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Critiques de Serge Bouchard (70)
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Confessions animales : Bestiaire

Coup de coeur !

Extrait : " Je suis le raton laveur patrouilleur de nuit. Je suis plus voleur que laveur. Mon masque, mes empreintes, mes frasques nocturnes, mon plaisir d'être en bande, mon goût de me battre contre la mouffette, ma finesse, mes petits yeux noirs, ma dextérité, tout mon être en fait foi. Avec des mains habiles comme les miennes, on chipote plus que l'on nettoie. Je suis à la tête du monde interlope des animaux sauvages, receleur, querelleur. Je cherche noise à tout ce qui n'est pas moi, un petit chef de bande qui impose sa loi. (p 38)



Délicieux livre du québécois Serge Bouchard, une très belle surprise !

L'auteur se glisse dans la peau - et la tête - de nombreux animaux sauvages et présente l'essentiel de chacun ; parce que chaque espèce a une allure, un caractère et un rôle propre, chaque petit chapitre est un petit bijou d'observation, de réflexion et de drôlerie.



Les animaux nord-américains nous parlent ici de leurs existences, de leur milieu de vie, de leurs amours (très important l'amour), de leurs rapports avec les humains, qu'ils n'aiment pas trop en général ; ainsi le loup "Je te crains. Chez moi, la peur de l'homme est innée." ou encore le carcajou "... je ne blaire pas les hommes, leur présence, leur odeur, leurs manières et leur mentalité."



C'est merveilleux, émouvant, poétique, intelligent et instructif ! À lire et à relire, juste pour le plaisir !
Lien : https://www.les2bouquineuses..
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De remarquables oubliés, tome 1 : Elles ont f..

Je le commence à peine, que j'ai déjà envie de faire un commentaire ! C'est une pépite ! C'est apprendre l'histoire différemment avec une plume incroyablement riche mais fluide, c'est une aventure à chaque nouveau récit. Le livre est divisé en 15 récits pour 15 femmes. J'ai été transportée dès la préface, ce qui est, selon moi, une chose rare.

(Ma critique, de janvier 2023, mélange des sentiments ressentis à chaud aux toutes premières pages et à la fin de ma lecture).
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu



Cette traduction de témoignages d’un vieux chasseur innu, recueillis par Serge Bouchard dans les années 70, nous ouvre la porte à un monde déjà disparu. Il nous permet de nous aventurer dans l’âpreté des terres de la taïga, celles entre le Labrador et Tadoussac, qui sont certes d’une grande monotonie, comme les décrit Bouchard lui-même, mais en même temps d’une beauté profonde, magique. En lisant, ces récits de Mathieu Mestokosho, nous pourrions, dans un premier temps, trouver le récit simple et répétitif, et cela serait véridique, parce qu’il l’est, mais c’est plutôt à la réelle vie des chasseurs innus que nous avons accès. Chasser, nourrir la famille, se chauffer, se déplacer selon les mouvements des Caribous. Voilà en quoi consistait la vie de cette époque. La survivance n’allait pas de soi dans ce territoire et les innus avaient des moyens limités, pourtant ils survivaient bien grâce à leur compréhension propre du territoire et à leur science élaborée de la nature, des plantes et des animaux.

Encore une fois Serge Bouchard nous donne accès à des pépites de savoir, toujours avec ce ton profondément humain et aimant de son sujet. Et pour longtemps, je l’espère, sa voix grave et chaleureuse résonnera en nous quand nous lirons ces ouvrages.

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La prière de l’épinette noire

Une série de textes variés, de souvenirs, d’états d’âmes et de réflexions sur le monde.



Le regretté Serge Bouchard, anthropologue de formation, tenait une chronique hebdomadaire à la radio. Ses textes ont été réunis en un recueil fort intéressant.



Il revient sur les thèmes qui lui sont chers, beautés de la nature en péril, réactions face à l’injustice et au sort des Premières Nations, mais tout ça avec une écriture imagée.



Tantôt on s’indigne avec lui, tantôt ce sont des propos qui tiennent du« feel good », d’espoir et de fraternité humaine.



Un beau recueil à lire et à relire.

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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Serge Bouchard était un anthropologue, essayiste et animateur de radio québécois. Il a écrit des essais, des manuels et il est à l'origine de nombreuses études sur les peuples autochtones, vu qu'il est un grand spécialiste du sujet. (Il est décédé en 2021.)

