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Critiques de Sebastian Barry (343)
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Des milliers de lunes

C’est dans une ferme du Tennessee, dans la petite ville de Paris, que John Cole et Thomas McNulty élèvent et protègent leur fille adoptive, Winona. Cette jeune lakota grandit et doit faire face aux terribles violences que subissent les indiens. Elle cherche sa place, elle qui n’est pas blanche mais qui ne se souvient pas de la langue de sa mère… Elle doit pourtant affronter avec force et courage les épreuves qui l’attendent…



Des milliers de lunes est un roman tout aussi touchant et révoltant que Des jours sans fin. On y retrouve avec tendresse ces deux hommes malmenés par les guerres, et on rencontre avec bonheur cette petite fille dont la beauté et la sagesse s’échappent des mots qui la décrivent.



L’Amérique est toute jeune. C’est un pays qui a du mal à se relever, l’esprit lourd des guerres sanglantes, des haines et des violences qui régissent les peuples qui le compose.

Winona est issue de l’une des plus tristes histoires que la terre ait compté. La plupart des Blancs qui l’entourent ne voit que l’esclave ou l’indienne en elle. Ils ne voient pas l’être humain.



Dans sa grande sagesse, Winona sait que les choses ne changeront jamais. Elle se rappelle alors le visage de sa mère, son courage et le respect que les hommes de la tribu lui portait. Ce sont ses origines, ses racines, qui lui apporteront la force de se battre, de ne pas être une moins que rien, de faire en sorte que sa voix compte…



Sebastian Barry nous souffle le chant des faibles, des opprimés, des âmes blessées. Il nous éclaire par ses mots, par son humanité et par la justesse de sa voix. Des milliers de lunes est une ode à la vie, à l’amour et au courage de ceux qui, sur cette terre, se battent encore pour être des hommes aux yeux de tous…

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Au bon vieux temps de Dieu

Les bons livres de Sebastian Barry ne manquent pas (Y en a t-il un de vraiment moyen ?) mais avec Au bon vieux temps de Dieu, l'intensité de son écriture et son lyrisme douloureux n'ont sans doute jamais été aussi brûlants. On peut y ajouter l'humour, aussi surprenant que cela puisse paraître, dans un roman aussi sombre, mais qui permet de tempérer la noirceur de son sujet. le narrateur, Tom Kettle, policier retraité depuis 9 mois, on va s'en apercevoir assez vite, vit dans le passé et va remonter les stations de ses souvenirs, dans un désordre savamment organisé par l'auteur, et d'une fiabilité plus que douteuse. Il n'empêche, le personnage principal du roman a subi plusieurs deuils successifs, dont celui de son épouse adorée, et que son esprit batte plus ou moins la campagne, alors que la vieillesse l'a rattrapé, n'a rien d'étonnant. Parti sur les bases d'un polar, Au bon vieux temps de Dieu ménage un grand suspense qui ne se dénoue que progressivement mais c'est définitivement le style de Sebastian Barry qui transcende un récit dont la toile de fond est l'épouvantable époque des viols d'enfant par les prêtres irlandais, méfaits commis dans le silence assourdissant d'un environnement social qui savait, peu ou prou. Difficile de dire qu'un livre est splendide, lorsqu'il traite d'un sujet pareil, mais il est pourtant touché par une grâce éthérée, si l'on ose l'écrire ainsi.
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Annie Dunne

Annie et sa cousine Sarah sont deux femmes simples qui accomplissent seules les travaux d'une petite ferme où il est difficile de subsister sans une aide masculine. Il faut bêcher, traire, puiser l'eau, allumer le feu de tourbe, nourrir les animaux, lessiver à la main.

Ce dur labeur emplit Annie de bonheur, elle aime le rythme du travail, le sentiment d'accomplissement et sa ronde de tâches quotidiennes. Sa vie s'écoule paisiblement, bien ordonnée mais un été cette sérénité va être troublée par de petits événements qui tels des cailloux jetés dans une eau limpide, vont faire remonter la fange à sa surface. Une fange qui assombrit le coeur de la vieille femme.

Dans un univers presque exclusivement féminin, c'est le mâle qui se révélera être l'élément perturbateur, que ce soit sous la forme d'un poney caractériel, d'un tout petit garçon ou d'un voisin bricoleur.

