AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Serge Bouchard (243)


À partir de 1906, il entreprend de desservir régulièrement les populations indiennes de chasseurs-trappeurs dans le Haut-Saint-Maurice. Il importe de souligner que, déjà à cette époque, le père Guinard était rompu à la discipline des missions éloignées, particulièrement des missions indiennes. Il rencontrait bien la définition d'un missionnaire oblat oeuvrant dans le Grand-Nord canadien. Car il ne faudrait pas oublier que, en 1900, le Grand-Nord, c'était aussi l'Abitibi et le Haut-Saint-Maurice. Ce missionnaire, comme tant d'autres, parlait couramment le cri. Il s'était adapté à la solitude et aux longs voyages en forêt. Contrairement à la plupart de ses contemporains, il appréciait vivement la compagnie des Indiens.
Commenter  J’apprécie          20
Le fruit de la chasse est précieux. Le gaspiller est un acte grave.
Commenter  J’apprécie          20
Nous étions bien, nous étions bons. Nous avons senti votre mépris, mais nous avons tenu à notre dignité : la terre natale est sacrée. Elle était belle, nous étions beaux.
Commenter  J’apprécie          20
Le langage nous cache les uns aux autres, il est une ruse. Blaise Pascal allait plus loin. Il disait que ce qui réunit les humains, ce sont les malentendus sur lesquels ils s'accordent. Dès lors, la clarté et la précision n'ont pas la valeur qu'on leur donne. Nous ne voulons pas nous faire entendre. Nous voulons plutôt ajouter aux mystères de notre communication symbolique. L'être humain n'est ni un émetteur ni un récepteur, c'est un « malentendeur ».
Commenter  J’apprécie          20
Le hurlement du loup donne à penser tandis que l'aboiement hystérique du chien agace.
Commenter  J’apprécie          20
Lorsque l'imaginaire surgit, la moindre image embrouillée parle plus qu'une pie.
Commenter  J’apprécie          20
Le sage dirait encore : la vie dure le temps d'une étincelle qui s'envole au-dessus des braises et des flammes. Dans le langage de l'éternité et du point de vue de l'infini, le mot longévité n'existe pas. Nous savons tous qu'un jour ou l'autre le rideau tombera. Mais en attendant, répétons. Chaque matin nouveau est encore plus précieux que celui d'hier, appelons cela, avec Romain Gary, « la promesse de l'aube ».
Commenter  J’apprécie          20
Par un jour glacial du mois de janvier 1806, se tenait au village une soirée de contes. Ce genre d’événements venait tromper l’ennui de l’interminable hiver. Les habitants encabanés recherchaient un peu de divertissement et, dans ce monde, on attachait une valeur considérable à la parole et aux histoires bien racontées. Les cultivateurs assistaient nombreux aux soirées, applaudissant les conteurs comme on acclame aujourd’hui les acteurs et les humoristes. Ce soir-là, un bel homme s’exécutait, et ses fabulations étaient merveilleuses. Ce voyageur revenait d’un long séjour dans les Pays-d’en-Haut. Ses récits sur les animaux sauvages, les nations indiennes, les forêts infinies au-delà du grand lac supérieur captivaient l’auditoire. Dans la salle paroissiale, le conteur jouait sur le contraste entre la vie rassurante du village et les trames aventureuses des grands espaces forestiers et des plaines de l’Ouest, là où tout pouvait arriver, y compris des choses jamais vues par les yeux d’un honnête homme.
Commenter  J’apprécie          20
Disons plutôt: une aventure, une saga, une autre traversée de la démesure vécue par une petite femme simple, en des temps où les expressions «randonnée pédestre», «canot camping» et «sport extrême» n’avaient aucun sens.
Commenter  J’apprécie          20
Le temps d’une dizaine d’années, Joseph le vieux– nous l’appellerons ainsi pour le distinguer du petit Joseph – continua ses voyages et délaissa complètement Watunna et son enfant Métis. Cela n’était en rien inhabituel, ces hommes libres s’attachaient rarement à un lieu. Par contre, ils se souvenaient de leurs femmes et revenaient régulièrement voir leur progéniture. Esseulée et croyant que son époux était mort ou reparti dans l’est, Watunna se remaria et confia le petit à une autre famille de la communauté, ses sœurs en fait, qui se chargèrent de l’élever.
Commenter  J’apprécie          20
Voilà une autre catastrophe pour Montréal. En effet, cet incendie rappelle celui de 1721 qui avait rasé plus de cent cinquante maisons, de même que l’hôpital. Et puis l’année dernière, en 1733, il y a eu un terrible tremblement de terre, sans compter l’épidémie de petite vérole qui a emporté tant de gens. L’époque est cruelle, et les voies de Dieu certainement impénétrables. Or, il faut bien le dire, le feu constitue l’ennemi juré des villes: poêles, foyers, bougies, torches, fanaux, tout ce qui réchauffe et éclaire menace jour et nuit la sécurité des habitants. En plus, il y a les gens mal intentionnés. Dès le lendemain de l’incendie, une rumeur circule. Ce serait une esclave, la Négresse de Mme de Francheville – la dénommée Marie-Josèphe, dite Angélique – qui aurait mis le feu.
Commenter  J’apprécie          20
Pour lui, le monde est catholique ou il n'est rien. Pourtant, même s'il est resté durant toute sa vie un homme du dix-neuvième siècle de par sa fidélité aux principes les plus traditionalistes de son temps, Guinard écrit ses mémoires sur un ton qui intrigue. En réalité, puisque c'est un prêtre de faible envergure, son rôle aurait dû être, en admettant qu'il ait eu le goût d'écrire (ce qui n'était pas le cas), de se poser en énergique propagandiste de la vie saine et heureuse dans les régions frontières, au difficile pays de la colonisation.
Commenter  J’apprécie          20
La grande vieillesse, comme la jeunesse, nous écarte du temps, ce sont des terrains protégés où le temps suspend bel et bien son vol, ces temps bénis qui s’écoulent à la poésie et à la rêverie.
Commenter  J’apprécie          20
Dans les montagnes blanches, il y a des arbres noirs. Le Grand Esprit des Caribous fait la loi sur ces immensités stériles. Il donne la vie, il la retire aussi. L’Esprit dit : nourris le bon chasseur, punis le mauvais. J’ai le pouvoir d’encourager la bonne compagnie, celui de sanctionner la mauvaise. Tout repose sur moi, le caribou des bois, le caribou de la toundra. Je suis au cœur du vivant pour qui veut vivre, je suis l’énergie de la taïga. Qui dit caribou dit viande, peau, moelle, os, graisse, omoplate, sang, estomac. Nul ne gaspille la moindre partie de moi, c’est Paspakatshi, notre maître, qui l’a dit. Caribou a force de loi.
Commenter  J’apprécie          20
Je suis le caribou, celui qui donne la force aux hommes, celui qui donne la force aux loups, le garde-manger des meutes et des familles. Mon œil noir réfléchit une étincelle subtile, toute la mémoire du monde tient dans ce clin de lumière, des monts Torngat du Labrador jusqu’en Abitibi, de la
Coppermine à la Porcupine, je suis la vie sur quatre pattes, le petit père des petits peuples du Nord, l’Atik des Innus, la fale à l’air, la fale toute blanche, l’inépuisable marcheur.
Commenter  J’apprécie          20
Je crois que les épinettes noires surveillent l’éternité.
Commenter  J’apprécie          20
Nous sommes devant un champ de ruines, nos vieilles granges s’effondrent comme le signal d’un naufrage. Il est grand temps de remettre la beauté au programme politique d’une société à créer.