Pour rappel, "l'anthropologie est la seule science sociale qui impose aux chercheurs de s'immerger de façon prolongée dans les modes de vie et de pensée d'une autre société que la leur et dont ils n'avaient jamais eu l'expérience dans leur existence."

Le livre "Mathieu Mestokosho, chasseur innu" nous relate la vie de ce chasseur nomade. L'auteur nous raconte que sa première rencontre avec Mathieu se fit dans les années 1970, il est jeune reporter à l'époque et c'est son premier grand reportage. C'était un monde inconnu pour lui et il décida d'en apprendre plus sur cet homme. Il voulait le rencontrer pour enregistrer sa voix et recueillir sa parole vive, car " il connaissait le monde ancien des chasseurs-cueilleurs ainsi que la modernité."

Nous allons donc découvrir sa vie grâce aux histoires successives qu'il va nous conter. Ses souvenirs sont précis avec de nombreux détails de lieu, de date, de personnes et de situations. On va donc découvrir ce peuple par le pays dans lequel ils vivent (le grand Nord canadien) , par leurs règles, leurs codes, leur société. Et surtout, j'ai découvert, que l'entraide et le partage était une valeur omniprésente dans leur communauté. Sans elle, cela peut les mener à la mort et surtout, il ne faut pas oublier que chacun peut avoir besoin de son voisin à un moment donné de sa vie.

Il nous partagera dans un premier temps ses souvenirs de jeunesse, puis nous aurons de nombreux passages sur la chasse aux caribous. Ils en sont dépendants pour pouvoir survivre. Et surtout qu'il est important de ne rien gaspiller.

J'ai eu l'impression qu'il y avait de nombreuses redites puisque sa vie tourne essentiellement autour de la chasse. Donc, au bout d'un moment, cela m'a un peu ennuyé. J'aurais aimé qu'il aborde un peu plus l'histoire de sa famille, mais le sujet est seulement survolé et c'est bien dommage. Qu'il aurait été intéressant d'en apprendre plus sur le travail des femmes et sur le rôle des enfants. Sur ses sentiments aussi par rapport au sien. Cela aurait enrichi ce récit. Par contre j'ai appris beaucoup sur leur technique de chasse et cela était fort intéressant.

Cet ouvrage m'a rendu curieuse et donné envie de découvrir d'autres peuples et cultures.

Je remercie Babelio pour cette découverte ainsi que les éditions Dépaysage qui sont spécialisées dans la publication d'ouvrage d'anthropologie.
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Les yeux tristes de mon camion 

Ensemble de textes de quelques pages, mélange d’anecdotes vécues et de réflexions personnelles ou philosophiques.



L’auteur reprend ici les sujets qui lui sont chers comme la nature et le traitement des peuples autochtones, mais il parle aussi des camions et des plaisirs de la route, du sport, le baseball qu’il écoute à la radio ou le football américain qu’il suit à la télé.



Plusieurs textes touchent aussi l’âge, comment faire face à l’inéluctable déclin du vieillissement et à l’abandon dans la mort.



Si on a lu d’autres livres de cet auteur, on croit qu’il se répète, que c’est un peu la même chose, jusqu’à ce qu’au détour d’un paragraphe une phrase nous touche au cœur ou nous remue l’esprit. On se dit alors qu’on a bien fait de prendre ce livre et de repenser à ces choses.

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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Vous connaissez ma passion pour les éditions Dépaysage qui ont notamment publié les romans de Michel Jean, des coups de cœur absolus. Je n’ai donc pas hésité une seconde à tenter ma chance auprès de Babelio et j’ai remporté ce livre lors d’une masse critique. Ce n’est pas un roman mais un essai d’un anthropologue sur la vie d’un chasseur innu. Serge Bouchard a recueilli le témoignage et les anecdotes de Mathieu Mestokosho dans les années 1970, il avait alors plus de 80 ans. Il nous parle donc d’une autre époque, où les innus vivaient dans la nature, avec la nature et chassaient pour se nourrir. J’ai trouvé ce livre passionnant. Je crois que je dois avoir un penchant pour les sciences humaines, la sociologie, l’anthropologie. J’aime découvrir comment vivent d’autres cultures. Je ne suis pas du tout portée sur la chasse mais on apprend effectivement les techniques de chasse et de conservation de la viande, le traitement des fourrures. J’ai appris beaucoup de choses sur les animaux chassés : le caribou, le porc-épic, la loutre, le castor, le lièvre, etc.