Les pensées d'Annie sur les événements sont un mélange d'observations fantaisistes, d'idées naïves et une appréciation poétique du monde naturel. Au travers de son regard, l'auteur peint d'une belle plume une vie rurale idéalisée et à jamais disparue.
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L'homme provisoire

Voyage entre l’Irlande et l’Afrique juste avant la décolonisation. Notre guide est Jack McNutty un homme ordinaire, avec quelques défauts, notamment un sacré penchant pour le whisky.

Dans sa maison d’Accra au Ghana, quand ce pays était une colonie britannique et s’appelait encore Côte de L’Or, Jack écrit ses mémoires sous le regard bienveillant de Tom son majordome africain.

Evidemment lorsque l’on s’est battu pour l’indépendance de l’Irlande, que l’on a été ingénieur dans les colonies, officier dans l’armée de sa gracieuse majesté, observateur à l’ONU on a beaucoup de chose à raconter et lorsque l’on a épousé la plus joli fille de sa ville natale, forcément à l’heure des bilans on vit très mal de n’avoir pas pu la rendre heureuse.L’alcool est un poison qui désagrège les gens qui s’aiment



Une sacrée belle histoire d’amour d’une infinie tristesse. Sébastien Barry pose un regard profondément humaniste sur ce couple si mal assorti témoin des conflits qui ont enflammé le XXe siècle, colonisation, décolonisation et seconde guerre mondiale.



« L’homme provisoire »est un formidable roman modeste et ambitieux, modeste par le style et la narration, jamais le romancier ne se laisse emporter par le « m’as-tu vu quand j’écris » et ambitieux par l’ampleur de la fresque historique. Un roman parfait.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Des jours sans fin

Avec ce roman, j’ai eu le plus grand mal, à cause de son écriture : les dialogues sont incorporés dans les textes narratifs, sans distinction, et l’écriture m’a souvent fait grincer les dents.



Il est brut de décoffrage, comme si on lisait le carnet de mémoire d’un jeune soldat, tel quel, sans corrections de syntaxe.



Thomas McNulty, le narrateur, n’est pas un bon écrivain et j’ai patiné durant les 50 premières pages. C’était lourd à lire, étouffant. Comme si on écoutait un récit, raconté tel quel, par une personne qui ne sait pas faire de belles phrases.



Heureusement que son récit était intéressant et que les deux personnages, Thomas et John Cole, m’ont intéressé, sinon, j’aurais abandonné…



Dans ce roman historique, l’auteur abordera plusieurs sujets, notamment l’homosexualité (Thomas et John sont ensemble), la guerre de sécession, le racisme, l’esclavage, le massacre de tribus indiennes et l’amitié entre les soldats.



En raison des 270 pages, le tout sera survolé, jamais approfondi. Cela ne m’a gêné pour autant, ce survol de l’Histoire (on commence en 1850).



Ce que j’ai aimé, c’est la manière dont l’auteur a traité le couple que forme Thomas et John : sans guimauve, sans chichis, sans trop de détails, sans excès de virilité. Pas de scène de sexe à la Brokeback Mountain.



Thomas aime porter des vêtements de femme, mais il abordera le sujet sans que cela devienne lourd ou cliché. Notre jeune homme est prêt à sauter dans son pantalon si la guerre se déclare à nouveau. Ceux qui seront au courant, ne diront rien et accepterons le fait que Thomas cultive la terre en robe. Bravo, on a de la tolérance…



C’est assurément un drôle de roman, déjà en raison de son écriture et, j’ajouterai, en raison de l’optimisme qui parcourt les pages.



La galerie de personnages est importante et personne n’est tout à fait blanc ou noir (sans mauvais jeu de mot). On a de tout, c’est réaliste, mais, une fois de plus, on survole les personnages, nous ne saurons rien de leur passé (hormis de Thomas McNulty, notre narrateur : il est irlandais et a fui son pays en proie à la famine.). Cela ne m’a pas dérangé non plus. Par contre, le narrateur sera bavard avec la vie de soldat.



Le pire dans cette lecture, c’est la narration, ce texte que j’aurais bien corrigé (et que je faisais parfois dans ma tête), tant il était lourd, étouffant, malhabile à lire.



Dommage, parce que cela a rendu le récit froid et a supprimé toutes les émotions qui auraient dû ressortir du récit, vu les sujets abordés, vu le couple que nos deux hommes formaient et vu la présence de la petite Winona… Peu d’émotions ressenties et là, je râle, parce que je les voulais !