Rappelons-nous : l’état des lieux est un état d’âme.
Commenter  J’apprécie          20
Mais qui oserait se lancer en politique en proposant que le professeur devrait avoir autant sinon plus de prestige que le médecin? Nous devrions honorer l’enseignant, doubler son salaire, surveiller et célébrer son travail, reconnaître en lui l’architecte de la société de demain. Ici, commence le déniaisement, dirait mon Jankélévitch.
Commenter  J’apprécie          20
LA LEÇON DE LA MAMAN LYNX

Il ne s'agit plus de savoir s'il y aura assez de lièvres à manger, il s'agit plutôt de reconnaître que nous avons détruit la forêt où vivaient le lynx et le lièvre, nous avons empoisonné l'air et l'eau, pollué les mers, transformé la terre en un petit fourneau, tout cela au nom des droits sacrés du progrès . Tous aux abris, nous ne sommes plus les enfants de la nature.
Commenter  J’apprécie          20
Plus rien n’existe que cet instant, que cette scène où nous discutons, Marie et moi, en buvant notre tasse de café. Mais le meilleur, c’est quand elle ne dit mot, quand je garde moi-même le silence, et que nous nous entendons penser, elle dans ma tête et moi dans la sienne.
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Serge Bouchard (381)Voir plus

Quiz Voir plus

Terrienne

Par qui l'histoire est-elle perçu au début du roman?

Anne
Etienne Virgil
Gabrielle
Mme Stormiwell
Mme Colladi
Victor

18 questions
1035 lecteurs ont répondu
Thème : Terrienne de Jean-Claude MourlevatCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..