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Critiques de Sebastian Barry (343)
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Des milliers de lunes

Après avoir adoré "Des jours sans fin" (2016) de Sebastian Barry, lu dans le cadre du bookclub organisé par le Prix Bookstagram et consacré à la littérature irlandaise, j’ai profité de la parution en poche de la suite des aventures de Thomas McNulty, John Cole et Winona pour prolonger mon aventure irlandaise ! Dans "Des milliers de lunes", le narrateur est remplacé par Winona, l’orpheline autochtone, désormais âgée de dix-sept ans, adoptée par Thomas et John après le massacre de sa tribu par l’armée américaine.



Dans le Tennessee rural où elle s’est installée, la petite famille attire des regards mauvais avec ses trois anciens soldats de l’Union, ses deux esclaves afro-américains affranchis, et sa jeune amérindienne, et est obligée de lutter pour ne pas se faire broyer par le racisme. Pris entre l’autorité de lois qui ne reconnaissent pas la citoyenneté des personnes de couleurs et la violence des bandes criminelles qui sillonnent le pays, nos protagonistes, toujours aussi attachants et aux côtés desquels on découvre le personnage de l’avocat Briscoe, se voient contraints de lutter.



Après la violence d’une Amérique en construction dans "Des jours sans fin", Sebastian Barry nous parle de la brutalité d’une Amérique scindée en deux par les rancœurs de la guerre de Sécession (1861-1865). Mais là où le premier ouvrage rayonnait par la spontanéité flamboyante de sa langue, le second semble plus pâle et propose une narration plus artificielle qui m’a personnellement moins émue. De cette lecture, je garde surtout une phrase tragiquement vraie : « Aucun acte de compassion ou de cruauté de l’Amérique blanche n’avait jamais eu lieu sans correspondre à un bout de papier quelque part. » (p. 117).
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Au bon vieux temps de Dieu

Aux éditions Joëlle Losfeld, on aborde parfois le genre policier avec un certain bonheur comme à la lecture des romans de Richard Morgiève nous entraînant du côté de l'Utah avec Le Cherokee (Joëlle Losfeld 2019) ou du Texas avec Cimetière D'Etoiles (Joëlle Losfeld 2021) au gré de récits d'une intensité peu commune qui pourront déconcerter certains lecteurs de polars qui n'apprécieraient pas d'être un peu bousculé. Cette intensité on la retrouve sans nul doute chez Sebastian Barry, romancier irlandais, mais également dramaturge et poète qui aborde dans son dernier roman Au Bon Vieux Temps De Dieu, le thème de la pédophilie des prêtes en Irlande avec un récit aux allures de roman policier se concentrant autour des souvenirs défaillants d'un policier retraité qui se voit contraint de se remémorer son passé à son corps défendant. Récipiendaire à deux reprises du Costa Book Award, prix prestigieux distinguant les grands auteurs du Royaume Uni comme Salman Rushdie ou Philipp Pullman, Sebastian Barry se distingue dans son écriture de haute volée avec un texte au lyrisme envoûtant, nécessitant une attention particulière pour appréhender la densité de la personnalité de Tom Kettle qui nous entraîne dans les méandres échevelés de ses pensées.



C’est du côté de Dalkey, petit village côtier situé à la périphérie de Dublin, que Tom Kettle a choisi de passer sa retraite en emménageant dans la modeste annexe de Queenstown Castel que le propriétaire, Mr Tomelty, a divisé en plusieurs logements. Ayant perdu sa femme June ainsi que ses deux enfants Winnie et Joseph et hormis ses voisins qu'il croise de temps à autre, cet ancien policier décline sa solitude en contemplant la mer et la faune depuis son fauteuil en rotin délavé. Engoncé dans ses souvenirs, Tom Kettle ne s'attendait pas à la visite de deux policiers venus lui demander son avis sur un ancien dossier d'abus sexuel au sein de l'Eglise en faisant ressurgir ainsi un passé douloureux qu'il tente d'occulter ce d’autant plus que l’affaire a été enterrée. Mais difficile d'effacer les années de maltraitance des prêtre de l'orphelinat et surtout les viols successifs dont June a été victime lorsqu'elle n'était qu'une enfant. Et ce nom du bourreau qui revient sans cesse : Le père Matthews dont on a retrouvé le corps dans les landes. Et tandis qu’un témoin affirme qu’il était présent aux abords des lieux du crime, Tom Kettle passe soudainement du statut de consultant au rôle de suspect.



