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EAN : 9782330186623
Actes Sud (03/01/2024)
3.41/5   11 notes
Résumé :
Plein été sur la baie de Gênes : Sébastien Berlendis promène les amours qui l'ont construit en suivant la via Aurélia, ses anciens palais, ses corniches et ses stations balnéaires. Une virée italienne le long du lungomare entre songe et fantasme, acoustique des années 60 et photographie noir et blanc, désinvolture et mélancolie.
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sébastien Berlendis dont j'avais énormément aimé “Des saisons adolescentes”, des courts témoignages d'adolescents , dans son dernier livre nous entraine en Italie, sur la côte ligurienne. Il revient sur les pas de ses parents qui jeunes y passèrent plusieurs étés, superposant leurs photos jaunies à sa propre ballade estivale avec son amie , l'énigmatique Annabella.
Plages, petits villages, mystérieux villas art déco abondonnées, minuscules criques, nuits étoilées, ….Benderlis lui-même photographe, d'une écriture sensuelle où chaque phrase est une image ,
nous entraîne dans un beau voyage, où passé et présent se confondent. Malgré l'infinie beauté de l'Italie au soleil, la poétique de la décadence et de l'abandon revient constamment avec des images de bâtiments dénués de leurs anciennes splendeurs, villas majestueuses qui s'écroulent, zones industrielles lugubres et hors d'usage, colonies balnéaires abandonnées….triste réalité de cette côte ligurienne.

Un beau petit livre que je conseille à tous les amoureuses et amoureux de l'Italie.

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❝L'Italie est un rêve qui revient sans cesse pour le reste de votre vie.❞
Anna Akhmatova

❝Avant de gagner les forêts hautes du Val di Vara, fenêtre ouverte, je tourne mon regard vers la Méditerranée. le vert des aiguilles de pin, le bleu du ciel et de la mer, les scintillements d'argent, voilà les couleurs de mes étés, trois teintes qui suffisent à la perfection du tableau.❞

Lungomare de Sébastien Berlendis vient de paraître aux éditions Actes Sud dans la collection Un endroit où aller créée au mitan des années 1990 par Hubert Nyssen dont le souhait était qu'elle accueillît ❝[des textes] comme un endroit où aller quand vient, avec l'envie de lire, le désir d'un rendez-vous qui restera présent dans la mémoire.❞

Le temps d'un été, Sébastien Berlendis déambule le long de la côte ligure, entre San Remo et Portovenere, entre présent et souvenirs, réalité et fantasme.

❝Comme chaque fois que je ne parvenais pas à laisser l'été, et la grande joie que je découvrais alors dans les rues de la ville contribuait à le relancer dans l'instant. Trois palmiers protègent toujours les balcons de l'hôtel Miramare, les lettres jaune citron de son nom impriment le blanc des façades, rien de clinquant mais une désuétude bienvenue. Les bains de l'hôtel en face de celui-ci, il n'y a qu'à traverser le boulevard, poser sa serviette sur les transats de couleur crème, déplier le parasol rouge, regarder le spectacle de la plage, cet art italien de la passeggiata qui se déploie jusque dans la mer, attendre enfin que passe Annabella.❞

Il est le « Je » de ce bref roman d'à peine 80 pages qui, dans son style, n'est pas sans rappeler les carnets que glissent dans leur poche les voyageurs désireux de garder une trace de ce qu'ils ont vu et éprouvé, s'affranchissant de toute recherche stylistique, pour rendre sensibles la beauté inépuisable des lieux et la fascination des êtres qui les fréquentent.

❝Il est impardonnable de voyager – et même de vivre – sans prendre de notes. Sans cela, le sentiment mortel de l'écoulement uniforme des jours est impossible à supporter.❞
Franz Kafka

La via Aurelia est bordée de paysages somptueux alternant plages alanguies, pins maritimes et collines où émergent d'un fouillis de végétation sauvage des villas de style Liberty à la ❝désuétude bienvenue❞. le narrateur et la sensuelle Annabella venue de Gênes parcourent les pièces en clair-obscur de ces demeures à la beauté flétrie et à l'abandon, chargées d'absence et de mélancolie, telles que les peint Matteo Massagrande. On se prend à penser avec Jules Renard : ❝J'ai bâti de si beaux châteaux que les ruines m'en suffiraient.❞ Si je me suis souvenue instinctivement des tableaux de cet artiste padouan, c'est parce qu'ils évoquent la lumière d'Italie, l'esprit d'un lieu et d'un temps presque immobiles, funambules entre passé et présent, entre deux nostalgies, figés dans une intemporalité silencieuse et ouatée. Une poétique de la ruine est aussi, je crois, au coeur de Lungomare, in fine plus peinture ou photographie que roman.