Malgré tout, je lirai la « suite », qui n’en est pas vraiment une (Des milliers de lunes) et qui met en scène Winona, justement. Même si ce premier roman me laisse mitigée…


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le testament caché

Lecture rendue pesante, parfois étouffante par le destin tragique de Roseanne Mv Nulty, centenaire , internée dans un asile psychiatrique , les manipulations odieuses du prêtre Gaunt, la misère ambiante d’un pays confronté aux atrocités de la guerre civile. Un roman à deux voix, celle de Roseanne et du psychiatre Grene d’où va émerger la révélation d’un secret.
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Le testament caché

Il y a 3 ans, en 2018, j’ai fait un voyage en Irlande. J’avais été fortement marquée par les campagnes en lien avec la légalisation de l’avortement à cette période.

Même si l’avortement n’est pas le thème de cette histoire, à travers l’histoire de Roseanne, c’est la condition des femmes en Irlande au vingtième siècle qui est abordée. Et il faut avouer que je ressors vraiment émue de cette lecture…Car oui, dans ce pays il ne faisait pas bon d’être une femme au siècle dernier. L’influence de l’Eglise est impressionnante et un prête charismatique pouvait faire la loi dans sa paroisse sans que personne y trouve à redire…. Un mariage s’annulait à une vitesse si vous étiez protestante et mariée à un catholique…

Roseanne, centenaire encore alerte réside dans l’asile de Roscommon depuis une bonne soixantaine d’années. Son psychiatre, le docteur s’intéresse à elle car il doit l’évaluer pour estimer si son institutionnalisation est encore à l’ordre du jour.

Mais Roseanne, même si elle semble apprécier son médecin reste très discrète sur son passé et ce qui l’a amenée à être internée. Cependant, elle a entamé l’écriture de son histoire.

Petit à petit, l’histoire de Roseanne se dévoile aux yeux de la lectrice… De la petite fille chérie par son père à la jeune femme dynamique et heureuse de vivre nous allons assister au cheminement de son histoire et de son destin…Car nous connaissons la fin de son histoire….enfin, nous allons le penser tout au long de cette lecture….

J’ai vraiment été touchée et émue par le destin tragique de cette femme, car il reflète clairement que le destin des femmes à cette époque ne tenait pas à grand-chose…

Je ne peux que saluer le talent de l’auteur, qui a su restituer avec beaucoup de talent et de sensibilité les émotions et ressentis de cette femme à qui la vie et les hommes n’auront pas fait beaucoup de cadeaux.





Challenge A travers l’Histoire 2021

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Des jours sans fin

Une histoire d'hommes, de famille et d'amitié pendant la colonisation des Grandes Plaines et de la guerre de Sécession. Il s'agit d'un western, d'un vrai, d'un dur, vu à travers les souvenirs de Thomas, émigré irlandais fuyant la famine et qui va participer à la construction des Etats-Unis modernes dans cette période entre 1850 et 1860.



Mais ce n'est pas que ça. C'est aussi un roman de l'amour, de l'amour que se portent mutuellement Thomas et John Cole, et de l'amour qu'ils donneront à leur fille Winona. C'est aussi un roman de l'identité et du genre, à une époque où la société ne s'en préoccupait pas du tout.



Tout à tour amuseurs de cabarets, soldats, paysans, guerriers impitoyables, toute leur vie ils seront confrontés à la brutalité, à la violence, à l'injustice. Et en parallèle toute leur vie sera construite entre humanité et respect de l'autre dans ce pays qui s'apprète à exterminer les populations indigènes dites sauvages et à organiser la nouvelle société sur la base de la domination du mâle blanc malgré les efforts du Président Lincoln.



Et il y a la littérature. Servi par une écriture parfaitement adaptée au propos et par un récit vibrant, ce roman, malgré l'âpreté du fond, nous enchante et nous séduit. Nous voilà transportés dans le coeur de ces hommes pris dans le mouvement de l'histoire du XIXème siècle, comme poussés par un souffle régénérateur. Un coup de coeur qui mérite d'être lu par le plus grand nombre.
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Des jours sans fin

Sans que je puisse l’expliquer, "Des jours sans fin" était resté dans ma pile à lire depuis 2019… Dès que j’ai vu que le Prix Bookstagram le conseillait pour son bookclub consacré à la littérature irlandaise, j’ai sauté sur l’occasion et je me suis plongée dans cette terrible et magnifique histoire d’un pays en construction, d’un pays bâti sur la haine ! Un Thomas McNulty vieillissant raconte ses débuts en Amérique après avoir fui l’Irlande dans les années 1850 et sa rencontre avec John Cole, son meilleur ami et l’amour de sa vie.



