallait que je découvre l'écrivain dans l'ombre du personange.
Et je suis plutôt déçue de cette pièce, que je n'ai pas trouvé facile à lire... Comme un mauvais croisement entre Molière, la commedia dell'arte et Corneille : un vieux père qui veut épouser la maîtresse de son fils, et donc deux couples de jeunes aux amours contrariées, du théâtre dans le théâtre, des bastonnades, un valet rusé, des paysans qui parlent le patois – je n'ai compris aucune tirade de ce personnage, des citations latines déformées pour faire rire, des Turcs, une galère, un personnage bouffon de Capitan, ce soldat vantard en paroles mais poltron et mauvais combattant ; on est loin une nouvelle fois de Cyrano et des cadets de Gascogne ! Oui, j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu tout ça, mais en moins bien.
Et les personnages ne m'ont pas intéressée : les jeunes amantes sont quasiment inexistantes – je n'ai d'ailleurs pas compris l'intérêt d'une double intrigue avec un deuxième couple, je me suis perdue dans les personnages qui entourent le Pédant, valets, courtisans... Les longues tirades du paysan et du Capitan me semblaient peu accessibles, le Capitan ne parlant qu'en périphrases, qu'en références mythologiques. On est loin de la poésie de Cyrano. Quant au pédant, c'est, si j'ai bien compris, un professeur - il y a plusieurs mentions d'une université, en tout cas quelqu'un qui enseigne, dont le savoir est reconnu. Mais le sens évolue justement au XVII ème siècle pour renvoyer à quelqu'un qui étale ses connaissances, sans comprendre tout ce qu'il raconte. On peut penser au Maître de philosophie ou aux docteurs de Molière. Là, ce personnage ridicule ne m'a pas fait rire, parce que je ne comprenais pas du tout toutes les allusions dans ses phrases puisqu'il mélange références mythologiques, scientifiques, scolastiques, rhétoriques... Ce n'est pas clair, trop compliqué pour faire rire aujourd'hui.
Un auteur qui n'est pas ici à la hauteur du personnage de légende qu'il est devenu au XIX ème siècle.
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J'ai un avis très partagé sur cette pièce tant l'écrivain Cyrano est "pollué" par le personnage Cyrano. La lecture de cette pièce donne d'ailleurs des pistes pour suivre l'inspiration d'Edmond Rostand. Difficile de ne pas être déçue que l'auteur ne soit pas à la hauteur du personnage, que les dialogues en prose du Pédant joué ne rivalisent pas avec les alexandrins soufflés à Christian de Neuvillette ou avoué à Roxane. Il me faut lire La mort d'Agrippine pour donner une seconde chance à M. de Cyrano.
Le sujet du Pédant joué est celui que Molière rendra célèbre, des jeunes gens amoureux, des parents rétifs (quoique là le père et le fils soient concurrents en matière d'amour ce qui est original) et un malicieux valet qui arrange tout au service de sa majesté l'amour. C'est de la gentille comédie, sans plus.
Certains passages en revanche sortent de l'ordinaire et rappelle le caractère fantasque de Cyrano, en particulier le monologue absurde de Châteaufort et les explications du provincial qui parle dravie (comme on dit en Picardie).
L'auteur de comédie ne m'a pas convaincue, on verra comment le dramaturge s'y prendra pour me séduire !
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
GRANGER : Il serait bon, ce me semble, d'avoir tout prêts des lieux communs pour chaque passion que je voudrai vêtir. Il faudra faire éclater, selon que je serai bien ou mal reçu, le dédain, la colère ou l'amour.
Ça donc, pour le dédain :
" Quoi, tu penserais que tes yeux eussent féru ma poitrine au défaut de la cuirasse ? Non, non, tes traits sont si doux qu'ils ne blessent personne. Quoi, je t'aurais aimé, chétif égout de concupiscence, vase de nécessité, pot de chambre des affamés ! Hélas, petite gueuse, regarde-moi seulement, adore et te tais. "
Pour la colère :
" Ô trois et quatre fois Mégère impitoyable, puisse le Ciel en courroux ébouler sur ton vertical des hallebardes au lieu de pluie ! Puisses-tu boire autant d'encre que ton amour m'a fait verser de larmes ! Puisses-tu cent fois le jour servir aux chiens de muraille pour pisser ! Enfin, puisse la destinée tisser la trame de tes jours avec du crin, des charbons et des étoupes ! "
Pour l'amour :
" Soleil, principe de ma vie, vous me donnez la mort, et déjà je ne serais qu'une ombre vaine et gémissante qui marquerait de ses pas la rive blême de l'Achéron, si je n'eusse redouté de faire périr en moi votre amour, qui ne doit pas moins vivre que sa cause. Peut-être, ô belle tigresse, que mon chef neigeux vous fait peur. Je sais bien aussi que les jeunes ont dans les yeux plus de feu et moins de rouge que nous ; que vous aimez mieux notre bourse au singulier qu'au plurier. [...] Mais sachez qu'un jour l'âge, ayant promené sa charrue sur les lis et les roses de votre teint, fera de votre front un grimoire en arabe. "