Avec Au Bon Vieux Temps De Dieu il n'y aura pas à proprement parler d'enquête policière mais une plongée assez immersive dans les pensées de Tom Kettle se remémorant, d'une manière quelque peu chaotique, le courant de sa vie déclinante au seuil de la vieillesse, en convoquant quelques fantômes qui semblent l'accompagner en permanence. Situé à la période des années 90, au moment où une commission d'enquête faisait la lumière sur la situation endémique des abus sexuels au sein des institution catholiques du pays, Sebastian Barry aborde donc ce sujet sensible avec une délicatesse saisissante, en évoquant plus particulièrement cette loi du silence qui protégea les diocèses durant tant d'années ainsi que les meurtrissures des victimes mais également des proches qui ne se sont jamais remis de ces événements tragiques. Il faudra donc tout d'abord dompter ce flot de souvenirs submergeant un Tom Kettle désarçonné dont la raison oscille entre sa projection de la réalité et les faits qu'on lui rapporte tandis qu'il se remémore les circonstances terribles de la disparition de ses proches dont il distingue portant la présence dans ce cadre magnifique de Dalkey que Sebastian Barry dépeint avec la pointe de nostalgie émanant d'un lieu qu'il a fréquenté durant son enfance. Une fois que l'on a dompté le mode de pensée de Tom Kettle, on se laisse littéralement emporter dans le courant de cette écriture au lyrisme envoutant pour s'insinuer au coeur de la trajectoire de ce policier vieillissant qui remet à jour les fragments d'une mémoire défaillante. C'est ainsi que l'on prend la pleine mesure de ce scandale dont Sebastian Barry se garde bien de nous en faire l'étalage sordide pour se concentrer sur la douleur des victimes et de leur entourage en faisant également ressurgir cette colère sourde qui imprègne l'ensemble du texte avec cette certitude foudroyante que rien ne pourra jamais être réparé et dont il ne reste qu'à en faire le compte-rendu pour mettre à jour des décennies de souffrance. Et malgré cette douleur sous-jacente, il émane de ce roman une beauté indicible qui nous saisira tout au long de cette lecture éprouvante s’achevant de manière magistrale sur une scène aux contours surréalistes à l’image d’un récit à la fois flamboyant et mélancolique. Sebastian Barry incarne sans nul doute cette magie de l’écriture.





Sebastien Barry : Au bon Vieux Temps De Dieu ( Old God's Time). Joëlle Losfeld Editions 2023. Traduit de l'anglais (Irlande) par Laetitia Devaux.



A lire en écoutant : Kol Nidrei, Op. 47 de Max Bruch - Steven Isserlis, Olivia Jaggeurs et Connie Shih. Album : A Golden Cello Decade, 1878-1888: Dvorák, R. Strauss, Bruch, Le Beau. Steven Isserlis, Connie Shih. 2022 Hyperion Records Limited.
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Le testament caché

Un très joli roman à 2 voix entre une vieille dame internée dans un asile psychiatrique depuis si longtemps qu'on n'en connait plus la raison et son thérapeute, chargé de déterminer si elle est capable de retrouver la liberté. Peu à peu, au fil de leurs entrevues et de leurs journaux respectifs, on découvre les terribles événements intervenus dans la jeunesse de la vieille dame et qui on conduit à son internement.

 

L'écriture est tantôt délicate et tantôt rugueuse, comme ce pays, l'Irlande, aux paysages et à l'histoire si tourmentés.

Le récit se met en place très doucement. On peut dire qu'il y a quelques longueurs mais cela fait partie du livre et ne m'a pas dérangé outre mesure: les évènements tragiques qui se sont déroulés n'en paraissent que plus terribles.



Une très belle histoire à travers laquelle on découvre une partie de l'histoire de l'Irlande du début du XXe siècle, rude et violente, où la condition des femmes compte pour peu de choses et la religion n'arrange rien.

Le personnage de Roseanne est très beau, plein de fragilité et d'élégance mais sans pathos.

Une jolie découverte.
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Le testament caché

Roseanne McNulty a plus de 100 ans et a passé la moitié de sa vie à l’asile de Roscommon. « Je ne suis plus qu'une chose laissée pour compte, un reste de femme, un sac de peau et d'os, et je suis assise dans ma niche comme un rouge-gorge muet - non, comme une souris morte sous la pierre. » Elle rédige en secret l’histoire de sa vie, son testament en quelque sorte, qu’elle dissimule sous une latte du plancher de sa chambre. Son psychiatre, le Dr Grene, tient lui aussi un journal mais d’un autre genre. Il y avoue son désarroi et s’interroge sur les circonstances de l’internement de sa patiente. L’hôpital est sur le point d’être détruit et il doit décider si elle est apte ou non à réintégrer la société. A force d’entretiens et de recherches dans les archives, il apprend à connaître Roseanne et se retrouve plongé au coeur de son histoire, dont il découvre avec horreur les terribles intrications avec celle de l’Irlande…



Avec Le testament caché, Sébastien Barry nous livre une part sombre de l’histoire de l’Irlande. Roseanne en est l’une des malheureuses victimes. Je n’ai pu m’empêcher de penser au film de Peter Mulan, "The Magdalene sisters" *, à plusieurs reprises.



Mais ce roman est surtout une réflexion sur la mémoire et les souvenirs qui peuvent être encore très vivaces, presque réels, malgré le grand âge mais aussi distordus et modifiés devant la douleur trop grande qu’ils entraînent. ."Dans une large mesure, Roseanne et le Père Gaunt se sont tous deux montrés aussi sincères qu'il leur était possible, compte tenu des caprices et des ruses de l'esprit humain".



Cette histoire dramatique se lit aisément portée par l’écriture fluide, dense et poétique de Barry ; elle est pleine de mystère. Mais je reste mitigée… j’ai eu du mal à entrer dans ce récit au début, récit un peu lent, comportant quelques longueurs (notamment dans les carnets du Dr Grene). Pourtant le personnage de Roseanne, très fort, est vraiment attachant et mérite à lui seul que ce roman soit lu.



A travers le destin tragique de Roseanne et la figure odieuse d’un prête zélé, Sébastien Barry montre comment l’intolérance et la tyrannie d’un petit nombre peuvent détruire la vie de tant d’autres.

Un roman intéressant et un bon moment de lecture quand même !