Il nous explique aussi les déplacements, les saisons, le campement, le rôle de chacun et surtout la solidarité entre innus. Ils partageaient leur nourriture avec ceux qui n’avaient rien ou avaient été malchanceux à la chasse. On parcourt à pied ou en canoë les paysages du Canada.

Le livre débute par un avant-propos très éclairant puis il est divisé en 7 chapitres : les souvenirs de jeunesse, les grandes chasses au caribou, un hiver dans la région de Uinukupau, réflexions sur la présumée paresse des Indiens, la vie quotidienne dans le bois, etc.

Les paroles de Mathieu Mestokosho sont retranscrites d’après les enregistrements sonores, si bien qu’au fur et à mesure, en lisant les sortes d’aventures de ce chasseur innu, on entend presque sa voix. Une voix qui nous parvient comme un miracle, puisqu’il n’y avait pas ou peu d’écrits sur cette époque, celle de « la dernière génération d’innus à avoir passé leur vie entière dans le Nitassinan, confrontés, de campement en campement, du lac Brûlé à la rivière Saint-Jean, aux incommensurables forces de la nature. » Une mémoire, un témoignage d’une grande valeur que je suis heureuse d’avoir lu. Merci aux éditions Dépaysage pour ce travail éditorial.

Je vous invite d’ailleurs à soutenir cette petite maison d’édition avec la souscription en cours pour leur prochaine publication. Il s’agit d’une biographie sur Laura Ingalls Wilder. Oui l’héroïne de la série TV que nous avons tous regardée il y a quelques années (et qui ne doit pas parler aux plus jeunes) ! Comme souvent la série est adaptée d’un livre.


Lien : https://joellebooks.fr/2023/..
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Ce texte est le témoignage, recueilli dans les années 1970 par l'anthropologue canadien Serge Bouchard, d'un Innu né à la fin du XIXè siècle. Texte certes intéressant et instructif, mais dont la lecture peut vite devenir lassante. La première partie, notamment, est la description d'interminables journées de chasse au caribou, qui finissent par toutes se ressembler. C'est certes un élément central de la culture innue, mais à la lecture, c'est un peu fastidieux. La deuxième partie m'a davantage intéressé ; la chasse y reste omniprésente, mais on découvre entre deux des éléments sociaux et culturels : les traditions, les tabous, l'entraide, les relations avec les trappeurs blancs, les déplacements, les modes de conservations de la viande, la disette qui menace dès que la chasse ou la solidarité du clan familial s'enrayent. A lire donc, pour découvrir l'univers radicalement différent du nôtre du peuple innu. L'introduction et les (trop rares) notes permettent de remettre un peu de justesse dans notre perception des peuples autochtones "injustement honnis ou naïvement adulés"
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Nous avons là le récit d'un innuu, chasseur et nomade, de son quotidien avec les saisons et de la place centrale, presque religieuse, de la chasse. Les propos ont été recueillis par Serge Bouchard, qui fait d'ailleurs une introduction brillante et une analyse très juste de la société. Il m'a manqué ses éclaircissements durant ma lecture, et j'aurais aimé une alternance entre le récit de vie de Mathieu Mestokosho et le regard de Serge Bouchard.
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Les yeux tristes de mon camion 

Serge Bouchard raconte magnifiquement l'histoire du Canada et des premières nations d'ici et des USA. On ressent son indignation et sa douleur, sa passion pour ces histoires tues. On a envie de tout connaître sur notre passé sombre, et de tenter de ne pas faire les mêmes erreurs.



J'ai moins apprécié ses récits sur ses road trips et l'histoire des grandes villes des USA, mais il faut dire que les USA ne m'intéresse pas du tout en général.



Je ne sais pas si j'aurais mis tous ces textes dans un même livre, je n'ai pas trouvé de fil conducteur, mais j'ai toutefois trouvé plusieurs textes magnifiques.
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

Préfacé par la journaliste Marie-Hélène Fraïssé, cet ouvrage comporte les récits du chasseur innu Mathieu Mestokosho tels que recueillis par l'anthropologue Serge Bouchard.