Acte III, Scène 1.
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{N. B. : voici le passage que Molière a honteusement pompé et réinjecté tel quel dans ses Fourberies de Scapin. Cela porte un nom : le plagiat.}
GRANGER : Que diable aller faire dans la galère d'un Turc ?
PAQUIER : Qui n'a peut-être pas été à confesse depuis dix ans.
GRANGER : Mais penses-tu qu'il soit bien résolu d'aller à Venise ?
CORBINELI : Il ne respire autre chose.
GRANGER : Le mal n'est donc pas incurable. Paquier, donne-moi le réceptacle des instruments de l'immortalité, scriptorium scilicet.
CORBINELI : Qu'en désirez-vous faire ?
GRANGER : Écrire une lettre à ces Turcs.
CORBINELI : Touchant quoi ?
GRANGER : Qu'ils me renvoient mon fils, parce que j'en ai affaire après dîner ; qu'au reste ils doivent excuser la jeunesse qui est sujette à beaucoup de fautes ; et que s'il lui arrive une autre fois de se laisser prendre, je leur promets, foi de docteur, de ne leur en plus obtondre la faculté auditive.
CORBINELI : Ils se moqueront, par ma foi, de vous.
GRANGER : Va-t'en donc leur dire de ma part que je suis prêt à leur répondre, par-devant notaire, que le premier des leurs qui me tombera entre les mains je le leur renvoierai pour rien... Ha ! que diable, que diable, aller faire en cette galère ? Ou dis-leur qu'autrement je vais m'en plaindre à la justice. Sitôt qu'ils l'auront remis en liberté, ne vous amusez ni l'un ni l'autre, car j'ai affaire de vous deux.
CORBINELI : Tout cela s'appelle dormir les yeux ouverts.
GRANGER : Mon Dieu, faut-il être ruiné à l'âge où je suis ? Va-t'en avec Paquier, prends le reste du teston que je lui donnai pour la dépense il n'y a que huit jours... Aller sans dessein dans une galère ! Prends tout le reliquat de cette pièce... Ha ! malheureuse géniture, tu me coûtes plus d'or que tu n'es pesant. Paie la rançon, et ce qui restera emploie-le en œuvres pies... Dans la galère d'un Turc ! Oh bien, va-t'en !... Mais misérable, dis-moi, que diable allais-tu faire dans cette galère ? Va prendre dans mes armoires ce pourpoint découpé que quitta feu mon père l'année du grand hiver.

Acte II, Scène 4.
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GENEVOTE : Figurez-vous un rejeton de ce fameux arbre coco, qui, seul, fournit un pays entier des choses nécessaires à la vie : premièrement, en ses cheveux on trouve de l'huile, de la graisse et des cordes de luth ; sa tête peut fournir de corne les couteliers, et son front les nécromanciens de grimoire à invoquer le diable ; son cerveau, d'enclume ; ses yeux, de cire, de vernis et d'écarlate ; son visage, de rubis ; sa gorge, de clous ; sa barbe, de décrottoirs ; ses doigts, de fuseaux, sa peau, de lime ; son haleine, de vomitif ; sa parole, de ris ; ses cautères, de pois ; ses dartres, de farine ; ses oreilles, d'ailes à moulin ; son derrière, de vent à le faire tourner ; sa bouche, de four à ban ; et sa personne, d'âne à porter la mounée. Pour son nez, il mérite bien une égratignure particulière. Cet authentique nez arrive partout un quart d'heure auparavant son maître : dix savetiers, de raisonnable rondeur, vont travailler dessous à couvert de la pluie. Hé bien, monsieur, ne voilà pas un joli Ganymède ? Et c'est pourtant le héros de l'histoire que je veux conter.

Acte III, Scène 2.
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CHÂTEAUFORT : Il est vrai, Dieu me damne, que votre fille est folle de mon amour. Mais quoi ! c'est mon faible de n'avoir jamais pu regarder une femme sans la blesser. La petite gueuse toutefois a si bien su friponner mon cœur, ses yeux ont si bien su paillarder ma pensée, que je lui pardonne quasi la hardiesse qu'elle a prise de me donner de l'amour.

Acte I, Scène 1.
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CORBINELI : Vous n'y êtes pas. Il faut tout au moins cent pistoles pour la rançon.
GRANGER : Cent pistoles ! Ha ! mon fils, ne tient-il qu'à ma vie pour conserver la tienne ? Mais cent pistoles !... Corbineli, va donc lui dire qu'il se laisse pendre sans dire mot ; cependant qu'il ne s'afflige point, car je les en ferai bien repentir.

Acte II, Scène 4.
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Vidéo de Savinien de Cyrano de Bergerac
"En jouant, en écrivant Molière & Cie" paru aux Editions du Seuil
« le quatre centième anniversaire de la naissance de Molière a donné lieu à quantité de publications, de représentations, de manifestations diverses pendant un an. J'ai rédigé des préfaces et des notes personnelles, répondu à des journalistes, joué Orgon dans Tartuffe et repris deux mises en scène des Fourberies de Scapin et du Bourgeois gentilhomme. J'appartiens à la Comédie-Française dont Molière est le saint patron, l'emblème et l'apanage. Ma fréquentation de l'oeuvre s'est finalement à peine intensifiée cette année-là en regard des années précédentes, mais la publicité générale que produit une commémoration m'a fait réfléchir, a suscité des questions dont ce livre est le résultat, la collection, le prolongement. Il est fait aussi et surtout du goût, de l'appétit, du besoin presque buccal que j'ai de Molière. » Denis Podalydès
Denis Podalydès est sociétaire de la Comédie- Française depuis 2000. Il a mis en scène une quinzaine de pièces, parmi lesquelles "Cyrano de Bergerac" (cinq Molières en 2007, dont celui de metteur en scène). Également acteur au cinéma, il lit et enregistre régulièrement des oeuvres littéraires : Proust, Céline, Diderot, Jack London (Grand Prix du livre audio La Plume de Paon pour "Martin Eden" en 2020). Il est l'auteur de "Scènes de la vie d'acteur" (Seuil, 2006), "Voix off" (Mercure de France, Prix Femina essai 2008), "La Peur Matamore" (Seuil/Archimbaud, 2010) et de l'Album Shakespeare (La Pléiade, 2016).
Rencontre animée par Simon Daireaux
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