AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Savinien de Cyrano de Bergerac (92)


Cette aventure extraordinaire me gonfla le cœur d’une joie si peu commune, que ravi de me voir délivré d’un danger assuré, j’eus l’imprudence de philosopher là-dessus. Comme donc je cherchais des yeux et de la pensée ce qui en pouvait être la cause, j’aperçus ma chair boursouflée, et grasse encore de la moelle dont je m’étais enduit pour les meurtrissures de mon trébuchement ; je connus qu’étant alors en décours, et la lune pendant ce quartier ayant accoutumé de sucer la moelle des animaux, elle buvait celle dont je m’étais enduit avec d’autant plus de force que son globe était plus proche de moi, et que l’interposition des nuées n’en affaiblissait point la vigueur.
Commenter  J’apprécie          20
J’avais fait une machine que je m’imaginais capable de m’élever autant que je voudrais en sorte que rien de tout ce que j’y croyais nécessaire n’y manquant, je m’assis dedans et me précipitai en l’air du haut d’une roche. Mais parce que je n’avais pas bien pris mes mesures, je culbutai rudement dans la vallée.

Tout froissé néanmoins que j’étais, je m’en retournai dans ma chambre sans perdre courage, et je pris de la moelle de bœuf, dont je m’oignis tout le corps, car j’étais meurtri depuis la tête jusqu’aux pieds et après m’être fortifié le cœur d’une bouteille d’essence cordiale, je m’en retournai chercher ma machine. Mais je ne la trouvai point, car certains soldats, qu’on avait envoyés dans la forêt couper du bois pour faire le feu de la Saint-Jean, l’ayant rencontrée par hasard, l’avaient apportée au fort, où après plusieurs explications de ce que ce pouvait être, quand on eut découvert l’invention du ressort, quelques-uns dirent qu’il fallait attacher quantités de fusées volantes, pour ce que, leur rapidité les ayant enlevées bien haut, et le ressort agitant ses grandes ailes, il n’y aurait personne qui ne prît cette machine pour dragon de feu.
Commenter  J’apprécie          20
Cet homme à qui je parlais était un vieillard olivâtre, qui d’abord se jeta à mes genoux ; et joignant les mains en haut derrière la tête, ouvrit la bouche et ferma les yeux. Il marmotta longtemps entre ses dents, mais je ne discernai point qu’il articulât rien ; de façon que je pris son langage pour le gazouillement enroué d’un muet.
Commenter  J’apprécie          20
Je demeurai si surpris, tant de voir un livre qui s’était apporté là tout seul, que du temps et de la feuille où il s’était rencontré ouvert, que je pris toute cette enchaînure d’incidents pour une inspiration de faire connaître aux hommes que la lune est un monde.
Commenter  J’apprécie          10
La lune était en son plein, le ciel était découvert, et neuf heures du soir étaient sonnées lorsque, revenant de Clamart, près de Paris (où M. de Cuigny le fils, qui en est seigneur, nous avait régalés, plusieurs de mes amis et moi), les diverses pensées que nous donna cette boule de safran nous défrayèrent sur le chemin. De sorte que les yeux noyés dans ce grand astre, tantôt l’un le prenait pour une lucarne du ciel par où l’on entrevoyait la gloire des bienheureux ; tantôt un autre, persuadé des fables anciennes, s’imaginait que possible Bacchus tenait taverne là-haut au ciel, et qu’il y avait pendu pour enseigne la pleine lune ; tantôt un autre assurait que c’était la platine de Diane qui dresse les rabats d’Apollon ; un autre, que ce pouvait bien être le soleil lui-même, qui s’étant au soir dépouillé de ses rayons, regardait par un trou ce qu’on faisait au monde quand il n’y était pas. « et moi, leur dis-je, qui souhaite mêler mes enthousiasmes aux vôtres, je crois sans m’amuser aux imaginations pointues dont vous chatouillez le temps pour le faire marcher