* En 1964 dans la campagne Irlandaise, 4 jeunes filles sont condamnées par l'église et leur famille à entrer dans le brutal et déshumanisant Asile Magdalene. Le film est directement inspiré de l’histoire des Couvents de la Madeleine. Dans ces établissements, créés en Irlande au xixe siècle, les filles considérées comme perdues par leurs familles y étaient placées au nom de la morale. Elles étaient des femmes violées, des filles-mères, des orphelines.

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Du côté de Canaan

Une très belle écriture, imagée qui parfois m'a poussée à relire des phrases pour bien m'imprégner de leur force d'évocation.

Le roman d'une vie ordinaire, le journal d'une femme courageuse, Lilly qui ne demandait qu’à mener une vie simple si les guerres du 20e n'avaient emporté les hommes qu'elle aimait, si elle n'avait pas été trahie par des hommes auxquels elle s'attachait.

Le roman commence par la mort de son petit-fils, de retour de la Guerre au Koweït, le dernier de sa famille, elle est maintenant seule et vieille. Il n'est plus temps pour elle, personne à aimer. Elle va plonger dans ses souvenirs et nous livrer sa vie simple et unique avec ses moments de joies, d'espoir et de douleur. Née en Irlande au début du 20e, déjà la mort est là, sa mère meurt en la mettant au monde. Un destin qui a tout pour être banal, une lutte ordinaire pour se maintenir digne et préserver ceux et celles qui lui sont chers en vie et dans la vie.

L'Amérique où elle migre avec son amoureux pour échapper à l'IRA et les menaces de mort est pourtant une promesse de terre promise. Lilly y fera sa vie, y rencontrera des femmes généreuses, (Cassie, Mme Wolohan) qui seront sa chance et lui permettront de trouver sa place en Amérique. Mais les guerres font le malheur des femmes (et des hommes aussi qui ne sont rien ou si peu).

Décidément, j'aime cet auteur que j'avais découvert par hasard en lisant les "Jours sans fin". Une écriture remarquable, élégante, un attachement à ses héros toujours. Ce récit d'une vieille femme qui finit ses jours, seule, fait le décompte de ces jours sans Bill, sans plus personne à aimer, est sensible, beau, touchant et très vivant.

Une très belle lecture.

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Des milliers de lunes

Après Des jours sans fin, Sebastian Barry poursuit avec des personnages devenus familiers, avec cette fois, en première ligne, la petite indienne Winona qui raconte elle-même son histoire. Elle a en elle quelque chose du Tennessee, l’État où elle vit, quelques années après la fin de la guerre de Sécession. au milieu d'une famille singulière avec deux hommes qui font office de père et de mère et aux côtés de deux esclaves affranchis. Ceux-là la protègent autant que faire se peut et sont parmi ceux, une large minorité, qui la considèrent comme une personne à part entière alors que les autres la traitent encore plus mal qu'un animal. L'histoire de cette héroïne se déroule dans une ambiance de western, sans foi ni loi, où la violence des hommes s'exerce pratiquement sans limites. Le livre narre de tristes événements (viol, meurtre ...) mais l'ingénuité, l'audace et la vivacité de Winona évitent au roman de n'être qu'un long fleuve de douleurs et de larmes, devenant parfois lyrique et charriant quelques traits d'humour qui adoucissent les mœurs. Un poil moins brillant que Des jours sans fin, Des milliers de lunes, grâce au style évocateur et vif de Sebastian Barry, se lit avec souvent la sensation d'avoir voyagé loin dans le temps et dans l'espace, en parfaite communion avec une jeune femme innocente et magnifique, perdue dans un monde de brutes et d'ignorants (à quelques notables exceptions près).
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Des jours sans fin

J'étais contente de retrouver cet auteur dont j'ai déjà lu deux autres romans...et puis grosse déception!



Je n'ai pas réussi à adhérer à ces Irlandais au far-west. La tranquillité dans laquelle on laisse le héros vivre son histoire d'amour homosexuelle me semble peu crédible. Si les soldats s'ennuient sur les champs de bataille , je me suis ennuyée tout au long du roman.



Mauvaise pioche !
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Du côté de Canaan

Un livre qui ne me laissera pas une grande impression. Je crois que je suis passée complètement à côté. Tant pis.

L'histoire m'intéressait mais la construction du livre avec ses retours en arrière ne m'a pas plu. J'aurai peut être plus accroché si le livre avait suivi l'ordre chronologique sans va et viens entre le présent et le passé.

La vie de Lilly, de l'Irlande jusqu'en Amerique, est atypique, pleines de rebondissements, de joies et de malheurs. Mais chaque événement est traité trop rapidement à mon goût, peut être qu'à vouloir raconter trop d'événements en si peu de pages ils perdent en co'sistance et en développement.

Du coup, il m'a manqué le petit truc qui fait que.

Je suis sûre que d'autres seront ravis par cette lecture.
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Des jours sans fin

Avis de Grybouille (Chroniqueur sur le blog Léa Touch Book) :



Ce livre : une aventure humaine à travers une époque de construction pour les États-Unis d’Amérique, la seconde moitié du 19ième siècle.



Magnifiquement écrit, un style plein qui a su me prendre du début de l’histoire jusqu’à la dernière ligne. Des descriptions soignées, dans l’action comme dans les paysages, qui mettent en valeur le parcours des personnages.





Mister Sebastian BARRY nous livre là un moment d’écriture qui vous interpellera sur les relations humaines. Cette volonté de vivre tous les instants qui nous sont proposés, bons ou mauvais, d’avancer, de construire, d’aimer…





Des territoires immenses, des modèles de sociétés très différents, des modes de vie rudes où l’humain doit s’adapter au risque d’être brisé, tout y est dépeint avec un réalisme d’une très grande qualité.