Avec une plume qui a le pouvoir addictif de celle de Richard Powers, Sebastian Barry nous plonge dans un pays où les Blancs chassent les Amérindiens, où les garçons se travestissent en filles dans les saloons et où rejoindre l’armée assure les trois choses essentielles à la survie : un salaire (minable), de la nourriture (infecte) et un cheval (à moitié crevé). Je tiens à saluer l’œil observateur de l’auteur qui nous présente des personnages et un univers incroyablement crédibles. Dans chaque chapitre, on aimerait noter quelques phrases de morale populaire qui illustrent toute son intelligence !



Les scènes relatant les massacres des populations autochtones par l’armée sont extrêmement dures à lire mais elles obligent le lecteur à se confronter avec ce volet honteux de l’histoire américaine. Sebastian Barry prend le sujet à bras le corps et a le courage de nous parler de l’horreur des baïonnettes qui passent à travers le corps des femmes, des enfants violés ou achevés par les soldats, et du dégoût qui secoue certains d’entre eux. La volonté de Thomas en fait un personnage attachant qui réussit à construire sa famille envers et contre tout, jusqu’à ce que la guerre de Sécession (1861-1865) rebatte toutes les cartes.
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Des jours sans fin

Thomas McNulty est d'origine irlandaise. Il nous raconte une partie de sa vie mouvementée. Arrivé jeune en Amérique, il est le seul survivant de sa famille décimée par la Grande Famine.

Encore adolescent il va travailler avec John Cole (l'amour de sa vie) dans un saloon et distraire les mineurs avec un numéro de travestis. Ils s'engageront ensuite dans l'armée et participeront au Guerres Indiennes puis à la Guerre de Sécession…



Je ne me suis pas diverti avec ce roman, loin de là !!!



Traiter de l'homosexualité dans les grandes plaines entre deux massacres d'Indiens, non merci.



De plus, nous avons droit à des précisions d'une trivialité consternante : « La pisse de trois cents hommes, ça fait vite de la boue » (p.37)



« On a baisé sans bruit et on s'est endormis » (p.37 également). Ils ne se feront jamais surprendre et lyncher par les 298 hommes restants, vraiment très discrets et silencieux ces deux-là !!!



« La pisse gelait en giclant de notre poireau, et malheur à celui qui était constipé ou qui avait un instant d'hésitation,… " (p.48), je n'écris pas la suite, je suis déjà assez navré de l'avoir lu pour vous l'infliger.



"Il se met à faire plus chaud encore. On a le dos cuit. Il suffirait d'une pincée de sel et de quelques brins de romarin, et ça ferait un steak." (p.70)



Un roman que je ne recommande vraiment pas.

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Au bon vieux temps de Dieu

De Sebastian Barry j'ai toujours en tête et au cœur les inoubliables Thomas McNulty et John Cole du merveilleux Des jours sans fin ; vient désormais s'ajouter à ma collection le Tom Kettle qui habite ce nouveau et déchirant roman. J'ai bien envie de dire grand roman mais c'est encore trop commun, il faudrait lui trouver un qualificatif rien que pour lui plutôt que d'utiliser ceux qui ont déjà servi pour d'autres. En tout cas, si on me demande ces jours-ci ce qu'est un grand romancier j'inviterai à lire Sebastian Barry.



"Il prépara un thé si fort qu'il avait la couleur de l'enfer dans la tasse. Un thé de policier, ça vous coulait le cœur dans du goudron". Tom Kettle est un jeune retraité de la police de Dublin. Il coule depuis neuf mois des jours tranquilles dans une petite station balnéaire, ne recherchant pas spécialement la compagnie. Il faut dire qu'il a vu assez de choses au cours de sa carrière, on le comprend. Alors quand d'anciens collègues viennent frapper à sa porte pour solliciter son concours sur une affaire en lien avec l'un de ses anciens dossiers, Tom n'est pas très enthousiaste à l'idée de replonger dans ses souvenirs. D'autant que cela ravive des douleurs plus personnelles dont il est désormais seul à connaître la teneur et les détails. Le partage a cessé à la mort de sa femme, June plusieurs années auparavant ; ses deux enfants ont aussi disparu. Tom est seul avec son esprit dont les méandres se font chaque jour plus sinueux et opaques. June et lui avaient en commun des enfances maltraitées en orphelinat, de ces traumatismes que l'on porte toute une vie. Cette histoire de prêtre assassiné qui remonte à la surface provoque chez Tom un mini cataclysme d'émotions et de sensations qui nous sont livrées au rythme des soubresauts de son esprit, dans un formidable crescendo de tension dramatique.