plus vite, que la lune est un monde comme celui-ci, à qui le nôtre sert de lune. Quelques-uns de la compagnie me régalèrent d’un grand éclat de rire. « Ainsi peut-être, leur dis-je, se moque-t-on maintenant dans la lune, de quelque autre, qui soutient que ce globe-ci est un monde. » Mais j’eus beau leur alléguer que Pythagore, Epicure, Démocrite et, de nôtre âge, Copernic et Kepler, avaient été de cette opinion, je ne les obligeai qu’à rire de plus belle. Cette pensée cependant, dont la hardiesse biaisait à mon humeur, affermie par la contradiction, se plongea si profondément chez moi, que, pendant tout le reste du chemin, je demeurai gros de mille définitions de lune, dont je ne pouvais accoucher ; de sorte qu’à force d’appuyer cette croyance burlesque par des raisonnements presque sérieux, il s’en fallait peu que je n’y déférasse déjà, quand le miracle ou l’accident, la Providence, la fortune, ou peut-être ce qu’on nommera vision, fiction, chimère, ou folie si on veut, me fournit l’occasion qui m’engagea à ce discours : Étant arrivé chez moi, je montai dans mon cabinet, où je trouvai sur la table un livre ouvert que je n’y avais point mis. C’était celui de Cardan ; et quoique je n’eusse pas dessin d’y lire, je tombai de la vue, comme par force, justement sur une histoire de ce philosophe, qui dit qu’étudiant un soir à la chandelle, il aperçut entrer, au travers des portes fermées, deux grands vieillards, lesquels après beaucoup d’interrogations qu’il leur fit, répondirent qu’ils étaient habitants de la lune, et, en même temps, disparurent.
Commenter  J’apprécie          40
Songez à librement vivre.
Il me quitta en achevant ce mot, car c’est l’adieu dont, en ce pays-là, on prend congé de quelqu’un comme le “bonjour” ou le “monsieur, votre serviteur” s’exprime par ce compliment : “Aime-moi, sage, puisque je t’aime.
Commenter  J’apprécie          20
[U]n honnête homme n'est ni français, ni allemand, ni espagnol, il est Citoyen du Monde et sa patrie est partout.
Commenter  J’apprécie          80
LIVILLA.
Tu te trompes encor, nous partirons ensemble !
La Parque au lieu de rompre allongera nos fers ;
Je t'accompagnerai jusques dans les Enfers ;
C'est dans cette demeure à la pitié cachée
Que mon Ombre sans cesse à ton Ombre attachée,
De son vol éternel fatiguera tes yeux,
Et se rencontrera pour ta peine en tous lieux ;
Nous partirons ensemble, et d'une égale course
Mon sang avec le tien ne fera qu'une source
Dont les ruisseaux de feu, par un reflux commun
Pêle-mêle assemblés et confondus en un,
Se joindront chez les morts d'une ardeur si commune,
Que la Parque y prendra nos deux âmes pour une.
Commenter  J’apprécie          42
TÉRENTIUS.
Respecte et crains des Dieux l'effroyable tonnerre !
SÉJANUS.
Il ne tombe jamais en hiver sur la terre :
J'ai six mois pour le moins à me moquer des Dieux,
Ensuite je ferai ma paix avec les Cieux.
TÉRENTIUS.
Ces Dieux renverseront tout ce que tu proposes.
SÉJANUS.
Un peu d'encens brûlé rajuste bien des choses.
TÉRENTIUS.
Qui les craint, ne craint rien.
SÉJANUS.
Ces enfants de l'effroi,
Ces beaux riens qu'on adore, et sans savoir pourquoi,
Ces altérés du sang des bêtes qu'on assomme,
Ces Dieux que l'homme a faits, et qui n'ont point fait l'homme,
Des plus fermes États ce fantasque soutien,
Va, va, Térentius, qui les craint, ne craint rien.
Commenter  J’apprécie          20
SÉJANUS.
Mon sang n'est point royal, mais l'héritier d'un Roi
Porte-t-il un visage autrement fait que moi ?
Encor qu'un toit de chaume eût couvert ma naissance
Et qu'un palais de marbre eût logé son enfance,
Qu'il fût né d'un grand Roi, moi d'un simple pasteur,
Son sang auprès du mien est-il d'autre couleur ?
Commenter  J’apprécie          20
Agrippine:
Une brûlante fièvre allume ses entrailles ;