Et que dire des personnages ? Hors normes, des aventuriers de leur temps qui vivent avec ce que l’époque leur propose.





Le parcours du peuple irlandais y est bien décrit depuis leur pays d’origine, où des conditions de vie effroyable les poussent à fuir pour rejoindre les côtes américaines.



« 4 semaines de traversée avec que de l’eau à boire…à l’arrivée des morts, des mourants et des squelettes dans les cales du bateau. »



Des guerres indiennes, à la guerre de sécession, en passant par la vie dans les villes en pleine expansion de cette nation qui se cherche, le sort des Irlandais du Kerry y est intimement lié.





Thomas et John c’est l’histoire d’une rencontre, sur la route, la faim, la misère et un jour sur la vitre d’un saloon « Cherche garçons propres », le début de l’aventure pour deux jeunes adultes de 17 ans.



De la petite histoire à la grande Histoire… Superbe.





Les personnages,





Thomas McNulty, la vie en Irlande le pousse à 12 ans à monter clandestinement dans un cargo pour fuir, « …des gosses qui cherchaient à survivre… »



John Cole, à 12 ans seul sur les routes, une grand-mère indienne, le meilleur « ami » de Thomas.



Le sergent Wellington, un salopard.



Le major Neal, un humaniste.



L’épouse du major, Lavinia, « …une truite dans le courant… l’incarnation du mystère féminin… »



Celui-Qui-Domptait-Les-Chevaux, le Chef sioux.



Winona, « Elle s’observe avec délice dans le miroir. Qui suis-je, maintenant ? », 9 ans, rescapée des guerres indiennes, « Elle a un rire comme un ruisseau qui coule dans la prairie d’été. »



McSweny, vieux poète noire dans le rôle du grand-père adoptif mais « …au vu de son grand âge, de ne pas partir trop longtemps. Je dis que j’en prends bonne note. » Thomas.



Bien sûr de nombreux personnages viennent apporter leur contribution à cette aventure, à vous de les découvrir…



Mais aussi,



Andersonville, premier centre concentrationnaire de l’histoire ?



L’univers des spectacles dans les saloons « …l’illusion du beau sexe…tout çà dans la bienséance… »



Les grands espaces « Le crépuscule approche, et Dieu recouvre lentement son œuvre d’un tissu noire effiloché. »



Les guerres indiennes « Les débris de l’innocence se consument dans votre poitrine comme une braise en provenance du soleil lui-même. »



Les champs de bataille « Tout le monde considérait qu’on valait rien…les reins ceints d’armes, on va s’efforcer de rattraper le temps perdu. »



La vie dans les corps de troupe



La création d’une famille



La vie dans une exploitation agricole



L’esprit de vengeance



L’amitié



L’Amour véritable énergie créatrice



Vous cherchiez un roman pour débuter du bon pied la nouvelle année ?



Et bien le voici… Livré à temps par Mister Sebastian BARRY, aux Éditions Joëlle LOSFELD.




Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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L'homme provisoire

Sa prose rugueuse et élégante, qui s'enroule parfois dans des phrases interminables, à la James Joyce, le prouve indéniablement : Sebastian Barry est un écrivain irlandais pur malt. L'homme provisoire raconte une triste histoire, celle d'un homme qui fuit, est incapable de prendre ses responsabilités et se réfugie dans l'alcool. D'une indépendance à une autre, de l'Irlande des années 20 au Ghana des années 50, la trajectoire de Jack suit une ligne brisée. Quand les remords arrivent, le sentiment d'avoir gâché deux vies, la sienne et celle de son épouse Mai, il est déjà trop tard. Jack est un homme ordinaire, qui échappe miraculeusement à la mort pendant la deuxième guerre mondiale mais qui ne voit pas que son couple se désintègre au fur et à mesure. Trop d'alcool, trop d'absences, trop de faiblesse. Jack n'est pas un salaud, mais il n'a pas en lui la volonté ni la lucidité de protéger celle qu'il aime par-dessus tout et dont il refuse de voir les démons -alcoolisme également, dépression, tendances suicidaires- qui la rongent de l'intérieur. Le roman est parfois complexe à suivre dans sa construction qui chahute la chronologie. Il manque surtout la voix de May qui n'est vue que par les yeux de son époux. Mais le récit est prenant dans cette lente et inéluctable déchéance. Au soir d'une vie, ne demeurent plus que la détresse et des regrets éternels.
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Des jours sans fin

Une épopée, une chanson de geste parcourue par le souffle puissant de l'histoire, rythmée par la verve inspirée de Sebastian Barry si j'en crois la prose magistrale et truculente de la traductrice Laetitia Devaux, "Des jours sans fin" est pour moi un livre important, et sans doute une balise de cette année de lectures !



Entre Th Mc Nulty et John More, une amitié indéfectible se mue en amour au fil de cette saga , de la fin de l'enfance jusqu'à leur pleine maturité. Ca se passe en Amérique, des années 1850 jusqu'après la guerre de sécession.

Migrants miséreux mais dégourdis, ces deux poulbots version yankee commencent leur parcours de survie par une carrière haute en couleur en tant que travestis dans un saloon, à cause de leur belle prestance. La puberté les rendant de moins en moins crédibles, déjà amoureux mais vite démunis, ils se font soldats car il faut bien vivre.