On y explore la vie dans les bois des derniers vrais nomades innus. Une vie où la nécessité de la survie occupe la ronde des heures. L'homme n'y est pas dominant, conquérant, aliénant, il prend place dans son environnement au même titre que les autres espèces. Alors bien sûr, il chasse. Et sans doute pour cette raison ce livre n'est-il pas à mettre entre toutes les mains car il comporte de nombreux récits de cette nature. Mais il n'y a rien de barbare dans la pratique des innus. La chasse c'est l'assurance de faire vivre les siens, de ne dépendre de personne et surtout pas de l'argent-roi. Quand bien même quelques vivres sont achetées avec l'argent des fourrures, la priorité reste d'être capable de se nourrir par ses propres moyens.



Il n'existe ni désœuvrement, ni appat du gain dans la vie que nous décrit Mathieu. Au rythme des saisons, on y respire la gratitude, la transmission et la mise en valeur des connaissances et du savoir-faire de son peuple. On y côtoie la solidarité dans les épreuves, la force remarquable des femmes, le respect des anciens et l'oreille tendue à la voix des songes.



Être sourd à tout cela, c'est mourir. Et l'entendre, c'est sans doute voir ce monde disparaître. C'est dans cette pleine conscience que ce témoignage a été prononcé, accueilli et retransmis. Et c'est cette résonance que j'en garderai en moi.
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Récits de Mathieu Mestokosho, chasseur innu

« Le souvenir que j’en garde est celui d’une voix. Mathieu disait la chanson de sa vie, en retrait, dans la pénombre d’un recoin de la pièce principale de la maison, près du poêle, dans sa berçante. Il disait, récitait, racontait, tel un bruit de fond auquel personne ne prêtait vraiment attention mais que chacun entendait en sachant de quoi il s’agissait, la musique sourde et profonde d’une voix qui voyage (…) Mathieu parlait, parlait, parlait, au petit pas du marmonnage, au son réglé de l’incantation, à la manière d’une interminable prière, au souffle d’un très long poème. »



C’est ainsi que l’ethnologue Serge Bouchard récolte au début des années 1970 la parole du vieux chasseur innu Mathieu Mestokosho. Né vers 1885, il appartient à la dernière génération d'Innus ayant vécu selon le mode de vie traditionnel de ce peuple du Grand Labrador, au Nord-Est du Québec.



Les quatre premiers récits sont au plus près du quotidien des Innus, racontant la rude vie au coeur de la taïga : parties de chasse ( caribou, loutre, martre, porc-épic, castor ) et déplacements avec portage au fil des saisons. Ces récits très factuels, répétitifs, sans filtre occidental sans aucun gras romanesque ( aucune péripétie autres que celles imposées par les forces de la nature boréale, aucun événement familial réellement décrit, peu d'émotions mises en avant ) peuvent dérouter le lecteur mais c'est au final leur immense authenticité que l'on reçoit.



Les trois derniers récits quittent le pur factuel pour glisser vers le réflexif, formant un testament moral destiné aux jeunes générations qui n'ont connu que la vie sédentaire en réserve. A eux, le vieil homme rappelle l'art d'être innu : solidarité entre membres, respect des anciens et de la nature, travail et endurance. J'ai été frappée par la puissance collective qui ressort de ces récits. La force individuelle est au service de la communauté. Un Innu n'est jamais seul. Les surplus de chasse sont ainsi mis sur des tréteaux ou dans des chaudrons accrochés aux arbres pour permettre à ceux moins chanceux qui passeraient par là de survivre.



Ce qu'il m'a toutefois un peu manqué, c'est l'évocation directe de la spiritualité innue. Lorsqu'il y en a, toute la description du quotidien s'éclaire, notamment toute la question du rapport à la nature. Par exemple, Mathieu Mestokosho raconte que le respect avec lequel sont traités les foetus de caribou trouvés dans le ventre des femelles gestantes. Ou la légende des quatre chasseurs de caribous négligents auxquels Papakassik, l'esprit-caribou vient rappeler leur obligation en parlant à travers la bouche du chaman. La chasse n'est pas une conquête sur le monde animal mais une nécessité, la vie dépendant de l’étroite relation des hommes et femmes à la terre, aux animaux, aux végétaux, à l’univers. Ne pas tuer pour rien est un impératif, gaspiller une ressource une faute pouvant déclencher la colère de la nature.



En fait, les récits de Mathieu Mestokosho ne s’adressent pas au lecteur occidental ou plutôt s’il le fait, c’est pour combattre les clichés dépréciatifs véhiculés par les premiers observateurs blancs : misère, disette lié au nomadisme. On sent à quel point le vieux chasseur aime Nitassinan ( territoire ancestral en innu-aimun ), son monde perdu investi par son peuple avec créativité et adaptabilité.



