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Citations de Sébastien Japrisot (389)


Et pourtant, Kléber m'a dit, plus tard, ce que je devais croire : qu'on prend ce qui vient, au moment où ça vient, qu'on ne lutte ni contre la guerre, ni contre la vie, ni contre la mort, on fait semblant, que le seul maître du monde, c'est le temps.
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Qu'est-ce qu'elle avait pensé pendant tout ce temps où on la tuait? Qu'est-ce qu'on pense quand on vous tue?
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Elle sait que son mari s'est tiré un coup de fusil dans la main gauche et a été traduit devant le conseil de guerre. Un compagnon de tranchée le lui a dit, qui est venu la voir après l'armistice. Elle a renoncé à en connaitre davantage. Le faire-part officiel qu'elle a reçu en avril 1917 portait la mention : tué à l'ennemi. Elle touche une pension, elle a deux petites filles à élever.
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On dort trop et on ne vit pas assez.
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Les hommes dès qu'ils sont ensemble, qu'ils ont trente comme cinquante ans, c'est plus fort qu'eux, ils redeviennent des enfants.
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D'autres se tairont, pour "ne pas avoir d'histoires", pour préserver leur pension:la lâcheté aussi est muette.
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Menteuse comme elle se connaît, Mathilde promet sans hésitation.
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Les lectures sont rarement bonnes pour un garçon de votre âge, elles corrompent l'imagination. Vous recevez une éducation religieuse très poussée, qui vous forme pour la vie et vous permettra plus tard, sans danger, de lire ce que l'on vous interdit à présent pour votre bien.
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Elle s'y connaissait, en trahison, oh oui. Vous prétendez aimer quelqu'un, ou tenir à quelque chose, et puis, à peine le temps de sentir l'aiguille s'écarter de quarante miles, à peine le temps d'une fatigue, le temps d'un souffle, le temps de vous dire : Je ne serais pas capable de tenir à ce quelqu'un, d'aimer ce quelque chose jusqu'au bout », une porte se ferme, vous courez dans les rues, et vous pouvez bien alors vous envelopper chaudement dans les larmes et même essayer pendant des mois de rayer tout cela de vos souvenirs, vous avez laissé tomber, vous avez laissé tomber, vous avez laissé tomber.
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C'est Pin-Pon, bien sûr, qui vient me retrouver. Je lui dis : "j'avais besoin de prendre l'air. C'est déjà passé." Il est tout en noir, comme la première fois qu'on est sorti ensemble. Moi en rose, lui en noir, c'est son idée à lui, il est content avec ça. Il me dit : "S'il y a quelque chose qui te tracasse, tu peux me le dire tout de suite, tu sais. Pas la peine d'attendre qu'on soit marié." Je soulève une épaule, je ne réponds même pas.

p.195
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- Ne vous attachez pas aux enfants, dit la supérieure. A un moment ou à un autre viennent les regrets de ne pas en avoir eu. Je sais de quoi je parle.
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Elle m’a écrit, un après-midi qu’on était seules : Mes yeux, c’est juste pour décorer. Je ne vois même pas jusqu’à mes pieds. Je lui ai dit : « Alors, pourquoi tu ne mets pas tes lunettes ? » Elle m’a écrit : Mes pieds, je m’en fous.
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Je me rappelais la première partie de mon baccalauréat, le soir de l'oral à Roubaix. Les résultats ont été affichés très tard. J'ai regardé les listes plusieurs fois, mon nom n'y était pas. J'ai marché longtemps dans les rues avec une figure de catastrophe, mais le cœur gonflé d'un espoir insensé : on avait commis une erreur, on allait me rendre justice. Il était dix heures passées quand j'ai rejoint Maman-Sup, dans la pharmacie de son frère. Elle m'a laissée pleurer tout mon saoul et ensuite, elle a dit : "On va retourner voir ces listes toutes les deux, moi j'y vois mieux que toi." Ensemble, en pleine nuit, dans la cour d'un lycée désert, nous avons craqué allumette sur allumette pour lire à nouveau les résultats, cherchant mon nom, sachant qu'il devait y être, qu'il finirait par y être. J'avais même une mention.
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Elle m'a dit un après-midi qu'on était seules: Mes yeux, c'est juste pour décorer. Je ne vois même pas jusqu'à mes pieds. Je lui ai dit: "Alors pourquoi tu mets pas tes lunettes?". Elle m'a dit: Mes orteils, je m'en fous.
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Quelqu’un, quelque part, disait de faire attention au fil.

Mathilde ne sait si Manech l’entendait, dans le brouhaha de son enfance, dans le fracas des grandes vagues où elle plongeait à douze ans, à quinze ans, suspendue à lui. Elle en avait seize quand ils ont fait l’amour pour la première fois, un après-midi d’avril, et se sont jurés de se marier à son retour de la guerre. Elle en avait dix-sept quand on lui a dit qu’il était perdu. Elle a pleuré beaucoup, parce que le désespoir est femme, mais pas plus qu’il n’en fallait, parce que l’obstination l’est aussi.

Il restait ce fil, rafistolé avec n’importe quoi aux endroits où il craquait, qui serpentait au long de tous les boyaux, de tous les hivers, en haut, en bas de la tranchée, à travers toutes les lignes, jusqu’à l’obscur abri d’un obscur capitaine pour y porter des ordres criminels. Mathilde l’a saisi. Elle le tient encore. Il la guide dans le labyrinthe d’où Manech n’est pas revenu. Quand il est rompu, elle le renoue. Jamais elle ne se décourage. Plus le temps passe, plus sa confiance s’affermit, et son attention.

Et puis, Mathilde est d’heureuse nature. Elle se dit que si ce fil ne la ramène pas à son amant, tant pis, c’est pas grave, elle pourra toujours se pendre avec.
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Puis soudain, je me suis rappelé que le patron m'avait donné cinq minutes. Pour lui, cinq minutes c'est trois cents secondes. Il est d'une exactitude à désespérer un coucou.
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J'attendrai, tant qu'il le faudra , que cette guerre, dans toutes les têtes, soit ce qu'elle a toujours été, la plus immonde, la plus cruelle, la plus inutile de toutes les conneries, que les drapeaux ne se dressent plus, en novembre, devant les monuments aux morts, que les pauvres couillons du front cessent de se rassembler, avec leurs putains de bérets sur la tête, un bras en moins ou une jambe, pour fêter quoi ?
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En fait, même sans papier tamponné, ils s'étaient unis pour s'aimer et pour se chérir toute la vie, jusqu'à ce que la guerre les sépare.
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Il écrit que tout va bien, que tout va bien, qu'il attend une permission, que tout va bien, une permission pour bientôt, que tout va bien, que tout va bien, ma Matti, tout va bien, jusqu'en décembre où brusquement sa voix se tait, mais Mathilde continue de se persuader que tout va bien, il n'a pas écrit mais c'est qu'il n'avait pas le temps, tout va bien, et Noel passe, et c'est janvier 1917, elle reçoit enfin une lettre qu'un autre a écrite pour lui, elle ne comprend pas, il dit des choses si belles mais si étranges qu'elle ne comprend pas...
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Sébastien Japrisot
Je n'ai jamais vu une personne qui sache rester immobile comme Elle. C'était stupéfiant. On pouvait croire que son cerveau même était bloqué, qu'il n'y avait rien au fond de des grands yeux ouvert.
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Sébastien Japrisot est le pseudonyme et l'anagramme de :

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