Les voilà changés en massacreurs dans les guerres indiennes. Après une tuerie, ils sauvent de l'extermination la jeune Winona, fille d'un chef sioux. Ils la mettent à l'abri et s'enrôlent ensuite dans l'Union, tuniques bleues contre les esclavagistes. Un an avant la fin de la guerre, ils sont faits prisonniers des confédérés. Mangés de vermine, faméliques et malades, ils tutoient de près la camarde dans une espèce de camp de la mort. Rendus à la vie civile pour un temps, ils récupèrent Winona et rejoignent un ancien compère soldat qui a repris la ferme de son père. Dans l'Amérique qui panse ses plaies vaille que vaille ils va leur falloir encore et toujours lutter pour survivre.



"Des jours sans fin" est plus qu'un roman aussi picaresque que parfois sublime, pétri d'humanité mais sans aucune concession envers la race des colons, qu'ils soient esclavagistes ou non.

"Des jours sans fin" est un cri hurlé contre la folie des hommes (blancs) autant qu'une ode à l'amour universel.

Magnifique !
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Des milliers de lunes

Immense plaisir que ces retrouvailles avec les personnages de « Des jours sans fin ». C’est une suite sans l’être puisque ici le narrateur n’est pas Thomas McNulty mais Winona, la jeune fille Lakota qu’il a adopté avec son amant John Cole. Il n’est donc pas nécessaire d’avoir lu le roman précédent de Sebastian Barry pour apprécier cette lecture même si je pense que vous serez légèrement désavantagé au début et qu’il serait vraiment dommage de passer à côté de la genèse des aventures et des amours du couple Thomas / John. Cependant, je vous parie qu’il ne vous faudra pas longtemps pour vous attacher à tous les personnages et à cette famille hétéroclite.



« Des milliers de lunes » se déroule dans l’anarchie qui suit la guerre de Sécession. C'est une période de changement pour le Tennessee qui voit les gouverneurs de camps auparavant opposés se relayer pour diriger l'État. Thomas et John vivent avec leur fille sur la ferme de Lige Magan avec l’aide de deux esclaves affranchis, Rosalee et son frère Tennyson. Si l’époque est dure pour tous est l’est encore plus pour ce groupe atypique. Winona est indienne, Rosalee et Tennyson sont noirs. Pourtant ils parviennent à maintenir à distance la dureté du monde grâce à la tendresse de leur foyer. Mais la violence va faire irruption dans leur cocon.



Tout comme Thomas était une voix narrative forte et singulière dans « Des jours sans fin », Winona qui reprend ici le récit est fascinante. Cette jeune femme qui en tant qu’indienne est une non-citoyenne est terriblement attachante. Aussi forte que sa mère, aussi courageuse et douce que Thomas et John.

L’auteur donne à Winona l’occasion de nous raconter l’Amérique post-guerre en mélangeant l’histoire des peuples autochtones et celle des anciens esclaves. Il interroge l’identité de la nation américaine et celle de Winona qui cherche son chemin dans une époque trouble. J’ai trouvé particulièrement belles les lunaisons qui viennent ponctuer les chapitres, comme un écho de l’âme Lakota.



Face à la cruauté de la société, parfois à la limite du supportable, il y a cette impression de douceur, d’humanité qui cueille le lecteur. Ce décalage entre la tendresse du foyer et la brutalité du monde extérieur est une des grandes réussites de ce roman. De ce contraste naît la lumière. L’amour entre Thomas McNulty et John Cole, l’amour pour leur fille, semblent plus grand que tout.



Sebastian Barry est décidemment un écrivain d'un immense talent. Il y a du souffle, du lyrisme, de la précision, de l’authentique.

Je ne pouvais rêver mieux en attaquant cette lecture. Je signe déjà pour la suite de la suite !



Traduit par Laetitia Devaux

 
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Des jours sans fin

Sebastian Barry né en 1955 à Dublin, est un écrivain irlandais. Il est l'auteur de pièces de théâtre, de romans et de poèmes, publiés depuis le début des années 1980. Septième de ses romans, Des Jours sans fin date de 2018.

Missouri en 1851. Thomas McNulty a fui l’Irlande où la Grande Famine a anéanti sa famille, gamin il vient tenter sa chance dans ce pays neuf. Il fait rapidement la connaissance « du beau John Cole », un autre vagabond, début pour les deux amants, d’une incroyable épopée et d’une vie entière d’amour dans le chaos des guerres Indiennes dans les plaines de l’Ouest ou de la guerre de Sécession dans les états du Sud…

Une fois de plus je suis épaté par Sebastian Barry qui réussit à caser en moins de trois cents pages de quoi en faire le double chez d’autres. Je vais abréger au maximum mais sachez que le bouquin débute en fanfare, nos deux amis sont engagés comme travestis dans un saloon, une révélation pour Thomas, narrateur du récit, qui apprécie particulièrement de s’habiller en femme. A la fin de leur contrat, ils s’engagent dans l’armée - pour le gîte et le couvert – et participent à leur corps défendant aux massacres d’Indiens ce qui leur vaut d’adopter Winona, une gosse devenue orpheline.