❝[...] les façades des hôtels de passage de la via Aurelia offrent par dizaines leurs volets clos et disloqués. [...] nous repérons les volets clos, les portails branlants, nous entrons quand nous le pouvons pour ranimer des murs endormis le temps d'une déambulation et de quelques images. Émue, Annabella affirme avec emphase que ces bâtisses ne tiennent que dans l'espoir de notre visite, elle ajoute que ces lieux n'ont pas la capacité de se souvenir.❞

Le moment présent dans la station balnéaire de Roccabianca à une quarantaine de kilomètres à l'est de San Remo – je l'ai cherchée, je ne l'ai pas trouvée – avec sa petite foule de personnages secondaires, se trouve augmenté des fragments du passé qui viennent brouiller la linéarité du récit pour l'enrichir des Kodachrome jaunis des parents du narrateur dans les années d'avant sa naissance, des souvenirs surgis du clair-obscur de la mémoire ressuscitant des morceaux épars d'enfance dans la maison de campagne elle aussi ❝pas habitable❞.

❝À quelles images demeurons-nous fidèles, à quelle mémoire.❞

C'est un roman singulier qui dit la simplicité de la vie durant un été ligure. S'y agrègent l'instant présent et en surimpression, le passé. Sébastien Berlendis écrit une Italie solaire et charnelle où sous l'apparente plénitude se devine pourtant une mélancolie un peu inquiète. Déjouant l'écueil des banalités stériles, ce roman exquis est un condensé de petits bonheurs – la suavité du jasmin et du mélilot après l'ondée, l'amertume du Campari à la terrasse du café Nelson. On tourne les pages d'un album d'instantanés aux couleurs bigarrées – les parasols rouges et les transats crème, le sable blond et la mer turquoise, le noir des falaises à l'approche de la grotte de Lord Byron, le hâle doré des corps offerts à la morsure du soleil, le rubis clair d'un pendentif gouttant sur la transparence d'une mousseline.

❝Le rivage, le large, le cap, la crique, les pins, autant de mots qui disent sans le trahir le sentiment d'été.❞

J'ai pris un immense plaisir à déambuler sur le lungomare, à saisir à la volée un regard qui s'attarde ; un geste aventureux ; le miroitement frais de la mer ; l'odeur enivrante des pins et le craquement de leurs aiguilles que l'on foule ; le temps qui passe, lent. C'est l'été qui bientôt ne sera plus et dont il faut jouir en rassemblant toutes ses forces pour être heureux.

❝Et cette question qui revient alors : quand le bonheur a-t-il changé d'axe.❞

Cette promenade estivale le long de la côte ligure m'a ramenée à un autre été, en 1959, quand Pier Paolo Pasolini répondant à la commande du magazine Successo emprunta La longue route de sable au volant de sa Fiat Millecento, et révéla la beauté fragile de ce pays où le coeur bat plus fort – le mien du moins.

Un voyage sensuel, baigné de la toujours somptueuse lumière italienne ; une lecture qui habite le lecteur longtemps après que le livre a été refermé. Je remercie Babelio et les Éditions Actes Sud pour cet envoi et leur confiance.