La maîtrise de Sebastian Barry est saisissante, tant dans l'incarnation que dans la construction narrative. Le lecteur est invité dans l'esprit de Tom et épouse ses sautes d'humeur, ses égarements autant que ses efforts pour y voir clair. Les certitudes font place au doute, et inversement. Le trouble gagne tandis que l'on peine à discerner les vrais souvenirs mais qu'affleure la réalité de la souffrance de Tom. A travers cette histoire déchirante qui prend sa source dans les traumatismes d'un pays entier, l'auteur questionne l'essence d'une vie bâtie sur la souillure d'une enfance détruite, la difficulté de résilience dans une société incapable de réparer les torts causés. La solitude de chaque être humain face à lui-même.



J'ai absolument tout aimé dans ce roman, soufflée par la beauté et la force de l'écriture si enveloppante (merveilleusement rendue par la traductrice), impressionnée par l'orchestration du fil narratif. Sublime, bouleversant, inoubliable.
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Des milliers de lunes

Lorsque Babelio m'a proposé de lire ce roman, je n'ai pas hésité une seconde, j'aime beaucoup les récits sur les indiens et celui-ci n'a pas dérogé. Une chouette lecture !



Une narration à la première personne nous met en lien immédiat avec l'intimité de la jeune Winona. Le style direct, parfois plein de poésie, parfois très familier m'a au premier abord déstabilisée mais très rapidement séduite. L'histoire est racontée de l'intérieur avec toute la complexité du personnage, cette jeune indienne dont les rêves vont être anéantis dans une époque trouble et cruelle.



Cette drôle de famille que forment Winona, Thomas, John mais aussi Rosalie, Tennyson et Lige doivent faire front aux violence, au racisme et se soutenir.

La guerre de sécession est encore dans tous les esprits, certains blancs ne peuvent accepter les noirs émancipés mais les indiens comptent encore moins, les lois ne leurs sont même pas appliquées.

C'est dans ce climat tendu que la jeune Winona qui a réussi à avoir un poste à responsabilité chez l'avocat Briscoe rêve de mariage avec Jas Jonski qui la courtise. Comment résister à 17 ans à cet homme bien au dessus de sa propre condition qui lui fait entrevoir un avenir inespéré.

Mais tout s'effondre un soir, dans une étable sordide.... et il n'est même pas question de pouvoir demander officiellement réparation. Winona ne sera plus jamais la même.



Chevauchée, vengeance, bataille, fusillade, vie de famille, quotidien, l'auteur nous dresse un tableau de l'époque saisissant racontée par cette voix singulière à la fois naïve et d'une grande lucidité, celle d'une jeune fille dont les premières illusions vont être emportées mais qui se relève grâce à ceux qui l'entourent et aux souvenirs de son peuple disparu. Il y a beaucoup de fierté et d'intelligence chez Winona, une héroïne très attachante..

Ce récit est vivant, plein d'aventures mais c'est aussi et surtout une belle histoire de tolérance et d'amour.



Un bémol cependant, il y a de nombreuses allusions au tome précédant et j'ai été très frustrée de ne pas l'avoir lu, je pense que j'aurais beaucoup plus apprécié les personnages en ayant suivi leurs premières aventures...



Merci à Babelio et aux Editions Joelle Losfeld
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Des jours sans fin

Dans les années 1850, Thomas McNulty n'a pas quinze ans quand il quitte son Irlande natale, fuyant la famine et la misère, pour tenter sa chance en Amérique. Dans le Missouri, il fait la connaissance du beau John Cole, un garçon de son âge, un vagabond venant de Nouvelle-Angleterre. L'amour de sa vie, qui ne le quittera jamais plus. Ensemble, ils sillonnent le pays d'est en ouest, du nord au sud. Ils travaillent tout d'abord pendant deux ans dans un saloon de Daggsville, où, pour divertir les mineurs avinés, ils dansent travestis en femmes. Il faut dire que les membres du sexe féminin ne sont pas légion en ville. Puis leurs corps changeants ils n'ont pas d'autres choix que de troquer leurs robes contre des tuniques bleues. Nos deux amis, qui n'ont que très peu d'éducation et ne savent rien faire d'autres que danser, s'engagent dans l'armée. Comme le dit John Cole c'est au moins l'assurance d'avoir à manger, un toit sur la tête et sa solde à la fin du mois. Mais l'armée c'est aussi des marches forcées à travers les Grandes Plaines, à supporter le froid, les privations et la faim. Les deux adolescents participent aux guerres indiennes et à ses nombreux massacres contre les Sioux. Justement lors d'un de ses violents assauts, ils recueillent une petite indienne du nom de Winona, qu'ils adoptent et devient leur fille. Et lorsqu'ils pensent en avoir fini avec l'armée, ils s'engagent de nouveau, du côté de l'Union contre les États Confédérés dans la guerre de Sécession.