Dès lors, le couple devient une famille et le restera envers et contre tout jusqu’à la fin du bouquin de longues années plus tard. Il y aura des séparations temporaires, engagement, démission et réengagement dans l’armée. Des amitiés vont se nouer avec des militaires, la guerre de Sécession va frapper, ils connaitront la captivité, la faim et le froid manqueront de les anéantir. Un chef Indien, oncle de Winona, va mettre Thomas devant un cas de conscience quand celui-ci réclamera la gamine, une affaire qui se soldera par un nouveau massacre. Puis quand enfin dégagés de l’armée, ils trouveront un point d’accueil chaleureux chez un vieil ami à court de bras pour exploiter sa ferme on pense que leurs épreuves seront terminées, c’est une bande d’enfoirés malfaisants qui viendra mettre son grain de sel mais contre toute attente…

Comme vous le voyez, il se passe un tas de trucs dans ce petit livre ; éventuellement, pour les grincheux, cette abondance d’aventures dont ils se tirent finalement plutôt bien vues les situations, est peut-être un peu too much ? Je veux bien l’admettre mais ne restez pas sur cette impression, ce roman est tout simplement magnifique !

Magnifique par ses contrastes. Le ton est relativement léger, ou plus précisément neutre, le ton de celui qui a tout vu dans la vie, comme Thomas qui a échappé à la mort de faim dans son Irlande alors qu’il n’était encore qu’un gosse. Son regard sur leurs éprouvantes aventures exprime une sorte d’indifférence, « Pourquoi un homme en aide-t-il un autre ? Ca sert à rien, la vie s’en moque. » Mais cette indifférence apparente cache aussi un besoin d’amour puissant, d’abord pour John Cole, son amour pour toujours, puis pour la petite Winona, leur enfant, pour laquelle tous deux se battront de toutes leurs forces pour la protéger et l’éduquer.

Sebastian Barry fait parler Thomas avec les mots et tournures de phrases d’un qui n’a pas fréquenté l’école bien longtemps. Ces mots simples, ce ton neutre, créent une étrange sensation par rapport à ce qu’ils disent : misère, famine, massacres d’Indiens, massacres de Noirs, bêtise des uns, méchanceté des autres, vengeance etc.

N’oublions pas non plus, cette sensualité troublante, quand Thomas habillé en femme, évolue devant des mineurs harassés par leur journée de boulot, ou qu’il danse avec eux – en tout bien tout honneur -. Ces hommes savent très bien qu’il est de leur sexe mais acceptent le jeu pour se griser d’un plaisir fugace, tandis que de son côté Thomas prend conscience du plaisir à changer de sexe.

Un excellent roman. Un de plus pour Sebastian Barry.

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Le testament caché

Cela faisait un petit moment que je m'étais promis de lire ce roman et puis j'ai trainé et puis je l'ai lu....et c'est bien !



Un vieil asile d'aliénés, devenu hôpital psychiatrique au fil du temps sans pour autant beaucoup changer, doit fermer ses portes, trop vétuste, trop vieux, trop archaïque. Un hôpital flambant neuf doit sortir de terre, un bel hôpital mais beaucoup plus petit...il faut donc évaluer les malades et autant que possible les renvoyer vers leur foyer.



Roseanne une très vieille dame, est là depuis si longtemps que plus personne ne sait pourquoi elle est là. Le docteur Grene, psychiatre, entame des discussions avec Roseanne pour tenter "d'évaluer" l'état de sa patiente., ainsi que des recherches dans les différentes archives disponibles. De son côté Roseanne entame un journal où elle entreprend de raconter sa vie d'avant l'enfermement.



Les deux récits se croisent, éclairant la vie de Roseanne sous des angles différents et racontant surtout l'histoire de l'Irlande, une histoire qui a meurtri tous ses enfants . L'église catholique y a une place toute particulière, une église sans pardon, cruelle, toute vouée à chasser le démon, à savoir le sexe mais plus encore le désir, quitte à briser les âmes. Pauvres femmes, pauvres Irlandais qui vécurent sous ce poids . Si on y ajoute une histoire politique qui a divisé un peuple, en ennemis longtemps inconciliables, on a un terrain favorable pour des romans tels que celui-ci infiniment triste et beau racontant l'Irlande
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Du côté de Canaan

« Bill n’est plus. Quel bruit fait le cœur d’une femme de quatre-vingt-neuf ans quand il se brise ? Sans doute guère plus qu’un silence, certainement à peine plus qu’un petit bruit ténu ».

Voici les premières phrases du roman, et cela vous donne le ton, la poésie, la sensibilité de l’écriture de l’auteur.

Ce récit est composé de dix-sept chapitres, dix-sept jours sans Bill.

Lilly, nous raconte son histoire avant de disparaître, de son enfance irlandaise à son exil en Amérique, sa vie qui fut pleines de rencontres, de bonheurs, de solidarité, de déceptions et surtout de disparitions. A chaque étape, chaque épreuve elle rebondit, c’est une femme merveilleuse, elle est indulgente, généreuse et aimante. J’ai beaucoup aimé ce temps passé auprès d’elle, le temps qu’elle me raconte son histoire, le temps de ma lecture.

Un très beau roman lumineux, sans pathos, sans mièvrerie, encore une belle rencontre avec cet auteur, une belle leçon de vie.

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Un long long chemin

Voici un roman d'apprentissage qui vous retourne comme une crêpe, vous êtes prévenus !

Willie Dunne est un petit bonhomme d'un mètre soixante-cinq, innocent comme un perdreau de l'année. Sa taille l'empêche d'entrer dans la police dublinoise. A 17 ans, il s'engage dans la guerre sans réelle conviction, si ce n'est pour jouer un rôle et pouvoir revoir revenir à la maison la tête haute, pour que son père soit fier de lui.