Lien : https://www.calliope-petrich..
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En préambule, un grand merci tout bleu azur à Babelio et Actes Sud pour cet envoi "masse critique" !
C'est un petit livre, court comme un été qui passe trop vite.
L'auteur nous emmène dans ses bagages, un peu comme si nous étions son carnet, ou son appareil photo.
C'est certain, on est bien sur la côte ligurienne.
Par une succession de tableaux, toute la langueur estivale est là (dans un style qui m'a un peu dérouté) : la plage, les transats, les hôtels, pensions de famille, villas abandonnées, vacanciers italiens dorés, amours d'été, campari, jasmin.
Entre ces tableaux, Sébastien Berlendis sort quelques photos d'une vieille boite, vacances passées de ses parents jeunes amoureux sur la côte bleue, et les partage avec nous.
C'est un bon moment, où j'avoue, pardon Mr Berlendis, je me suis parfois un peu ennuyée ; peut-être comme parfois on se sent spectateur desoeuvré lors d'un farniente prolongé ?
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Avec Sébastien Berlendis, on découvre le lungomare, on s'y promène, on se laisse emporter par les rires doux et les chansons de ce bord de mer italien, un été à Roccabianca. Lungomare surprend. Tout à la fois délicieux récit de voyage dans une Italie où l'été semble toujours durer, et presque un court film, une enfilade de plan-séquences.
À travers l'objectif du Rolleiflex et sous la plume de l'auteur qui retranscrit si bien ces images que nous croyons voir, le lecteur se laisse transporter en Italie. Sur les traces d'une mère, en noir et blanc sur des photographiques de l'été 71. Sur les pas d'une femme qui est bien là, fantasme évanescent qui semble jaillir de l'écume. Annabella. Des détails "qui font la beauté du lungomare en été"; c'est ce que l'auteur saisit et retranscrit. Lungomare est bien un "roman de la plage", et Sébastien Berlendis en est tout à la fois l'auteur et le caméraman.
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Voilà encore une belle trouvaille chez Actes Sud. Je n'avais rien lu de cet auteur mais j'ai passé un très bon moment avec ce livre. Il nous emporte en vacances sur la Côte italienne juste avant les vacances d'été et on est emporté dans un voyage au descriptif parfait, il manque l'eau chaude de la Méditerrannée, le soleil brûlant, le farniente enfin l'été avant l'heure. A lire sans hésitation.
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critiques presse (2)
LeFigaro
26 janvier 2024
Berlendis a l’écriture et la sensibilité d’un impressionniste qui revient inlassablement sur le motif, relevant ici un détail, estompant là une couleur trop vive ou une image mal formée.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
LeMonde
16 janvier 2024
Lungomare raconte avec grâce cet oubli des fantômes, que le livre convoque d’abord dans le mouvement délicat de son écriture, puis laisse filer vers notre imagination heureuse, éblouie comme par un soleil d’août.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (5) Ajouter une citation
[...] les façades des hôtels de passage de la via Aurelia offrent par dizaines leurs volets clos et disloqués. [...] nous repérons les volets clos, les portails branlants, nous entrons quand nous le pouvons pour ranimer des murs endormis le temps d'une déambulation et de quelques images. Émue, Annabella affirme avec emphase que ces bâtisses ne tiennent que dans l'espoir de notre visite, elle ajoute que ces lieux n'ont pas la capacité de se souvenir.
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Comme chaque fois que je ne parvenais pas à laisser l'été, et la grande joie que je découvrais alors dans les rues de la ville contribuait à le relancer dans l'instant. Trois palmiers protègent toujours les balcons de l'hôtel Miramare, les lettres jaune citron de son nom impriment le blanc des façades, rien de clinquant mais une désuétude bienvenue. Les bains de l'hôtel en face de celui-ci, il n'y a qu'à traverser le boulevard, poser sa serviette sur les transats de couleur crème, déplier le parasol rouge, regarder le spectacle de la plage, cet art italien de la passeggiata qui se déploie jusque dans la mer, attendre enfin que passe Annabella.
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Avant de gagner les forêts hautes du Val di Vara, fenêtre ouverte, je tourne mon regard vers la Méditerranée. Le vert des aiguilles de pin, le bleu du ciel et de la mer, les scintillements d'argent, voilà les couleurs de mes étés, trois teintes qui suffisent à la perfection du tableau.
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Puis Annabella s'étire longue longue, la nuit lentement sort d'elle, les draps sentent l'iode et l'algue, je me penche par-dessus le balcon, dans l'air, poudroiement de poussières de sable, en contrebas, sur le lungomare, l'alignement des hortensias mouillés de rosée saline.
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À quelles images demeurons-nous fidèles, à quelle mémoire.
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Videos de Sébastien Berlendis (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sébastien Berlendis
Une virée italienne entre songe et fantasme, acoustique des années 1970 et photographie solarisée, désinvolture et mélancolie.
le nouveau roman de Sébastien Berlendis paraît en librairie le 3 janvier 2024 ! https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature-francophone/lungomare #litterature #rentreedhiver
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