Des jours sans fin c'est l'histoire de Thomas, "une minuscule âme parmi tant de milliers", qui fait écho à l'histoire de ces milliers d'hommes qui quittent l'Europe pour le Nouveau Monde. De ces hommes qui doivent faire de leur survie une lutte quotidienne. Nous sommes loin de la vie héroïque de "Little Big Man", ici, il s'agit de la vie de deux hommes qui cherchent à vivre simplement dans le tumulte et le chaos de cette deuxième moitié du XIXè siècle. Sebastian Barry nous livre un roman magnifique où la beauté d'un amour pur côtoie la violence et les horreurs de la guerre, où l'amitié et la tolérance se heurtent de plein fouet à la haine et à la bêtise humaine. Dans un style limpide, intimiste mais universel, grave mais poétique, on se laisse porter par ce récit épique au souffle romanesque.



Je ne connaissais pas Sebastian Barry, je dois avouer ce livre est une magnifique entrée en matière. Je ne devrais pas tarder à découvrir "Le testament caché", qui me fait envie depuis un bon moment.
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Du côté de Canaan

Je retrouve, comme dans Quatre jours en mars, un roman écrit par un homme et dont la narratrice est une femme, âgée de quatre-vingt-neuf ans, qui plus est… On se doute que, vu son grand âge, elle a beaucoup à raconter, et quantité de réflexions à faire sur sa vie.

J'ai été tout de suite intriguée par cette vieille dame, Lilly Bere, qui vit sur la côte est des états-Unis, et qui, venant de perdre un être proche et très aimé, se remémore ses jeunes années, et ce qui l'a amenée dans le « Nouveau Monde ». Et le moins qu'on puisse dire, c'est qu'elle a survécu à bien des épreuves. Notamment lorsqu'elle dut, toute jeune fille, fuir l'Irlande avec son fiancé menacé de mort par l'IRA. Elle n'a pratiquement aucune prise sur sa vie à ce moment-là, mais au fur et à mesure des années, elle prendra une part de son destin en mains, celle que les guerres n'auront pas réussi à briser.

J'ai trouvé le style, sans oublier sa traduction, remarquable, composé de phrases courtes pour le temps présent, et qui s'emballe en longues suites de propositions pour le passé, en donnant au lecteur un léger tournis, une sensation indéniable de temps qui s'accélère.

Lily est un personnage fort, un caractère qui s'est forgé et a résisté dans l'adversité et les épreuves. J'ai surtout aimé ce qu'elle était devenue au fil des années… elle m'a rappelé un peu le personnage d'Hattie dans Les douze tribus d'Hattie.

Une lecture forte, marquante, et la découverte d'une écriture à la sobriété bien venue.
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Du côté de Canaan

Lilly Bere, irlandaise, vient de perdre son petit fils, Bill. Elle a quatre-vingt-neuf ans et il y a trop de morts dans son histoire. Avant de quitter cette vie, elle tente d'écrire ses souvenirs.



Fille de James Patrick Dunne, chef de la police royale municipale de Dublin, elle épouse Tadg Bere, un Tan (ancien militaire engagé pour lutter contre l'IRA). Menacés de mort par l'IRA, ils s'enfuient en Amérique, terre promise (pays de Canaan) pour beaucoup d'immigrés. Les souvenirs de Lilly sont ainsi une histoire romanesque marquée par les victimes des différentes guerres (guerre d'indépendance irlandaise, première guerre mondiale où elle perd son frère Willie, guerre du Vietnam à laquelle participe son fils Ed, puis la guerre du Koweit pour Bill son petit-fils).



Lilly semble condamnée à perdre tous les hommes de sa vie mais elle est par contre toujours aidée par son entourage. Elle découvre le racisme avec son amie Cassie, une jeune noire avec laquelle elle travaille chez Mme Bellow puis la solidarité irlandaise auprès de sa nouvelle patronne, Mme Wolohan.