Il contemple vivant ses propres funérailles.
Ses artères enflés d'un sang noir et pourri,
Regorgent du poison dont son coeur est nourri :
À qui le considère, il semble que ses veines
D'une liqueur de feu sont les chaudes fontaines,
Des serpents enlacés qui rampent sur son corps
Ou des chemins voûtés qui mènent chez les morts ;
La Terre en trembla même, afin que l'on pût dire
Que sa fièvre causait des frissons à l'Empire.
Commenter  J’apprécie          20
PAQUIER, seul.
Ô ma foi ! C'est un étrange métier que celui de portier ! Il lui faut autant de têtes qu'à celui des Enfers, pour ne point fléchir; autant d'yeux qu'à Argus, pour bien veiller ; autant de bouches qu'à la Renommée, pour parler à tout le monde ; autant de mains qu'à Briarée, pour se défendre de tant de gens ; autant d'âmes qu'à l'Hydre, pour réparer tant de vies qu'on lui ôte ; et autant de pieds qu'à un cloporte, pour fuir tant de coups.
Commenter  J’apprécie          40
Granger :
[...]Amour, flamme folette, qui n'es jamais qu'au bord d'un précipice ; Ardent qui brilles pour nous éblouir ; Feu qui brûles et ne consumes point ; Guide aveugle qui crèves les yeux à ceux que tu conduis ; Bourreau qui fais rire en tuant ; Poison que l'on boit par les yeux ; Assassin que l'âme introduit dans sa maison par les fenêtres ; Amour, petit poupard c'est à tes côtés douillettement frétillards, que je viens pérager les reliques de la journée.
Commenter  J’apprécie          70
CHASTEAUFORT.
Ne vous expliquez pas, j'aurais peur que mes yeux en courroux ne jetassent des étincelles, dont quelqu'une par mégarde vous pourrait consumer. Un Mortel aura donc eu la témérité de se chauffer à même feu que moi, et je ne punirai pas les quatre éléments qui l'ont souffert ! Mais je ne puis parler, la rage me transporte : Je m'en vais faire pendre l'Eau, le Feu, la Terre et l'Air, et songer au genre de mort dont nous exterminerons ce pygmée qui veut faire le colosse.
Commenter  J’apprécie          30
Savinien de Cyrano de Bergerac
Une heure après la mort, notre âme évanouie
Sera ce qu'elle était une heure avant la vie...
Commenter  J’apprécie          280
Savinien de Cyrano de Bergerac
"Et puis mourir ce n'est rien, c'est achever de naître"!
Commenter  J’apprécie          130
Savinien de Cyrano de Bergerac
C’est un roc, c’est un pic, c’est un cap ! Que dis-je c’est un cap, c’est une péninsule !
Commenter  J’apprécie          21
Et puis mourir n'est rien, c'est achever de naître !
Commenter  J’apprécie          40
Mais direz vous, toutes les lois de notre monde font retentir avec soin ce respect qu'on doit aux vieillards? Il est vrai; mais aussi tous ceux qui ont introduit des lois ont été des vieillards qui craignaient que les jeunes ne les dépossédassent justement de l'autorité qu'ils avaient extorquée et ont fait comme les législateurs aux fausses religions un mystère de ce qu'ils n'ont pu prouver.
Commenter  J’apprécie          10
Gareau
Monsieu de Marsilly m'appelet bian son bastar. Il ne s'en est pas falli l'espoisseur d'un tornas qu'il ne fait apprenti Conseillé ! « Vien ça, ce me fit-il une fois, gros fils de putain, car j'équions tout comme deux frères ; je veux, ce fit-il, que tu venais, ce fit-il, autour de moi, ce fit-il, dans la Turquise, ce me fit-il. Ô ! Ce l'y fis-je, cela vous plaît à dire. Non-est, ce me fitil. Ô ! Si est, ce l'y fis-je. Ô ! Ce me fis-je à part moi : Écoute, Jean, ne faut point faire le bougre, faut sauter. »
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Savinien de Cyrano de Bergerac (409)Voir plus

Quiz Voir plus

Le mythe d'Œdipe

Œdipe signifie :

Abandonné
Incestueux
Pieds enflés

10 questions
197 lecteurs ont répondu
Thèmes : mythologie grecqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}