Voilà donc Willie engagé pour faire la guerre à l'Allemagne aux côtés des Anglais. Or, c'est l'époque où la Grande-Bretagne a engagé la négociation du Home Rule, la loi qui accorderait une certaine indépendance à l'Irlande à l'intérieur du Royaume-uni. Certains Irlandais pensent que prêter main forte aux Anglais en s'engageant à leurs côtés dans la guerre contre l'Allemagne, favorisera l'accord du Home Rule. D'autres, au contraîre, pensent que "les difficultés de l'Angleterre sont les occasions de l'Irlande". Il faut dire que "le Parlement de Londres avait dit que le Home Rule s'appliquerait en Irlande à la fin de la guerre, par conséquent, (...), l'Irlande était pour la première fois en sept cents ans un pays de fait" .

Mais pour Willie, l'essentiel n'est pas là. Il s'engage parce que comme cela, il aura une place dans la société : s'il ne peut pas être policier parce qu'il ne fait pas un mètre quatre-vingts, eh bien, il peut être soldat. Nous sommes en 1915. Willie s'en va pour un long long chemin ("it's a long long way to Tipperary", chantaient les soldats), rejoindre le champ de bataille boueux des Flandres, lui qui n'a jamais quitté l'Irlande,en traversant une Angleterre qui n'a rien à voir avec celle des histoires et des légendes...



Je peux vous dire que ce roman vous fait vivre la guerre des tranchées. Comme les soldats, le lecteur s'interroge longuement sur ce brouillard jaune qui ressemble à un brouillard de mer... avant de suffoquer ! Si le nom du gaz moutarde n'est jamais écrit noir sur blanc, soudain notre mémoire collective de ce que nous avons appris par nos arrière-grands parents ou par les livres d'Histoire rejaillie.

Sebastian Barry excelle à faire vivre ces événements et les émotions qui vont avec d'une manière époustouflante. On suit toute la souffrance du jeune Willie, qui d'un perdreau de l'année est bien vite 'déniaisé" par la violence de la réalité. Un jeune homme pris dans la tourmente de l'Histoire, comme tant d'autres, quelque soit leur nationalité. Et il vit une double souffrance si l'on peut dire : parce qu'en Irlande, le temps ne s'est pas arrêté non plus : les Pâques sanglantes de 1916, la guerre civile qui s'ensuit. Le vent tourne : les soldats irlandais engagés dans l'armée anglaise sont consupés par beaucoup, traités de "Tommies" qui doivent rentrer chez eux ! Eux dont on a vécu toutes les souffrances endurées sur le terrain. L'écrivain parvient à restituer le contexte, sans juger ni les uns ni les autres, mais qui ne fait pas la part belle à l'Angleterre, c'est clair !



Un roman qui prend à la gorge par l'émotion qu'il dégage. Un livre aussi très bien documenté. Epatant et inoubliable !

Décidément, j'aime Sebastian Barry qui m'avait déjà bouleversée avec Le Testament caché. Un écrivain encore trop méconnu en France.



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L'homme provisoire

Des livres qui relatent une histoire d'amour vouée à l'échec, il y en a des tonnes. Des livres qui retracent l'histoire d'un pays à travers le destin d'un personnage, aussi. Des histoires de regrets, de temps qui passe, de temps perdu, de tout-fout-l'camp, de si-j'avais-su, de gâchis.

Alors pourquoi lire Sebastian Barry ?

Tout simplement parce que Jack McNulty, son "Homme provisoire", n'est à nul autre pareil. Il est vrai, ou du moins vraisemblable. Comme vous, comme moi, comme nous tous, un destin particulier lui est échu, qui le distingue du commun des mortels. Et c'est ce destin qu'il tente de décrire, d'écrire, depuis le fin fond du Ghana où il se trouve suite à son veuvage.

Il écrit , à dire vrai, lorsque la boisson lui en laisse le loisir. Car Jack est un ivrogne invétéré. Et ses moments de lucidité, ses moments d'écriture, il les passe à remonter le courant de sa vie, faite de rendez-vous manqués. Sans complaisance aucune. Lorsque le rêve d'indépendance de l'Irlande a été noyé dans un bain de sang, et qu'il avait la tête ailleurs. Lorsqu'il a courtisé la plus gaie, la plus vive des filles de Sligo, et qu'il s'est présenté ivre mort chez ses parents. Lorsqu'il a ruiné leur ménage, alors qu'ils avaient une maison confortable et des revenus assurés. Lorsqu'il a entraîné sa femme dans la boisson, la dépression, et s'est aussitôt engagé pour fuir sa famille durant la Seconde Guerre mondiale, alors que tous les Irlandais s'en foutaient....

Tous ces épisodes, et bien d'autres, Jack les remâche, les savoure, les recrache, et malgré la bassesse de ses actes, leur vilenie parfois, même si le flot de ses mots est difficile à suivre par moments, on se prend au jeu, et on accompagne cet homme seul sur le chemin de croix qu'il a tracé lui-même. Il y a quelque chose d'héroïque à décrire tant de médiocrité, à chercher un dernier sursaut de vie, et quelque chose de beau à se dire que toute chute s'accompagne finalement d'un rebond ...
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Des jours sans fin

De ce roman j'aurais voulu vous dire mille choses, et je ne sais pas où commencer. Parce que j'en reste bouleversée , longtemps après avoir abandonné Tom McNulty à son destin, après avoir refermé les pages.