Le style narratif qui mêle présent et passé peut gêner certains lecteurs, surtout que se mêlent les errances de pensée d'une vieille dame mais personnellement j'ai apprécié cette façon de redécouvrir une vie.



" Ce matin ma tête est comme un poney indompté qui cabriole."



Le personnage de Lilly est remarquable car même si elle traverse beaucoup de souffrances et de terreurs, elle conserve "une bonté lumineuse", une grâce, une délicatesse qui en font un être attachant, admirable.



J'avais déjà beaucoup apprécié l'auteur dans un précédent roman (Le testament caché) qui lui aussi raconte la confession d'une vieille dame. J'ai retrouvé ici cette atmosphère de destin tragique avec cette réelle compassion et grandeur du personnage principal.



L'auteur bâtit une fresque romanesque passionnante, basée sur l'histoire réelle de sa famille, avec l'arrière-plan d'une époque tragique, l'émotion d'un personnage authentique et un dénouement inattendu qui ajoute une note supplémentaire à cette passion qui m'a tenue jusqu'au bout du roman.



Ce livre est pour moi un coup de cœur parce qu'il correspond à ma sensibilité et que je tiens à le défendre dans cette rentrée littéraire qui en parle peu.
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Au bon vieux temps de Dieu

Après une vie difficile le flic Tom Kettle vit sa retraite le plus paisiblement possible, un peu cloîtré, au contact de la nature dans une banlieue maritime de Dublin. Et ce jusqu'au jour où deux inspecteurs frappent à sa porte pour soulever une vieille affaire à laquelle il aurait peut-être été mêlé. Voilà la trame du livre.

Cette visite déclenche chez Tom une avalanche de réminiscences. Déstabilisé, remué, son passé lui revient en force, comme des bulles crevant à la surface d'un épais magma.

Sa femme adorée est morte, victime comme Tom de la sale histoire irlandaise, à savoir la maltraitance et les abus dont on été victimes tant de jeunes Irlandais de la part du clergé catholique, et ce dans le silence et l'ignorance voulue des autorités.

Ses enfants ont également disparu, on saura peu à peu comment et pourquoi.

Comme dans d'autres romans de Sebastian Barry, Tom s'avère être un beau personnage, meurtri par la vie mais plein d’humanité, sensible, aimant, amoureux du bonheur sous toutes ses formes.

A noter la tenue et la maîtrise de la narration par l'auteur, qui suggère longtemps avant de dire et qui a le sens des détails qui font mouche.

Un livre superbe.
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Au bon vieux temps de Dieu

Tom Kettle, un ancien inspecteur de police de 66 ans, est retraité depuis neuf mois et vit seul dans une petite dépendance du château victorien occupé par Mr Tomelty sur l’île de Dalkey en Irlande. Il aperçoit bien le propriétaire et les locataires de temps à autre mais ne reçoit jamais de visite, aussi est-il surpris lorsque deux policiers se présentent chez lui pour l’entretenir d’une affaire d’abus sexuel au sein de l’église catholique dans laquelle son nom est évoqué.



Une visite qui fait remonter à la surface de sombres souvenirs .

Tom et son épouse, June, ont tous les deux grandi dans un orphelinat et n’ont pas été épargnés par les gestes répugnants des prêtres.



Tom, endeuillé par la disparition de sa femme et de ses deux enfants, puise sa résilience dans ses souvenirs heureux et les visions et conversations qu’il entretient avec les défunts et le vivants parfois.

Nous ne savons jamais très bien quand l’auteur nous emmène dans la réalité, la démence ou le rêve.

Tout se mélange dans une écriture envoûtante qui rend parfaitement l’altération de la mémoire causée par les traumatismes.

Des dommages immuables qui affectent aussi la descendance des victimes.



«Au bon vieux temps de Dieu» est un roman puissant et douloureux qui relate l’épisode honteux des abus sexuels au sein de l’église catholique irlandaise et ses conséquences tout en abordant la solitude qui s'insinue après la retraite et l'éclatement familial.



Je découvre avec ce titre l’écriture incroyable de Sebastian Barry qui m’a immédiatement séduite tant par sa poésie, son symbolisme et son lyrisme gothique dans la description des paysages irlandais que par la profondeur de la psychologie des personnages principaux auxquels on sent qu’il voue une réelle affection.



Une lecture coup de cœur qui me marquera longtemps.
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Des jours sans fin

Thomas McNulty nous livre son histoire.

