Une virée italienne entre songe et fantasme, acoustique des années 1970 et photographie solarisée, désinvolture et mélancolie.
le nouveau roman de Sébastien Berlendis paraît en librairie le 3 janvier 2024 !
https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/lungomare
#litterature #rentreedhiver
Un repas de midi, et le blanc partout qui éclate et fait plisser mes yeux. Le blanc des nappes, des serviettes, celui des robes, des fleurs de marguerite, des rubans dans les cheveux, la blondeur brûlée par le soleil de mes sœurs jumelles, les blancs des voiles du bateau qui attend, accroché au ponton. Seul le rouge des fraises des bois ramassées le matin, éparpillées sur la table à la fin du déjeuner, vient rompre cette blancheur.
( Texte d'un ado anonyme)
« Les filles s’écartent du sentier pour gagner les fougères hautes. Elles nous prennent la main, je suis un garçon qui marche derrière une fille, le sang et le cœur retourné. (p. 34)
Le dernier cap est en vue, nous ne pouvons pas être plus au sud, les pins déversent leur masse sombre, mes yeux fixent la ligne blanche de la route, mes mains déplient la carte géographique, retracent l'itinéraire. A certains endroits, le bitume s'effrite, les virages flirtent avec le vide, le vert du maquis, les agaves en fleur contrastent avec le bleu de la mer.
Depuis six ans la maladie est dans chaque parcelle d'espace, l'asthme forme un dépôt qui durcit la poitrine. Je ne dors presque pas.
« Des récits de mon grand-père, c’est cette image du peuple en vacances qui m’émeut, l’image d’une vie d’été avec ses stéréotypes à laquelle je demeure fidèle. » (p. 22)
[...] j’évoque un texte argentin récemment mis en scène au théâtre. Je raconte l’histoire de ce jeune garçon qui perd la mémoire. Bientôt il ne pourra garder qu’un seul souvenir, dernier souvenir qu’il peut néanmoins choisir. Je propose aux élèves de se mettre à la place du jeune garçon et d’écrire sur leurs plus beaux papiers le souvenir qu’ils souhaiteraient conserver.
« Cet été, Louise découvre la plage, les garçons, la frénésie, son corps. Avec elle, je découvre le mien. » (p. 50)
« Les images d’une adolescence au soleil continuent de modeler mon désir et mon imaginaire. Je me construis dans les souffles chauds, les idylles, l’horizon bleu, le sel marin. » (p. 71)
« Sans la présence de mes souvenirs et la voix de mon grand-père verrais-je autre chose qu’une étendue sèche de sable et des caravanes désolées. » (p. 81)
J’aime tant l’odeur et le goût des serviettes trempées d’eau de mer qu’il m’arrive souvent de mordre le tissu-éponge.