Une nostalgie feutrée finit par sourdre derrière la pudeur digne du vieil homme. Les toutes dernières phrases évoquant la beauté des lueurs crées dans les tentes par le feu de roche ( désormais remplacé par un poêle dans une maison en dur ) sont très touchantes.

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De remarquables oubliés, tome 1 : Elles ont f..

Je me suis un peu lassée des bouquins féministes depuis quelques temps. (Ouais je me lasse vite)

Et puis je suis tombée sur celui-ci lors d'un week-end chalet.



C'est l'histoire de 15 femmes (inuites, anglaises, françaises, canadiennes...), "15 remarquables oubliées" Qui ont fait l'Histoire de l'Amérique mais dont on préfère conter celle de leur mari... Aventurières, exploratrices, scientifiques, résistantes, elles ont chacune un parcours assez fou et pourtant... Qui connaît Marie Brazeau, Marie Iowa Dorion ou Susan la Flesche Picotte ?



Ça a beau être un livre de récits historiques, ça se lit comme un recueil de contes. C'est très accessible et loin d'être barbant (ouais pareil je me lasse assez vite des bouquins purement documentaires). Le contexte historique est posé rapidement, pas de longues descriptions d'évènements, pas d'enchainement de dates, mais ça suffit à s'immerger dans la periode.



C'est un livre qui met en avant des histoires de femmes ordinaires avec un parcours extraordinaire et bé...ça fait juste du bien quoi.

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Mémoires d'un simple missionnaire

Un étonnant retour dans le temps Québécois, où à partir de la fin du 19e, un prêtre parcourait les « missions ».



En 1980, le regretté Serge Bouchard avait édité les « Mémoires du père Joseph-Étienne Guinard, o. m. i. (1864-1965) ». Ce père Guinard avait écrit ses mémoires dans les années 40, alors qu’il avait 80 ans. C’est fascinant de lire ses critiques des compagnies forestières qui détruisent l’écosystème.



Il admire la nature qu’il parcourt et a beaucoup d’affection pour les « Indiens » qu’il rencontre, devenus des amis. Il visite les territoires, devenus des « réserves » que les gouvernements n’hésitaient pas à amputer au gré des besoins de l’industrie. Il faut dire que les « Indiens » étaient des pupilles du gouvernement fédéral, ils n’avaient pas le droit de vote ou de propriété dans les réserves.



C’est un peu aussi l’histoire des Missionnaires Oblats qui parcouraient le pays et prêchaient en langues autochtones, qui parlaient le cri ou l’algonquin pour se rapprocher des gens. C’était avant que le gouvernement fédéral impose les pensionnats pour « sortir l’indien » des enfants.



Un récit historique intéressant que celui de ce « simple » missionnaire, car il dit les choses telles qu’il les voit, contrairement à bien des chroniques de l’époque qui ne faisaient que glorifier les exploits des uns et justifiant toutes les actions « civilisatrices »…

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Un café avec Marie

Chroniques du temps qui fuit, du monde actuel et passé, de la vie de couple heureuse, des modes branchées et intemporelles, du sens à donner à l’existence humaine, de nos rapports avec la nature et les animaux qui l’habitent, voilà un condensé bien trop bref pour tout ce que contient cet ouvrage un brin philosophique de Serge Bouchard.

Anthropologue de formation, Serge Bouchard s’est rapidement trouvé un style d’écriture bien à lui qu’il a mis à profit dans de courts essais et textes au bénéficie d’émissions de radio et des conférences. Aucune afféterie dans ce qu’il véhicule, mais beaucoup de bon sens, d’histoire et de respect pour ceux qui sont venus avant nous.

Un auteur que j’apprécie beaucoup et de qui, heureusement, il me reste encore à lire car, à l’instar de Christian Bobin, son décès m’a ébranlée. Ces êtres qui parviennent à décrire de façon juste le monde et la société et nous rendent le quotidien plus merveilleux, à leur disparition, nous laissent au moins en héritage leurs écrits immortels. Profitons-en!