Ce roman, ils te diront que c'est un roman de guerre. Et ils auront raison. Car Tom, fuyant la Grande Famine irlandaise, n'a d'autre choix que de s'engager dans l'armée américaine. La vie de soldat, il s'en accommoderait assez aisément s'il n'y avait cette tension toujours présente entre la brutalité, la cruauté, et l'immense amour qu'on peut porter à ses frères d'armes, voire à ses ennemis, sur un champ de bataille. Les batailles contre les Indiens d'abord, contre des Sudistes ensuite, ou du moins contre les Irlandais d'en face. Ceux qui s'habillent en gris.

Ce roman, ils te diront que c'est un roman social. Et ils auront raison. Car Tom l'Irlandais, son compagnon John Cole dont les traits trahissent une ascendance indienne, puis leur fille adoptive Winona sont de ces gens qui n'ont pas de place dans le grand melting-pot américain. Pas plus que leurs amis Noirs. Et pourtant, plus que d'autres, ils versent un tribut dans le trésor commun, ils paient de leur vie l'édification de la Grande Nation.

Ce roman, ils te diront que c'est un roman de mœurs. C'est vrai aussi. Parce que Joe et Tom forment un couple depuis leur première rencontre, et se voient comme mari et femme depuis leur premier spectacle, quand ils se travestissent pour gagner leur pain d'immigrants. Un couple qui dure, qui adopte une enfant, qui n'aspire qu'au bonheur dans un monde où personne n'y a droit.

Ce roman, je ne peux en dire qu'une chose, bien banale : c'est un roman d'amour et de vie. Et l'un des plus beaux que je connaisse. Parce que c'est juste l'histoire normale d'un type normal , pas un brûlot revendicatif, pas une fresque militante, pas un essai philosophique, non. Un roman qui te montre qu'on peut vivre autrement que les autres et s'aimer, point. Sans qu'il soit besoin de scènes de cul ou de pages sur la différence, justement. Qu'on peut être à la fois "une gentille femme et un méchant homme", comme le dit Tom, et que c'est une norme comme une autre. Qu'on peut surmonter d'innombrables jours de souffrance et d'ennui tant que l'on a au cœur le nom d'un autre cœur qui bat pour vous.

Un livre qui parle d'êtres humains, sans s'embarrasser d'autres considérations, parce que la vie est déjà assez compliquée comme ça.

J'espère que vous ferez un jour la connaissance de Tom, de John et des autres. Et que vous les ferez connaître autour de vous. Parce qu'ils le méritent.

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Des milliers de lunes

Winona, la petite fille Sioux adoptée par John Cole et Thomas McNulty a bien grandi depuis que nous l'avons laissée à la fin de « Des jours sans fin ».

Elle maintenant 17 ans et coule des jours heureux dans la ferme de Lige Magan, dans le Tennessee, auprès de John, Thomas, Rosalee et son frère Tennyson deux anciens esclaves de la famille Magan affranchis depuis la fin de la guerre de Sécession.

Mais dans ce sud profond, que sont les campagnes du Tennessee, la défaite passe mal et même très mal, et les renégats anciens soldats de l'armée sudistes sont nombreux à y faire régner « leur ordre » n'hésitant pas à pendre les Noirs qui se trouvent sur leur chemin.

Pour Winona c'est pire encore, en tant qu'Indienne, elle n'est même pas reconnue comme être humain.

Thomas qui avait voulu l'inscrire à l'école n'a eu d'autre possibilité que de lui apprendre lui-même à lire, écrire et compter.

Winona va alors trouver un travail à l'épicerie de Paris la petite ville proche de la ferme, puis sera ensuite embauchée par l'Avocat local.

Mais elle va aussi s'attirer à la fois les désirs amoureux de Jas le garçon de l'épicerie et la haine de tous les plus farouches des renégats qui viennent de créer une société secrète dont les membres se couvrent la tête d'une capuche pointue.

Et quand le drame surviendra c'est Winona qui sera accusée et livrée à la vindicte populaire.

Un superbe livre qui nous démontre combien la guerre de Sécession une fois la paix revenue à creusé encore un peu plus un immense fossé entre les deux parties de cette Amérique déchirée par ces batailles fratricides avec pour premières victimes les Noirs, les Indiens et toutes les minorités.

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Le testament caché

Par le biais du roman épistolaire, nous découvrons d'une part Roseanne Clear, centenaire qui vit depuis plus de 50 ans dans un hôpital psychiatrique, et d'autre part le Docteur Grene, psychiatre dans la même institution, qui doit être démolie.

Peu à peu, la vie de Roseanne se dévoile et il est difficile de croire, même si l'on s'en doute, de l'incroyable raison qui explique sa venue dans l'hôpital psychiatrique. D'ailleurs, on cerne rapidement qu'elle n'a pas ou très peu de troubles psychiatriques. De même, le Dr Grene ne m'a pas semblé très crédible non plus en psychiatre.

J'ai plus ou moins adhéré à l'histoire, j'ai trouvé le rythme trop lent et la narration brouillonne. Je n'ai pas compris pourquoi il y avait des parties, chapitres et sous-chapitres, etc mais j'ai néanmoins réussi à lire ce roman jusqu'à la dernière page. .

Finalement le principal plaisir que j'ai ressenti concernait la description de ce petit coin d'Irlande où j'ai passé des vacances. Autre point intéressant : le contexte historique decrit, ainsi le pouvoir des hommes de dieu dans cette contrée dans les années 1930

C'est donc une déception pour moi.
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