Jeune irlandais qui a vu sa famille toute entière succomber à la Grande Famine qui a ravagé son île, il a décidé de la quitter pour traverser l’océan et tenter sa chance dans cette Amérique du milieu du XIXème siècle.

Mais à son arrivée, c’est à nouveau la faim qui le tenaille sur les routes de ce pays en pleine construction.

C’est d’ailleurs au bord d’une route qu’il va rencontrer John Cole alors qu’ils n’ont tout deux qu’une quinzaine d’années

John Cole qui sera son grand amour et avec qui il va traverser le siècle en faisant tous les métiers, de danseurs travestis dans les saloons de l’ouest dont les seuls clients sont des mineurs abrutis de whisky, jusqu’aux rangs de l’armée dans laquelle ils s’engageront et livreront toutes les batailles depuis celles contre les Indiens jusqu’à celles fratricides de la Guerre de Sécession.

Puis fatigués de tout cela, ils finiront par se transformer en fermiers dans une petite ferme du Tennessee où ils essaieront d’élever Winona petite fille Sioux qu’ils ont réussi à faire échapper au massacre de sa tribu.

Mais pourront-ils vraiment vivre en paix ?

Très belle épopée à travers ce siècle sanglant dans un jeune pays dans lequel tous les coups étaient permis surtout les plus mauvais.

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Des jours sans fin

Une découverte que cet auteur que je ne connaissais pas du tout et que je vais continuer à lire, c'est sûr!

Ce roman est une pure merveille ! Pourtant dur et cruel comme l'est le destin de Thomas McNulty, le narrateur, misérable parmi les misérables de ce XIXe siècle, de la grande famine en terre d'Irlande qu'il fuit, aux guerres indiennes, aux massacres des tribus indiennes plutôt, à la pauvreté de la vie de soldat, à la guerre de Sécession, 1ere guerre moderne. Touchant, bouleversant comme l'affection qu'il porte à John Cole, son compagnon de fortune, son amour, à Winona, l'enfant indienne, qu'ils considèrent comme leur fille. A tous ceux qu'ils croisent et auxquels ils s'attachent et qui s'attachent à eux.

C'est un western brutal, impitoyable, terrible, loin des western en chemises bleues bien repassées de John Wayne. Les hommes meurent, dans le sang, dans la douleur, soudainement, au hasard du destin, les femmes, les enfants aussi, indiens, noirs à peine libérés de l'esclavage. Que vaut la vie d'un pauvre ? et particulièrement d'un irlandais ? Pas grand chose …

Quand ils ne font pas la guerre, Thomas et John se débattent, se démènent, jouent aux cartes, au théâtre, s'emmêlent dans des robes et des dessous de femmes pour donner un peu de joie aux hommes perdus dans ces contrées inhumaines, fondent une famille élargie, deux hommes qui s'aiment, des noirs, une indienne, un coupable ...

J'ai aussi aimé l'écriture, simple, directe, en "je", au présent, avec de belles métaphores, des images très justes, de la lumière, des ombres, des impressions par touches, du fracas et des larmes, parfois très crues.

Roman d'amour et de guerre.

Ce livre ferait un superbe film...









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Du côté de Canaan

Sebastian Barry nous livre une fresque tragique, entre Irlande et Amérique qui nous permet de suivre quelques évènemets de la grande Histoire du XXème siècle au travers de la vie bien remplie de Lilly Bere. Jeune irlandaise né au début du siècle dernier, elle est obligé de fuir l'Irlande qui lutte pour son indépendance car son fiancé apppartient à la milice fidèle la Grande Bretagne.

A cette déchirure initiale avec sa famille, nous allons suivre le destin de Lilly, racontée par elle même alors qu'elle a quatre vingt neuf ans et viens de perdre son petit fils Billy.

Dans un style qui permet de retranscrire la condition de la narratrice entre bon sens et naïveté, Sebastian Barry nous permet de passer par toutes les émotions, souvent sombres et dures. Mais parfois lumineuses.

On voit que la vie de Lilly a été influencée de manière profonde et durable par la folie des hommes : la guerre (la première guerre mondiale, celle du Vietnam, la première du Golfe), le racisme et la confusion mentale qu'il irrigue dans une société, les luttes armées d'indépendance.

Un roman poignant du début jusqu'à la fin, qui me donne sincèrement envie de lire les autres ouvrages de l'auteur, dont certains semblent retracer la vie de personnages évoqués dans ce livre.
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