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Confessions animales : Bestiaire

Ce livre est un pur bonheur. Du grand Serge Bouchard. Le lisant, je n'arrêtais pas de sourire. Il s'agit d'un bestiaire. Quarante-quatre espèces d'ici y prennent la parole pour nous rappeler une sensibilité, des savoirs que, bétonnés dans nos vies urbaines, dans nos banlieues géométriques, propres et gazonnées, nous avons oubliés. Que voulez-vous, le Wi-Fi, la 4G, la 5G, la 1000G, nous ont déconnectés de la nature.



Nous en apprenons ainsi sur les comportements de ces animaux, sur nos rapports avec eux, sur l'imaginaire auquel il ont donné naissance, en particulier chez les Amérindiens qui ont fondé sur eux leurs mythologies. Tout un monde de proximité entre homo sapiens et les autres espèces animales.



C'est documenté, rigoureux, mais sans lourdeur. Vous trouverez au contraire dans ces pages des bonheurs de formulation, une poésie imprégnée de grands espaces. Et puis Bouchard est une loutre, il faut qu'il s'amuse. Sa prose est truffée de références qui n'ont aucune raison d'être, sinon le pur plaisir du jeu. En voici quelques-unes : « Chassez, chassez, chassez le lièvre, il en restera toujours quelque chose » ; « le petit père des petits peuples du Nord » ; « Le loup est un homme pour le loup » ; « Quand t’es-tu promené la dernière fois dans les bois ? Homme, y es-tu ? » ; « Qu’est-ce que le spasme de vivre, serai-je aimé, serai-je aimé ? » ; « Voir un loup et mourir » ; « Des souris et des hommes, il faudrait faire l’histoire » ; « humain, trop humain » ; « Mon pays s’appelait Terre Inconnue des Hommes »...



Chaque foyer québécois devrait avoir ce livre, à côté du dictionnaire.
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De remarquables oubliés, tome 3 : Ils étaient l..

Des courts textes qui parlent des Premières Nations, de ceux qui étaient l’Amérique bien avant l’arrivée des Européens. C’est le dernier de la série des « remarquables oubliés », mais c’est aussi dernier livre de Serge Bouchard, paru à titre posthume. On regrettera ce grand homme!



Des chapitres qui suivent à peu près la ligne du temps, des premiers visiteurs européens jusqu’à la conquête par les Britanniques vers 1765. Ils racontent les peuples et les chefs autochtones qui ont fait face aux conquistadores venus pour piller l’or des Incas et des Mayas, puis aux colonisateurs qui recherchaient les richesses du Nord, les fourrures des Algonquins et les Cris.



Les livres d’histoire, même ceux des historiens bien sérieux, recèlent leur part de fabulation, d’interprétation. Serge Bouchard n’a pas son pareil pour remettre en question cette histoire, celle des vainqueurs, qui laisse dans l’ombre les remarquables oubliés, ceux qui n’étaient pas du côté des chefs victorieux.

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Un café avec Marie

Comment décrire cet ensemble de chroniques de l'anthropologue, homme de radio et chroniqueur, Serge Bouchard sinon qu'il s'agit de se permettre d'entendre sa voix posée nous raconter dans l’oreille les observations qu’il a pu faire ainsi que ses réflexions les plus intuitives sur l’amour, le temps, l'histoire et le monde tel qu'il est, fruit d'un passé trop souvent méconnu. C'est en posant un œil bienveillant sur la société qu'il porte un discours bien personnel qui s'inscrit en une série de microessais d'abord écrits pour la radio. Bien sûr, le deuil de sa compagne Marie vient teinter l'ensemble, mais c'est aussi le bonheur du café partagé avec la même Marie qui en rend la lecture joyeuse. S'il traite de souvenirs personnels, c'est également de la mémoire collective dont il est question. À travers cet ensemble de textes, Bouchard nous livre une part de son humanité et, par là, contribue à nos propres réflexions sur le monde.




Lien : https://rivesderives.blogspo..
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La prière de l’épinette noire

J’ai reçu en service de presse La prière de l’épinette noire de Serge Bouchard (1947-2021), livre posthume publié en 2022 par les Éditions du Boréal. Ce bouquin présente les textes que le célèbre anthropologue a rédigés pour la radio pour son émission C’est fou…présenté à ICI Première de Radio-Canada. Ces derniers m’apparaissent d’une richesse inestimable et j’ai presque entendu la belle voix de Serge Bouchard murmurer ses dires à mon oreille en lisant. C’est magnifique comme le vent faisant virevolter les branches des épinettes noires qu’aimait tant Serge Bouchard. Est-ce une dernière prière qu’il nous livre?

La prière de l’épinette noire et Madame lit



Le recueil est composé des parties principales suivantes :



Le respect du microphone



Le silence de la chouette

Exercice de solidarité

Sur le fil de mon Facebook

Contre la laideur

La mélancolie du long cours

Note de l’éditeur



Ces dernières sont subdivisées en de brefs textes variés abordant des thèmes chers à l’auteur comme la faune, la flore, l’éducation, les savoirs autochtones, l’humanité, la beauté, la solidarité, le monde de l’éducation, etc.



J’ai énormément apprécié explorer les réflexions de l’auteur car à bien des égards, je partage son ressenti. Par exemple, il y a plusieurs années (15 ou 20 ans), durant un été, en compagnie de ma mère, je me suis mise à photographier les vieilles granges délabrées qui s’inclinaient sous le poids des années un peu partout sur le territoire charlevoisien. Je les trouvais tout simplement magnifiques ces vieilles granges. Donc, en lisant un texte abordant la beauté, je me suis retrouvée dans la pensée de l’auteur :



«Nous sommes devant un champ de ruines, nos vieilles granges s’effondrent comme le signal d’un naufrage. Il est grand temps de remettre la beauté au programme politique d’une société à créer.



Rappelons-nous : l’état des lieux est un état d’âme». (p. 173)



Mais encore, chaque fois que je lis du Serge Bouchard, il me semble que je deviens plus intelligente. D’ailleurs, il me fallait aller à la rencontre de cet arbre oublié pour apprendre ce qu’il représentait :



«L’épinette noire, gloire de la préhistoire, est une antenne qui nous relie à l’éternité. Elle nous insuffle une sagesse morose, une mélancolie du long cours. C’est l’arbre sur lequel je m’appuie, là où je repose mon esprit, mon dos brisé, mes jambes mortes. L’arbre sous lequel je bois ma tasse de thé, résolu, fatigué, heureux devant le petit feu qui sent si bon.»



Toute la magie poétique de Serge Bouchard se trouve dans sa manière de partager son amour de l’ordinaire dans un monde peu ordinaire. Car selon lui, l’épinette noire est une «victime de notre désamour». Dans ses textes, il s’avère souvent question des désavoués, des malaimés, des oubliés.



Par ailleurs, puisque j’ai été professeure pendant vingt ans, j’ai souri en lisant ce que l’auteur avait à dire sur ma profession. Si seulement les hauts-dirigeants de nos maisons d’enseignement pouvaient ouvrir leur esprit sur les dires de Serge Bouchard, le monde de l’éducation se porterait sans aucun doute beaucoup mieux.



«Mais qui oserait se lancer en politique en proposant que le professeur devrait avoir autant sinon plus de prestige que le médecin? Nous devrions honorer l’enseignant, doubler son salaire, surveiller et célébrer son travail, reconnaître en lui l’architecte de la société de demain. Ici, commence le déniaisement, dirait mon Jankélévitch. » (p. 173)



Ce n’est qu’un bref aperçu que je vous livre ici en toute humilité sur la richesse des propos d’un grand sage, Serge Bouchard. En le lisant, je deviens une meilleure personne, une humaine plus solidaire, une épinette noire souriant à la beauté de la vie. Écouterez-vous la prière d’un vieux mammouth qui a quitté notre monde beaucoup trop tôt? Merci Serge Bouchard.



Je tiens aussi à remercier les Éditions du Boréal pour l’envoi de ce livre en service de presse.



https://madamelit.ca/2022/12/29/madame-lit-la-priere-de-lepinette-noire-de-serge-bouchard/


Lien : https://madamelit.ca/2022/12..
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Un café avec Marie

Première lecture d'un recueil de Serge Bouchard pour moi. Suite à sa mort et aux nombreux éloges sur ses publications, j'étais impatiente de découvrir cet auteur québécois.

J'ai trouvé la plupart de ses textes très déprimants. Il soulève des points d'interrogation, remet en question des actions passés, des conventions, des façons de faire sans proposer des pistes de solutions ou d'amélioration. Il parle beaucoup des méchants, de la peur, de la mort.

Belle écriture et plusieurs réflexions rendent hommage aux femmes. Il y a de très beaux passages dans ce livre mais cet auteur n'est pas un type de penseur qui me fait du bien.
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